dimanche 17 octobre 2010

Impasse des négociations et manœuvres israéliennes



LIBERTE -QUOTIDIEN NATIONAL D’INFORMATION

Proche-Orient
Impasse des négociations et manœuvres israéliennes
Par : Djerrad Amar  (Lundi 18 Octobre 2010)


Lorsque Netanyahu a présenté son offre sur un nouveau gel partiel de la colonisation contre la reconnaissance d'Israël comme “État du peuple juif” (idée de son ministre des AE, A. Liebermann), les États-Unis, qui affichent de la volonté dans ce processus de négociations, en redoublant d’effort pour convaincre les Palestiniens, n’ont pu trouver d’autres moyens que de leur demander de présenter une contre-proposition à cette offre par le porte-parole du département d'État, Philip Crowley, tout en laissant entendre que Washington partage cette idée. Les Palestiniens, par la voix de Abd Rabbo, ont aussitôt répondu que l’offre était “sans rapport avec le processus de paix”. Si pour les Américains, “Netanyahu a fait état de ses réflexions sur ce qu'il était prêt à faire pour contribuer au processus de paix, et sur ce dont son ‘peuple’ a besoin de voir sortir de ce processus, nous espérons que les Palestiniens en feront autant”, les Palestiniens demandent en réplique “une carte de l'État d'Israël qu'il veut que nous reconnaissions… Si cette carte est fondée sur les frontières de 1967 et prévoit la fin de l'occupation israélienne de tous les territoires palestiniens occupés en 1967, nous reconnaîtrons Israël…” 
Demande que le vice-Premier ministre israélien, Sylvan Shalom, a exclu en affirmant que “le retour aux lignes de juin 1967 est inacceptable… Il y a un très large consensus en Israël sur ce point”. La reconnaissance d'“Israël” comme “État du peuple juif” est vue par les Palestiniens et les acteurs politiques arabes comme une négation du droit au retour — point essentiel dans les négociations — des réfugiés palestiniens chassés en 1948. Au même moment, Israël a lancé un appel d'offres pour la construction de 238 logements dans deux quartiers à l'est d’El-Qods tout en entamant des manœuvres militaires de grande envergure dans le désert du Néguev, l’instauration de la nouvelle législation raciste visant à soumettre les non-juifs — en fait les Palestiniens — à l’obligation de jurer loyauté à l’“État juif” sous peine d’être déchus de leur nationalité et expulsés. En somme, des négociations de compromis “tuer dans l'œuf”, comme accuse Saëb Erakat. Selon le Yediot Aharonot, l’offre de Netanyahu  serait une “manœuvre” afin de faire endosser l’éventuel échec des négociations aux Palestiniens. Hanan Cristal, analyste et commentateur politique, est convaincu que “Netanyahu veut gagner du temps et attendre les résultats des élections au Congrès américain du début novembre”. Rappelons que Mahmoud Abbas a déclaré à Syrte qu'“Israël avait abrogé de fait les accords d'Oslo et les autres accords signés avec l'OLP” tout en exposant des options, notamment demander à Washington la reconnaissance d’un État palestinien dans les frontières de 1967, de porter la question devant le Conseil de sécurité de l'ONU, ou demander à l'AG de l'ONU le placement des territoires occupés sous tutelle internationale. La poursuite, en effet, de la colonisation vide de son sens la négociation sur les frontières en créant des faits accomplis

M. Kouchner a affirmé que “Paris n'excluait pas un examen par le Conseil de sécurité de l'ONU de la création d'un État palestinien, en cas ‘d'impasse prolongée’” dans une interview au quotidien palestinien Al-Ayyam. Selon lui, “la création d'un État palestinien est le gage d'un avenir de paix”. 
Il avait déjà évoqué, avec l’espagnol Miguel Angel Moratinos, en février, cette possibilité de reconnaissance par l’UE. Selon le ministre des AE d’Égypte, Aboul Gheït, la Ligue arabe pourrait demander à l’ONU “de reconnaître l'État palestinien dans ses frontières de 1967” suite à une question sur les conséquences d’une impasse, en marge d'une réunion internationale sur le Pakistan à Bruxelles. Le président Obama aurait, en plus, promis à Israël des “incitations” en échange d'une prolongation du gel de la colonisation (démenties par la Maison- Blanche) après une réunion du Conseil US de sécurité nationale avec Ehud Barack et le conseiller du PM israélien, Yitzhak Molcho. Ces incitations consisteraient, en plus de la fourniture d’armes sophistiquées, en l’assurance que les implantations nouvelles ne feront pas l’objet d’un “préalable” aux négociations mais discutées au “cours”, que durant l’année prévue pour ces négociations, aucune résolution contre Israël ne passera devant le Conseil de sécurité de l’ONU, que Washington adoptera les exigences de sécurité d’Israël telles que définies. Si telles sont ces “incitations,” les USA auront ainsi : bafoué le droit international qui interdit la colonisation, assuré l’impunité d’Israël, ôté la souveraineté aux Palestiniens sur leur “futur État” tout en les contraignant à plus de concessions à chaque moratoire. C'est bizarre comment les sionistes arrivent à pervertir les esprits et les lois en poussant à ce qu’on lui quémande quelques jours de plus de gel de la colonisation alors que celle-ci est illégale au regard du droit international. On n’exige même plus à Israël la décolonisation !


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