Voila
donc, un récit romantique de la vision qu'un homme honnête devrait avoir pour
reconnaitre, sans parler de droit international, ce que c'est la justice. Ce
droit qu'a tout homme de résider sur la terre où il est né. On ne parle pas ici
de mondialisation, ni de droit économique ou politique, mais de droits humains,
de ce droit qui équivaut à la justice. Pas un règlement semblant de justice,
international ou pas, qui trouve sa justification dans un chantage que
l'influence idéologique d'une secte à permis, le sionisme pour le pas le nommer,
de tromper son monde sur l'injustice commise aux Juifs en Europe, réclamant sur
des mensonges historiques, ethniques et religieux une terre qui ne leur a jamais appartenu, ni il y a 6.000 ans, ni aujourd'hui. Ce récit exemplairement bien
écrit, sans haine et sans complaisance, devrait faire comprendre à tout homme
honnête, c'est à dire quelqu'un qui intègre dans son mode de vie: "que sa liberté s'arrête l'à où celle de
l'autre commence". Qu'il ne fasse pas appel aux mythes ou a de
multiples artifices pour faire reculer les libertés humaines.
Le
sionisme, je le crie tout haut, a trompé son monde sur tous les points ce sont
des criminels qui ont compris la faiblesse et la cupidité de l'homme, là est
leur seule et principale victoire. Le jour viendra où ils devront rendre des
comptes...
8 Mars 2013, 02:08am
Publié par Adel TAAMALLI
La Terre Sainte, objet de convoitises multiples depuis
plus de 3000 ans, s’est offerte à mes yeux le temps d’un voyage d’une
semaine(1). Les images qui s’y sont incrustées pour toujours et à jamais,
bien plus qu’ « émerveillantes », ont accru en moi une vision observatrice du
monde, faisant, je l’espère, de cette chronique « Acontretouristique(2) » qui
en est le résultat direct, un monument à la gloire de la Vérité que doit
toujours, me semble-t-il, dénicher le voyageur lorsqu’il tente de capter la
réalité du pays, de la région, de la ville qu’il visite.
Des conceptions définitives, des idées reçues ou même des
témoignages de foi religieuse, je préviens le lecteur, il y en aura dans ce
texte. De nombreux questionnements resteront tout de même sans réponses
apparentes, ajoutant au reflet contrasté que projette ce pays, bien plus
complexe qu’on ne le pense de l’extérieur, et ce, malgré son actualité
simplificatrice, qui reste l’une des plus bruyantes et brûlantes du monde.
Et puis il y a Jérusalem, ville à laquelle une large part
de cet écrit sera consacré, car si pour Montesquieu c’est Paris qui fit la
France, il est clair que la capitale revendiquée à la fois par Israël et la
Palestine fut, est et sera le point d’abscisse de l’Histoire de cette région,
pour les raisons connues de tous, cette ville étant en effet trois fois sainte.
Enfin, je tiens à signaler ici qu’inhabituellement, parce
que touché au plus haut point par cette destination, j’ai privilégié la
narration à la première personne, afin de rendre compte de la manière la plus
fidèle possible ce que j’y ai vécu. Une expérience formidable et fantastique en
tout point de vue…
Le pays de
Canaan n'a pas de frontières bien nettes que les peuplades cananéennes n'ont de
caractère ethnique bien défini.
A vrai dire, la
totalité de ce territoire ne sera jamais occupé pacifiquement par le peuple
"élu". Des peuplades diverses, plus ou moins assimilées aux tribus cohabiteront
avec les juifs, jusqu'à ce que la dernière venue, celle des Philistins,
unifie le territoire.
Fragment de socle de statue mentionnant
vraisemblablement le nom d'Israël.
(biblearchaeology.org)
vraisemblablement le nom d'Israël.
(biblearchaeology.org)
Lorsque des archéologues, qui
sont je vous le rappelle des chercheurs, des universitaires, normalement dignes
de confiance et au dessus de tout soupçon, cherchent à démontrer l'histoire,
c'est à dire la "vérité" en la faisant précéder du vocable : vraisemblablement
"nous pensons qu'éventuellement le mot "Israël" figure sur un
socle. Je dis que ces universitaires
là sont des escrocs, et comme le disait Coluche : "quand on en sait pas plus que ça, on ferme sa gueule".
Et
les affirmations, la plupart du temps faites par des juifs, sur Internet concernant l'exclusivité juive de la Palestine sont mensongères au mieux apocryphes. [sur un fond d'histoire réelle, les digression sont si nombreuses et féeriques, en un mot mythiques, qu'elles ont enlevée l’authenticité, toute loyauté] J'ai
du moi même du corriger des affirmations sur l'origine du nom de "Monjuic" à
Barcelone que des manipulateurs attribuaient aux juifs. Sans compter la trahison faite à Antoni Gaudi (concepteur
de la "Sagrade Famila" à Barcelone consacré à la Sainte famille) et
où des prénoms Juifs -pour une question
d'argent- sont venus orner le fronton.
Soutenir le peuple palestiniens ne suffit plus, il faut dénoncer les crimes que le sionisme commet en Palestine, cautionnés par une majorité de juifs à travers le monde. Je disais il ne suffit plus de soutenir la Palestine, en effet: pour annihiler ce soutien, ces juifs (favorables à Israël) doivent phagocyter toute émergence de ce soutient y compris contre leurs propres populations. Élire un juif à des responsabilités dans nos États, c'est prendre le risque, non seulement qu'il favorise Israël, mais qu'il agisse contre nous, contre les intérêts de la nation qui l'à élu...
Soutenir le peuple palestiniens ne suffit plus, il faut dénoncer les crimes que le sionisme commet en Palestine, cautionnés par une majorité de juifs à travers le monde. Je disais il ne suffit plus de soutenir la Palestine, en effet: pour annihiler ce soutien, ces juifs (favorables à Israël) doivent phagocyter toute émergence de ce soutient y compris contre leurs propres populations. Élire un juif à des responsabilités dans nos États, c'est prendre le risque, non seulement qu'il favorise Israël, mais qu'il agisse contre nous, contre les intérêts de la nation qui l'à élu...
Une extraction de la
politique impossible
« J’affirme haut et fort que le sionisme est une
colonisation de type occidental bafouant les droits à l'autodétermination
des Palestiniens, à qui revient toute cette terre ! Eux seuls ont le droit de
dire si la Palestine devrait être un Etat binational ou dominé par eux seuls. Vive
la Palestine, nation arabe et musulmane ! ». Voici les mots qui ont été miens à
la sortie de ce voyage si éprouvant nerveusement parlant, mais riche tout de
même d’enseignements profonds.
Impossible, en effet, l’a été dès le départ pour moi le
fait de goûter à l’observation du pays par un autre prisme que celui relevant
du politique. Des gens étaient attablés à une terrasse en train de deviser
tranquillement aux pieds d’un des gratte-ciel de Tel-Aviv, et je ne les
considérais que comme les descendants des fondateurs de l’Etat d’Israël qui n’a
dû sa naissance qu’à la prise violente de terres à des Arabes palestiniens. Et
si des gens « basanés » étaient accoudés à une jolie corniche de Jaffa donnant
droit, plus au Sud, de l’autre côté d’un « mini-golfe maritime », sur la
ville de Tel-Aviv, je ne pensais alors remarquer chez eux que de la tristesse
dans leur regard, face au résultat concret et physique de l’injustice vécue par
leurs aïeux suite à l’insertion dans ce coin du monde de la réalité sioniste contemporaine.
Je m’amusais même à comparer l’architecture de Tel-Aviv, ville de gratte-ciel
fade fondée par les Juifs autour de 1900, avec celle de Jaffa qui, elle,
prétendait à des siècles d’histoire, et que je surnommais intérieurement et
affectueusement l’Arabe car j’en admirais l’architecture de pierres anciennes.
Même rénovées en effet, elles donnaient un cachet d’antan à cette colline
enserrée de murailles qui dominait l’un des plus anciens ports du monde. Et je
m’en réjouissais car je l’opposais, avantageusement pour elle, à Tel-Aviv,
ville sans saveur selon moi.
Cet état d’esprit, je le devais principalement à mon
origine, arabe d’Afrique du Nord, impulsant une proximité naturelle que je
ressentais (et que je ressens toujours) avec les Palestiniens. Il fut pourtant
à l’origine d’une quasi paranoïa, suite d’une intériorisation inconsciente
maximale de ce que je percevais être la réalité du « peuple autochtone ». Je me
sentais alors, comme lui, surveillé, épié, et ce, dans mes moindres gestes.
Qu’un garçon d’hôtel vienne me servir le pot de bienvenue commandé par la
Convention du tourisme israélien à laquelle j’avais été invité en tant que
professionnel du tourisme et cela m’évoquait, tout de go, le Mossad.
J’interprétais le fait que deux personnes israéliennes fussent continuellement
avec notre groupe de quelques Français (cinq tout au plus) comme une tentative
de briser mon éventuelle envie, habituelle, de liberté intégrale de
mouvement, alors que les groupes de Sud-Coréens, de Brésiliens ou d’Américains,
qui remplissaient, pour chacune de ces nationalités, un bus d'une cinquantaine
de sièges, n’avaient continuellement qu’un seul chaperon. J’allais même parfois
jusqu’à penser que le chauffeur de notre mini van, un Arabe israélien, avec
lequel je me suis instantanément lié d’amitié grâce à l’utilisation commune de
la langue arabe, n’était en réalité qu’un agent double à la solde du l’ «
entité sioniste » (c’est comme cela que je qualifiais Israël dans ma solitude
paranoïaque).
Cette psychologie particulière atteignit un paroxysme
lorsque le religieux se mêla à la partie pour donner un cocktail qui, au final,
heureusement, s’avéra bien plus étonnant que détonnant.
Des signes avant-coureurs du syndrome de Jérusalem et
l’antidote politique
Depuis toujours, l’Homme s’est évertué à conter le récit
de ses voyages faits d’exploration et de découverte. Celui qui a le plus compté
dans l’obsession que j’ai aujourd’hui de recueillir mes escapades fut rédigé
par Stendhal pour décrire un syndrome qui l’habita lorsqu’il se rendit en
Toscane et qui porte aujourd’hui son nom : le syndrome de Stendhal. Il s’agit
d’un état frisant la folie et né d’une sorte de stupeur à la découverte
d’œuvres d’art marquantes. Il existe un autre de ces fameux états maladifs, le
syndrome de Jérusalem, à la base aujourd’hui de toute une littérature savante
de spécialistes. Depuis des siècles, beaucoup de visiteurs de Jérusalem sont en
effet habités par une vision religieuse, les faisant se prendre pour le Messie,
ou bien pour des annonciateurs de la Fin des Temps, état que l’on qualifie de
maladie psychiatrique. Et aujourd’hui encore, le débat sur la cause de cette
mystérieuse maladie reste entièrement ouvert entre ceux qui affirment que les
personnes atteintes portaient déjà en elles les symptômes bien avant leur venue
et les défenseurs de la thèse adverse, faisant état de la spécificité de
Jérusalem quant à la cause de l’apparition de ce mal dont on ne peut,
effectivement, souffrir ailleurs.
Influencé par les écrits sur ce sujet que j’ai pu consulter
avant mon arrivée à Jérusalem, j’ai ressenti comme un mal-être, une peur de la
découverte de la ville trois fois sainte, et ce, dès le deuxième jour de mon
voyage, alors que je n’en étais encore qu'à trois de sa découverte. J’étais
effrayé à l’idée de souffrir de ce syndrome, et de ne plus jamais en sortir. Et
je le dis, sans honte et sans vouloir non plus décrédibiliser cet écrit, j’ai
cru même avoir des visions étranges lors de certaines de mes somnolences.
A Tel Aviv et à Jaffa, j’ai combattu ce mauvais sentiment
en lui fermant la porte de mon esprit, occupé qu’il était par l’Histoire. De
même à Césarée, site archéologique cumulant des restes de plusieurs époques,
allant des Romains aux Ottomans, en passant par les Byzantins, et où je me suis
voulu admirateur des mosaïques qui nous sont parvenues et qui sont datées de
plus d’un millénaire. A Haïfa, ville par ailleurs centre du bahaïsme (secte
devenue religion qui s’est détachée de l’Islam tout comme les musulmans l’ont
considérée comme ne faisant plus partie de leur groupe), je n’osais pourtant
rentrer dans une église où une célébration faite de chants religieux était
donnée, car je me sentais à ce moment précis presqu’attaqué de toutes parts.
J’ai vraiment eu peur à cet instant-là, plus que jamais dans aucun de mes
voyages, parce que c’est la première fois que je pensais pouvoir être attint de
folie lors d’une de mes pérégrinations.
Toutefois, j’ai eu la chance de pouvoir me rendre compte
que j’avais le loisir de commencer à avancer mes convictions politiques devant
un des membres israéliens de la Convention, malgré les quelques précautions de
langage qu’il fallait, il me semblait, toujours prendre. Il s’agissait de la
défense, maladroite car pas tout à fait franche, je le concède, du droit des
Palestiniens d’avoir un Etat reconnu à l’Assemblée générale de l’ONU, chose qui
avait justement eu lieu la veille.
J’ai ainsi pu reprendre le dessus sur moi-même et profiter
pleinement d’une démonstration faite dans un kibboutz israélien du Nord du pays
qui s’évertuait à présenter de façon plutôt humoristique, et donc intéressante,
la vie quotidienne des Juifs des Temps bibliques (nourriture, élevage,
agriculture, déguisement d’époque que tous devaient porter). Je remarquai, par
ailleurs, sur les bords du lac de Tibériade dans la ville éponyme, une mosquée
désaffectée qui faisait initialement partie de l’ancienne muraille de la cité
et je m’en émus. Je finissais enfin par critiquer ouvertement le fait que nous
étions transportés, pour y passer la soirée, vers le Golan syrien, illégalement
annexé par Israël malgré la non-reconnaissance de la « Communauté
internationale », France la première (3).
La politique m’a sauvé, pourrait-on dire. En tout cas,
elle a éliminé en moi toute peur de la rencontre de Jérusalem. Au contraire,
mon impatience n’en devenait que plus grande. Puis la religion a fait le reste.
Je n’en devenais que plus léger. Car je ne pouvais que m’extasier à l’idée que
moi, musulman, j’allais pénétrer dans le troisième Lieu Saint de l’Islam, à
al-Qods (nom arabe de Jérusalem, signifiant la Sainte). Que je poserai,
lors d’une prière, mon front sur le tapis du Dôme du Rocher. Que j’allais
m’asseoir dans la mosquée al-Aqsa pour méditer un instant. Bref, que je
toucherai au Saint des Saints, certes, mais dans une logique musulmane, celle
qui m’a le plus motivé, d’emblée, dès que l’idée de la faisabilité de ce
voyage est apparue dans ma vie, pourtant habituellement si banale et lambda
entre toutes.
Entre Nazareth et Bethléem, une Ville, Jérusalem
Mais avant cela, comme pour Jésus, la direction vers
Jérusalem m’imposait une halte à Nazareth. Et quelle ne fut ma surprise
heureuse de voir une ville arabe dans le plein sens du terme, avec son souk,
son marché, son appel à la prière, ses femmes voilées, ses écritures arabes
écrits en gros sur des affiches, sans être associées à l’hébreu comme ce fut
auparavant partout le cas sur les panneaux routiers du pays.
Bien sûr, en tant que ville du Messie, des édifices
religieux chrétiens y ont été érigés, dont le plus fameux d’entre eux, la
basilique de l’Annonciation, magnifique et magistrale. Mais c’est bien de
Nazareth que je date mon élévation définitive sur le plan spirituel et
intellectuel pendant ce voyage. D’un état de délabrement moral qui se
ressentait, j’en suis sûr, physiquement, je parvins alors à une sorte de joie
non feinte et pleine de vie, avec en toile de fond la Ville, al-Qods,
Jérusalem, qui restait toujours à découvrir, chose dont j’étais littéralement
impatient.
Et j’ai été servi dès le départ. A peine mon arrivée faite
et mon installation à l’hôtel effectuée que j’accourais, mon cerveau empli
d’excitation, en direction de la Vieille Ville. Pour ce faire, il fallait
emprunter le tramway de la polémique, celui construit par une société française
de renom pour le compte de la municipalité hiérosolymitaine (3). La controverse
? Ses rames permettent la jonction entre les colonies juives de Jérusalem-Est
d’une part, appartenant à la Palestine selon la Communauté internationale et
capitale du futur Etat palestinien selon l’unanimité de ses défenseurs, et la
partie ouest de la ville d’autre part, entièrement juive. Cependant, je dois
dire que, même si je suis totalement en faveur de la création d’une Palestine
indépendante et contre le fait que Jérusalem soit la capitale « éternelle et
indivisible » d’Israël (proclamée comme telle par la Knesset -l’assemblée
israélienne- en 1981), je souhaite témoigner ici du fait que cette
infrastructure de transport permet le côtoiement des Israéliens avec des Arabes
de l’Est qui se rendent à l’Ouest pour y travailler. Une situation toutefois
pleine de retenue mais qui, peut-être et avec d’autres, changera les idées
et, progressivement, amènera la paix.
Ah al-Qods ! Elle me fit tout oublier. La politique, le
mal-être psychologique, les doutes, l’injustice scandaleuse, tous ces
sentiments sont passés à la trappe et ont laissé la place à l’émerveillement.
Allais-je vraiment me laisser éblouir par l’éclat du toit d’or du Dôme du
Rocher ?
Mais oui ! C’est véridique !!!! Je passe la Porte de
Damas, le plus important des accès à la Vieille ville, grâce à un pont
surplombant un fossé et sur lequel s’étire de part et d’autre, déjà, un marché
authentique de fruits et légumes et de vêtements dont les étals sont tenus par
des Arabes. Cet accès fait face à une gare routière qui sert de centre de
redistribution à toute une flopée de bus anciens. Le côté vieillot de ces
moyens de transport, associé à la pierre blanche si particulière de la Muraille
de la Vieille ville et des bâtiments du quartier populaire qui fait face à la
Porte de Damas, me donne l’impression de me retrouver dans l’un des centres de
l’Empire colonial britannique triomphant, en plein dans les années 1930. Il ne
manque plus que le campement de bédouins, qui seraient venus ici se réapprovisionner
pour la saison et échanger leurs produits avant de repartir dans leur désert,
sans rien changer à leur mode de vie ancestral malgré la marche évolutive du
monde environnant, parfois révolutionnaire.
Le but recherché ? L’esplanade des Mosquées bien sûr. Il
fallait donc se faufiler, parmi les nombreux badauds, dans des petites ruelles
de type médiéval. Une foultitude s’y engouffre le jour et s’y affaire afin d’y
acheter les produits recherchés : épices, fruits et légumes, vêtements…avant de
se rendre dans le lieu saint y prier. C’est l’un des deux quartiers arabes de
la Vieille Ville, dans lequel, parfois, mais rarement, on rencontre des Juifs
habillés à la mode hassidique se rendre, on le devine, au Mur des Lamentations.
Or celui-ci n’est autre chose qu’une des parties de l’enceinte enserrant le
Noble Sanctuaire. Le but avoué se rapproche-t-il donc enfin ? Le doute
s’installant sur la bonne direction à prendre, il faut demander à l’un des
passants son chemin. La connaissance de l’arabe aidant, je comprends que je
dois continuer tout droit et tourner à la première à gauche, tout en me gardant
de ne pas m’éloigner des pêchés selon les dires de ce vieil homme. Me laissant
à sourire à sa remarque pleine de sagesse, je manque de me faire percuter par un
engin étrange, adapté à l’étroitesse extrême de certaines des ruelles de la
Vieille ville et qui sert au réapprovisionnement des échoppes et des habitants
du quartier et à l’évacuation des déchets grâce à sa grande petitesse et à la
maniabilité étonnante de ses roues. Il est 17h00 environ et la fin de la
journée sonne le glas, tout doucement, de la rumeur habituellement bruyante de
la masse grouillante des personnes se déployant partout dans le quartier, qui
se vide. Chose étrange que d’approcher l’un des lieux les plus reconnaissables
de la Terre et ne rencontrer, d’un coup, plus personne.
Sauf au point d’entrée que j’atteignis enfin, qui est
surveillé par des hommes en uniforme, des Jordaniens, le royaume hachémite
jouissant de la garde de l’esplanade. Après m’être fait interroger sur ma
qualité d’adepte de l’islam, je pus enfin pénétrer le large espace et me
laisser remplir d’émotion joyeuse à l’idée que je pus, pour la première fois de
ma vie, pénétrer un lieu saint d’une des grandes religions de ce monde, la
mienne. Le Dôme du Rocher brillait d’une lumière éclatante malgré le soleil
couchant et l’extase me gagnait à l’idée d’entrer dans le Saint des Saint pour
les Juifs, l’endroit sur Terre à partir duquel le prophète de l’islam entreprit
son Ascension vers les cieux et au cours duquel il reçut l’ordre de Dieu
Lui-même de commander au croyant les cinq prières quotidiennes qui, avec tant
d’autres aspects, font la saveur de la religion musulmane.
Mais très vite, après avoir prié d’une foi fervente, je
fis face à la banalité (dans le bon sens du terme) du lieu pour les
Palestiniens : on pouvait y voir des enfants jouant au football et matérialiser
les buts en se servant d’un des nombreux mihrabs posés ici en plein air dans le
large espace, ou bien entendre une maîtresse grondant le cancre de sa classe
dans une des sorties qu’elle était sans doute accoutumée à organiser ici ; des
femmes devisaient dans la mosquée al-Aqsa qui, bien que ne présentant pas une
architecture extérieure flamboyante, cache en son sein un intérieur
magnifiquement grandiose, et des hommes patientaient entre deux prières dans un
des recoins de la grande cour, une cigarette à la main. C’est qu’en plus d’être
le troisième Lieu Saint de l’Islam, le sanctuaire est aussi un espace de vie
pour les Palestiniens qui semblent y respirer l’air de la liberté, enfermés
qu’ils sont par les hauts et larges murs du l’esplanade qui les éloignent, un
cours moment, de la situation politique exécrable dans laquelle ils se trouvent
au dehors. Enfin pour ceux qui habitent à proximité car pour les Arabes des
quartiers excentrés de Jérusalem-Est, il faut partir tôt pour pouvoir attraper
à temps un des bus de la ville et gagner le foyer.
Après près de deux heures passées ici, j’eus l’envie
brusque de me rendre au Mur des Lamentations, bien que je prévoyais cela pour
le lendemain. Il fallait le visiter ce lieu le plus saint du judaïsme, qui ne
se trouvait qu’à quelques encablures du Dôme du Rocher. Quel sentiment
ineffable me toucha lorsque je l’aperçus enfin, après avoir passé le contrôle
de sécurité (dont un détecteur de métal), ce fameux Mur occidental ? Je ne le
sais toujours pas. Mais je suis sûr d’avoir été frappé par la torpeur
silencieuse qui régnait devant cet endroit. Un monument qui, bien que
reconnaissable, dépayse fortement. Les lettres laissées par les croyants dans
les interstices de l’édifice, le va-et-vient incessant impulsé à leur corps par
des pieux juifs, les kippas que l’on distribuait à toute personne qui voulait
s’en approchait, tout cela donnait à réflexion et à admiration. La passerelle
des Maghrébins qui s’enfilait au dessus des têtes pour permettre l’accès des
touristes à l’esplanade tous les jours le matin (sauf le vendredi), quelle
situation rapprochée entre deux religions qui ont l’air si antagoniques l’une
vis-à-vis de l’autre ! Ces quelques minutes passées là-bas , je voulais les
prolonger afin de m’habiter du respect que je voulais garder pour cette vieille
religion, nonobstant le fait que le Mur est une partie du problème insoluble du
conflit, qu’il est pour les Juifs le lieu le plus proche du Saint des Saints
(aujourd’hui abrité par le Dôme du Rocher, cœur de l’esplanade des Mosquées) et
qu’il a été dégagé en 1967 à la suite de la destruction de maisons
palestiniennes après la conquête à l’issue victorieuse, pour les Israéliens, de
la Guerre des Six-Jours. Est-ce vrai que l’édifice mural recevait, par haine,
les excréments des Arabes avant cette date ? Toujours est-il que de tout cela,
je ne voulais, à cet instant précis, corrompre mon esprit afin de saluer une
des grandes religions de ce monde, le judaïsme.
Ah Jérusalem !, ville de la polémique depuis les siècles
des siècles. L’une d’entre elles fut vivace pour moi lorsque le maire de
Jérusalem prit la parole en anglais lors d’un discours à l’occasion de la
cérémonie de clôture de la Convention du tourisme, le lendemain de cette
première découverte. C’était dans les caves de Zedekiah, grottes creusées en
dessous de la Vieille Ville, tenues fermement par les Israéliens et qui
rapprochent le visiteur du Saint des Saints, révéré par les Juifs. Dans un
anglais clair et limpide, et selon un plan concis et équilibré, ici en plein
Jérusalem-Est qui appartient selon la Communauté internationale à la Palestine,
le premier édile énuméra les conséquences bénéfiques pour la paix du rôle joué
par Jérusalem en tant que « capitale réunifiée ». Un message politique donnée à
une assistance composée de professionnels du tourisme, voilà ce que cela était,
sans aucun doute possible ! Le tourisme comme vecteur d’une idéologie
étatique politique, un but inavoué ?
Le lendemain, je me rendais à Bethléem, située dans la
banlieue de Jérusalem, de l’autre côté du mur (de séparation). Et je pus voir
comment la capitale réunifiée fut oublieuse de sa banlieue dont elle lui a volé
des terres (le tracé du mur intègre du côté « protégé » le site du tombeau de
Rachel qui fait officiellement partie des Territoires occupées). On y accède
après le passage humiliant par un check-point tenu par des jeunes soldat(e)s
israélien(ne)s et qui n’autorise l’entrée sur le territoire israélien qu’à une
petite minorité de Palestiniens de Bethléem. On y retire dans les guichets
automatiques de banque, au choix, des shekels ou des dollars, monnaies
officielles des deux Etats les plus impliqués dans la lutte contre la
reconnaissance de la Palestine par l’UNESCO puis par l’ONU. Mais il faut dire
que l’on y trouve une vie palestinienne quasi complète, avec un drapeau, des
institutions, des policiers, des parkings payants, un souk, des boutiques et une
vie de tous les jours que l’on peut observer. Sans oublier l’église de la
Nativité, trésor de la ville à qui elle doit, somme toute, le fait de connaître
un des meilleurs niveaux de vie chez les Palestiniens, tout en restant bien
loin derrière les standards israéliens.
Pour finir, j’aimerais livrer au lecteur quelques
anecdotes saillantes, afin de le confronter encore plus à la complexité du pays
:
A Tel-Aviv, on trouve, jeté à l’envi dans les rues, des
petites vignettes présentant des call-girls en petite tenue, avec numéro de
téléphone
A Jaffa, un restaurant au cadre charmant offre une cuisine
tunisienne authentique, dont la fameuse ojja pour les connaisseurs (qui est une
sauce piquante à base d’œufs)
A Haïfa, quelques épiceries de nuit sont tenues par des
Arabes israéliens
Lorsqu’on fait une balade à bateau sur le lac de
Tibériade, une ribambelle de mouettes suit les engins dans l’attente qu’on
lui jette des morceaux de pain, que ses membres rattrapent à la volée avec
une souplesse effarante. Pendant ce temps-là, des corbeaux noirs tiennent le
piquet sur des troncs de bois posés à la verticale sur le fond du lac, sans se
soucier le moins du monde de cette agitation
Au bord du Jourdain, un établissement étrange, créé par
les Israéliens, à des fins purement touristiques et donc mercantiles : une
berge au bord du fleuve, avec accès facilité pour toucher ou s’immerger dans
l’eau, afin de suivre les pas de Jésus lors de son baptême par Jean-Baptiste.
Sauf que l’on pense que cet épisode biblique a eu lieu beaucoup plus au Sud
A Nazareth, des grosses affiches présentent en arabe et en
anglais des versets du Coran sur la nature non filiale du Christ vis-à-vis du
Seigneur. En second plan, derrière ces calicots, on aperçoit le gigantesque
dôme de l’Eglise de l’Annonciation, où a été révélée à Marie la grossesse
miraculeuse de celui qui est, pour une grande partie des chrétiens, le
Fils de Dieu
A Jérusalem, dans le quartier arabe de la Vieille ville,
on peut voir des dessins du drapeau palestinien et des slogans politiques pour
la libération du peuple palestinien. Personne ne sera surpris à l’idée que le
vert, le rouge et le noir sont allègrement utilisés dans l’écriture de ces tags
Je souhaiterai enfin rendre hommage, sans les nommer, à un
certain nombre de personnes rencontrées lors de ce périple : un membre juif et
israélien de la Convention qui, bien que je n’étais pas d’accord avec ses
idées, accepta le débat sans hypocrisie, ce dont je l’en remercie ; notre
chauffeur, un Arabe israélien m’apportant de riches enseignements sur la
complexité de la vie dans ce pays ; les autres Français qui m’ont accompagné
durant tout le circuit ; notre guide franco-israélien qui, malgré la virulence
de ses conceptions politiques que j’ai essayé d’affronter, possédait un humour que
j’ai aimé goûter ; la femme de ménage arabe d’un des hôtels où j’ai séjourné ;
la cuisinière qui préparait le pain pendant un de nos repas, pain qui
ressemblait à celui de ma mère ; l’homme avec qui j’ai discuté dans l’esplanade
des Mosquées ; l’Israélien qui m’a guidé, en français, vers le Mur des
Lamentations ; le Palestinien, francophone lui aussi, qui m'a accueilli à
Béthléem et m'a fait l'honneur d'une visite guidée privée de l'église de la
Nativité ; l'Israélienne, professionnelle du tourisme et fervente supportrice
de l'égalité de traitement envers tous, Juifs ou Arabes ; … et beaucoup
d’autres.
(1) L’Office de tourisme d’Israël m’a en effet invité pour
cet éductour. Un éductour est, dans le monde professionnel du tourisme, un
voyage organisé par les pouvoirs publics en charge du secteur dans le but
d’accroître le nombre d’entrées touristiques dans le pays. J’ai participé à
cela en tant que membre d’un tour opérateur, Idée Nomade, comme beaucoup
d’autres centaines de professionnels venant du monde entier et invités comme
moi à cette « Convention internationale du tourisme en Israël ». Ce
circuit d’une durée de six jours me conduira, dans l’ordre d’arrivée, à
Tel-Aviv, Jaffa, Césarée, Haïfa, la campagne du Nord d’Israël, Tibériade, le Golan,
les bords du Jourdain, Nazareth, Jérusalem et, de l’autre côté du Mur, dans les
territoires occupés, Bethléem.
(2) Une chronique « à-contre-touristique », dans
la terminologie que j’ai créée, signifie qu’il s’agit d’un compte rendu d’un de
mes séjours relatant, sur la destination visitée des faits, des sentiments, une
vision…que l’on trouve rarement ailleurs dans ce genre littéraire.
(3) Voir pour cela le lien Internet suivant, http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/conseils-aux-voyageurs/conseils-par-pays/israel-territoires-palestiniens-12265,
dont la page présente les conseils aux voyageurs du Ministère des Affaires
étrangères pour les touristes français se rendant en Israël et dans les
Territoires occupés. On y voit, sur la carte publiée, que le Golan est
considéré comme faisant partie de la Syrie, et non du foyer juif.