samedi 18 septembre 2010

Choisi aucun camp !!!

Commentaire laissé, dans le Journal Ouest-France :
[Bonjour,
Vous avez commis deux erreurs.
1° Rien ne permet d'imputer la fusillade ayant fait 4 morts  près d'Hébron, au Hamas.
2° Elle n'émane d'un volonté de torpiller les entretiens de paix, mais elle fait suite à de représailles (tel qu'Israël le fait habituellement) détail ci-dessous :
« L’opération est intervenue quelques heures après que 10 colons armés aient ouvert le feu sur trois adolescents palestiniens dans le village de 
Deir Istiya dans le district de Salfit. 
Ce correspondant ajoute : Tiens donc, mais les merdias ne nous ont pas informés la dessus, sûrement un oubli involontaire mdr. nabil de Bruxelles. »
Quand il écrit "merdias" je suis assez d'accord avec lui.

Ho ! Rassurez-vous des journalistes de brocante la France en est pleine.
Je ne m'étonne pas que ce conflit s'éternise ainsi, tant la manipulation des populations occidentales, pas ses propres médias est éloquente.
Il ne pourra pas y avoir de paix dans cette contrée du monde, tant que la vérité "vraie" si j'ose dire, ne fera pas partie des pourparlers mais aussi de la propagande sioniste qui phagocyte, nos média, nos institutions, nos hommes politiques. Bien à vous, D. R…]

Réponse de Ouest-France :
Bonjour,
Il n'est pas facile d'informer le public sur ce qui se passe au Proche Orient, dans un climat passionné où une propagande s'oppose à l'autre. Vous avez choisi votre camp, c'est votre droit. Quant à nous, nous ne défendons aucune autre cause que celle de la vérité, puisse-t-elle déboucher sur un règlement de ce conflit qui n'a déjà que trop durer.
Bien cordialement,
Thierry Richard,
Service politique d'Ouest-France

Réponse à la réponse de Ouest-France :
Je ne veux pas entamer de polémique aussi je vous répondrai une fois.
Je n'ai choisi aucun camp si ce n'est celui du droit international et par conséquent le droit que la communauté internationale doit au peuple Palestinien. Mais vous pouvez penser effectivement que le droit des palestiniens est la soumission au sionisme, quant à moi je ne pense pas ainsi. Bien à vous, D R...



Eid Mubarak, Gaza ! Shana Tovah, Israel !


Eid Mubarak, Gaza ! Shana Tovah, Israel !

[ 18/09/2010 - 17:49 ]
Vittorio Arrigoni

Israël a décidé de fêter le nouvel an juif en tirant ses pétards sur une Bande de Gaza qui au même moment se consacrait aux préparatifs de l’Aïd el-Fitr... écrit Vittorio Arrigoni.
Lorsqu’un missile d’une tonne s’écrase à 200 mètres de vous, la douleur aux tympans est forte et la sensation d’étourdissement est proche de celle que cause le coup imprévu du poing de Mike Tyson.

Jeudi dernier, vers 22h, Israël a décidé de fêter le nouvel an juif en tirant ses pétards sur une Bande de Gaza qui au même moment se consacrait aux préparatifs de l’Aïd el-Fitr, l’importante fête musulmane marquant la fin du jeûne du Ramadan.
Comme en proie à une légère commotion cérébrale, j’ai marché jusqu’au lieu du bombardement occupé par les forces de sécurité du Hamas visiblement agitées ; à mes côtés, des journalistes locaux, des pompiers et des ambulances. Il y a maintenant un énorme cratère dans la remise devant le port où la police garde les carcasses rouillées des véhicules détruits sous les bombardements israéliens de Plomb Durci en janvier 2009.

Le missile a touché un vieux char d’assaut de l’Autorité Palestinienne, le blindé a fait un vol de cent mètres et se trouve maintenant renversé comme une épave au milieu de la rue, cela donnant une idée de la puissance de l’explosion.

Il fait encore très chaud à Gaza, mes fenêtres étaient grandes ouvertes, contrairement à celles de certains de mes voisins qui, elles, ont volé en éclats.
D’autres bombardements ont touché au même moment les tunnels à la frontière de Rafah, heureusement sans faire de blessés graves, mais en ne causant que des dégâts aux immeubles des alentours. Ce n’est pas ce qui est arrivé samedi, lorsque les missiles lancés par les F16 ont tué deux personnes et blessé deux hommes ayant dû être hospitalisés pour brûlures graves.
Vendredi dernier, l’employeur d’Ali Al Khodary, l’un des Palestiniens blessés, avait accordé à ses travailleurs un jour de congé, quitte à les rappeler ensuite à l’improviste samedi soir sur leur lieu de travail. Le tunnel où Ali travaillait depuis trois semaines pour financer ses études en sociologie à l’Université d’Al Quds a été bombardé quelques minutes à peine après son arrivée :
« Je venais d’enlever mon t-shirt et je me préparais à descendre sous terre lorsqu’une explosion m’a projeté à plusieurs mètres de distance. À mon réveil, mon corps était en proie aux flammes et une femme s’est précipitée vers moi en me lançant de l’eau ».

Le père d’Ali, que j’ai rencontré à l’hôpital, s’opposait au choix d’un travail aussi dangereux, mais le jeune homme déterminé à poursuivre ses études n’avait pas d’autre option dans une Gaza qui, assiégée depuis quatre ans, ne peut pas offrir d’autres emplois.
Les jeunes hommes et les adolescents ne sont pas les seuls à travailler sous la terre de Rafah pour se procurer les marchandises nécessaires à la vie quotidienne des Palestiniens de la Bande.
Hassan Abu Armana, quarante-cinq ans, est allongé non loin du lit d’Ali avec des brûlures au troisième degré sur tout le corps : avec son travail de chauffeur de taxi, il n’était plus en mesure de nourrir sa famille nombreuse.
 
D’après les témoins, les F16 israéliens ont commencé à survoler Rafah samedi vers 23h30 et, peu avant minuit, ils ont largué deux missiles sur deux tunnels : l’un était utilisé par les Palestiniens pour s’approvisionner en biens de première nécessité, l’autre pour fournir de l’essence à la Bande qui autrement resterait privée de carburant.
Les missiles sont descendus sous terre en profondeur avant d’exploser et tuer deux travailleurs : Salim Al Khatab, dix-neuf ans, du camp de réfugiés de Bureij, il avait tragiquement commencé à travailler depuis quelques jours, ne supportant plus misère et privation continues ; et Khalid Abed Al-Kareem Al-Khateeb, trente-cinq ans, venant également de Bureij, marié et père de quatre enfants.
Les deux survivants sont hospitalisés dans un état grave à l’hôpital al Nasser de Khan Younis. Un ventilateur est le seul remède aux brûlures qui, sous l’épiderme, leur dévorent lentement la chair.
C’est peut-être parce qu’il ne s’agit pas de colons, plus probablement parce qu’ils ne sont pas israéliens, mais la vie et la mort de ces dernières victimes civiles ne suscitent aucune vague d’indignation, elles ne rencontrent que l’indifférence générale, comme cela arrive d’ailleurs souvent envers quiconque parle arabe avec l’accent de Gaza.
Et cela d’autant plus qu’il s’agit de travailleurs des tunnels : ils survivent dans la terre, loin de la lumière du soleil, et lorsqu’ils sortent la nuit, la terre complice d’un ciel de plomb s’empare à nouveau d’eux.
Chaque fois qu’un cure-dent tombe sur le désert du Néguev, les agences de presse crachent des dépêches en continu : hier, peu après qu’environ 4 tonnes d’explosif se sont abattues depuis dix mille mètres de hauteur sur la Bande de terre avec la plus grande densité de population au monde, j’ai parié avec un ami palestinien qu’aucun média occidental n’y aurait fait allusion.
Alors qu’il faudra encore plusieurs heures à mes tympans pour se remettre d’aplomb, il ne me reste qu’à encaisser le pari.
Restons Humains.
Photos : Tilde de Wandel et Vittorio Arrigoni

vendredi 17 septembre 2010

Lamentation de Hadja Hassan Mohammed [Sabra&Chatila]

Lamentation de Hadja Hassan Mohammed
Franklin P. Lamb 14/09/2010 - 16:38

" Comme je vous envie vous qui étiez là quand ceux que j’aime sont morts. Est-ce qu’ils avaient soif ? Avez-vous eu la bonté de leur donner à boire ?"

Merci beaucoup de m’avoir fait suivre ce texte. C’est très pénible, mais je me souviens de tout ce qui s’est passé la nuit du 17 septembre 1982 quand Mounir a été amené par ses amis à la salle d’urgence de l’hôpital de Gaza. Tout ce qu’il arrivait à dire était Israéliens, Haddad, Kataeb et il s’est évanoui. Il a été le dernier patient que j’ai opéré avant que les miliciens ne nous obligent à quitter notre salle d’opération en sous-sol. Il avait reçu trois balles et perdait beaucoup de sang- son hémoglobine était tombée à 4gms (le niveau normal est de 12-13 gms).

Comme les autres, Mounir a vécu pendant des mois à Chatila dans la maison où sa famille avait été assassinée ; il revivait constamment ses cauchemars et finalement on a réussi à l’envoyer avec son frère aux USA pour qu’il puisse commencer une nouvelle vie. Je l’ai rencontré à de nombreuses reprises et même maintenant il me demande de regarder ses cicatrices.

Par respect, j’ai changé son nom dans mon livre, mais l’année dernière il m’a dit qu’il se sentait plus solide ; je peux maintenant raconter son histoire - celle d’un jeune garçon de 11 ans. J’ai également inclus les photos de sa grand-mère et de son grand-père dans mon livre ainsi que les lamentations de sa grand-mère.

Le moment est peut-être venu de faire entendre au Liban et dans le monde les lamentations de feu sa grand-mère, qui a marché 20 km du Sud Liban jusqu’à Chatila... Elle est arrivée à Chatila ce jour de septembre pour constater que 27 membres de sa famille avaient été tués – seuls Mounir et Nabil avaient survécu. Elle dit :

" Nos colombes sont toujours là. Nos oeillets exhalent leur parfum. 
Les moineaux chantent leurs chants de toujours.
Mais Abou Zuhair est introuvable.
Beyrouth tu as pris tout ce que j’avais.
Tu as pris ma dernière étincelle de vie et mon coeur gît dans tes rues.
Abou Zuhair, le grand, le jeune arbre a été cruellement coupé de ses racines sur ton sol.
Puisse le sang de celui qui t’a tué se mélanger au tien.
Puisse sa mère souffrir la même agonie.
Qui a creusé ta tombe Abou Zuhair ?
Qui nous a apporté ce désastre ?
Qu’est-ce que je peux dire en ta mémoire ?
Mon coeur est lourd de reproches pour ce monde insensible.
Cent navires, deux cents étalons ne suffiront pas pour porter le poids de la douleur dans mon coeur.
Qu’est-ce que je peux dire ? « Mère » tu me dis « va à nos tombes et prie pour ceux qu’elles ont engloutis »
Je vais aux tombes et j’étreins tendrement leur pierre.
Je dis « faites que vos pierres entourent chaleureusement les corps de ceux que j’aime, prenez soin d’eux, je vous les confie.
Je pleure votre jeunesse et je pleure toutes les jeunes filles qui n’ont jamais connu un moment de bonheur ou de contentement.
Elles sont allées à la rencontre de la vie, pleines d’espoir et d’impatience pour se faire piétiner et déchirer par sa férocité.
Mon Dieu, je n’ai plus de force.
Il était l’homme le plus beau et le jeune homme le plus fort des garçons.
Il préparait la voie pour les autres afin de faciliter leur marche.
Ton jeune corps s’est mélangé au sable trop tôt et le sable remplit tes yeux.
Qu’est-ce que je peux encore donner à mon pays ?
Mon coeur est pénétré de souffrance et de reproches à la vie.
Comme je vous envie vous qui étiez là quand ceux que j’aime sont morts.
Est-ce qu’ils avaient soif ?
Avez-vous eu la bonté de leur donner à boire ?
J’implore chaque oiseau qui passe de vous porter mon angoisse et mon amour et de me ramener des nouvelles de ceux que j’aime.
Mon enfant, ton corps est criblé de balles.
Qui t’a envoyé à moi, oiseau de malheur ?
Pourquoi m’infliger tous ces désastres à la fois ?
Épargne-moi un peu, oh mon Dieu.
Mon Dieu- attends au moins un an, et puis que ta volonté soit faite.
Je vous en supplie, vous les croque-morts, avancez lentement.
Ne vous hâtez pas.
Laissez-moi voir encore une fois ceux que j’aime.
Je vais vers les tombes et je reste là égarée.
J’appelle Abou Zuhair, puis Oum Walid (sa soeur).
Pas de réponse.
Ils ne sont pas là.
Ils ne sont pas là.
Ils ont suivi Oum Zuhair (la femme d’Abou Zuhair) et les enfants.
Ils sont tous partis une nuit sous la lune - tous ceux que j’aime.
Mon enfant, tu n’es plus près de moi.
Des montagnes de distance nous séparent...
Nabil (neveu d’ Abou Zuhair) appelle sa mère. « Mère » dit-il « à qui m’as- tu confié ? » Zahra répond « je t’ai laissé à tes oncles.
Ils devraient te donner de mes nouvelles et t’emmener jusqu’à ma tombe pour que mes yeux puissent te regarder et que mon coeur puisse t’atteindre ».
Mais Abou Zuhair est parti et il ne peut pas accomplir le souhait de Zahra.
Zuhair (fils d’Abou Zuhair) demande à son père « à qui m’as tu confié ? » « Ton grand-père viendra te chercher. C’est toi qui continues sa vie ».
Mais la vie, qu’est-ce qui nous reste de vie ?
Nos coeurs sont morts.
Nous n’avons plus de larmes pour tous les jeunes, hommes et femmes qui sont morts.
Où puis-je me tourner ?
Où sont mes enfants ?
Mon enfant, que Dieu te montre la voie sacrée et que mon amour et mon affection soient une lanterne qui t’accompagne sur le chemin. Dieu tout-puissant, donne-moi la patience.
Jeunes gens, restez loin de moi : vous rouvrez mes plaies et je suis si lasse.
Qu’est ce que je peux dire ? »


Veuillez diffuser ce texte - une grand-mère palestinienne à sa famille, massacrée à Sabra et Chatila –

J’ai conservé ses paroles et je les lis à tous ceux qui veulent les entendre depuis 28 ans.
9 septembre 2010 - Ce texte peut être consulté ici :


Une résistance sans leadership politique: Monique Etienne

POUR LA PALESTINE
Une résistance sans leadership politique: Monique Etienne

Dans les villages, des îlots de résistance se mettent en place. Les femmes, les agriculteurs s’organisent. Le Programme de développement des coopératives d’huile d’olive prend de l’ampleur et rassemble toujours plus d’oléiculteurs motivés. Des solidarités se poursuivent contre le mur. A Qaffin, dans la région de Tulkarem, début février, les anti-colonialistes israéliens sont venus aider les villageois à replanter 1 500 oliviers de l’autre côté du mur. Bil’in est un modèle de résistance locale réussie qui n’arrive malheureusement pas à impulser une mobilisation nationale.
Car c’est là que la politique israélienne à marqué des points : ces mouvements de résistance demeurent éclatés. La société palestinienne est plus atomisée que jamais. Pire : il existe une cassure entre le mouvement national palestinien en crise et les mouvements de résistance.
Samia Bamya (ex-vice-ministre des Affaires étrangères et fondatrice de la Commission internationale des femmes pour une paix juste.) constate que : « Le mouvements national traverse la crise la plus grave depuis la création de l’OLP en 1965 qui à su préserver l’unité nationale des Palestiniens. Pour la première fois nous sommes bloqués. Les conditions subjectives au sein du mouvement national ne sont pas encore mûres pour proposer un programme alternatif crédible. Les forces dites « de gauche » n’ont rien à proposer. Elles ne savent qu’être contre et jouer au missionnaire entre le Fatah et Hamas. Et pendant ce temps, nous sommes en train de perdre des soutiens de la communauté internationale car l’histoire n’attend pas. »
Cette absence de perspectives rejaillit en boomerang sur le mouvement pour la paix en Israël et sur les mouvements de solidarité dans le monde. Il faut partir d’une évidence, explique Michel Warschawski : « il ne peut y avoir de mouvement israélien anti-guerre indépendamment de la Résistance Palestinienne. Notre mouvement qui était un mouvement de masse au moment de la guerre du Liban et pendant la première Intifada n’existe plus. Le mouvement a toujours fonctionné selon le principe de la petite roue entraînant la grande roue. Le noyau anti-colonia- liste, indépendant de la situation, est toujours mobilisé. Mais il n’y a plus de grande roue pour assurer le relais parce qu’il n’y a plus de mouvement profond de l’opinion israélienne. Il n’y a plus non plus de pressions internationales. »
Même si la crise politique du mouvement national palestinien est, surtout, le résultat du lâchage de l’Europe contribuant, en se ralliant au boycott israélien et américain, à l’affaiblissement de l’OLP et de Mahmoud Abbas et à la mort du processus d’Oslo, il n’empêche qu’elle pèse sur les capacités de mobilisation des mouvements de solidarité.
Samia Bamya pense que la période d’une Autorité palestinienne par intérim est arrivée à son terme. «  Le paradoxe vient du fait que L’Autorité Nationale palestinienne est traitée comme un Etat souverain… En principe nous avons une Autorité ; mais une fois que le robinet de l’aide internationale à été fermé, que la vallée du Jourdain est annexée, que le mur et les colonies ne finissent pas de s’étendre, que Jérusalem est ferme aux palestiniens : de quelle Autorité parle-t-on ? Est-ce que cette autorité a encore un sens pour le mouvement national palestinien ? Une question encore plus compliquée par la séparation entre Gaza et la Cisjordanie. Que faut-il faire ? Je ne sais pas. Quand on parle de nouvelles élections je souris… On va voter sous occupation contre la mauvaise gestion d’une Autorité palestinienne qui n’a jamais eu les moyens de sa politique. Les Palestiniens on voté Hamas pour le changement et les réformes. En quelques mois, Hamas a gâché ses cartes… La crise est complexe et nourrie par Israël et par la stupidité ou lâcheté de la communauté internationale. Hamas a été élu pour essayer une autre option. Les sanctions internationales et le boycott ont empêché l’opportunité qui nous offerte après les élections de révéler la vraie nature du Hamas en lui laissant gérer le pays. Cette politique a au contraire renforcé les radicaux du Hamas qui sont désormais ses seuls porte-parole. Alors aller aux urnes pour choisir quel programme ? Le programme du Hamas n’est pas nationaliste. Son objectif est de créer un Etat islamiste dans une petite partie de la Palestine libérée… Dans cette conjoncture mondiale marquée par la régression du rôle de l’Europe  la prédominance de Bush dans le contexte régional du projet de grand Moyen-Orient et de guerre de civilisation, seul le mouvement islamiste semble présenter une alternative de résistance à la soumission à l’impérialisme… Quel est l’autre choix ? Poursuivre les négociations ? Quels sont les résultats de la conférence d’Annapolis : les colonies continuent de s’agrandir, Jérusalem c’est pour plus tard. Les réfugiés n’en parlons plus ! Mais on nous donne 7 milliards de dollars pour une souveraineté qui n’existe pas. »


M Richert, Président du Conseil Régional d'Alsace.


M Richert, Président du Conseil Régional d'Alsace.

Les différentes lettres de protestations que l’on a pu vous faire parvenir, font appel à votre bon sens, au fait que vous associez, de par votre fonction, les Bas-rhinois, les anciens résistants à une entreprise contraire à la bonne séance.
En effet, en juxtaposant le portrait de Gilad Shalid (soldat israélien de nationalité franco-israélienne) aux cotés d’otages que sont les journalistes de France Télévisions, alors qu’il est un prisonnier de guerre, pris, si j’ose dire, dans l’exercice de son métier, est un abus de pouvoir.
M Richert vous utilisez la fonction que les Bas-rhinois vous ont conférée à des fins personnelles, favorisant une politique aux relents nauséeux de colonialisme et d'une hégémonie criminelle de l’Etat d’Israël.

Il n’y a pas si longtemps un autre  édile, M Delanoë maire de Paris inaugurait une esplanade en honneur de Ben Gourion un criminel de guerre israélien ! Est-ce acceptable ?  Devos-nous  accepter que le France, l’Europe de vautre dans le soutient d’un Etat à l’idéologie aussi criminelle que le nazisme ?   

Cette attitude vous désignerait comme tous ces apostats du Droit international, ignorants de la 4e. Convention de Genève -qui stipule que l’on ne peut tirer profit d’un pays occupé- que nous avons élus, placé au centre même des décisions et contreviennent à leur charge pour des raisons, comprises par eux seuls, outrepassant la loyauté qu’ils doivent aux Pères de l’Europe et a son principe fondateur, les Droit de l’Homme.

Cette attitude apporterait la preuve de votre servilité à un Etat criminel. Etat qui a dans ses geôles 11 000 citoyens Palestiniens, dont plus de la moitié le sont sous le principe de l’arrestation administrative, concept qui n’existe pas en droit français, c'est-à-dire sans chef d’accusation, sans inculpation, sans jugement. En prison « un point c’est tout » est-ce acceptable qu’un élu régional prenne ainsi en otage toute une région pour favoriser sa vison propice à un Etat voyou pratiquant une politique qui mènera à terme à la disparition d’un Peuple.

Je sais ce que nous devons aux juifs, même si je suis né après guerre, et je me battrais jusqu’au bout pour que cela ne se produise plus jamais, mais de grâce ne confondez pas la Communauté juive avec l’idéologie sioniste.
Israël utilise l’étoile de David, affirme parler au nom des Juifs, possiblement d’une majorité de juifs, mais non au nom de tous les juifs, j’en connais qui sont sincèrement et profondément antisionistes.

Je pourrais vous en Parler pendant des heures, je vais simplement vous citer Albert Einstein : « Si nous nous révélons incapables de parvenir à une cohabitation et à des accords honnêtes avec les Arabes, alors nous n'aurons strictement rien appris pendant nos deux mille années de souffrances et mériterons tout ce qui nous arrivera.» (Albert Einstein, lettre à Chaïm Weismann, le 25 novembre 1929)

L’idéologie sioniste n’a jamais voulu un « foyer juif » en Palestine mais à la place de la Palestine, en ce sens Herzl à trompé la communauté Juive.
Il savait en 1897, que sont projet ne pourrait se réaliser sans une Epuration Ethnique.

Dictionnaire. Définition du mot génocide :
« Destruction systématique d’un groupe ethnique ».
Pouvez-vous me dire ce qu’a fait le nazisme ? Ce que fait le sionisme ?

Il y a eu la Shoah, bien sur, je vais vous citer Chaïm Weismann, Président du 1er  Congrès sioniste mondial qui eut lieu à Bâle en 1897 et premier président de l’Etat d’Israël : Chaïm Weizmann, (Cité par Lenni Brenner “Zionist in the Age of the Dictators”) Ainsi : Nous avons dit à un public Berlinois en mars 1912 que « chaque pays ne peut absorber qu’un nombre limité de Juifs, s’il ne veut pas de maux d’estomac. L’Allemagne à déjà trop de juifs. »

De mon point de vue cette déclaration (tombé dans l’oreille d’un fou, nous somme d’accord) porte incontestablement, aussi, une responsabilité dans l’Holocauste, mais surtout la Shoah. 

Je n’ai pas vécu la monte du nazisme, je l’aurais combattu au même titre que je combats le sionisme… M Richert vous êtes président de l’association France/Israël du Sénat, auriez-vous été président d’une association Vichy/Berlin pendants la seconde guerre mondiale ?  C’est pourtant de ce que vous faites en acceptant de présider une association avec un Etat qui a pour but d’éliminer un Peuple, au mieux le soumettre à l’esclavage…

Bien sur vous allez me reprocher l’absence de : « politiquement correct » mais quand ce politiquement correct permet de tuer des êtres humains, du fait de leur résistance, du fait de ne pas vouloir disparaître, ma conscience ne me permet de l’être.  


Ci-dessous la réponse des services de M Richert et mes commentaires : 







Monsieur,

Philippe Richert, Président du Conseil Régional d'Alsace, a répondu favorablement à la proposition du Club de la Presse de Strasbourg et du Comité de soutien à Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier de déployer sur la façade de la Maison de la Région Alsace une banderole avec photo appelant à la libération de ces deux journalistes et de leurs accompagnants.
Cette expression de solidarité est l'affirmation du caractère essentiel de la liberté de la presse et du respect de ses représentants.

M Richert considère donc un soldat israélien, (fut-il franco/israélien) comme faisant parti des représentants de la presse !!! au nom de je ne sais quelle liberté ?

Le Président de la Région Alsace souhaite par là condamner la prise en otage de ressortissants français.
Que fait-il un ressortissant français en Palestine tuer des innocents ?
Il s'inquiète de leurs conditions de détention et partage l'inquiétude des proches, familles, amis et collègues et de toute la communauté des journalistes.
Encore une fois je ne savais pas que les journalistes se vêtaient de la tenue militaire israélienne !!!

Sans confondre les situations, le Président de la Région souhaite à cette occasion appeler, de manière spécifique, l'attention de l'opinion sur la situation de Gilad Shalit.
De manière spécifique, cela ne veut rien dire, pourquoi que M Richert veut attirer l’attention de l’opinion sur Gilad Shalid et ne fait pas de même pour Salah Hamouri lui est aussi un franco/palestiniens arrêté, sans accusation,  par l’armée israélienne alors même qu’il est un civil.  

M. Gilad Shalit, qui a la double nationalité franco-israélienne, (Salah Hamouri aussi) est actuellement détenu depuis juin 2006 par un organisme non étatique, sans information sur son lieu et ses conditions de détention.
Il n'a pas le statut de prisonnier de guerre, mais bien celui d'otage.
Israël fait la guerre au Hamas et emploi tous le moyens à sa disposition pour ça, y compris des bombes DIME, au phosphore-blanc (interdites), tue des civils innocents, enfants, femmes, vieillards, mais quand le Hamas fait un prisonnier de guerre, il serait non un prisonnier mais un otage ! Quel être normalement constitué peut croire à une telle ânerie ?  Gilad Shalid est, parait-il, détenu par le Hamas, le Gouvernement officiel démocratiquement élu de Palestine est issu du Hamas. Mahmud Abbas, auquel sans doute vous devez penser est le fantoche de l’occident, n'a pas de mandat pour prendre des initiatives au nom des Palestiniens. Il n'est désigné que par l'occident... 
Il est donc bien détenu par un organisme étatique
Vous n’avez pas parlé de l’armée, mais vous devez savoir pourquoi, étant donné que la Palestine n’a pas d’armée, Israël y veille.   

Par ce geste, le Président du Conseil régional marque sa ferme condamnation de toutes les prises d'otages et sa solidarité avec toutes celles et ceux qui en souffrent.
Autrement dit que les Palestiniens se fassent tirer comme des lapins, ce la ne vous dérange pas, ou qu’un arabe soit emprisonné illégalement cela ne vous dérange pas non plus ?  

Dans le cadre de son mandat de parlementaire, Philippe Richert a entretenu et entretient par ailleurs des relations avec les représentants de l'Autorité Palestinienne.
Quelle autorité Palestinienne le fantoche ou le gouvernement légal ? Il milite pour la création d'un Etat palestinien et considère que la résolution de la situation au Proche Orient ne se fera que dans le dialogue et le respect des règles du droit international. Vous faites éclater là, votre ignorance de l’idéologie sioniste c’est navrant d’être dirigé par des êtres avec si peu d’honneur.
Le président Richert tient à rappeler combien il est attaché à la tradition alsacienne de dialogue interreligieux, de respect des croyances et des confessions dès lors que leur pratique s'inscrit dans le respect des valeurs de la République.
Que vient faire ici le dialogue interreligieux, les croyances et les confessions ? Par pitié ne parlez pas de valeurs de la République quand vous les piétinez. 








Situations de vie inextricables : Monique Etienne

POUR LA PALESTINE
Situations de vie inextricables : Monique Etienne

Même si la société palestinienne ne plie pas sous les coups de boutoir de l’occupation israélienne, elle n’a jamais été aussi atomisée. Pour la première fois depuis la création de l’OLP en 1965, l’unité nationale, axe fondamental de l’idéologie palestinienne de résistance, est sérieusement menacée. La cassure entre les mouvements de résistance, morcelés, et le mouvement national, sans leadership, est à l’œuvre. L’absence de perspective place l’Autorité nationale palestinienne en situation d’otage, tandis que le Hamas s’enfonce dans une impasse.  Un reportage de Monique Etienne.

En apparence on circule mieux en Cisjordanie. Un mieux relatif car l’armée israélienne contrôle tous les points stratégiques   ̶  Comme par hasard aux abords des colonies  ̶    et les Palestiniens ne peuvent circuler que sous le bon vouloir de l’occupant. Ce qui me frappe, « c’est cette banalisation du mal », cette espèce de « normalisation » de l’occupation. On gère le normal en institutionnalisant « l’anormal ». O, n’en finirait pas d’égrener les tragédies quotidiennes, les situations de vie inextricables. L’armée israélienne contrôle tous les aspects de la vie des Palestiniens   ̶  la circulation, l’économie, la vie sociale, le marché  ̶   avec un minimum de déploiement. Sans parler de la colonisation qui s’étend insidieusement. Chaque fois de nouvelles implantations : quelques mobil homes posés sur une colline et aussitôt l’installation électrique arrive révélant la duplicité du gouvernemnt israélien. Sans parler de l’extension naturelle des blocs de colonies : Ehoud Olmert vient d’annoncer la construction de 20 000 nouveaux logements. Le mur, les colonies, les routes sont des outils de la colonisation pour casser la continuité territoriale de la Palestine. La politique brutale de Sharon n’est plus nécessaire…
Maintenant, on rejoue Oslo en créant des îlots… En témoignent les panneaux installés récemment à l’entrée des villages palestiniens : « Vous entrez dans une zone palestinienne… »

La normalisation de l’occupation
Selon Michel Warschawski (journaliste écrivain israélien, directeur du Centre d’information alternative de Jérusalem) : « L’objectif est spatial : comment israéliser le maximum de terrain et assurer la continuité de la présence juive de la mer au Jourdain. Les israéliens savent que le déséquilibre démographique ira en s’aggravant. Ils savent (excepté quelques farfelus qui rêvent encore de transfert) que les Palestiniens sont là et ne partiront pas. »
Il est en effet rassurant de constater que contre vents et marées la résistance continue. Dans cette situation ingérable, les Palestiniens tiennent bon. Avec cette patience admirable, ils vont au travail ; ils se déplacent ; ils ne plient pas. Ils sont là tout simplement, construisant partout où c’est possible des solutions de survie, gérant la pénurie, maintenant la cohésion familiale et sociale d’une société menacée de désintégration.

Une résistance sans leadership politique
Dans les villages, des îlots de résistance se mettent en place. Les femmes, les agriculteurs s’organisent. Le Programme de développement des coopératives d’huile d’olive prend de l’am- pleur et rassemble toujours plus d’oléiculteurs motivés. Des solidarités se poursuivent contre le mur. A Qaffin, dans la région de Tulkarem, début février, les anti-colonialistes israéliens sont venus aider les villageois à replanter 1 500 oliviers de l’autre côté du mur. Bil’in est un modèle de résistance locale réussie qui n’arrive malheureusement pas à impulser une mobilisation nationale.
Car c’est là que la politique israélienne à marqué des points : ces mouvements de résistance demeurent éclatés. La société palestinienne est plus atomisée que jamais. Pire : il existe une cassure entre le mouvement national palestinien en crise et les mouvements de résistance.
Samia Bamya (ex-vice-ministre des Affaires étrangères et fondatrice de la Commission internationale des femmes pour une paix juste.) constate que : « Le mouvements national traverse la crise la plus grave depuis la création de l’OLP en 1965 qui à su préserver l’unité nationale des Palestiniens. Pour la première fois nous sommes bloqués. Les conditions subjectives au sein du mouvement national ne sont pas encore mûres pour proposer un programme alternatif crédible. Les forces dites « de gauche » n’ont rien à proposer. Elles ne savent qu’être contre et jouer au missionnaire entre le Fatah et Hamas. Et pendant ce temps, nous sommes en train de perdre des soutiens de la communauté internationale car l’histoire n’attend pas. »
Cette absence de perspectives rejaillit en boomerang sur le mouvement pour la paix en Israël et sur les mouvements de solidarité dans le monde. Il faut partir d’une évidence, explique Michel Warschawski : « il ne peut y avoir de mouvement israélien anti-guerre indépendamment de la Résistance Palestinienne. Notre mouvement qui était un mouvement de masse au moment de la guerre du Liban et pendant la première Intifada n’existe plus. Le mouvement a toujours fonctionné selon le principe de la petite roue entraînant la grande roue. Le noyau anti-colonia- liste, indépendant de la situation, est toujours mobilisé. Mais il n’y a plus de grande roue pour assurer le relais parce qu’il n’y a plus de mouvement profond de l’opinion israélienne. Il n’y a plus non plus de pressions internationales. »
Même si la crise politique du mouvement national palestinien est, surtout, le résultat du lâchage de l’Europe contribuant, en se ralliant au boycott israélien et américain, à l’affaiblissement de l’OLP et de Mahmoud Abbas et à la mort du processus d’Oslo, il n’empêche qu’elle pèse sur les capacités de mobilisation des mouvements de solidarité.
Samia Bamya pense que la période d’une Autorité palestinienne par intérim est arrivée à son terme. «  Le paradoxe vient du fait que L’Autorité Nationale palestinienne est traitée comme un Etat souverain… En principe nous avons une Autorité ; mais une fois que le robinet de l’aide internationale à été fermé, que la vallée du Jourdain est annexée, que le mur et les colonies ne finissent pas de s’étendre, que Jérusalem est ferme aux palestiniens : de quelle Autorité parle-t-on ? Est-ce que cette autorité a encore un sens pour le mouvement national palestinien ? Une question encore plus compliquée par la séparation entre Gaza et la Cisjordanie. Que faut-il faire ? Je ne sais pas. Quand on parle de nouvelles élections je souris… On va voter sous occupation contre la mauvaise gestion d’une Autorité palestinienne qui n’a jamais eu les moyens de sa politique. Les Palestiniens on voté Hamas pour le changement et les réformes. En quelques mois, Hamas a gâché ses cartes… La crise est complexe et nourrie par Israël et par la stupidité ou lâcheté de la communauté internationale. Hamas a été élu pour essayer une autre option. Les sanctions internationales et le boycott ont empêché l’opportunité qui nous offerte après les élections de révéler la vraie nature du Hamas en lui laissant gérer le pays. Cette politique a au contraire renforcé les radicaux du Hamas qui sont désormais ses seuls porte-parole. 



jeudi 16 septembre 2010

Charm El-Sheikh 100914


Charm El-Sheikh, 14 septembre 2010. Poignée de main entre B. Netanyahu et M. Abbas devant la secrétaire d'Etat états-unienne Hillary Clinton. (AFP / POOL/Alex Brandon)




Les pourparlers directs 
Si certains doutent encore de la nature raciste de « l’État pour les juifs ou de l’État juif », selon que vous vous adressez à un intégriste religieux juif ou à un raciste laïque sioniste, il suffit d’examiner attentivement le débat israélien entourant la reprise des « pourparlers directs » entre Netanyahu et Abbas pour lever toute ambiguïté.

Dans ces quelques lignes, le journaliste Jacques Benillouche tente de résumer cette problématique entre les racistes laïcs et religieux au pouvoir en Israël : « Dans la reprise du dialogue avec les Palestiniens, la définition de l’État d’Israël pourrait bien être le point de blocage qui fera basculer la négociation. L'aile droite nationaliste et les religieux de la coalition du gouvernement Netanyahu insistent pour ouvrir le débat sur la nature juive de l'État d'Israël restée volontairement ambigüe depuis la naissance du pays en 1948. Ils veulent s’en servir comme d'un prétexte pour contraindre le gouvernement à cesser toute négociation jusqu’à obtention d’un engagement ferme des Palestiniens à reconnaître Israël comme État juif » (2). 
Et le journaliste de poursuivre :
En donnant une connotation purement religieuse à un État qui s’appuierait sur les lois de la Halakha, (3) les tenants de ce dogme combattent en fait les laïcs israéliens qui considèrent que leur identité s’exprime en dehors du rabbinat. Ces derniers préfèrent la notion « d’État des juifs » qui enlèverait toute référence à la religion (...). En cette période des grandes fêtes de Roch Hachana, le nouvel an, et de Kippour, la religion pèse sur un pays qui voit un demi-million de ses citoyens fuir vers des horizons étrangers pour échapper au poids des tenants du Livre sacré. Le ministre des Affaires étrangères Avigdor Lieberman, dont la conviction laïque est clairement affichée, s’est emparé de ce débat pour, en fait, vouer aux gémonies la minorité arabe qu’il n’estime pas loyale vis-à-vis de l’État d’Israël. Leader populiste d’une communauté d’immigrés russes qui ont perdu leurs repères juifs sous le régime soviétique, il multiplie les embûches juridiques pour tenter d’exclure les minorités de la nation israélienne. 


Durant sa campagne électorale, il avait remis en cause la citoyenneté des arabes d’Israël et avait proposé de les « transférer » vers le futur État palestinien. Il s’était déjà prononcé, avant tous les autres dirigeants, pour deux États pour deux peuples. En échange d’Oum El-Fahm, village arabe israélien, il avait proposé d’annexer des blocs d’implantations de Cisjordanie pour avoir « un État juif à 100% ». Il s’était alors senti encouragé par les sondages qui démontrent que 55% des juifs israéliens pensent que le gouvernement devrait encourager l’émigration des arabes et que 50% prônent leur transfert. Il avait alors affirmé : « Selon moi, pour obtenir une paix et une sécurité à long terme, nous devons opérer une véritable division politique entre les arabes et les juifs ».

Le journaliste se méprend donc sur les intentions véritables des uns et des autres. Les pourparlers directs entre Netanyahu et Abbas ne visent précisément qu'à cela : amener un représentant palestinien à se compromettre et à parapher une entente qui affirmerait la reconnaissance explicite de l’existence d’un État raciste – israélite – sur les terres ancestrales palestiniennes.

Le différend en cours en Israël porte sur la formulation raciste religieuse ou raciste laïque du parchemin à imposer au Président Abbas. La question de l’étendue du bantoustan qui sera laissé en gestion à l’Autorité palestinienne (22% ?) et en corollaire de l’étendue définitive de l’État d’apartheid israélien (78 % ?) est une question subsidiaire qui sera tranchée plus tard après avoir obtenu la capitulation totale des Palestiniens et la signature de leur propre renonciation définitive à leurs droits fondamentaux (droit de retour, droit d’occupation et d’exploitation de leur terre ancestrale, droit de se défendre, droit de résistance, etc.).





Benjamin Netanyahu a déjà choisi son camp et l’affiche clairement, le Premier ministre israélien a compris que la survie de l’entité sioniste est conditionnée par la reconnaissance d’un bantoustan palestinien portant le nom d’État palestinien : « Benjamin Netanyahou n’est pas particulièrement éloigné de ces thèses. Dans son discours du 14 juin 2009 à l’université de Bar Ilan, reflétant un large consensus, il avait présenté sa vision politique de la résolution du conflit. Il avait exprimé son empressement à « voir un État palestinien établi à côté d’un État juif à condition que les Palestiniens reconnaissent l’État d’Israël comme la patrie nationale du peuple juif ». Il a réitéré ses propos face à Mahmoud Abbas le 2 septembre : « Nous attendons que vous reconnaissiez Israël comme l'État- nation du peuple juif » (4). Netanyahu est concis : pas d’État pour les Palestiniens à moins d’un État pour les juifs exclusivement. Soulignons au passage que l’un des concepts réfère à un peuple, une nation (palestinienne) tandis que le second réfère à un groupe religieux qui ne constitue ni une race, ni un peuple encore moins une nation (juive).
Apartheid ou transfert ?
Israël, qui n’a pas de Constitution, est régi par quatorze Lois fondamentales votées par la Knesset. De nombreux juristes estiment qu’il n’est pas nécessaire de légiférer à nouveau puisque la dixième loi votée en 1992, intitulée « Dignité humaine et liberté » stipule que « l'intention de cette loi est de protéger la dignité humaine et la liberté, pour établir dans une loi fondamentale les valeurs de l'État d'Israël en tant qu'État juif et démocratique ». Ces juristes n’ont pas compris que la validité de cette dixième loi israélienne dépend de la renonciation des Palestiniens à leur droit fondamentaux sur la terre palestinienne et à leur acceptation de l’entité raciste israélienne, c’est ce que recherche Netanyahu par ces pourparlers.

Le Centre juridique palestinien ADALAH (5) indique qu’au moins dix, parmi les quatorze lois fondamentales israéliennes, sont autant de lois discriminatoires d’apartheid (6), les lois sur le droit foncier et la propriété de la terre, les lois sur les droits civils et politiques, la loi fondamentale relative à la Knesset, la loi relative aux conseils généraux, les lois concernant les droits économiques et sociaux et certaines lois relatives aux procédures pénales (7).




Le journaliste Jacques Kupfer résume en quelques phrases le point de vue sioniste radical dans tout ceci : « Quand aurons-nous enfin un premier ministre qui, mettant une kippa sur sa tête, prendra en main la Bible et, au Caveau des Patriarches à Hébron, déclamera « urbi et orbi » la promesse divine faite à nos Pères et la continuation de l’entreprise grandiose sioniste ? A quand un premier ministre qui mettra sur la table de négociations la seule matière digne d’être discutée: l’échange de population effectué entre les fils d’Israël sortis des pays arabes en abandonnant leurs richesses et les squatters arabes sur notre terre qui ont réussi à faire pousser le désert et cultiver le sable ? » (8).





Apartheid – transfert et réconciliation nationale palestinienne ?

Dans un tel contexte il est assez inquiétant de lire que les reporters arabes font état d’un certain nombre de rencontres en coulisses, l’une d’elles entre Ismael Haniyeh (Hamas) et Sakhr Bassisso, membre du FCR (Conseil Révolutionnaire du Fatah), qui est venu de Ramallah à Gaza pour représenter le président Mahmoud Abbas aux funérailles. « Une fois la réunion rendue publique, Haniyeh a appelé dans son discours la direction du Fatah à hâter la tenue d’un dialogue avec le Hamas afin d’en terminer avec les divisions en Palestine. Bassissi a immédiatement donné son accord pour que bientôt ait lieu une réunion bilatérale entre les deux groupes. » (9).
La réalité sur le terrain est toute autre, comme le constate Kayed Al-Ghoul, membre du comité central du Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP), le Fatah et les leaders de l’OLP, ont transféré les efforts menés en vue d’une réconciliation inter-palestinienne vers les négociations directes avec Israël.
« Non seulement la direction de l’OLP a donné le droit à Israël de prendre davantage de terre en donnant son accord pour redémarrer des négociations directes, mais elle a aussi avec cette décision effacé tout espoir de dialogue national », a déclaré Al-Ghoul à Al-Ahram Weekly. Pour lui, « la relance des pourparlers est le résultat de la pression exercée par les États-Unis et elle aggrave la fracture inter-palestinienne ; en effet, en décidant de se lancer dans des négociations directes sans consultation de toutes les factions palestiniennes, le Comité Exécutif de l’OLP a accentué les divisions et a pris des décisions de façon personnelle et unilatérale. » (10).
Le mot de la fin revient à Mekhemar Abu Saada, professeur en science politique à l’université Al-Azhar de Gaza, qui pense que pour l’instant, il n’y a aucune base pour une réconciliation palestinienne : « Nous devons admettre que nous avons atteint le point de non retour en termes de réconciliation. Le Hamas et le Fatah ont imposé de facto des réalités sur le terrain à Gaza et en Cisjordanie. Il est impossible aux deux groupes de revenir à la situation qui prévalait il y a trois ans. La situation actuelle ne laisse place à aucune réconciliation, même artificielle, à cause du gouffre qui sépare les deux groupes. » (11). Effectivement, il n’est pas approprié que les forces de la résistance négocient la réconciliation nationale avec ceux qui accréditent l’entité sioniste et ses visées sur la terre palestinienne et qui songent sérieusement aux transferts de population.



« Une fois l’hiver passé, le soleil brillera » Jody McIntyre


« Une fois l’hiver passé, le soleil brillera »

15/09/2010 - 18:22
Jody McIntyre - Live from Palestine

Quand la construction du mur israélien a commencé dans leur village en mai 2008, les habitants du village de Nilin en Cisjordanie occupée ont lancé une campagne de résistance non-violente contre le vol de leurs terres.

Des manifestants près du mur d’Israël à Nilin ; une colonie israélienne ici en arrière-plan. (ActiveStills)

Ils ont obéi à une philosophie d’action directe, coupant la barrière électronique et les barbelés pratiquement toutes les semaines jusqu’à ce qu’Israël ne décide d’ajouter des blocs compacts de 6 mètres de haut à la barrière, que les manifestants ont réussi à renverser. Les habitants de Nilin ont payé cher leur combat pour leurs droits - cinq villageois ont été tués dès la première année de protestation - mais ils n’ont montré aucun signe de relâchement. Jody McIntyre a interviewé Mohammed Amireh, un leader du Comité Populaire de Nilin Contre le Mur et les Colonies pour L’Electronic Intifada.

Contre le Mur et les Colonies pour l’Electronic Intifada.
Mohammed Abdulkader Amireh : J’ai quatre enfants, deux fils et deux filles. Mes deux garçons sont nés avec une maladie de la peau pour laquelle il n’y avait pas de traitement médical, mais qui peut être soulagée en appliquant de l’huile d’olive. J’ai perdu toutes mes terres Nilin à cause du mur et de la colonisation. Ce mur a dépossédé presque touts les fermiers de Nilin de leurs terres: nous avons perdu 2 700 oliviers, 3 000 km² de terres, et cinq de nos frères sont morts pendant les manifestations contre le mur. Il y a eu des centaines de blessés par des balles d’acier recouvertes de caoutchouc,  des femmes enceintes ont fait des fausses couches à cause des bombes aveuglantes que des soldats lançaient dans les maisons.
107 personnes ont été emprisonnées pour avoir participé aux manifestations contre le mur, 11 d’entre elles le sont toujours aujourd’hui. Trente-neuf personnes ont été tuées par des balles spéciales de calibre 0.22, connues pour faire un maximum de dégâts après avoir pénétré dans le corps, et beaucoup d’entre eux souffrent toujours de ces blessures parce que les balles restent dans le corps. Plusieurs incendies ont frappé les maisons dans lesquelles des bombes aveuglantes ont été lancées et qui ont pris feu. Mais nous ne renoncerons jamais, et nous devons continuer notre combat pour la paix et la justice pour les Palestiniens et pour le monde.

J’ai été blessé plusieurs fois, une fois par une balle de caoutchouc qui est entrée dans la main qui protégeait mon visage. J’ai aussi été tabassé par des soldats israéliens à de nombreuses occasions. On m’a arrêté quatre fois, je suis resté emprisonné quelques mois la première fois, huit jours la deuxième fois, et un jour les deux dernières fois. Je me souviens qu’une des dernières fois, les commandants israéliens me menaçaient de m’emprisonner encore huit jours de plus. Je leur ai répondu que je m’en foutais qu’ils me gardent huit jours, huit semaines ou huit ans ... ça ne m’empêcherait pas de protester contre le vol de ma terre. Soudainement, il a appelé un de ses collègues et lui a ordonné de me relâcher immédiatement ; je n’avais pas encore compris que Ahmed Mousa, un garçon du village de 10 ans, venait juste de devenir notre premier martyr dans la lutte contre le mur. Je travaille comme professeur dans une école locale, et Ahmed manque fortement à ses amis ... ils ne comprennent pas pourquoi il a été tué. Il n’y avait même pas de manifestation là où il a été tué !

Je me souviens qu’une fois en cours de dessin, Ahmed a dessiné une image avec deux drapeaux, un palestinien et un israélien parce qu’il espérait que la paix arriverait, mais il ne savait pas que juste 10 minutes plus tard, une balle attendait de lui percer la peau.
Tout le monde à Nilin souffre directement à cause du mur et des colonies qui ont été construits dans nos terres. Moi, en tant que fermier, je ne peux pas marcher dans mes terres, et les 25 moutons et chèvres qui m’appartenaient dans le passé ont dû être vendus, parce que je n’avais plus rien pour les nourrir. Les gens de Nilin étaient presque tous fermiers, et maintenant que nous avons perdu nos terres, le taux de chômage a explosé.
Nous avons choisi la voie de la résistance non-violente, mais l’armée israélienne continue d’utiliser toutes ses armes contre nous.  Nous espérons que notre combat finira bientôt, et que l’occupation prendra fin. Jody Mc Intyre : Comment était la vie à Nilin avant la construction du Mur ?

MA :Les gens à Nilin étaient fermiers ou travailleurs agricoles ; nous travaillions la terre non seulement pour fournir de la nourriture à nos familles et nos enfants, mais aussi pour nos animaux, nos moutons, nos chèvres, nos chevaux et nos ânes. Donc c’était une vie paisible. Les problèmes avec les colons sont survenus une fois qu’ils ont commencé à nous attaquer, nous les villageois, et à nous expulser de nos terres.

JM : Comment est née la résistance populaire à Nilin ?

MA : La première manifestation a été spontanée. Le 17 mai 2008, quand l’armée israélienne est arrivée sur nos terres accompagnée des bulldozers, ça a été un choc pour nous. Tous les fermiers se sont regroupés dans leurs terres simplement pour arrêter les bulldozers. Lors de cette manifestation, l’armée a arrêté Firas Amireh, un résident du village qui avait une femme et trois enfants, et ils nous ont forcés à payer 1 500 NUS (315€) pour sa libération.
Après cela, on a continué nos manifestations quotidiennement, choisissant la résistance non-violente car on sentait que c’était le meilleur raccourci pour atteindre le monde extérieur, pour que nos voix soient entendues et pour montrer que nous sommes des Palestiniens civilisés, et pas de violents terroristes comme nous décrivent les médias israéliens. Nous pensions que la résistance non-violente atteindra le cœur des gens plus que la violence, et si nous voulons faire disparaître la souffrance dans le monde, nous devons prendre un peu de cette souffrance sur nos épaules. Après tout, seule la paix apporte la paix, et seule la violence engendre la violence. Nous avons besoin de paix et de justice pas seulement en Palestine, mais partout à travers le monde, si nous devons gagner ce combat.

JM : Qu’est-ce qui a changé dans la vie de tous les jours depuis l’occupation et la construction du mur ?

MA : Eh bien, je travaille comme enseignant, et ici, les écoles ferment tôt, à environ 12h30, dans j’ai quartier libre dans l’après-midi. Avant, je devais aller dans mes terres tout le temps ; je faisais pousser du blé, des légumes, des olives, et mes moutons et mes chèvres me donnaient du lait et du fromage. Maintenant, je n’ai nulle part où aller pour travailler avec ma femme. Dans d’autres endroits de la Palestine, les soldats israéliens autorisent parfois les fermiers à se rendre sur leurs terres, mais personne dans ma famille n’y a jamais été autorisé, même pas pour récolter l’huile de nos olives, ou pour déraciner la mauvaise herbe autours de nos oliviers.
L’armée israélienne a même essayé d’instaurer un couvre-feu dans le village pour y annihiler la résistance populaire - le 7 juillet 2008, on a été sous couvre-feu pendant quatre jours, avec seulement deux heures par jour pour acheter de la nourriture - mais ça n’a pas marché, tout le monde était dehors dans les rues en train de manifester et de construire des barrages routiers de fortune pour empêcher l’armée de circuler. Je marchais dans les rues avec mon petit garçon dans les bras, pour leur montrer qu’ils ne pourraient rien faire contre notre détermination. Les gens des villages environnants venaient avec des voitures pleines de nourritures et de provisions pour faire cesser le couvre-feu ... c’était une belle marque de solidarité.

JM : Dans votre travail d’enseignant, quels effets de l’occupation avez-vous vu déteindre sur les enfants de Nilin ?

MA :Leur esprit a changé. Avant la construction du mur, tu avais des enfants comme Ahmed Mousa qui dessinaient des drapeaux palestiniens et israéliens ensemble. Maintenant, quand tu demandes aux enfants de faire un dessin, ils dessinent tous des soldats israéliens qui attaquent leur maison, qui répandent du gaz aveuglant, ou des martyrs enveloppés dans des drapeaux palestiniens. Je me souviens du deuxième garçon qui a été tué ... Yousef Ahmad Amireh. Il n’avait que 17 ans à l’époque.
Sa grand-mère l’a appelé et lui a dit qu’il lui manquait beaucoup, alors il a décidé d’aller lui rendre visite ... la maison de sa grand-mère n’est qu’à 200 mètres de la mienne. Mais quand il était devant ma maison, il a vu qu’il y avait des soldats à l’entrée du village qui lançaient des bombes aveuglantes et tiraient avec des armes à feu, et des jeunes garçons qui leur lançaient des pierres. Je lui ai conseillé de longer les maisons par derrière pour aller chez sa grand-mère plutôt que d’utiliser la route principale, mais il m’a dit qu’il avait peur qu’un soldat le voit et lui tire dessus, donc il est resté avec moi à l’entrée de ma maison, et on regardait les heurts entre les soldats et les jeunes dans la rue principale. Quand tout à coup, une jeep armée israélienne a foncé directement jusqu’à nous, un soldat est descendu et a tiré une balle ... je n’avais même pas remarqué que Yousef, droit comme un i à coté de moi, a été touché, mais quand je me suis tourné vers lui, j’ai vu le sang couler sur son visage.
Les enfants qui ont une fois cru à la paix, après avoir vu les actions brutales de leurs ennemis, n’y croient plus du tout. Mais en tant que professeur, je dis aux enfants que nous devons garder espoir, que l’ombre de l’occupation va partir, et qu’au matin, le soleil de la paix et de la justice brillera sur la Palestine. Si ce n’est pas aujourd’hui, ce sera peut-être demain, ou dans un mois, ou dans un an, mais nous devons toujours garder espoir.

JM : Pouvez-vous me parler de la Route 446 ?

MA : La Route 446 a été construite par le gouvernement israélien en 1992, et il a été décidé que le village de Nilin serait coupé en deux. Beaucoup d’entre nous ont des frères et sœurs qui vivent de l’autre coté du village, et la plupart du temps, on ne peut pas aller les voir, soit parce que nous sommes sous couvre-feu ou parce que l’armée a installé un check-point mobile à l’entrée du village, et qui empêche les voitures d’entrer ou de sortir. Parfois, on a l’impression que c’est comme si des membres de notre famille vivaient dans un autre village ! Un autre problème est la nature dangereuse que représente une autoroute très fréquentée traversant un petit village comme le nôtre, rendant impossible aux enfants de marcher d’un coté du village à l’autre. Au lieu de ça, leur famille doit payer pour les bus pour emmener leurs enfants à l’école, ou des taxis pour les emmener voir un membre de leur famille vivant de l’autre coté du village. Sans parler des terrains qui ont été confisqués et des oliviers qui ont été déracinés pour construire cette Route 446.xxxxxLa route a amplifié la colonisation de Modiin Illit, donc son objectif était clair, mais quand la route a été établie, on nous a dit que c’était une route comme toutes les autres, qu’Israéliens et Palestiniens pourraient utiliser. Maintenant, on nous interdit de voyager au sud de la Route 446, seulement vers le nord, mais qui sait si on conservera ce droit dans le futur. C’est devenu une route d’apartheid. Avant, on avait entendu parler d’un projet pour construire un tunnel souterrain pour les Palestiniens, mais nous ne savons pas si c’est vrai ou pas. Néanmoins, nous espérons que les colonies vont quitter nos terres, que l’occupation prendra fin, et ensuite que les citoyens palestiniens seront autorisés à emprunter cette route.

JM : Qui de Nilin est actuellement en prison ?

MA : Ibrahim Amireher est un homme de 43 ans qui a huit enfants, dont la plupart sont à l’université ... maintenant, c’est difficile pour eux d’acheter à manger, sans parler des études. C’est la troisième fois qu’Ibrahim est emprisonné. Comme moi, il a perdu toutes ses terres derrière le mur. Une fois, l’armée a essayé d’occuper sa maison tôt le matin, pour empêcher sa famille de se rendre à la manifestation, et des soldats ont blessé une de ses petites filles au cours de cette opération. Une autre de ses filles a été tuée par balle pendant qu’elle était à la fenêtre de sa maison. Hassan Mousa, un autre habitant de Nilin, est actuellement en prison ; professeur d’anglais à l’école, il avait étudié en Inde, et a été emprisonné par les Israéliens pour la simple raison qu’il était en général la personne qui correspondait avec les militants internationaux qui venaient nous soutenir, du fait de sa connaissance de la langue anglaise. Le tribunal a décidé que Hassan et Ibrahim resteraient en prison pendant un an, et paieraient 9 000 NIS (1 862€) chacun pour être relâché.
L’armée israélienne a obtenu des témoignages à charge contre Hassan et Ibrahim en enlevant des jeunes hommes du village et en les interrogeant sous la torture. Parmi les témoignages, certains disaient qu’ils jetaient des pierres pendant les manifestations, et donnaient de l’argent pour encourager les autres à faire de même. Tous ces témoignages sont totalement faux. Ces hommes ont toujours suivi la philosophie de la résistance non-violente, ont toujours dirigé leurs pensées vers la manifestation pacifique, et ont à peine assez d’argent pour subvenir aux besoins de sa famille, sans parler de celle des autres. Ils y en a encore neuf autres en prison, parmi lesquels Saddam Nafer, Ahmed Nafer, Mostafa Amireh, Saïd Amireh, Ibrahim Srour et beaucoup d’autres jeunes gens.

JM : Parlez-moi des manifestations de vendredi contre le mur.

MA : A chaque fois, nous essayons d’atteindre la porte que les soldats israéliens ont construit en face du mur. Parfois, on apporte un message aux soldats, pour leur dire que cette terre appartient aux simple fermiers, et que s’ils veulent vraiment une armée qui défende leur pays, ils n’ont qu’à repartir à leurs frontières comme l’ont stipulé les Nations Unies en 1967. Qu’ils nous laissent juste retourner à nos terres. Nous avons des familles, vous avez des familles ... On n’a pas besoin de souffrir encore plus.

JM : Comment les manifestations ont-elles évolué depuis deux ans, au moment des premières revendications ?

MA : Avant, on organisait quatre ou cinq manifestations par semaine, mais maintenant, on n’en a qu’un ou parfois deux. Des gens ont été tués dans les manifestations, et cela effraie certains à l’idée d’y participer. Beaucoup de jeunes hommes ne peuvent tout simplement pas se permettre d’aller en prison pour une deuxième ou une troisième fois. Plusieurs ont été blessés ... l’Autorité Palestinienne pourrait aider leur famille en finançant des aides médicales, mais personne ne peut soigner les traumatismes mentaux. Plusieurs personnes ont compris que l’armée israélienne a construit un mur psychologique, et ensuite un mur physique en face de celui-là, et elles sentent que maintenant que le mur existe, il est injustifié de continuer. L’armée israélienne utilise plusieurs tactiques différentes et des types de sanctions pour empêcher les Palestiniens de retourner dans leurs terres. Beaucoup, comme moi, ont toujours espoir que si on continue nos manifestations pacifiques, peut-être, juste peut-être, on pourrait sensibiliser les peuples du monde, mettre fin à cette occupation et retourner à nos terres.

JM : Vous avez dit que l’armée israélienne a construit un mur physique et psychologique, et ces deux murs sont maintenant terminés. Gardez-vous toujours espoir ?

MA : En hiver, beaucoup d’endroits dans le monde deviennent sombres pour plusieurs jours, semaines, et même mois. Mais une fois que l’hiver est terminé, le soleil brillera encore et toujours. Nous devons garder en tête le positif, pas le négatif. A travers l’histoire, plusieurs régimes ont imposé des occupations brutales à des peuples étrangers, mais elles ont toujours été surmontées. Cette occupation n’a rien de différent.