Ilan Pappe est un
Historien israélien auteur de "Nettoyage ethnique de la Palestine"
édité chez Fayard. Pour se faire il s'est basé sur les archives de la Haganah
-embryon de la future armée israélienne- c'est à dire qu'il s'est basé sur les
notes que les juifs-sionistes avaient eux-mêmes consigné.
Je n'ai pas encore lu l'article que je vais traduire pour vous,
il est possible qu'il confirme ce que je viens d'avancer. Je dois dire par
ailleurs qu'il s'est expatrié en Angleterre, tant sa vie en Israël fut
bouleversée par son honnête. Honnêteté historique que manifestement la majorité des Israéliens et malheureusement la majorité de Juifs refusent de reconnaitre.
C'est ce qu'a fait Ilan Pappe.
C'est ce qu'a fait Ilan Pappe.
Et j'ajouterais puisque mon combat est le Droit du Peuple de
Palestine, au minimum tel que le stipule le Droit international, je dirais que
les Juifs qui cautionnent les crimes israéliens, n'ont pas le courage
nécessaire à leur honnêteté, lorsqu'ils réclament des passe-droits en mémoire
de la Shoah, par exemple, puisqu'ils cautionnent le même crime. Un génocide, même lent, d'un peuple.
Information Clearing House
Ilan Pappe est une voix importante, l'un des historiens
assez courageux pour ouvrir la boîte de Pandore de 1948. Dans les années 90
Pappe, entre autres post-sionistes israéliens, ce dernier a rappelé son péché
originel: le nettoyage ethnique orchestré et raciste du peuple indigène de
Palestine, c'est à dire la Nakba.
Mais comme beaucoup d'historiens, Pappe, bien qu'il
connaisse les faits historiques, semble incapable de comprendre ou est réticent
à aborder l'importance culturelle et idéologique de ces faits.
Dans son récent article, http://electronicintifada.net/content/when-israeli-denial-palestinian-existence-becomes-genocidal/12388
[Lorsque le refus israélien de l'existence palestinienne
devient génocidaire] Pappe tente d'expliquer le rejet israélien de la disgrâce des
palestiniens. Comme Shlomo Sand, Pappe note que la considération historique du
président israélien Shimon Peres est un «discours fabrique».
Jusqu'ici tout va bien, mais après Pappe se trompe. Pour
une raison quelconque estime que la négation de Peres de la souffrance des
Palestiniens est le résultat d'une «dissonance cognitive», c'est à dire un
inconfort expérimenté lorsqu'on conservé à la fois deux idées, valeurs ou croyances contradictoires.
Mais quelles sont ces valeurs ou des idées contradictoires
qui causent tant d'inconfort aux Israéliens et a leur président? Pappe ne le
dit pas. Il ne nous dit pas, non plus, comment Peres le dit inconfort durant
plus de six décennies. Je suis d'accord que Peres, Netanyahu et beaucoup
d'Israéliens présentent souvent des symptômes psychotiques, mais je n'ai pas
détecté dans les déclarations ou le comportement de Peres ce "mal être".
Je pense évidemment que Pappe se trompe à cet égard.
L'expulsion, le nettoyage ethnique et les violations continues des droits de
l'homme en Palestine sont conséquents à la
culture raciste et nationaliste juive et l'interprétation stricte de l'héritage
biblique juif. [1]
Pappe écrit: "Les responsables de l'épuration
ethnique de 1948 étaient des colons sionistes qui sont arrivés en Palestine,
tout comme Shimon Peres né en Pologne avant la Seconde Guerre mondiale. Ils ont
nié l'existence du peuple indigène qu'ils ont trouvé qui avait vécu à cet
endroit depuis des milliers d'années". Jusqu'ici Pappe a raison, mais après
il continue, «Les sionistes n'ont pas eu à ce moment là le pouvoir de résoudre
la dissonance cognitive vécue: leur conviction de que la terre n'était pas
habitée en dépit de la présence de nombreux indigènes." Mais Pappe
n'indique pas tous les symptômes d'une telle dissonance. Est-il possible que le
directeur for Palestine Studies à l'Université d'Exeter -Royaume-Uni- soit juste ignorant? [2]
[1] Là, on ne peut pas être
intellectuellement d'accord, la Bible relate des faits d'un temps où la
l'écriture n'existait pas. Des faits devenus des mythes tant le récit était
légendaire. Un mythe doit rester un mythe, à ne pas confondre avec un récit historique. Il ne viendrait à l'idée
d'une personne sensée de prendre les travaux d'Hercule, pour argent comptant. Et
encore moins de tenter de légitimer un crime par un récit mythique. Ce que je
crois est que l'arrogance sioniste est consécutive, de la culture raciste et nationaliste juive et l'interprétation mythique de l'héritage biblique juif.
[2] Là, est toute l'ambigüité des
Juifs qui défendent les droits du Peuple de Palestine, ils subordonnent le
droit des Palestiniens au droit des Juifs. Or, lorsque Abraham ou Moïse
arrivèrent avec leurs disciples sur une terre qui ne s'appelait pas encore
Palestine, des populations vivaient là, ils n'étaient pas de passage, ni en
vacances, s'étaient les populations indigènes de cette terre depuis des
milliers d'années. C'est donc qu'il faut subordonner le droit des Juifs y
compris bibliques au droit de ces populations autochtones et non le contraire,
comme le veut le sionisme...
Dans l'absolu. Pappe est loin d'être ignorant. Il connait
l'histoire du sionisme et d'Israël mieux que la plupart des gens. Il sait que
les «colons sionistes» comme le "polaque Shimon Peres" son habités
par l'idéologie et la culture sioniste. Mais pourquoi un professeur d'histoire voudrait
cacher l '«idéologie» et la «culture» des sionistes primitif ?
Les premiers Sionistes étaient pas aveugle, ni stupide.
Ils ont vu les Arabes dans les champs, les villages et les villes de Palestine,
mais, portés par une idéologie raciste et expansionniste, considéraient,
certainement, les Arabes comme des infrahumains et donc méprisaient leurs
droits, leur culture, leur patrimoine et jusqu'a leur nature humaine (1).
Mais, même si une analyse culturelle et idéologique aurait
pu résoudre la "dissonance" allège et éclaire la complexité
historique, Ilan Pappe évite de commenter le fond de ces questions. J'ai de
bonnes raisons de croire que la vérité est tout simplement trop offensive pour les
lecteurs de Pappe. A contrario Pappe continue sur son modèle psychologique:
«Les sionistes ont presque résolu la dissonance lors qu'ils ont expulsé autant
de Palestiniens qu'ils ont pu en 1948 et seuls quelques-uns sont restés dans
l'Etat juif."
Une fois encore, il serait utile que Pappe demontre la
nécessaire évidence "historique" à l'origine de la Nakba, en effet, elle
fut une tentative de résoudre une dissonance sioniste collective interne et
cognitive. Je suppose que Pappe sait que c'est précisément ce manque de
«dissonance cognitive» qui conduit quelques israéliens comme Uri Avnery, Gideon
Levy et le même Pappe vers l'universalisme, l'humanisme et de l'activisme
pro-palestinien.
Je pense que le nouveau modèle d'analyse cognitive de Pappe
nous dit très peu de choses sur le sionisme, Israël ou Shimon Peres, mais nous en
dit beaucoup sur Pappe et sur le grave
état dans lequel se trouve le discours intellectuel de solidarité avec la
Palestine. L'inconfort dont il parle est vraiment le sien, à savoir, le conflit
entre les faits connus et acceptés et la tâche que Pappe a assumé de la
quadrature du cercle, enveloppant le projet raciste dans un langage pseudo-psychologique
le présentant comme une pandémie de "dissonance cognitive".
Pour quelque raison beaucoup d'entre nous insistons sur
la production de chroniques "inoffensives" sur la barbarie
israélienne et le nationalisme juif tentant de masquer au lieu de dénoncer la culture
de base et idéologique du problème.
Mais ce qui me préoccupe, c'est comment es possible qu'un universitaire
exceptionnel fasse preuve d'un tel entendement d'un conflit qu'il a étudié pendant trois décennies.
La réponse est assez embarrassante. Pappe est en fait un érudit
sérieux et un être humain élégant. Cependant, dans le climat intellectuel
actuel, Pappe, comme beaucoup d'autres, ne peut pas explorer librement la
vérité du sionisme et de l'Etat juif. La terrible vérité est que Pappe a été
beaucoup plus provocateur et intellectuellement séduisant lorsqu'il enseignait
à l'Université de Haïfa, qu'aujourd'hui a l'Institut des études palestiniennes de
l'Université d'Exeter. Il serait juste de supposer que dire la vérité sur la
culture qui pousse l'Etat juif, lui coûterait sa carrière universitaire au
Royaume-Uni et le soutien au sein de la «gauche» juive, sans parler des
collaborateurs palestiniens financés par Soros.
Ainsi, au lieu de chercher la vérité Pappe et d'autres cherchent
des modèles «inoffensifs», quoi qu'ils soient pour garder l'image de la
«solidarité».
Cette vérité constatée,
cette crainte pour son parcours professionnel, peut et doit être transposé aux
intellectuels, journalistes et aux élites politiques ou économiques, pour
tenter de comprendre un peu les pressions exercées (lobbying) par le pouvoir
judéo-sioniste en Europe et surtout aux Etats-Unis qui phagocyté jusqu'a l'Etat
et nos institution démocratiques. Aujourd'hui les dirigeants politiques, pour
s'assurer un avenir politique, s'abaissent à défendre et cautionner des
criminels...
Je n'ai aucun doute que Pappe s'est déjà rendu compte que
les Israéliens sont très loin d'être tourmenté par la misère des Palestiniens.
Pas plus qu'ils ne se repentent de la Nakba, bien entendu ils ne pleurent pas pour
leur passé d'agression raciste contre le peuple palestinien. Les sondages réalisés
en Israël montrent que la plupart des Israéliens soutiendraient une deuxième
Naqba tout comme ils ont soutenu le bombardement
massif de civils dans l'Opération Plomb Durci. Pappe est conscient que les
politiques racistes israéliennes et les attitudes des civils ont une origine
culturelle et idéologique plutôt que politique. Israël est l'Etat juif et sa
politique est dictée par une nouvelle interprétation hébraïque de la culture
juive et du patrimoine juif.
Pappe est un humaniste et je veux croire qu'en privé qu'il
ressent un malaise. Fondamentalement Pappe doit connaître la vérité. Il sait ce
qui pousse le sionisme et le militarisme israélien. Il sait tout, mais, pour
des raisons évidentes, doit garder le silence et édulcore le conflit dans une terminologie
fallacieuse et modèles cognitifs "inoffensifs ".
Au lieu de mainteir un discours clair et d'analyser la
vérité du conflit, nos éminents spécialistes se dédient a occulter la vérité.
Nous avons tué et enterré nos penseurs (2) et des poètes plus édifiants. Nous les
remplaçons par des slogans rigides et la banale culture de Herem (3).
Il est intéressant de signaler que lorsque Pappe termina
son texte, il n'était pas convaincu de son propre modèle, «Il est déconcertant
d'apprendre que les premiers sionistes nièrent l'existence des Palestiniens
quand ils sont arrivés en 1882, il est encore plus épouvantable de découvrir qu'ils
nient leur existence - au-delà des communautés recluses sporadiquement - en 2013.
Ce que cela signifie est clair: il s'agit d'un rejet catégorique
et total de l'autre. Ce n'est pas un symptôme de «dissonance cognitive», mais
un continu historique d'une condition psychopathologique inhérente à la
politique de leurs élus. Il s'agit d'une conséquence directe de la suprématie
judéo-centrique, que Pappe et d'autres préfèrent ne pas aborder. A la fin de son
texte Pappe soutient que Peres est un «fou» qui ne tient pas compte "des
millions et des millions de personnes, dont beaucoup d'entre-elles soumises
sous le régime militaire et d'apartheid qui maintien actif et impitoyablement le
refus du retour a leur patrie". Mais si Peres est un fou, il est peu
probable que le malaise le tourmente. Si Peres est fou, il n'est pas dans un
état de «dissonance» qui lutterait pour accommoder des idées contradictoires. Au
contraire Peres est, avec toute sa méchanceté, en paix avec lui-même.
À mon avis Shimon Peres n'est pas fou dans l'absolu. Il
est mauvais, cohérente et consistant. Il est le président de l'Etat juif et il
est temps qu'Ilan Pappe d'affronter ouvertement ce fait et ce qu'il représente.
Notes:
(1) Il est intéressant de signaler qui c'était le dirigeants de la droite sioniste
Vladimir Jabotinsky, l'un des premiers à aborder la complexité des rapports
avec la population autochtone dans l'exclusivité du contexte et du rêve
sioniste. Il fut l'enragé ultranationaliste Jabotinsky - plus que la «gauche»
sioniste - qui considérait les Arabes comme un peuple fier et culte auquel il
faudrait faire front militairement.
En ce qui concerne ce sujet recommandons le livre : Vladimir
Jabotinsky Iron Wall [ Vladimir
Jabotinsky’s Iron Wall ].
(2) L'année
dernière, les BDS de l'organisation [boycott, désinvestissement, sanctions] ont
fait campagne pour le BDS : le professeur Norman Finkelstein, Greta Berlin, le
député britannique George Galloway et beaucoup d'autres.
(3) Le mot hébreu pour excommunication et boycott.
Gilad Atzmon est l'un des meilleurs musiciens de jazz
internationaux du moment. Philosophe, penseur humaniste et écrivain, Gilad
Atzmon nous interpelle tous depuis des années, et surtout les Juifs, d'examiner
ce qui définit la politique identitaire juive, leurs croyances racistes de base
et les nombreux conflits que cette politique conduit: les stratégies, les
différents costumes du racisme, de la dissimulation et de la répression de la
liberté d'expression.
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