Israël,
60 ans de mystifications,
22000
jours de résistance palestinienne
1948 « Ils ont pris la
fuite » (I)
L’histoire officielle
d’Israël a repose, depuis 1948, sur un mensonge consistant à dire que les
800.000 Palestiniens qui ont pris le chemin de l’exil, et sont devenus des
réfugiés, seraient partis volontairement à la demande des États Arabes
environnants. En réalité, l’expulsion, par tous les moyens, du maximum
d’habitants non juifs de la Palestine, et la conquête du maximum de leurs
territoires, fut l’objectif constant du sionisme, aussi ancien que l’idée même,
exprimée pour la première fois à la fin du XIXe siècle, de création d’un Etat juifs en
Palestine.
« Les Arabes doivent partir, mais nous avons besoin d’un moment favorable
pour que cela arrive, par exemple une guerre », écrivait en 1937, dans
une lettre à l’un de ses fils, le chef de file du mouvement sioniste et futur
fondateur de l’Etat d’Israël, David Ben Gourion.
Avec la fin annoncée, à
partir de 1947, de la présence britannique, les dirigeants sionistes constatent
que le rapport des forces, diplomatique et éventuellement militaire, leur est
désormais favorable.
Le 10 mars 1948, une dizaine
de responsables réunis par David Ben Gourion approuvent les derniers détails de
leur « plan D ». Il comporte la description de tous les villages de
Palestine, avec détails sur la manière d’attaquer militairement chacun d’entre
eux, d’en chasser les habitants, et même d’exécuter sommairement des centaines
d’hommes, considérés comme « suspects », dont des listes nominatives
ont été soigneusement dressées. Le
« plan D » est ensuite distribué, pour application immédiate, aux
officiers des 12 brigades de la Haganah, l’armée juive, qui connaît à ce moment un développement fulgurant, tant en effectifs
qu’en équipement moderne.
De ma mi-mars au 15 mai
1948 -date programmée du départ du
dernier soldat britannique de Palestine -
se déroule alors, non pas comme le rabâche l’histoire officielle, la « première
guerre israélo-arabe », mais la vaste opération de nettoyage ethnique
lancée par une Haganah forte de 90.000 hommes, auxquels la résistance
palestinienne ne saura opposer que quelques milliers de miliciens villageois à
l’armement dérisoire.
Dès la fin du mois de mars,
au moins trente villages arabes ont été rayés de la carte, selon le
schéma : encerclement de la localité, rassemblement de la population,
ordre donné de fuir, mise à l’écart des « suspects » et leur exécution immédiate.
Source : librairie des
Résistances
4 Villa Compoint / angle 40
rue Guy Môquet 75017 Paris
http://www.
Librairie-resistances.com
« 1948 « Ils ont pris la fuite » (II)
Après une phase de pillages
et de violences diverses, suit la destruction de toutes les maisons jugées
impropres à un habitat juif, voire du village entier, sur les ruines duquel
édifiés des kibboutz et autres colonies juives.
Un des épisodes les plus sanglants de la période est resté dans les
annales : le massacre des villageois de Deir Yassin, près de Jérusalem, le
9 avril 1948. Les dirigeants de l’État juif ont longtemps mis cette exaction
sur le compte de la milice dite « extrémiste » de l’Irgoun, et ont juré leurs grands dieux
que jamais la Haganah n’aurait pu tuer délibérément des femmes et des enfants.
Faux ! Non seulement parce qu’il y
a eu beaucoup d’autres villages martyrs, où la Haganah a opéré en solo, mais
parce que la Haganah a bel et bien participé elle-même à la tuerie de Deir
Yassin.
Après les villages les
villes : successivement, les principales villes palestiniennes sont
attaquées, à Jaffa, Nazareth, Tibériade, à Acre et a Haïfa, dont les habitants
arabes sont contraints par milliers à fuir par la mer.
Parmi les épisodes les plus
spectaculaires de cette phase de la tragédie palestinienne, on peut citer les
« exploits » de deux jeunes officiers israéliens promis ç de
brillantes carrières, Moshe Dayan et un certain Yirzakh Rabin, qui ordonnent
l’expulsion de 70.000 habitants des villes arabes de Lydda (Lod) et Ramleh.
L’exode des palestiniens, ketés sur les routes sans vivres, sans eau et sous un
soleil de plomb, se transforme en marche de la mort pour des centaines d’enfants
et de vieillards.
Lorsque s’achève cette
première phase, au cours de laquelle les armées des pays arabes
avoisinants ne sont pas encore
intervenus, plus de 10.000 Palestiniens, dont une large majorité de civils
désarmés, ont été tués par les forces sionistes, et 30.000 au moins ont été
chassés.
Les dirigeants des États
arabes, pas plus que les dirigeants sionistes, ne souhaitent l’établissement
d’un État arabe indépendant en Palestine.
C’est pourquoi, lorsqu’ils
interviennent en Palestine après le 15 mai, il s’agit principalement pour eux,
de faire acte de présence pour apaiser leurs propres opinions publiques émues
par la tragédie de leurs frères palestiniens, et ils n’envoient que des
contingents réduits, inférieurs numériquement et en armement à la puissance
israélienne. Finalement, les combats
avec les armés arabes, interrompus à plusieurs reprises sur injonction des
Nations Unies, où chaque grande puissance (Grande Bretagne, Etats-Unis, Union
Soviétique principalement) n’a pas
encore clairement déterminé qui pouvaient être ses alliés ou vassaux régionaux,
feront un seul perdant incontestable, la population palestinienne.
Source : librairie des
Résistances
4 Villa Compoint / angle 40
rue Guy Môquet 75017 Paris
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Les dossiers de village :
Dominique Vidal (journaliste au Monde Diplomatique) qui
dans « Manières de voir » revient sur le plan d’expulsion
« Daleth » il ajoute : « dès le début des années 1940, la
direction du Yichouv a préparé l’expulsion des Palestiniens, puis, en
1947-1948, l’a mise en œuvre, étape après étape. Un fait parmi bien d’autres,
qui contredit la thèse de l’absence d’intention : la constitution, dès
avant la seconde guerre mondiale, d’un fichier de tous les villages arabes.
Recruté pour s’en charger, un topographe de l’Université
hébraïque de Jérusalem « suggéra de conduire une inspection à l’aide
de photographies aériennes ». A cette époque la Palestine était sous
Administration britannique. Le « Mandat » pouvait-il
l’ignorer… ?
Ainsi furent constitués des dossiers détaillés sur chacun
des villages de Palestine avec : « les routes d’accès, la qualité de
la terre, les sources, les principales sources de revenu, la composition
sociologique, les affiliations religieuses, le nom des muktars [chefs], les
relations avec les autres villages, l’âge des habitants (hommes de 16 à 50 ans)
et bien d’autres choses ». La plus importante était « un
index de l’"hostilité" [à l’égard du projet sioniste] à
partir du niveau de participation du village à la révolte de 1936. Une liste
comportait quiconque y avait pris part et les familles de ceux qui avaient
perdu quelqu’un dans les combats contre les Britanniques. Une attention
particulière était prêtée aux gens qui avaient prétendument tué de
juifs ». En 1948, cette dernière information « alimentera les
pires atrocités dans les villages, conduisant à des exécutions de masse. En
1943, Ezra Danin, qui jouera cinq ans plus tard un rôle de dirigeant dans
l’épuration ethnique, « de manière explicitement militaire : le
nombre de gardes (la plus part des villages n’en avaient
aucun) et les quantités et qualité des armes à la disposition du village (en
général archaïques ou même absentes).
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