Sur une population largement sans
défense
La déshumanisation et la complicité :
Qastal était situé sur le
dernier sommet occidental avant la montée finale vers Jérusalem. Le monument à
la Haganah qu’Israël a érigé sur le site ne signale pas qu’il y avait autrefois
à cet endroit même un village palestinien. La plaque commémorant la bataille
est un exemple typique, qui montre combien le langage du plan Daleth s’est
ancré en profondeur dans l’historiographie populaire israélienne d’aujourd’hui.
Sur la plaque comme dans le plan, Qastal n’apparaît pas comme un village mais
comme une « base ennemie » : les villageois palestiniens sont
déshumanisés pour être transformés en
« cibles légitimes » des destructions et expulsions. Partout en
Israël, quantités d’implantations nouvelles et de parcs nationaux sont entrés
dans la mémoire collective du pays sans aucune référence aux villages qui se trouvaient autrefois sur ces sites,
même lors qu’il en reste des vestiges – une maison isolée, une mosquée, quelque
chose de bien visible attestant qu’en 1948 encore des gens vivaient là.
Les villages un par un,
furent encerclés, attaqués, occupés, leur population expulsée, leurs maisons et
leurs bâtiments démolis. Dans certains d’entre eux, l’expulsion fur accompagné
de massacres : le plus notoire fut perpétré, le jour même où Qastal tomba,
à Deir Yassin où la nature systématique
du plan Daleth s’est manifesté. Deir Yassin village pastoral et cordial qui
avait conclu un pacte de non agression avec la Haganah de Jérusalem, mais qui
était condamné à disparaître parce qu’il se trouvait dans une zone que le plan
Daleth avait décidé de nettoyer. En raison de l’accord qu’elle avait signé avec
ce village, la Haganah décida d’y envoyer des hommes de l’Irgoun et du groupe
Stern afin de ne pas avoir elle-même à rendre des comptes officiellement. Par
la suite, dans le nettoyage de villages « amicaux », même ce stratagème
ne paraîtrait plus nécessaire.
Deir Yassin où les
terroristes de l’Irgoun et Stern arrosèrent les maisons à la mitrailleuse,
tuant de nombreux habitants. Les villageois restants furent rassemblés en un
même lieu et assassinés de sang froid, leurs corps odieusement traités,
plusieurs femmes violées puis tuées. Fahim
Zaydan, qui avait douze ans à l’époque, a vu sa famille assassinée sous
ses yeux. (- Réflexion personnelle : « Même à Oradour sur Glane l’être humain ne s’était montré aussi bestial »)
les "soldats" juifs tirèrent également sur Zaydan dans une rangée
d’enfants qu’ils avaient alignée contre un mur puis arrosée de balles avant
leur départ, « juste pour s’amuser ». Zaydan à eu la chance de
survivre à ses blessures.
Les forces juives
considérant tout village palestinien comme une base militaire ennemie, la
distinction entre massacrer les habitants et les tuer « au combat »
était mince. Il suffit de savoir qu’il y avait trente bébés parmi les morts de
Deir Yassin pour comprendre que l’argumentation « quantitative » -
que les israéliens ont répétée en avril 2002 pour le massacre de Djénine - n’a aucun sens. A l’époque, la direction
juive a annoncé fièrement un nombre élevé de victimes afin de faire de Deir
Yassin l’épicentre de la catastrophe (Nakba) et d’avertir tous les Palestiniens
qu’un sort semblable les attendait s’ils refusaient d’abandonner leurs maisons
et de s’enfuir.
On mesure la confiance
qu’avait le Haut Commandement, au début avril, dans sa capacité non seulement à
conquérir mais aussi à nettoyer les zones que les Nations unies avaient
accordées à l’Etat juif, quand on le voit, immédiatement après l’opération
Nahshon, tourner son attention vers les grands centres urbains de Palestine,
sous les regards indifférents des agents de l’ONU et des responsables
britanniques.
Tout comme à Tibériade où
les britanniques ont aussi joué un rôle douteux mais surtout négatif
collaborant avec la Haganah. –l’obstruction britannique l’ALA ne réussit à
envoyer qu’une trentaine de volontaires- Tibériade où 6 000 juifs et 5 000
arabes coexistaient paisiblement, comme le faisaient leurs ancêtres depuis des
siècles.
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