mercredi 1 mai 2013

LE NETTOYAGE ETHNIQUE DE LA PALESTINE Acre et Baysan I



Sur une population largement sans défense : 

C'est quasi unanimement que les Juifs cherchent à expliquer le début des affrontements entre Palestiniens et Juifs de Haïfa comme étant de la volonté des populations arabes. Or le récit de Illan Pappé (historien israélien)  sur la ville de St. Jean d'Acre fait très nettement ressortir qu'une grande partie des refugiés y arrivant provenaient de Haïfa. Si les Arabes d'Haïfa avaient préparé les affrontements décrits par la littérature juive, je ne crois pas qu'ils se seraient retrouvés sur le chemin de l'exode. Cela apporterait la preuve que ; ni la préparation, ni les forces en présence, ni l'armement n'étaient équivalents.
On peut regretter que le sionisme ait encore aujourd'hui la capacité d'influencer la réalité historique. C'est dommage pour le monde, c'est dommage pour la santé psychologique des Juifs mais surtout pour les dirigeants sionistes, dont une des résultantes est la paranoïa des responsables politiques israéliens. Et s'ils prennent appui sur la Shoah pour justifier leurs crimes, c'est surtout la conséquence de leurs propres actes qui engendre la peur des représailles, et comme un dictateur  doit maitriser, châtier tout élément qui risque de lui porter atteinte...   


Acre et Baysan : (I)

Le nettoyage ethnique c’est poursuivi au mois de mai avec l’occupation d’Acre, sur le littoral, et de Baysan, dans l’Est, le 6 mai 1948. Acre était au bord de l’asphyxie dû à l’énorme afflux de réfugiés en provenance de sa voisine Haïfa et des villages du nord de la Palestine. En dépit du surpeuplement la ville résistait au pilonnage incessant et quotidien des forces sionistes ne réussissaient à prendre la ville. Son talon d’ « Achille », son point vulnérable était l’alimentation en eau les sources qui l’approvisionnait c’étaient celles de Kabri à dix kilomètres  au nord par  un aqueduc. 
Pendant le siège, des germes de la typhoïde ont manifestement été injectés dans l’eau.
Des observateurs internationaux dont des émissaires de la Croix-Rouge envoyèrent des rapports  à leurs autorités respectives ne laissant guerre quant à l’identité du suspect : la Haganah avait y  une place de choix  et soulignaient qu’une intervention extérieure était la seule admissible.  A l’hôpital de la Croix-Rouge d’Acre au sud Liban, le Général de brigade Beveridge, le colonel Bonnet, le docteur Maclean, des services médicaux britaniques et M Meudon, délégué de la Crois-Rouge en Palestine. Après des discutions des services médicaux et responsables municipaux la conclusion  parut comme une évidence : « l’empoisonnement par la typhoïde venait de l’eau ».  Que cet empoisonnement n’était pas du au surpeuplement, et aux conditions exiguës ou d’hygiène comme l’affirmait la Haganah.  Fait significatif : l’épidémie avait touché  une cinquantaine de soldats britanniques, transférés depuis peu à l’hôpital de Port-Saïd en Egypte.  « Rien de tel ne s’est jamais produit en Palestine », déclara le général de brigade Beveridge à Meuron.
Une fois identifiée l’aqueduc comme source de l’infection, Acre tentait de s’alimenter en eau par des puits artésiens, comme le faisaient avant l’aqueduc. Les habitants comme les réfugiés se soumirent  à des examens pour empêcher l’épidémie de se répandre.
La propagande de la Haganah, comme s’était devenu l’usage, faisait hurler   les haut-parleurs : « Rendez-vous ou suicidez-vous. Nous allons vous détruire jusqu’au dernier. »
Affaiblis par l’épidémie de typhoïde et le pilonnage intensif  a fini par céder à l’appel.
L’observateur de l’ONU, signalait dans son rapport  qu’après la chute de la ville la Haganah s’était livrée à un pillage en règle, y compris des meubles, des vêtements.

Le 27 mai, une tentative semblable pour empoisonner l’alimentation en eau de Gaza a été déjouée. Les Égyptiens ont pris des juifs, David Horin et David Mizrahi, alors qu’ils essayaient d’injecter les virus de la dysenterie et de la typhoïde  dans les puits de Gaza.
Le général Yadin a rapporté l’incident à Ben Gourion, alors Premier ministre d’Israël, qui l’a noté dans son journal, sans commentaire. Les deux hommes ont été plus tard exécutés par les Égyptiens. Il n’y a eu aucune protestation officielle israélienne.


Acre et Baysan : (II)  « l’HEMED »

Ernest David Bergman ainsi que les frères Katzir travaillaient à doter Israël de capacités de guerre biologique. Créée par Ben Gourion dans les années 1940 et appelée par euphémisme le « Corps scientifique » de la Haganah. Ephraim Katzir en a été nommé directeur en mai 1948, date à laquelle cet organisme à été rebaptisé « HEMED » (acronyme de Hayl Mada, corps scientifique), mot qui signifie « Douceur ». Il n’a joué aucun rôle important dans les campagnes de 1948, mais ses premières contributions donnaient un avant-goût des futures aspirations non conventionnelles de l’État d’Israël.
La brigade Golani, au moment où tombait Acre, prenait la ville de Baysan au cours de l’opération Gédéon. Comme à Safed, les forces juives brutalisaient  les villages des alentours avant de se concentrer sur la ville. Désormais expérimentées en matière d’expulsions collectives, imposait un départ rapide aux habitants de Baysan. Certains membres du comité national local on rejeté les propositions de la Haganah et se préparés  pour soutenir un long siège ; ils ont disposé quelques armes, essentiellement deux canons amenés par les volontaires e l’ALA, pour repousser l’assaut imminent. Nahum Spigel, voulait faire des prisonniers de guerre afin de les échanger contre les prisonniers juifs que la légion jordanienne avait fait à Jérusalem et Gush Etzion. En fait, la Légion arabe avait plutôt sauvé les colons de Gush Etzion des mains des paramilitaires palestiniens furieux qui avaient attaqué cette colonie juive isolée et le convoi qui s’était porté à son secours. (Aujourd’hui Gush Etzion est une grande colonie juive de Cisjordanie.) Avec les habitants du quartier juif de Jérusalem, ces colons ont partie des rares prisonniers de guerre juifs de ce conflit. Ils ont été correctement traités et libérés peu après, à la différence de milliers de Palestiniens qui, en droit international, étaient alors citoyens de l’Etat d’Israël mais qui prisonniers, étaient parqué dans des enclos.

Après de lourds bombardements quotidiens, y compris aériens, le comité local de Baysan a décidé de se rendre. Lorsqu’il prit cette décision, il comptait quatre membres : le cadi, le prêtre local, le secrétaire de mairie et le marchand le plus riche de la ville. Ils ont rencontré Palti Sela et ses collègues pour discuter des conditions de la capitulation. (Avant cette réunion ils avaient demandé L’autorisation de se rendre à Naplouse pour discuter de leur reddition, mais elle leur avait été refusée.) Le 11 mai la ville est passée aux mains des juifs. Palti Sela a été particulièrement frappé par les deux veilles pièces d’artillerie pathétiques qui étaient censées protéger Baysan, deux canons antiaériens français de la Première Mondiale, des armes archaïques bien représentatives du niveau général de l’armement dont disposaient les Palestiniens et les volontaires à la veille de l’entrée des armées régulières arabes en Palestine. Aussitôt après, Palti Sela et ses collègues ont pu superviser l’ « expulsion ordonnée » des habitants de la ville. Certains ont été transférés à Nazareth  ̶  qui était encore, en mai, une ville palestinienne libre, mais pas pour longtemps  ̶  d’autres à Djénine, mais la plupart ont été conduits sur l’autre rive du Jourdain, tout proche.
Les témoins oculaires se souviennent de ces hordes sorties de Baysan, particulièrement paniquées, terrorisées, avançant en toute hâte vers le Jourdain, puis s’enfonçant à l’intérieur des terres jusqu'à des campements de fortune. Néanmoins, tandis que les soldats juifs menaient d’autres opérations aux alentours, bon nombre d’habitants ont réussi à revenir.  Baysan est vraiment situé tout près de la Cisjordanie et du Jourdain : il est donc assez simple de s’infiltrer pour retourner discrètement, Ceux qui y sont parvenus sont restés jusqu’à la mi-juin, après quoi l’armée israélienne est venue, l’arme au poing, les embarquer sur des camions et les reconduire de l’autre coté du fleuve.

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