samedi 23 août 2014

Le massacre de Gaza et les mots justes





16-08-2014

[Maciek Wisniewski recommande d'utiliser les mêmes mots pour les crimes israéliens, que le monde à utilisé pour les crimes nazis.]

Résumé:
Beaucoup ont déjà dit plusieurs fois: les mots sont aussi une arme. Au cours des dernières semaines, les Palestiniens non seulement confrontés à la puissante machine militaire israélienne mais aussi la machine médiatique mondiale qui a tout fait pour déshumaniser et les désocialiser. Sur la tête tombaient non seulement des bombes, mais aussi les mots et parfois quelque chose de plus létal: le silence. Comme pour tous les  autres massacres à Gaza.
Tandis que depuis des années Israël poursuit sa politique de nettoyage ethnique (d'ailleurs, l'un des mots interdits dans les médias), en répétant les mêmes mensonges, nous leurs détracteurs continuons condamnés à aller divisés encore et encore.
Tout en profitant de ses privilèges issus de la souffrance du peuple juif, peut leur permettre de tout dire, Norman Finkelstein a démontré comment l'arme idéologique de l'Holocauste à peint Israël comme victime et éviter la critique (The Holocaust industry, 2000) - nous parfois sommes limités par le manuel de bonne conduite.
Cela donne, par exemple, qu'il y a des mots impossible à utiliser, des mots véhicules par les atrocités nazies, privatisées par Israël et interdites.
Interdit non parce que leur prononciation puisse apporter les foudres d'Armageddon, mais parce que leur utilisation dans le cas des Palestiniens les humaniserait, les doterait de droits et gagneraient en sympathie.
Mais pourquoi les taire si ces mots sont le plus appropriées pour parler de la vie et de la mort dans les territoires occupés? Ces mots sauvez-les. Utilisez-les.

Ici quelques-uns de ces mots:
  • Camp de concentration. Le philosophe italien Giorgio Agamben, pour lesquels le camp de concentration est le paradigme de la modernité, en citant un poème de Celan qui évoque l'extermination des Juifs a écrit: que la mort n'est plus le maître-mot en Allemagne, tel que l'indiquait le poète, mais en Israël, qui a fait de la Palestine le plus grand camp de concentration (Il Manifesto, 06/03/10).
  • Ghetto. Il n'est pas identique au camp de concentration, mais à Gaza les deux concepts fusionnent pour en créer un nouveau, le ghetto-camp, un produit original du génie militaire répressif israélien.
  • Pogrom. Massacre des personnes sans défense, un terme inventé en Russie pour décrire les violentes attaques antisémites, permet bien de décrire ce qui se passe à Gaza ainsi que l'atmosphère anti-arabe/raciste dans tout Israël.
  • Génocide. L'acte de barbarie contre les civils à Gaza attaqués pour leur appartenance à un certain groupe ethnique, tombe dans la définition canonique de génocide juif du polonais Rafal Lemkin (1933). Nonobstant, l'objectif d'Israël n'est pas l'extermination des Palestiniens: est de les maltraiter, détruire leur habitat, les dépolitisés et les rendre dépendants de l'aide humanitaire. Les divisér entre plusieurs ghettos-champs-de-concentration (Gaza / Cisjordanie) et maintenus entant que menace contrôlable et carburant pour la politique intérieure et pour le complexe militaro-industriel israélien.
  • Fascisme. Michel Warschawski, militant antisioniste, pendant des années s'est abstenu d'appeler Israël un Etat fasciste: mais si quelque chose semble se mettre en marche, comme un canard, alors c'est un canard (AIC, 29/05/12).
  • Nazisme. Pareil ou non (rappelons-nous de l'ancienne formule: tout nazi est un fasciste, mais tous les fasciste ne sont pas nazis). L'adjectif nazi est préférable de le réserver pour le national-socialisme et ses crimes, évitant son relativisme.
[Par ailleurs les Juifs vous opposent, dès que vous parlez du sionisme: "Tous les sionistes ne sont pas Juifs et tous les Juifs ne sont pas sionistes. Et c'est vrai, pourtant...]

Tout cela ne confère aucun droit spécial pour parler de cette histoire, mais peut-être donner un peu plus de sensibilité et de sens à la souffrance derrière les mots en question. Là est basée la difficile décision de leur réutilisation.

En Israël, même s'il était prévu de criminaliser le mot nazi, personne n'est choqué (Finkelstein a grandi avec cette même langue à la maison aux États-Unis).
Mais quand un étranger ose parler d'un camp de concentration ou ghetto de Gaza, condamnant le génocide palestinien ou appeler l'Etat d'Israël par des massacres fascistes ou nazis de Palestiniens. Est qualifié d'antisémite.
Ou, plus subtil, antisémite à la Soral.


Maciek Wisniewski, Journaliste polaque




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