Un dictateur s'autorise
des lois, qui ne bénéficient qu'a lui.
Dans nos
"démocraties" les dirigeants, sous prétexte d'avoir été élus par le peuple,
votent des lois qui n'avantagent qu'eux...
PLUS SOLIDAIRES QUE JAMAIS AVEC LES GRECS
Quelques réflexions après le traitement ignoble,
humiliant et illégitime infligé au peuple Grec et à son gouvernement. Il n’y
pas eu de négociations mais un diktat : « Vous avez le choix entre
mourir et mourir »
Suit
le discours de la Présidente du Parlement Grec, sérieux, argumenté et émouvant.
DETTES
PUBLIQUES fin 2013 sources officielles (Commission Européenne et Banque de
France)
Dette des pays rapportée au nombre d'habitants, en euros (en
caractères gras, les pays qui dépassent la Grèce…)
PORTUGAL
213
MILLIARDS 15780 €
PAR HABITANT
GRECE
319
MILLIARDS
28217 € PAR HABITANT
BELGIQUE
387
MILLIARDS
34875 € PAR HABITANT
ESPAGNE
960
MILLIARDS 20929
€ PAR HABITANT
FRANCE 1925
MILLIARDS 29300 €
PAR HABITANT
GRANDE BRETAGNE 2032
MILLIARDS 31712 € PAR HABITANT
ALLEMAGNE*
2044
MILLIARDS 24896 € PAR HABITANT
ITALIE 2068
MILLIARDS 33910 €
PAR HABITANT
*Concernant l’Allemagne, beaucoup d’économistes de ce pays
contestent le montant de la dette et l’estiment très nettement plus élevé.
Ajoutons que la dette allemande a été effacée plusieurs fois au cours du 20ème
siècle. Zoé Konstantopoulou traite également de cette question dans son
discours.
ETATS-UNIS
39850 € PAR
HABITANT
JAPON
71015 € PAR
HABITANT
Pour
ces deux derniers cas, qui totalisent quasiment 25 000 MILLARDS (78
fois la dette grecque !) la situation devrait nous inquiéter
plus que celle de la Grèce, même si ces deux états ne sont pas membres de
l’Union Européeenne.
Mais
qu’importe, la dette états-unienne passe de 10 025 milliards en 2008 (78,120%
du PIB) à 17 211 milliards en mars 2015 (110,10% du PIB fin 2014) aucun
problème, on décide soi-même d’une rallonge et ça repart !
Pour
le Japon 7 734 milliards en juin 2015, soit 245% du PIB ! (contre 171,10 %
du PIB en 2008) soit la somme de 78 900 € par habitant environ…
Qui
peut affirmer que ces dettes, qui augmentent sans cesse, seront payées un
jour ? Personne. Alors pourquoi ce traitement particulièrement atroce pour
le peuple grec (pour une dette qui n’est pas la sienne mais celle des
banques) ? Il a le tort de ‘mal voter’, puisqu’il n’y a pas d’autre
alternative. Et il a « l’arrogance » de confirmer massivement son
choix par un référendum. La punition est évidente puisque les exigences des
dirigeants européens se sont encore alourdies après la consultations populaire
qui a donné un NON très clair malgré les menaces et le chantage.
Et
qui sont les « justiciers donneurs de leçons de bonne
conduite » ? Un sacré quatuor, entre autres..
Christine Lagarde : Directrice du FMI, au cœur de l’affaire
Tapie qui a permis à cet affairiste de toucher plus de 400 millions
d’Euros d’argent public, décision prise par un tribunal privé (!). Malgré la
décision de justice qui a cassé ce jugement, pourra-t-on récupérer cette somme
colossale un jour ?
Wolfgang Schäuble : Ministre allemand des finances ; fidèle
de Kohl et de Merkel, au cœur du scandale de la privatisation de la raffinerie
de Leuna dans l’ex-RDA qui a généré de belles commissions pour la CDU, il a du
démissionner en 2000.
Jean-Claude Juncker : comme dirigeant du Luxembourg (paradis fiscal
au cœur de l’UE) a organisé la fraude fiscale au profit de 340 multinationales
(affaire Luxleaks). Et c’est lui nomme président de la Commission Européenne…
Mario Draghi : Il était vice-président de Goldman Sachs lorsque
cette banque (qui a un rôle essentiel dans la crise que nous vivons
actuellement) a truqué les comptes de la Grèce pour son entrée dans la zone
Euro, moyennant une commission de 300 millions d’Euros. Et c’est lui qu’on va
chercher pour diriger la banque publique européenne, la BCE. Et à ce titre,
c’est lui qui décide de couper les rentrées de liquidités à la Grèce, pays
qu’il a contribué à ruiner.
Et
tous ces gens se félicitent d’avoir sauvé l’Europe et l’Euro, comme ils le font
régulièrement depuis 2008. En réalité ils ont dégouté encore un peu plus les
populations de cette Europe au service unique de la finance.
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Discours
de Zoé Konstantopoulou présidente du parlement Grec
13
JUILLET 2015
" Mesdames et messieurs, chers collègues,
En de pareils instants, nous devons agir et parler avec
sincérité institutionnelle et courage politique.
Nous devons assumer chacune et chacun la responsabilité qui nous
revient.
Protéger, comme notre conscience nous y oblige, les causes
justes et les droits sacrés, inviolables et non négociables de notre peuple et
de notre société.
Sauvegarder l’héritage de ceux qui ont donné leur vie et leur
liberté pour que nous vivions aujourd’hui libres.
Préserver l’héritage des nouvelles générations et celles à venir
ainsi que la civilisation humaine, de même que ces valeurs inaliénables qui
caractérisent et donnent un sens à notre existence individuelle et collective.
La façon dont chacun choisit de décider et d’agir peut varier,
mais personne n’a le droit de se moquer, de dégrader, de dénigrer ou d’utiliser
à une fin politique les décisions qui sont issues d’un processus et d’une
épreuve qui touchent au cœur de notre existence.
Nous toutes et tous sommes et serons jugés au regard de notre
attitude et de nos décisions, de nos oui et de nos non, de nos actes et de nos
omissions, de notre cohérence, de nos résistances, de notre abnégation et de
notre désintéressement.
Depuis cinq mois, le Gouvernement, qui a comme tronc la Gauche
et comme noyau les forces anti-mémorandum, livre un combat inégal dans des
conditions d’asphyxie et de chantage contre une Europe qui a trahi les
objectifs inscrits dans ses statuts, à savoir le bien-être des peuples et des
sociétés, une Europe qui utilise la monnaie commune, l’euro, non pas comme
moyen d’atteindre le bien-être social, mais comme levier et instrument
d’assujettissement et d’humiliation des peuples et des gouvernements rebelles,
une Europe qui est en train de se transformer en une prison cauchemardesque
pour ses peuples alors qu’elle a été construite pour être leur maison
hospitalière commune.
Le peuple grec a confié à ce Gouvernement la grande cause de sa
libération des chaînes du mémorandum, de l’étau de la mise sous tutelle et de
la mise sous surveillance qui a été imposée à la société sous le prétexte de la
dette, une dette illégale, illégitime, odieuse et insoutenable*,
dont la nature, comme l’ont démontré les conclusions préliminaires de la
Commission pour la Vérité de la Dette Publique, était déjà connue par les
créanciers depuis 2010.
Une dette qui n’a pas surgi comme un phénomène météorologique,
mais qui a été créée par les gouvernements précédents avec des contrats
entachés de corruption, avec des commissions, des pots-de-vin, des clauses
léonines et des taux d’intérêt astronomiques dont ont tiré bénéfice des banques
et des compagnies étrangères.
Une dette que la Troïka, en accord avec les précédents
gouvernements, a transformé frauduleusement de dette privée en dette publique,
sauvant ainsi les banques françaises et allemandes mais aussi les banques
privées grecques, condamnant le peuple grec à vivre dans des conditions de
crise humanitaire, et en mobilisant et rétribuant pour ce faire les organes de
la corruption médiatique chargés de terroriser et tromper les citoyens.
Cette dette, que ni le peuple ni le gouvernement actuel n’ont ni
créé et gonflé, est utilisée depuis cinq ans comme instrument d’asservissement
du peuple par des forces qui agissent à l’intérieur de l’Europe dans le cadre
d’un totalitarisme économique.
Au mépris de la morale et du droit, l’Allemagne n’a pas acquitté
jusqu’à aujourd’hui ses dettes à la petite Grèce résistante dont l’histoire
reconnaît l’attitude héroïque. Des dettes qui dépassent la dette publique
grecque et représentent un montant de 340 milliards d’euros selon les calculs
modérés de la Commission de la Cour des Comptes qui a été créée par le
gouvernement précédent, quand la prétendue dette publique grecque a été
chiffrée à 325 milliards d’euros. L’Allemagne a bénéficié du plus grand
effacement de dette après la Seconde Guerre Mondiale afin qu’elle se remette
sur pied, avec le concours généreux de la Grèce. Or, c’est cette même Allemagne
qui a accordé sa protection à des responsables d’entreprises coupables d’actes
de corruption avec les précédents gouvernements et leurs partis politiques,
comme Siemens, et elle les a protégés en les soustrayant à la justice grecque.
Pourtant, l’Allemagne se comporte comme si l’Histoire et le
peuple grec avaient des dettes envers elle, comme si elle voulait prendre sa
revanche historique pour ses atrocités, en appliquant et en imposant une
politique qui constitue un crime non seulement envers le peuple grec, mais
aussi un crime contre l’humanité, au sens pénal du terme car il s’agit ici
d’une agression systématique et de grande envergure a contre une population
avec l’objectif bien prémédité de produire sa destruction partielle ou totale.
Et malheureusement, alors qu’ils devraient se montrer à la
hauteur de leurs responsabilités et du moment historique, des gouvernements et
des institutions se rendent complices de cette agression.
Mesdames et messieurs, chers collègues,
Soumettre le peuple et le gouvernement à des conditions
d’asphyxie et à la menace d’une violente faillite, par la création artificielle
et préméditée des conditions d’une catastrophe humanitaire, constitue une
violation directe de toutes les conventions internationales qui protègent les
droits de l’Homme, de la Charte de l’ONU, des Conventions Européennes, mais
aussi des Statuts mêmes de la Cour Pénale Internationale.
Le chantage n’est pas une fatalité. Et la création et la mise en
place de conditions dont le but est de supprimer le libre arbitre, ne permet à
personne de parler de liberté de « choix ».
Les créanciers font du chantage sur le gouvernement. Ils
agissent frauduleusement alors qu’ils savaient depuis 2010 que la dette n’était
pas soutenable. Ils agissent consciemment, puisqu’ils reconnaissent dans leurs
déclarations la nécessité de l’octroi d’une aide humanitaire à la Grèce. Une
aide humanitaire pour quelle raison ? Pour une catastrophe naturelle imprévue
et inattendue ? Un séisme imprévu, une inondation, un incendie ?
Non. Une aide humanitaire qui est la conséquence de leur choix
conscient et calculé de priver le peuple de ses moyens de subsistance, en
fermant le robinet des liquidités, en représailles à la décision démocratique
du Gouvernement et du Parlement d’organiser un référendum et donner la parole
au peuple pour qu’il décide lui-même de son avenir.
Le peuple grec a honoré le Gouvernement qui lui a fait confiance
ainsi que le Parlement qui lui a donné le droit de prendre sa vie et son destin
entre ses mains. Il a dit un NON courageux et fier,
NON aux chantages,
NON aux ultimatums,
NON aux memoranda de l’assujettissement,
NON au paiement d’une dette qu’il n’a pas créé et dont il n’est
pas responsable,
NON à des nouvelles mesures de misère et de soumission,
Ce NON, les créanciers persistent obstinément à vouloir le
transformer en OUI, avec la complicité perfide de ceux qui sont responsables de
ces memoranda et qui en ont tiré profit, ceux qui ont créé la dette.
Ce NON du peuple nous dépasse toutes et tous et nous oblige à
défendre son droit à lutter pour sa vie, lutter pour ne pas vivre une vie à
moitié ou une vie servile, pour être fier de tout ce qu’il va laisser à ses
successeurs et à l’humanité.
Le Gouvernement est aujourd’hui objet d’un chantage afin de lui
faire accepter tout ce qu’il ne veut pas, qui n’émane pas de lui et qu’il
combat. Le Premier Ministre a parlé avec sincérité, courage, franchise et
désintéressement. Il est le plus jeune Premier Ministre et il est aussi celui
qui a lutté comme aucun de ses prédécesseurs pour les droits démocratiques et
sociaux du peuple et des nouvelles générations, qui a représenté et représente
notre génération et lui donne espoir. Je l’honore et je continuerai toujours de
l’honorer pour son attitude et ses choix. Et en même temps, je considère de ma
responsabilité institutionnelle, en tant que Présidente du Parlement, de ne pas
fermer les yeux et feindre ne pas comprendre le chantage. Jamais je ne pourrai
voter et légitimer le contenu de l’accord et je crois que la même chose vaut et
vaudra pour le Premier Ministre, qui est aujourd’hui l’objet d’un chantage
utilisant l’arme de la survie de ce peuple. Je crois que la même chose vaut
pour le Gouvernement et les groupes parlementaires qui le soutiennent.
Ma responsabilité envers l’histoire dans cette institution, je
l’assume en répondant « présente » au débat et au vote d’aujourd’hui. Je
considère ainsi que je suis plus utile au peuple, au Gouvernement et au Premier
Ministre, aux générations futures et aux sociétés européennes, en exposant au
grand jour les véritables conditions dans lesquelles le parlement est appelé à
prendre des décisions et en refusant le chantage, au nom de l’alinéa 4 de
l’article 120 de la Constitution.
Le peuple grec est le deuxième à subir une telle agression à
l’intérieur de la zone euro. Il a été précédé par Chypre en mars 2013.
La tentative d’imposer des mesures que le peuple a rejetées par
référendum, en utilisant le chantage de la fermeture des banques et la menace
de la faillite, constitue une violation brutale de la Constitution et qui prive
le Parlement des pouvoirs que lui attribue cette même Constitution.
Chacun et chacune a le droit et a le devoir de résister. Aucune
résistance dans l’histoire n’a été facile. Cependant, nous avons demandé le
vote et la confiance du peuple pour affronter les difficultés et c’est face à
ces difficultés que nous devons maintenant réussir. Et sans avoir peur."
Zoe Konstantopoulou – 13 juillet 2015
Traduction : Yorgos Mitralias relue par Patrick Saurin
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*illégale, illégitime, odieuse et insoutenable : voir Eric Toussaint,
économiste belge - sur la définition de ces quatre termes
A
méditer : c’est la Grèce, malgré ses difficultés, qui accueille le plus de
migrants avec l’Italie.
Le
Soleil brille pour les 6,6 milliards d’êtres humains qui peuplent la planète,
il n’a pas encore été privatisé.