samedi 21 août 2010

Le Nettoyage Ethnique de la Palestine [ Ilan Pappé Le conseil Consultatif ]

 ILAN PAPPE (Historien israélien)
« LE NETOYAGE  ETHNIQUE  DE  LA PALESTINE » :  
Le conseil consultatif :

( X Principaux massacres)

Le service de renseignements de la Haganah a rédigé le plan d’ensemble pour les mois suivants. Sous le nom de code de « plan D », il faisait directement référence tant aux paramètres géographiques du futur État juif (les 78% convoités par Ben Gourion) qu’à sort du million de Palestiniens qui vivaient dans cet espace :
Ces opérations peuvent être exécutées de la façon suivante : soit en détruisant les villages (en y mettant le feu, en les faisant sauter et en posant des mines dans les décombres), notamment ceux qui sont difficiles à contrôler de manière permanente ; soit en montant des opérations de ratissage et de contrôle conformément aux directives suivantes : encerclement des villages, recherches à l’intérieur. En cas de résistance, les élément armés seront éliminés et la population expulsée ors des frontières de l’État.
La population devait être expulsée en totalité dans deux cas : quand le village était situé à un endroit stratégique ou quand on s’attendait à rencontrer une résistance. Lorsque les ordres on été donnés, on savait bien que l’occupation provoquerait toujours une certaine résistance, donc qu’aucun village ne serait à l’abri, soir en raison de son site, soit parce qu’il ne se laisserait occuper. C’était un plan global d’expulsion de tous les villages de la Palestine rurale. Des instructions semblables ont été données, à peu près dans les mêmes termes, pour des actions visant les centres urbains.
Chaque commandant de brigade a reçu une liste de villages ou quartiers voués à l’occupation, à la destruction et à l’expulsion, avec des dates espécifiques. Certains se sont montrés trop ambitieux, d’autres en revanche, la mission s’est révélée trop étendue et n’a pu être accomplie dans délai imparti. C’est ainsi que plusieurs villages du littoral qu’il avait été prévu d’occuper en mai n’ont été détruits qu’en juillet. Et les villages de la région du Wadi Ara (vallée reliant la côte près de Hadera au Marj Ibn Amir –Emak Izrael- et à Afoula –l’actuelle route 65- ont réussi à survivre à des attaques juives répétées pendant toute la guerre. Mais c’était  l’exception : la règle, ce sont les 351 villages et les 11 quartiers de grandes et petites villes qui ont été détruits et dont les habitants ont été expulsées sous l’effet direct des ordres données par le Conseil consultatif en mars 1948. À cette date, 30 villages avaient déjà disparu.
Quelques jours après avoir été dactylographié, le plan D a été distribué aux commandants des douze brigades que comptait désormais la Haganah. La liste qu’a reçu chacun d’eux s’accompagnait d’une description détaillée des villages de sa zone d’opération et de la mention de leur sort imminent : occupation, destruction,  expulsion. Les documents israéliens des archives des FDI déclassifiés à la fin des années 1990 montrant clairement que, contrairement aux assertions d’historiens comme Benny Morris, le plan Daleth à été remis aux commandants de brigades sous la forme non de vagues lignes directives, mais d’ordres opérationnels précis à exécuter.

Les dossiers de village :
Savourer l’excitation d’attaquer un village palestinien ne suffisait pas : il fallait une planification systématique. La suggestion vint d’un jeune historien à lunettes de l’Université hébraïque, Bedn-Zion Luria, qui travaillait à l’époque au service pédagogique de l’Agence juive. Il fit remarquer combien il serait utile d’avoir un registre détaillé de tous le villages arabes, et proposa que la réalisation de cet inventaire fût confiée au Fond national juif (FNJ). « Cela aiderait beaucoup au rachat de la terre », écrivit-il à ce dernier.  Il n’aurait pas pu choisir un correspondant plus réceptif : son initiative d’engager le FNJ dans le nettoyage ethnique en perspective allait donner plus d’élan et d’ardeur aux futurs plans d’expulsion.
Fondé en 1901, le FNJ était l’outil principal des sionistes pour coloniser la Palestine. C’était par le biais de cet organisme que le mouvement sioniste achetait des terres palestiniennes, puis y installait des immigrants juifs. Crée par le Ve congrès sioniste, il a été le fer de lance de la "sionisation" de la Palestine pendant toute la période du Mandat. Il avait été d’emblée conçu pour devenir l’ « administrateur », au nom du peuple juif, terres acquises par les sionistes en Palestine. Le FNJ a conservé cette fonction après la création de l’Etat d’Israël, d’autres missions s’étant, au fil du temps, ajoutées à son rôle premier.
La plupart des activités du FNJ pendant la période du Mandat et autour de la Nakba ont été étroitement liées au nom de Yossef Weitz, le chef de son service "installation". Weitz était la quintessence du colonialisme sioniste. Sa grande priorité à l’époque était de faciliter l’éviction des métayers palestiniens quand il achetait des terres à des propriétaires absents, qui vivaient loin de leurs domaines ou même hors du pays, puisque le système des mandats avait tracé des frontières là où il n’y en avait pas auparavant.
L’impact de ces activités à l’époque,  restait limité. A la fin du Mandat, en 1948, la communauté juive possédait environs 5.8% du territoire de la Palestine. Mais elle avait un gros appétit ; c’est pourquoi Weitz se fit lyrique quand il entendit parler des dossiers de village, et suggéra immédiatement d’en faire un « projet national ». 

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