dimanche 19 décembre 2010

Comment gérer l’échec ?

Comment gérer l’échec ?

[ 18/12/2010 - 17:12 ]
Khalid Amayreh - Al Ahram
Après que les États-Unis aient admis ne pas être en mesure d’obliger Israël à prendre au sérieux les négociations de paix, les Palestiniens se tournent vers d’autres voies pour obtenir leurs droits nationaux, écrit Khaled Amayreh depuis Ramallah.




Un Netanyahu jubilatoire accueille son obligé Mitchell (envoyé US au Proche-Orient) - Photo : AP
 
Après avoir déclaré son incapacité à convaincre Israël de renouveler un gel de l’expansion des colonies, même pour une période limitée de 90 jours, et avec Israël refusant une offre d’armement des Etats-Unis ainsi que de scandaleuses et excessives concessions diplomatiques, l’administration Obama a de nouveau expédié au Moyen-Orient son envoyé George Mitchell pour un ultime effort pour sauver un processus de paix déjà mort.
Comme à l’accoutumée, Mitchell a eu des entretiens avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne de Ramallah. Cependant, il est apparu une fois de plus que Mitchell n’apportait rien de nouveau avec lui, ce qui a conduit ses hôtes à Jérusalem-ouest et à Ramallah à le recevoir avec des sentiments mitigés et peut-être un relent de mépris.
Netanyahu, conscient - ou peut-être tirant parti - de sa victoire sur l’administration Obama, au moins en ce qui concerne la question de l’expansion des colonies, a parlé de sa volonté de discuter non seulement du conflit israélo-palestinien, mais aussi de « toutes les questions moyen-orientales essentielles ». Mitchell a proposé un retour aux ainsi-nommés « pourparlers indirects », mais il lui a été répondu, notamment à Ramallah, qu’il était peu probable pque des négociations indirectes réussissent là où des pourparlers directs ont échoué.
Les dirigeants palestiniens ont déclaré à l’émissaire américain que Washington devrait donner des garanties réelles aux Palestiniens, faire arrêter la construction de colonies israéliennes et s’abstenir de décourager d’autres Etats de reconnaître un Etat palestinien. Les États-Unis ont dénoncé la reconnaissance de la Palestine par deux Etats d’Amérique du Sud, le Brésil et l’Argentine, la présentant comme contre-productive et prématurée. Mitchell a dit aux dirigeants palestiniens : « Je comprends que vous soyez en colère et déçus, mais je vous promets que le président Obama et la secrétaire d’Etat Hillary Clinton ne ménageront aucun effort pour faire avancer le processus de paix et veilleront à ce qu’un Etat palestinien viable voit le jour dès que possible. »
Même Mahmoud Abbas n’a pas été impressionné ou flatté par ce discours. Un proche collaborateur d’Abbas, qui a requis l’anonymat, a dit : « On nous a dit la même chose cent fois. Croit-il que nous soyons des enfants qui peuvent être calmés ou trompés avec une poignée de bonbons ? » Pourtant, c’est exactement ce que Mitchell semble faire, du moins à en juger par le résultat de ses nombreux voyages dans la région pour maintenir un processus, même si zéro-aboutissement se profile à l’horizon.
Cette approche américaine, même si elle repose sur une certaine bonne volonté, est exaspérante pour les dirigeants palestiniens tandis qu’un nombre croissant d’officiels de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) poussent fortement Mahmoud Abbas à cesser de « courir après l’illusion américaine ». La semaine dernière, il a été rapporté que l’OLP, y compris sa faction du Fatah, insistait pour mettre fin de façon unilatérale à tous les engagements d’Oslo et à la feuille de route, et même à la coordination sécuritaire avec Israël.
« Nous ne pouvons rester engagée vis-à-vis d’accords que les Israéliens eux-mêmes ne respectent pas. Une partie ne peut pas rester engagée tandis que l’autre les détruits », a déclaré Yasser Abed Rabbo, un proche collaborateur du chef de l’OLP, Mahmoud Abbas.
Toutefois, cesser les accords de sécurité avec Israël constituerait une sorte de suicide politique pour l’Autorité palestinienne. Israël serait forcé de réoccuper les parties de la Cisjordanie qui sont symboliquement contrôlées par le gouvernement de l’AP. C’est pourquoi le gouvernement israélien ne prend pas ce genres déclarations venant de l’AP au sérieux.
Une source israélienne, citée par le journal de droite, The Jerusalem Post, a été citée comme disant : « Nous entendons ce genre de choses maintenant et à nouveau du côté palestinien, que Mahmoud Abbas va démissionner, qu’ils vont démanteler l’Autorité palestinienne, qu’ils vont tout remettre à l’ONU, qu’ils vont renoncer à une solution à deux Etats. Mais ils ne sont pas vraiment sérieux. »
Un peu plus tôt, l’Autorité palestinienne avait réagi avec colère à l’annonce de son échec par l’administration Obama, disant qu’il était inconcevable que la seule superpuissance au monde accepte son incapacité à faire pression sur Israël.
Des officiels de l’OLP ont également réaffirmé leur attachement au droit au retour en vertu de la résolution 194 qui stipule le rapatriement et l’indemnisation des réfugiés palestiniens. L’Autorité palestinienne, en particulier depuis la conclusion des Accords d’Oslo, a montré une certaine propension à faire des compromis - ou au moins à faire preuve de flexibilité - en ce qui concerne le sort des réfugiés.
la réaffirmation par l’OLP des questions clés telles que le droit au retour ainsi que le rejet croissant de la notion d’échange de terres, montrent que l’Autorité palestinienne et l’OLP pourraient radicaliser leur position sur les conditions de la paix avec Israël, au point même de reprendre la résistance armée, surtout si le processus de paix continue à tourner à vide.
En outre, de nombreux Palestiniens accusent à présent Washington de ne pas prendre la cause de la paix en Palestine suffisamment au sérieux.
Le scénario qui est celui de la direction palestinienne à Ramallah semble pour l’instant être de compter sur la création d’un mouvement vers la reconnaissance internationale d’un futur Etat palestinien. Au départ, l’Union européenne (UE) avait déclaré dans un communiqué qu’elle pourrait reconnaître un tel Etat dans un an ou deux si les efforts de paix sous direction américaine restaient dans une impasse. Mais les fonctionnaires de l’UE ont par la suite précisé que la reconnaissance européenne n’était par pour bientôt, de peur qu’elle ne sape les [dits] efforts de paix en cours.
Cependant, il y a peu ou pas d’efforts de paix réels qui seraient compromis par une possible reconnaissance européenne d’un Etat palestinien, ce qu’un journaliste israélien décrit comme « une atmosphère de ’ramasser ce que l’on peut’ ». Tout cela alors que les colons, soutenus par leur gouvernement, lancent la campagne de colonisation la plus frénétique depuis 1967. Par conséquent, il serait plus probable que la reconnaissance européenne d’un Etat palestinien aurait pour effet de perturber les activités illégales de colonisation plutôt que des efforts pour la paix.
Pour détourner l’attention de son échec plutôt humiliant pour ce qui d’amener Israël à geler l’expansion des colonies, l’administration Obama ressort comme neuf une vieille proposition permettant d’éluder la question des colonies, au lieu de les geler et de se concentrer sur d’autres questions. D’autres problèmes incluant les réfugiés, Jérusalem et les frontières, ont été discutés ad nauseam depuis le début des années 1990 avec Israël, lequel refuse de renoncer à son occupation. Tout au contraire, Israël, avec l’assentiment des États-Unis, a continué à boucher les horizons palestiniens dans la mesure où la solution à deux Etats a été pratiquement rendue inapplicable.
Dans ce contexte, l’AP est tentée dans les semaines à venir de réévaluer sa position et pourrait opter pour demander à plus de pays - en particulier des poids-lourds comme la Chine et l’Inde - de se prêter à la reconnaissance d’un Etat palestinien. Ce scénario est de plus en plus encouragé dans de nombreux cercles dirigeants de Ramallah, en particulier après que le Brésil et l’Argentine aient reconnu la Palestine sur la base des frontières de 1967. Une raison supplémentaire de prendre ce chemin est de plus en plus liée à la certitude que les États-Unis sont incapables de contribuer à une paix juste entre Israël et les Palestiniens.
Khalid Amayreh est un journaliste qui vit à Dura, dans le district d’Hébron, Cisjordanie, Palestine occupée. Il a un bachelor en journalisme de l’université d’Oklahoma (1981) et un master en journalisme, de l’université de Southern, Illinois (1983).

Un fait est certain, mieux vaut s'acoquiner avec truands puissants, qu'avec des gens justes n'ayant comme armes que le Droit.
C'est tout simplement la conviction, la loyauté,  de chaque être humain qui peut faire la différence, entre être un homme juste ou un salaud... 

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