dimanche 21 novembre 2010

Les jeunes de Beit Ommar

Les jeunes de Beit Ommar, nouvelles cibles des forces israéliennes

[ 14/11/2010 - 17:30 ]
Brynn Ruba

La punition collective a trouvé une nouvelle cible à Beit Ommar. 13 jeunes, de 15 à 28 ans, ont été arrêtés au cours du mois dernier pour avoir participé à des manifestations pacifiques. Certains ont été arrêtés pendant les manifestations, d’autres au cours de raids nocturnes violents. Dans ce cas-là, les soldats israéliens brisent les fenêtres, cassent les meubles et obligent les familles à attendre, dehors, pendant qu’ils enlèvent leurs enfants et vandalisent leurs biens.
Hesham Abu-Maria participe aux manifestations hebdomadaires de Beit Ommar avec ses trois jeunes enfants. Lorsqu’on lui demande s’il est inquiet qu’ils soient arrêtés, Hesham explique : « Personne ne souhaite que ses enfants participent aux manifestations parce que nous sommes inquiets pour eux, mais vous ne pouvez pas les empêcher de venir. C’est aussi leur lutte. 

Hesham a de bonnes raisons d’être inquiet. Son fils de 20 ans, Jihad Abu-Maria, a été arrêté le mois dernier pendant une manifestation. Il a été saisi par les forces spéciales israéliennes qui s’étaient fait passer pour des jeunes palestiniens et qui jetaient des pierres et incitaient les Palestiniens à la violence. Jihad a été attaqué par trois soldats israéliens en civil. Ils l’ont attrapé au cou et l’ont jeté au sol avant de le frapper à coup de crosse de fusils.
L’incident s’est produit juste huit mois après que Jihad ait été libéré après une peine de 30 mois de prison, là aussi à cause de son activisme. Il a maintenant fait un autre mois de prison sans inculpation. Son procès est retardé indéfiniment, il n’y a donc aucune perspective qu’il soit libéré rapidement.
L’armée israélienne arrête généralement les jeunes sur des accusations de jets de pierres. Ils sont ensuite jugés par un tribunal israélien et condamnés, souvent sans avoir accès ni à leurs familles ni à un conseil juridique. Et les conditions de leur captivité sont notoirement inhumaines.

 
Rashid A., 15 ans, un autre habitant de Beit Ommar, a été arrêté en mai dernier et emprisonné pendant un mois. Il était détenu dans une cellule de 4m x 4 avec dix autres prisonniers, tous des adultes. Pendant l’interrogatoire, il a été giflé et privé de nourriture et de sommeil. Il n’a pu ni voir ni parler à sa famille pendant toute la durée de son incarcération, malgré son jeune âge. Il a pu avoir un contact avec un avocat pendant son procès, et il a été libéré avec une amende de 500 shekels.
Rashid a deux frères aînés en prison. Son frère Issa a été arrêté à 20 ans, et condamné à 40 mois de prisons, et son frère Zaid a été récemment arrêté, et condamné à 5 mois de prison.
Mais Rashid continue à participer aux manifestations du samedi. Quand on lui demande s’il a peur d’être arrêté, il explique que c’est son devoir de protester. « Chaque fois, mes parents essaient de m’empêcher d’y aller. Ils sont contre. Mais c’est une action patriotique envers mon pays. Ca m’est égal d’être arrêté. »
Younes Arar, chef du Comité national de résistance au mur d’apartheid et aux colonies, pense que l’armée israélienne manipule les manifestations. « Ils essaient de nous pousser à la violence – pour contredire nos manifestations non violentes et saper nos objectifs. »
Malgré les craintes constantes d’arrestations et d’emprisonnement des jeunes, personne n’est découragé. Younes exprime le sentiment de la communauté. « Nous avons peur, mais nous sommes aussi fiers. Nous attendons beaucoup de nos enfants et de l’avenir. »


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