dimanche 9 juin 2013

Le coté obscur de Ben-Gourion



Du journal israélien Haaretz

[Cet article reflète la réflexion menée par des intellectuels israéliens, et c'est tout à leur honneur. Ce qui est à regretter s'est que l'intelligentsia pro sioniste aux États-Unis ou en Europe -Juifs ou sympathisants- refusent, sans doute par fanatisme, racisme ou que sais-je encore,  les faits historiques dénoncés par tous ceux qui  regardent ce conflit honnêtement.]  


Il est temps d'abondonner le culte de la personnalité entourant le plus grand chef d'Israël et d'évaluer honnêtement ses actions.

Si l'éditeur du journal Haaretz Aluf Benn a décrit cette semaine, sa génération comme «les enfants de Begin» (Haaretz, 27 mai), alors nous, les enfants de la génération précédente, sommes les enfants de Ben-Gourion. Admiration et, je dois l'avouer, même un peu d'un culte de la personnalité entourant le plus grand leader de notre Etat. Dans mon cas, ce problème a été accompagné par la prédication de mon grand-père, qui était encore un disciple de Ben Gourion, inclus pendant l'isolement subséquent du père fondateur d'Israël. Mon grand-père a voté le parti Rafi de David Ben Gourion et ensuite sa liste nationale, dont la devise "Parce que dans votre cœur, vous savez que la justice est avec nous", a accompagné mon enfance. Sauf pour une minorité d'extrême droite et le Jeruty communistes, nous étions tous des enfants de Ben-Gourion, tous ont dit oui à l'ancien.

L'image de Ben Gourion n'a jamais été endommagée. Même après la Nakba [la "rébellion" des palestiniens protestant contre les crimes des Juifs sionistes] son image est resté intacte, non plus, lorsque les nouveaux historiens ont révélé les crimes de guerre de 1948, ni lorsque nous avons entendu: "que tous les Arabes ont enfuis sous les ordres de leurs leaders, ni quand nous avons découvert que nous n'étions pas "peu contre beaucoup", ni quand les ruines des villages dépassaient par en dessus les forêts du Fond National Juif, ni quand surgit la vérité sur les opérations de représailles ou lorsque nous avons grandi, appris et compris que, pas tout ce que nous avons appris dans notre enfance était vrai. Ben Gourion est resté admiré come toujours. Avec toute l'appréciation de sa grandeur, il est temps d'examiner aussi son côté sombre.
Il est temps de faire une nouvelle lecture de Ben-Gourion.
[Et de tous les dirigeants de 1947/48 à nos jours, aucun de ses hommes ne s'est comporté que tel.]
L'historien [israélien] Shay Hazkani publia un article préoccupant dans Haaretz le 16 mai sous le titre "la pensée catastrophique: Est-ce que Ben-Gourion a tenté de réécrire l'histoire" sur la recherche qui visait à prouver que les Arabes ont fui en 1948. L'article porte sur la façon dont Ben Gourion avait choisi dans les rangs universitaires à des fins de propagande. BG a ordonné l'"enquête" d'une institution académique, apparemment pour démontrer au monde ce n'est jamais arrivé: que tous les Arabes ont fui, que personne n'a été expulsés.

Le sol brûlait encore sous les pieds qu'un homme d'Etat avec sa conscience historique et bien déroulé, comprit qu'il devait vendre un mensonge de propagandiste. Les historiens n'ont pas encore déterminé si Ben Gourion ordonna l'enquête par besoin ou par  amusement ou même s'il connaissait l'existence de l'enquête, mais la recherche d'Hazkani, démontre qu'il en savait beaucoup. Il connaissait Ramla, Lod et au moins 120 autres villages dont les habitants ont été expulsés par la force, les massacres et les pillages, il connaissait les expulsions massives et le niveau de nettoyage ethnique dans un certain nombre de régions et même, peut-être, connaissait quelques cas de viol, et bien sûr des mesures nécessaires pour avertir les habitants qui ont fui la terreur de la guerre, qu'ils ne sont pas rentrés dans leurs foyers.
Il y a encore des fichiers confidentiels, mais personé ne peu plus prétendre que Ben-Gourion, qui était impliqué dans toutes les actions, n'a pas donné d'ordres, ne savait pas ou n'a pas consenti à ces faits.

Ce qui s'est passé en 1948 et dans les premières années qui suivirent ne peuvent pas être jugés uniquement par les yeux critiques de 2013. Israël a combattu pour son existence et le monde était différent. Il est clair aujourd'hui que de tels actes sont clairement définis comme des crimes de guerre et les responsables devraient être jugés à Jérusalem ou à La Haye.

Par exemple, dans l'attaque en représailles de Kibiyeh en 1953, les infiltrés* (voltigeurs Juifs) ont lancé une grenade dans une maison de famille à Yehud et d'une mère et ses deux enfants ont été tués. Le même jour, Ben Gourion ordonna la démolition à l'explosif de 50 maisons dans Kibiyeh. Les ordres de l'opération Shoshana disaient clairement: "faire sauter des maisons, maltraiter aux résidents et les conduire hors de la ville." L'ordre suivant définit l'objectif comme «attaquer le village, l'occupation temporaire, la destruction et le maximum de dégâts à ses résidents» (Benny Morris, «Frontières Israël Wars 1949-1956") Le résultat: 45 maisons détruites avec leurs habitants dedans, 69 morts, en majorité des femmes et des enfants. N'était-ce pas un crime de guerre ? Certes, Ariel Sharon donna les ordres plus extrêmes, mais la décision initiale de détruire les 50 maisons sortait d'une réunion avec Ben Gourion dans son lieu de villégiature sur les rives du lac de Tibériade. N'est-il pas arrivé le moment de rappeler également celà avec ses grands actes ?
* [Avants 1948 les Juifs favorables aux sionismes, aidés du Mossad, ont commis des attentats meurtriers contre des Synagogues, dans leurs pays respectifs au Moyen-Orient -Irak, Iran...- pour terroriser les Juifs de ces pays et les obliger à immigrer et aller grossir les rangs sionistes en Palestine.]

L'organisation à but non lucratif [israélien] Zochrot a récemment publié une nouvelle carte avec une liste de 678 communautés palestiniennes qu'Israël a détruites entre 1947 -la Nakba- et 1967. Combien de ses habitants ont été expulsés et combien ont fui ? L'argument n'est pas nouveau. Mais par-dessus tout cela bloque le personage de Ben Gourion et il n'y a plus de place pour le déni.