lundi 25 octobre 2010

Les colonies contre la paix : Isabelle Avran

Les colonies contre la paix : Isabelle Avran

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert l’a de nouveau réaffirmé le 26 mars 2008 : les constructions de logements dans les colonies de Cisjordanie et notamment à Jérusalem-est vont se poursuivre. En dépit non seulement du droit international, mais aussi des engagements pris à Annapolis. 
Ces constructions n’ont en fait guère cessé durant toute la dernière période, comme le souligne dans l’un de ses rapports la « Foundation for Middle-East Peace ». Outre Jérusalem, le nombre de colons est passé en 2007 d’un peu plus  de 260.000 à un peu plus de 275.000. Cela représente une augmentation de 5.45%, plus deux fois l’augmentation de la population civile juive en Israël.  On est loin d’une simple « croissance naturelle » de la population. En outre, selon le même rapport 76.2% des colons résident dans 48 colonies qui se situent ou se situeront à l’ouest du mur –mais en territoire palestinien- lorsque sa construction sera achevée. C’est-à-dire, en fait, dans ces grands blocs de colonies que le gouvernement israélien promet à l’annexion. 
La majorité des colonies se trouve ou se trouvera à l’est du mur, mais la majorité des colons à l’ouest. Entre juin 2006 et juillet 2007, on a dénombré près de 2.900 colons de plus à l’est du mur et un peu plus de 11.300 de plus à l’ouest.

Nouvelles annonces
Quasiment au lendemain de la rencontre d’Annapolis, le gouvernement israélien annonce de nouvelles constructions dans la zone du Jebel Abu-Ghneim devenue « Har Homa », sur la ceinture de colonies qui boucle Jérusalem. 750 nouvelles constructions sont également prévues à Givat Zeev. Fin mars, la mairie de Jérusalem annonce la construction à venir de 600 logements dans la partie orientale de la ville -partie arabe de Jérusalem-  Le plan « fait partie d’une initiative globale du maire de Jérusalem (Uri Lupolianski …) pour la construction de 40.000 unités de logement dans la ville afin de faciliter à des jeunes couples l’accès à un logement », indique la municipalité israélienne dans un communiqué. 600 nouvelles « unités de logement » sont notamment prévues dans la colonie de Pisgat Zeev, au nord-est de Jérusalem. Une annonce qui intervient après la publication par « La Paix Maintenant » d’un nouveau rapport révélant entre autres qu’aucun projet de construction n’a été gelé, que les constructions se sont poursuivies sur les sites existants, que des centaines de bâtiments comptant des milliers de logements sont en chantier depuis janvier dans 101 colonies en Cisjordanie…Début mars, ajoute le rapport de l’organisation pacifiste israélienne, le ministre de l’intérieur approuve le changements de statut de Modi’in Illit qui, de Conseil local, devient une ville. Le gel de la colonisation, l’un des engagements clé d’Annapolis, est trahi au moment même de la signature, il subit, selon « La Paix Maintenant », plusieurs érosions : il ne concernerait ni les projets où la construction a déjà commencé ni Jérusalem-Est, ni les grands « blocs de colonies »…

Annexions
« Il y a un consensus en Israël sur le fait que des secteurs comme le Gush Etzion, Ariel et les quartiers juifs de Jérusalem resteront sous notre contrôle », va      même jusqu’à postuler Benjamin Ben Eliezer, ministre des infrastructures, le 11 mars dernier. Et tel est bien l’enjeu de ces nouvelles constructions : annexer, annexer.
Obtenue -in extremis – par George W. Bush en Condoleezza Rice  avant la rencontre, la déclaration israélo-palestinienne d’Annapolis n’est qu’une déclaration d’intention où rien n’est dit sur les dossiers centraux du conflit. Mais les participants s’y engagent à œuvrer à œuvrer pour l’établissement d’un Etat palestiniens indépendant d’ici fin 2008 aux cotés d’Israël, et la feuille de route en constitue l’un des termes de référence.Or la feuille de route, élaborée par le quartette pour le Proche-Orient, acceptée d’entrée de jeu par la partie palestinienne, fait l’objet de quatorze réserves israéliennes  qui la vident d’une grande part de sa substance mais a cependant un mérite : la concomitance des exigences faites aux « protagonistes ». Israël doit geler la colonisation, en même temps que les Palestiniens mettent un terme aux actions de type « terroristes »  - les dirigeants israéliens ayant toujours érigé cette seconde exigence en préalable.
Pour leur plan de colonisation massive, les dirigeants israéliens ne mettent pas seulement en cause les engagements pris. Ils entendent surtout rendre caducs les espoirs d’édification d’un Etat palestinien indépendant dans les frontières de 1967. On conçoit qu’à l’instar des bombardements israéliens contre la bande de Gaza assiégée, l’intensification de la colonisation israélienne en Cisjordanie et particulièrement à Jérusalem-Est constitue une pierre d’achoppement des pourparlers, dénoncée par la partie palestinienne.
Mais aucune condamnation ni aucune pression, américaines ni européennes, n’interviennent. Le porte-parole du département américain Sean Mc Cormak se contente d’un rappel à l’ordre : « l’annonce du gouvernement israélien (sur les colonies) est elle utile au processus de paix ? Non elle est inopportune ». « En tant qu’ami, je vous dis que la sécurité d’Israël passe par l’arrêt des colonisations »,  Insiste pour sa part Nicolas Zarkozy. Mais l’ami se contente aussi de mots. Quand sur le terrain il y a urgence. 


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