samedi 9 octobre 2010

Colonies juives : une débauche de constructions

Colonies juives : une débauche de constructions

Khaled Amayreh - The Palestine Telegraph
[ 04/10/2010 - 17:56 ]

Avec le monde arabe et l’Autorité palestinienne qui semblent pris dans une spirale de faiblesse et d’hésitation, et une administration Obama qui ne veut ou ne peut faire pression sur Israël, le gouvernement israélien a laissé les colons juifs se lancer dans la construction du plus grand nombre d’unités d’habitations coloniales possible.

Colonie juive de Har Homa à l’est de Jérusalem : l’architecture sioniste dans toute sa laideur et toute sa rutalité... - Photo : AP/Sebastian Scheiner

Cet emballement est intervenu quelques heures à peine après un moratoire de 10 mois sur l’expansion des colonies qui a expiré dimanche soir, 26 Septembre.  

De joyeuses célébrations se sont poursuivies pendant des heures, les dirigeants des colons et des officiels du gouvernement prononçant des discours avec des bulldozers, bétonnières et autres engins de construction en arrière-plan. Au cours des célébrations, des milliers de ballons ont été lâchés dans l’air, symbolisant le nombre d’unités que les colons ont l’intention de construire.   

Maintenant que les [faibles - N.d.T] restrictions à l’expansion des colonies ont été levées, les colons, avec l’appui explicite du gouvernement, promettent de « compenser » le retard pris ces dix derniers mois en intensifiant la construction de colonies à un degré sans précédent.  

Les dirigeants des colons disent avoir l’intention de construire « des dizaines de milliers d’unités » en plus, d’ouvrir de nouvelles routes et d’autres types d’infrastructure qui nécessitent le vol d’importantes portions supplémentaires de territoire palestinien.     

Initialement, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu avait exprimé un minimum de surprise face à ce qui se passait. Son hésitation apparente aurait été plus convaincante si le premier ministre israélien n’avait pas tant résisté à la pression américaine et internationale pour étendre le gel de la colonisation, même pour quelques mois. 

Netanyahu a tenté de donner la fausse impression que ce que font les colons est au-delà de son pouvoir et contraire à sa volonté. Pourtant, il est devenu très clair que les colons répondent aux souhaits de Netanyahu même s’il n’a pas donné clairement ses instructions. Comment expliquer autrement les remarques faites plus tôt cette semaine par Netanyahu, dans lesquelles il demandait à ses ministres de s’abstenir de tout commentaire sur l’expansion des colonies ? Netanyahu a également exhorté les dirigeants des colons à « construire tranquillement sans faire trop de bruit ». 

Selon des sources israéliennes, Netanyahu est en train de profiter de « la situation politique » à laquelle est confronté Barack Obama, dont la capacité à faire pression sur Israël est fortement limitée par la proximité des élections au Congrès en novembre.  

L’administration Obama a réagi aux provocations des colons de Cisjordanie en exprimant sa « déception » [ce dont les Israéliens se foutent royalement - N.d.T] et en promettant de poursuivre les efforts pour pousser le processus de paix.  

Le porte-parole du département d’Etat américain, PJ Crowley, a déclaré plus tôt cette semaine que l’envoyé des Etats-Unis au Moyen-Orient, George Mitchell, était en contact avec les deux parties. Mitchell a fait de nombreuses visites dans la région, mais pour des résultats quasi-nuls.  

« Nous reconnaissons que, compte tenu de la décision d’hier, nous sommes face à un problème que nous avons à résoudre et il n’y a pas de négociations directes prévues à ce stade, mais nous serons en contact avec les deux parties pour voir comment aller de l’avant » », a déclaré Crowley.  

Crowley a laissé entendre que les États-Unis pourrait faire pression sur la Ligue arabe pour qu’elle-même fasse pression sur la direction palestinienne pour que celle-ci reste engagée dans les pourparlers de paix avec Israël en dépit de la reprise des activités de colonisation.  

Ces dernières années, surtout depuis que Mahmoud Abbas a pris la succession de Yasser Arafat comme chef de file de l’Organisation de libération de la Palestine et comme président de l’Autorité palestinienne (de Ramallah), les États-Unis ont utilisé à plusieurs reprises leurs alliés arabes pour contraindre les dirigeants palestiniens à faire des concessions à Israël. C’est la politique sur laquelle Washington va s’appuyer une fois de plus, en se servant de capitales arabes complaisantes pour convaincre Abbas d’avaler ses « réserves » et de reprendre les pourparlers avec Israël, tout en voyant dévoré morceau après morceau ce qui devait devenir un état palestinien.   

Mais le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa, a déclaré que les Etats arabes n’insisteront pas auprès des dirigeants palestiniens pour les faire participer à de futiles discussions qui ne peuvent mener nulle part.    

Moussa a accusé l’administration Obama de ne pas adopter une attitude ferme avec Israël mais d’adopter une approche trop complaisante envers l’Etat juif, quoi que celui-ci fasse.  

« Nous respectons le président Obama et la façon dont il gère le processus de paix, mais il doit être suffisamment clair qu’une politique consistant à traiter Israël avec un laxisme absolu tout en faisant pression sur le côté arabe ne fonctionnera pas », a déclaré Moussa. 

Dans une interview accordée au quotidien arabe Al-Ahram plus tôt cette semaine, Moussa a ajouté qu’il était illogique de demander aux Arabes encore plus de concessions alors que l’Etat juif vole des pans entiers de terres arabes et se livre à des activités illégales de colonisation.    

D’autres dirigeants arabes ont critiqué les Etats-Unis pour vouloir faire pression sur les Arabes afin de masquer son impuissance et l’absence de pressions sur Israël. Selon la presse israélienne, les Etats-Unis avaient offert à Israël « des incitations sans précédent » en échange de l’extension du gel de la colonisation pour quelques mois. 
 * Khalid Amayreh est un journaliste qui vit à Dura, dans le district d’Hébron, Cisjordanie, Palestine occupée. Il a un Bachelor en journalisme de l’Université d’Oklahoma (1981) et un Master en journalisme, de l’Université de Southern Illinois (1983) 
2 octobre 2010 - The Palestine Telegraph –
Vous pouvez consulter cet article à : 
http://www.paltelegraph.com/eng/com...
Traduction : Info-Palestine.net

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