Mondoweis
25-05-2016
Un soldat israélien maintient en étranglement
un enfant sous la menace d'une arme après des affrontements entre les forces
d'occupation israéliennes et des manifestants palestiniens qui ont suivi la
marche de Nabi Saleh contre l'expansion des colonies illégales pour Juifs exclusivement.
Cisjordanie, Palestine 28 aout
2015 (Foto: AFP/Getty)
Dans son livre The Joys of
Yiddish (1968) Leo Rosten écrit que «la
définition classique de la chutzpah est, bien sûr, cela.
L'attitude d'une personne qui, après avoir tué son père et sa mère est envoyé à
la cour revendiquant la miséricorde parce qu'il est un orphelin. Un jutzpadnik peut être défini comme
l'homme qui crie "Au secours! Pendant qu'il vous donne une raclée".
C'est un mot à la fois yiddish et hébreu. Alors que dans
les temps antérieurs à Israël pourrait être un terme généralement négatif, la
colonisation sioniste en Palestine et la création d'un Etat juif avec des
frontières indéfinies et en continuelle expansion a donné à ce terme une aura de substance réelle aux
yeux de beaucoup d'Israéliens. Chutzpah, en termes nationaux
israéliens, serait devenu un ingrédient nécessaire pour survivre et se
développer. Le deuxième Premier ministre d'Israël, Moshe Sharett, avait clairement
observé cet aspect: "J'ai appris que l'Etat d'Israël dans notre génération,
ne peut gouverner sans mensonge ni audace. Ce sont des faits historiques qui ne
peuvent être altérés... à la fin l'histoire justifiera ces stratagèmes comme
étant des mensonges et les aventures ». (Simha
Flapan: The Birth of Israel: Myths and
Realities y parcialmente en el ministerio de Relaciones
Exteriores ).
La chutzpah d'Israël à l'échelle
nationale au cri de "au secours! au secours" tout en frappant les
Palestiniens peut être vu dans des couleurs vives dans une vidéo
de protestation hebdomadaire de l'année dernière à Nabi Saleh le vendredi,
28 Août 2015. Dans la vidéo on voit un soldat israélien armé et masqué qui
l'attrape par le cou un enfant de 12 ans qui a un bras dans le plâtre et écrase
un rocher sur le bras cassé (2:00 minute). La sœur et la mère du garçon lui viennent
en aide, bien sûr sans armes, et essayer de sauver l'enfant des mains du
soldat. Cette situation est une représentation iconique du déséquilibre
flagrant du pouvoir où l'enfant est sans conteste une victime. Mais non, le
ministre de la Culture et du Sport Miri
Regev a été "surpris de voir la vidéo ce matin, des Palestiniens frappant
un soldat de l'armée israélienne", ajoutant "que l'on ne peut pas
envoyer nos soldats a des missions avec les mains attachées! C'est simplement, une honte! ... Il faut
ordonner immédiatement qu'un soldat attaqué puisse riposter. Point".
Ainsi est que les soldats deviennent les victimes. Ses
mains sont attachées derrière son dos. Aider les soldats! tandis qu'ils
frappent les enfants palestiniens qui ont les membres cassés. Nous devons
également leur permettre d'aller plus loin et tirer sur des civils non armés,
membres de la famille tentant de lui venir en aide. Si la définition de chutzpah
de Leo Rosten était correcte, alors Israël l'à adopté comme une politique au
niveau national.
Les palestiniens occupés, soumis et militairement inferieur,
a dû appliquer un antidote à ce miroir historique de la chutzpah. Face à la politique
de harcèlement et dépossession permanente devaient adopter une position de fermeté.
Tel est le sens de sumud.
Le terme sumud a été consacré dans la
conscience nationale palestinienne, en particulier depuis 1967. Les
Palestiniens ont souffert de la Nakba, la catastrophe du nettoyage
ethnique à grande échelle en 1948, où beaucoup ont été dépossédés par la
violence ou obligés de fuir par la crainte des menaces et ils n'ont été
autorisés à revenir. Alors que le mythe sioniste typique dit que «les dirigeants arabes les ont exhorté à fuir
et à attendre la victoire des armées arabes », les archives militaires
israéliennes déclassifiés révèlent les véritables causes principales de cette
fuite.
Voici
quelques-unes des plus importantes:
Document du service d' Intelligence de l'armée israélienne
intitulée "L'émigration des Arabes de Palestine dans la période du 1
Décembre 1947 au 1 Juin 1948" (déclassifié au milieu des années 1980). Le
document décrit 11 facteurs qui ils ont provoqué l'exode et les énumère par « ordre
d'importance »:
1. Opérations directes et hostiles des juifs membres de la
[Haganah / IDF] contre les villages arabes. Destruction de 351 villages, à la
dynamite dans un premier temps au bulldozer ensuite.
2. L'effet de nos opérations hostiles [Haganah / IDF]
contre les villages voisins [arabes] (... spécialement la chute des grands centres).
3. Les opérations des [juifs] dissidents [Irgoun et
Lohamei Herut Yisrael] groupes chargés des opérations terroristes que la
Haganah (embryon de la future armée israélienne) ne pouvait justifier.
4. Les ordonnances et décrets par les institutions arabes
et bandes [irréguliers].
5. Les opération juives de rumeurs [guerre psychologique]
visant à effrayer et terrifier les habitants Arabes.
6. Les ordres d'expulsion définitive [par les forces
militaires juives].
7. La peur des représailles juives après une importante
attaque arabe.
8. Brigades internationales arabes à proximité d'un
village.
9. La crainte d'une invasion arabe et ses conséquences [en
particulier à proximité des frontières].
10. Villages arabes isolées dans des régions
[principalement] juives.
11. Facteurs locaux variés et la crainte généralisée de
l'avenir.
(Le document se situe
en 1948 et après, par l'Historien israélien Benny Morris)
(Il existe aussi le récit de cette époque par l'historien
israélien Ilan Pappe, basé sur les archives de la Haganah sur Le Nettoyage
Ethnique de la Palestine):
[...]
Ainsi nous pouvons voir que les premières et les plus
importantes causes de la fuite des Palestiniens en 1948, également considérés
par l'intelligence militaire israélienne, comme étaient des «opérations hostiles directes des Juifs» (des opérations exécutés avant
la déclaration de l'Etat d'Israël le 14 mai 1948 et avant l'invasion alliée des
armées arabes, représente un tiers des 750.000 palestiniens expulsées par la
violence, avait déjà été dépouillé avant le 14 mai 1948).
Les Palestiniens savent mieux que quiconque qu'il y avait
un danger imminent dans l'occupation. Ils n'ont pas besoin d'attendre la
déclassification des archives et le lent processus de reconnaissance de la
chutzpah d'Israël. En 1967, la nouvelle occupation israélienne, que les
généraux israéliens ont largement considéré comme pour "terminer le travail
de 1948", représenté pour les palestiniens une seconde opportunité et
peut-être la dernière, pour défendre sa propre existence au sein de la Palestine
historique. Ne pas rester ferme face a une nouvelle occupation militaire
israélienne signifierait une nouvelle dépossession et l'éventuel nettoyage de
la terre.
Ce sumud est non seulement un élément
passif. Alors que son symbole principal est l'olivier, qui représente la
connexion ancienne à la terre (d'où la
symbolique des dévastatrices scènes filmées des nombreuses arrachages
d'oliviers perpétrées par les forces d'occupation israéliennes et les colons
juifs), a aussi le sens de résistance active. Yasser Arafat a déclaré en 1980,
que «l'élément le plus important du programme palestinien est de se cramponner
au sol. Se maintenir sur la terre et non pas seulement les affaires de la
guerre. La guerre se suit un niveau différent. Si uniquement on lutte c'est une
tragédie. Si nous nous battons et émigrons c'est aussi une tragédie. La base
est de se cramponner et lutter. L'important est de se cramponner au sol, puis
combattre". (De Schultz et Hammer,
La diaspora palestinienne).
Les Palestiniens ont lancé diverses formes de résistance,
certaines sans rapport avec l'affrontement armé. Peut-être la forme la moins
belliqueuse de protestation physique que Palestiniens ont été en mesure de
mettre en œuvre ces derniers temps, le BDS: Boycott, désinvestissement et
sanctions. Un moyen de protestation démocratique, non-violente, qui a une
expérience réussie dans l'apartheid en Afrique du Sud. Noam Chomsky dans
sa dernière interview d'il y a quelques jours sur Democracy Now! Déclare
que «la tactique du boycott et de désinvestissement, prend tout son sens ...
boycott et des sanctions ont du sens lorsque ces tactiques s'appliquent
correctement, comme c'est souvent le cas".
Cepandant Israël a
investi beaucoup de millions de dollars de contrecarrer le BDS et pressé successivement
par la législation anti-BDS au travers de ses groupes de pression (lobbyistes,
en France le CRIF, aux USA l'AIPAC) dans les autres pays. Récemment, lors d'une
conférence anti-BDS organisée par le principal journal Yediot Aharonot, il a
été entendu dire au ministre de l'Intelligence israélienne Katz qu'Israël
devrait "viser à éliminer des civils» comme les dirigeants du BDS, avec
l'aide de l'intelligence israélienne, et a plusieurs
reprises de nom de Omar Barghouti fondateur du BDS a été mentionné en ce qui concerne l'intention du gouvernement de révoquer son permis
de séjour en Israël. Curieusement le ministre de l'Intérieur Aryeh Deri a
déclaré que «la révocation de la citoyenneté ou de résidence est un outil qui
est rarement utilisée, car elle constitue une violation des droits de
l'homme".
Et pourtant, il soulève des inquiétudes sur le fait que
Barghouti était moralement censurable, pour ainsi dire,
en disant : a lui «[Barghouti] lui ont été donnés des droits similaires à
ceux d'un citoyen et il en a profité de notre état de tolérance pour nous
présenter comme l'état le plus horrible du le monde".
Deri a dit qu'il était "enclin à se conformer"
une demande qu'il avait reçue d'un membre de l'extrême droite du Parlement pour
révoquer la résidence permanente de Barghouti. La situation de Barghouti est
maintenant «à l'étude» et Israël qui lui refusé de renouveler son permis de
Voyage.
Ceci est la lutte que les Palestiniens ont à supporter
sumud pour rester. Israël pourrait considérer ces efforts comme une chutzpah
elle-même -Comment osent-ils résister?- et en même temps se dédiér à la
création de stratagèmes de plus en plus inventifs de tromperie pour continuer
leur aventure à la frontière du Grand Israël.
Grand Israël ! Sans commentaires.
Post-scriptum: Prévisiblement
on pourrait se poser la question: " Pourquoi attribuer la fermeté uniquement
aux Palestiniens? Où est la fermeté
d'Israël? Pourquoi tant d'unilatéralité?
" Eh bien, voici ma réponse : En comparant les deux. l'équilibre du
pouvoir est tout simplement déséquilibré, pour le moins. Les Palestiniens ne
disposent pas des chars, d'avions de combat, d'hélicoptères ou d'armes
nucléaires. Tout simplement ils ne constituent pas une menace existentielle
pour Israël. Si, les leaders israéliens très souvent tentent de confondre les
Palestiniens avec "les proches et hostiles
pays arabes" et proclament ce « danger existentiel », mais même ce point
ne tient pas. Inclus l'Iran, un géant régional (non arabe), qui a été à
plusieurs reprises accusé par Netanyahu d'être un danger existentiel, a été signalé par les meilleurs
experts en matière de sécurité d'Israël n'est pas en danger.
Il est vrai que l'Iran ne reconnait pas Israël et n'approuve pas
sa politique, mais honnêtement, qui pourrait le blâmer?
Pareil qu'en 1967, tout en promouvant la peur hystérique
dans sa population par un «second Holocauste», les dirigeants israéliens
savaient très bien (comme l'a noté l'ancien chef du Mossad Meir Amit et
d'accord avec la CIA à ce sujet) , qu'ils allaient gagner contre tous les
ennemis régionaux rapidement, donc ils ont évalué qu'il faudrait environ 7-10
jours (le chiffre le plus bas évalué si Israël retire l'action à la force
aérienne égyptienne d'abord, ce qu'il a fait au début guerre). (Voir Tom Segev,
1967, et pour l'évaluation de Amit des «7 Jours», voir ce
lien.
L'histoire ne
le dit ainsi, mais moi je m'autorise a dire la vérité, en effet: l'aviation
Egyptienne fut anéantie au sol et sans déclaration de guerre, par l'aviation
israélienne renseigné et guidé par les USA. C'est du terrorisme...
Ainsi indépendamment du fait qu'Israël n'est pas confronté
a une menace existentielle régionale, sa relation potentielle réelle envers les
palestiniens n'est même pas, en ce sens, quelque chose a considérer. À toutes fins pratiques, les relations de
pouvoir entre Israël et les Palestiniens ressemblent à la scène du soldat bien
armé qui maintient en l'étranglant l'enfant avec le bras cassé.
Il se peut que les acteurs régionaux essayent de venir en
aide a l'enfant par la solidarité, et qui parfois peut venir armé, la situation
en 1948, mais même alors Israël était supérieur dans l'organisation, personnel
et en armes en rapport avec ce que les armées arabes ensemble. (Voir Ilan
Pappe, Le nettoyage ethnique de la Palestine).
Evidement,
puisque le sionisme s'y était prépare depuis 1897...
En 1973, l'Egypte et la Syrie, en effet, ont réussi à
faire pression sur Israël pour un court laps de temps en raison de l'élément de
surprise d'un jour de fête (et probablement l'indifférence d'Israël). Ce fut
suffisant pour effrayer un peu puisque Sadate n'a apparemment pas l'intention
d'aller très loin dans le Sinaï pour montrer sa force. Cela lui a valu de
retour le Sinaï, le langage de la force brisa l'intransigeance israélienne.
Mais, retournons vers les Palestiniens, toutes les autres
inimitiés régionales peuvent être formulés dans le fait bien connu que les
Etats dans la région sont désireux de normaliser les relations avec Israël en
échange d'une solution pour les Palestiniens sous les directives de la
résolution d'un consensus international (ONU 242). Il est tout simplement question
que le plan israélien du Grand Israël entrent en conflit avec les Palestiniens
qui se trouvent sur son chemin.
Donc, un système plus large, le schéma politique majeur, est
très similaire à ce que Ben Gourion a déjà dit en 1938. "Quand nous disons
que les Arabes sont les agresseurs et nous nous défendons, est seulement la
moitié de la vérité. Concernant notre la
sécurité et la survie, on se défend ... mais la lutte est seulement un aspect
du conflit qui, dans son essence, est une question politique. Et politiquement
nous sommes les agresseurs et ils se défendent. "C'est la raison pour
laquelle la chutzpah correspond
davantage a l'unilatéralité d'Israël, et sumud aux Palestiniens. C'est une
généralisation, mais en général la chutzpah n'est
pas utilisé pour résister à l'oppression.
Comme l'a noté Gandhi on ne peut pas être considéré comme
la violence quand une victime de viol lutte contre son violeur. C'est de la
résistance a la violence. Est "en soi un acte de non-violence". La
vraie violence est un viol. (Voir Norman Finkelstein, Qu'est-ce que Gandhi
dit). (What Ghandi Says).
Jonathan Ofir est un musicien israélien, directeur d'orchestre,
écrivain et blogueur résident au Danemark.
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