Aucun peuple sur terre n’accepterait de coexister avec
l’oppression. Par nature, les êtres humains aspirent à la liberté, luttent pour
la liberté, se sacrifient pour la liberté. Et la liberté du peuple palestinien
n’a que trop tardé.
The Guardian, lundi 12 octobre 2015
Marwan Barghouthi, leader palestinien emprisonné, député,
Président du groupe d’amitié avec la France au Conseil Législatif Palestinien,
Membre du Comité Central du Fatah, souvent appelé « le Mandela
palestinien »
L’escalade n’a pas débuté avec la mort de deux colons
israéliens. Elle a débuté il y a longtemps, et s’est poursuivie durant des
années. Chaque jour, des Palestiniens sont tués, blessés, arrêtés. Chaque jour,
le colonialisme avance, le siège contre notre peuple à Gaza se poursuit,
l’oppression et l’humiliation persistent. Alors que certains veulent que nous
soyons accablés par les conséquences potentielles d’une nouvelle spirale de la
violence, je continue à plaider, comme je l’ai fait en 2002 , pour que l’on
s’attaque aux causes de cette violence : le déni de liberté pour les
Palestiniens.
Certains ont suggéré que la raison pour laquelle nous ne
sommes pas parvenus à conclure un accord de paix est le manque de volonté de
feu Président Yasser Arafat ou du manque de capacité du Président Mahmoud
Abbas, alors que tous les deux étaient prêts et capables de signer un tel
accord. Le véritable problème est qu’Israël a choisi l’occupation aux dépens de
la paix et a usé des négociations comme d’un écran de fumée pour faire avancer
son projet colonial. Tous les gouvernements au monde connaissent pertinemment
cette vérité élémentaire et pourtant nombre d’entre eux prétendent que le
retour aux recettes éculées nous permettra d’atteindre la liberté et la paix.
La folie c’est de répéter sans arrêt la même chose et d’espérer un résultat
différent. Il ne peut y avoir de négociations sans un engagement israélien
clair de se retirer complètement du territoire qu’Israël a occupé en 1967, y
compris en ce qui concerne Jérusalem, une fin de l’ensemble des politiques
coloniales, la reconnaissance des droits inaliénables du peuple palestinien, y
compris le droit à l’auto-détermination et au retour, et la libération de tous
les prisonniers palestiniens. Nous ne pouvons coexister avec l’occupation
israélienne, et nous ne capitulerons pas devant elle.
En
prison, après une arrestation administrative,
sans
motif, sans accusation, sans jugement.
En
prison un point c'est tout.
Quel
être est assez sot,
pour affirmer qu'Israël est une démocratie ?
On nous a demandé d’être patients, et nous l’avons été,
donnant une chance après l’autre pour la conclusion d’un accord de paix, y
compris depuis 2005 et jusqu’à aujourd’hui. Il est peut-être utile de rappeler
au monde que notre dépossession, exil et transfert forcés, et l’oppression que
nous subissons ont duré près de 70 ans et nous sommes le seul point toujours à
l’agenda des Nations Unies depuis sa création. On nous a dit qu’en ayant
recours aux moyens pacifiques et aux cadres diplomatiques et politiques, nous
engrangerions le soutien de la communauté internationale pour mettre fin à
l’occupation. Et pourtant, comme en 1999 à la fin de la période intérimaire, la
communauté internationale n’a pas réussi à adopter une seule mesure
significative, y compris mettre en place un cadre international assurant la
mise en œuvre du droit international et des résolutions onusiennes, et adopter
des mesures pour mettre fin à l’impunité, y compris à travers le boycott, les
désinvestissements et les sanctions, en s’inspirant des outils qui ont permis
de débarrasser le monde du régime d’apartheid.
En l’absence d’intervention internationale pour mettre fin
à l’occupation, et en l’absence d’actions sérieuses des gouvernements pour
mettre fin à l’impunité d’Israël, et en l’absence de toute perspective de
protection internationale accordée au peuple palestinien sous occupation, et
alors même que la colonisation et ses manifestations diverses, y compris les
attaques violentes des colons israéliens, s’intensifient, que nous demande-t-on
de faire ? Laisser faire et attendre qu’une autre famille palestinienne se
fasse brûler, qu’un autre jeune palestinien se fasse tuer, qu’une nouvelle colonie
soit construite, qu’une autre maison palestinienne soit détruite, qu’un autre
enfant palestinien soit arrêté, qu’une nouvelle attaque de colons ait lieu,
qu’une autre agression contre notre peuple à Gaza soit lancée ? Le monde
entier sait pertinemment que Jérusalem est la flamme qui peut inspirer la paix
ou déclencher la guerre. Alors pourquoi demeure-t-il impassible alors que les
attaques israéliennes contre le peuple palestinien dans la ville et les lieux
saints musulmans et chrétiens, notamment Al-Haram Al-Sharif, continuent sans
relâche ? Les actions et les crimes israéliens ne détruisent pas seulement
la solution à deux Etats sur les frontières de 1967 et violent le droit
international. Ils menacent de transformer un conflit politique qui peut être résolu
en un conflit religieux éternel qui ne fera que déstabiliser plus avant une
région qui fait déjà l’expérience de bouleversements sans précédents.
Aucun peuple sur terre n’accepterait de coexister avec
l’oppression. Par nature, les êtres humains aspirent à la liberté, luttent pour
la liberté, se sacrifient pour la liberté. Et la liberté du peuple palestinien
n’a que trop tardé. Pendant la première Intifada, le gouvernement israélien a
lancé une politique « briser leurs os pour briser leur volonté »,
mais une génération après l’autre, le peuple palestinien a démontré que sa
volonté ne peut être brisée et ne doit pas être testée.
Cette nouvelle génération palestinienne n’a pas attendu
les pourparlers de réconciliation pour incarner une unité nationale que les
partis politiques ont échouée à réaliser, dépassant les divisions politiques et
la fragmentation géographique. Elle n’a pas attendu d’instructions pour mettre
en œuvre son droit, et même son devoir, de résister à cette occupation. Elle le
fait sans armes, alors même qu’elle est confrontée à une des plus importantes
puissances militaires au monde. Et pourtant, nous demeurons convaincus que la
liberté et la dignité l’emporteront, et que nous triompherons. Et que le
drapeau palestinien que nous avons levé avec fierté à l’ONU flottera au-dessus
des murailles de la vieille ville de Jérusalem, pas pour un jour, mais pour
toujours.
J’ai rejoint la lutte palestinienne pour l’indépendance il
y a 40 ans, et fus emprisonné pour la première fois à l’âge de 15 ans. Cela ne
m’a pas empêché de plaider pour une paix fondée sur le droit international et
les résolutions de l’ONU. Mais j’ai vu Israël détruire méthodiquement cette perspective
année après année. J’ai passé 20 ans de ma vie dans les geôles israéliennes, y
compris les 13 dernières années, et ces années n’ont fait que renforcer ma foi
en cette vérité inaltérable : le dernier jour de l’occupation sera le
premier jour de paix. Ceux qui veulent réaliser cette dernière doivent agir, et
agir maintenant, pour précipiter la première.
Marwan Barghouthi prison de Hadarim cellule n°28
De la colonisation Européenne,
en passant par les conquistadors et la conquête de l'Ouest, jusqu'à la déstabilisation
des États qui pensent autrement, l'Occident a souvent imposé sa volonté à des
peuples moins belliqueux que lui.
Occident, matrice de la colonisation sioniste, cet Occident-là est aujourd'hui le vassal d'un garnement plus belliqueux
que lui et qui lui impose sa loi et lui-fait accepter ses crimes, pire, puisqu'il
les cautionne et les finance. Les chaos
actuel, est la résultante du mal que nous voulions éviter en lui permettant de
grandir, pensant sans doute qu'il s'en conterait. Or, il aurait suffi de le
voir évoluer, leur disposition a confondre les mythes et l'histoire, leur
penchant à identifier où se trouve leur l'intérêt y compris
en dehors de toute justice, aurait du nous permettre de savoir qu'ils mettront la terre a feu et a
sang, plutôt que d'abandonner leur prérogative biblique, qui les voudrait comme le seule communauté légitime sur terre.
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