19 septembre, 22:27
© Photo: AP
Que dissimule, en réalité,
l'offensive aérienne longuement préparée contre l’EI ? Inutile de répéter
que la cible finale n’est pas l’Irak. La cible finale, c’est Assad.
Obama a donné l’ordre à ses armées
de réduire à néant les foyers de l’EI dispersés non seulement à travers l’Irak
mais aussi à travers la Syrie. Comme l’armée américaine a davantage l’habitude
de bombarder que d’effectuer des opérations terrestres forcément risquées, les
pays en question peuvent s’attendre à une pluie de bombes non moins destructrice
que le fut celle qui eut raison de Tripoli. Mieux encore ! Enfin … pire pour
les autochtones – ils seront surtout bombardés par des drones la vie d’un
pilote otanien valant son pesant d’or. Que dissimule, en réalité, cette
offensive aérienne longuement préparée ?
Inutile de répéter que la cible
finale n’est pas l’Irak, un pays qui ne s’est presque pas relevé de ses ruines
avec un Maliki plutôt contrôlable quoiqu’enclin la rébellion. Que non ! La
cible finale, c’est Assad.
Revenons en arrière et schématisons.
D’abord il y a eu le massacre sous la fausse bannière de la Ghouta, ensuite la
liquidation de l’arsenal chimique du pays qui aurait résulté de ce massacre
coordonné par le renseignement turc. A partir de là, la Syrie sembla quelque
peu oubliée. Or, après 6-7 mois de campagne américaine en Ukraine, une campagne
franchement nulle, on a subitement vu apparaitre l’EIIL avec un certain
Al-Baghdadi, Calife autoproclamé, à sa tête. Aux massacres des minorités
refusant de se convertir s’ajouta la dure réalité de l’exil et le remue-ménage
de la presse occidentale pour qui Al-Baghdadi n’était qu’un prédicateur radical
tombé du ciel. Il a fallu attendre l’exécution (réelle ou pas, qu’importe) du
journaliste américain James Foley suivie de deux autres exécutions du même type
pour pousser l’OTAN à lancer une opération étendue en Irak et en Syrie, cela
malgré la réticence de Damas et la non-approbation de l’ONU.
Toujours aussi originaux dans leur
façon d’agir, les USA entendent armer l’opposition syrienne contre l’EI.
L’opposition syrienne ou pseudo-syrienne, donc, principalement, le Front
al-Nosra dont on fait mine de se demander s’il est oui ou non encore radical.
Cette décision surréaliste intervient après la signature d’un accord entre l’EI
et Al-Nosra, accord passé sous silence par le mainstream occidental.
Parallèlement, M. John Kerry nous
apprend que la Syrie doit rester à l’écart de l’opération car il ne s’agit pas
d’ « un combat en coopération ». Si la Syrie n’est pas appelée à participer,
elle doit néanmoins tolérer sur son sol les pluies de drones qui l’attendent
sans – dieu l’en préserve ! – abattre ne serait-ce qu’un seul drone, quelle que
soit sa trajectoire !
S’il arrivait par hasard qu’un
drone soit abattu par l’armée régulière, Obama donnera l’ordre de « balayer le
système de défense aérienne syrien (…) » et de « destituer M. Assad ».
N’est-il pas d’emblée clair qu’un
ou plusieurs drones seront joyeusement abattus pour faire ensuite porter le
chapeau à Bachar el-Assad ?
Mais c’est là qu’intervient ce
qu’Alain Rodier a qualifié dans son intervention pour Atlantico de « détail
poutinesque ». Si l’on résume, il s’agit d’une allusion à une éventuelle
riposte de la Russie qui défendra non seulement ses intérêts à Tartous mais
aussi son statut d’exportateur numéro 1 d’armements en Syrie, car il est
certain que les forces aériennes de l’OTAN frapperont autant les sites de l’EI
que les usines d’armement du pays. Or, c’est là que le bât blesse. Si la Russie
contre-attaque, c’est encore Assad qui en va en assumer toute la
responsabilité. Si la Russie ne contre-attaque pas, il n’est pas dit que la
Syrie pourra indéfiniment résister à une invasion longue de trois ans et qui
n’est pas loin de son point de culmination. Qui plus est, Obama tient trop à en
finir avec Assad pour ne pas sacrifier quelques misérables drones.
Dans la logique d’un plan qui
semble maintenant cristallin, Al-Nosra, de nouveau armé par Washington,
achèvera de faire le ménage. Voici pour l’enchaînement des faits à travers
lequel transparaît l’immense piège que les USA ont tendu à Assad et,
indirectement, à la Russie. Reste à savoir comment le déjouer. T
Lire la suite: http://french.ruvr.ru/radio_broadcast/275331381/277534072/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire