mercredi 17 juillet 2013

B.D.S par Gidéon Lévy



Alors qu'Israël entre dans un nouveau cycle d'inaction diplomatique, l'appel à un boycott économique est devenu une exigence patriotique.
Le dernier refuge du patriote israélien: le boycott


Haaretz
16-07-2013


Toute personne qui craigne vraiment pour l'avenir du pays doit être en faveur du boycott économique.
Une contradiction dans les termes? Nous avons examiné les alternatives. Un boycott est le moindre de tous les maux et pourrait produire des bénéfices historiques. C'est l'option la moins violente et celle qui a le plus de chances de ne pas finir dans un bain de sang. Elle serait douloureuse, mais les autres seraient pires.
Partant de l'hypothèse que le statu quo actuel ne peut pas durer éternellement, c'est l'option la plus raisonnable pour convaincre Israël de changer. Son efficacité a été prouvée. De plus en plus d'Israéliens se sont récemment préoccupé de la menace du boycott. Quand ministre de la Justice Tzipi Livni signala son expansion et appelle par conséquent à sortir de l'impasse diplomatique, apporte la preuve de la nécessité d'un boycott. Alors, elle et d'autres s'additionnent au mouvement pour le boycott, le désinvestissement et les sanctions. Bienvenue au club.
Le changement ne viendra pas de l'intérieur. Cela est clair depuis longtemps. Tant que les Israéliens ne paieront pas le prix de l'occupation, ou au moins ne fassent pas le lien entre la cause et l'effet, n'auront aucun intérêt à y mettre fin. Pourquoi le résident moyen de Tel-Aviv devrait s'inquiéter de ce qui se passe dans la ville de Jénine ou Rafa en Cisjordanie, dans la bande de Gaza? Ces sites sont loin et ne sont pas particulièrement intéressants. Alors que l'arrogance et la victimisation continuent dans le peuple élu, le plus élu du monde, toujours l'unique victime, la position explicite du monde ne changera pas dans l'absolu.
C'est antisémite, nous disons. Tout le monde contre nous et nous ne sommes pas responsables de leur attitude envers nous. Et a par ça, malgré tout, le chanteur britannique Cliff Richard est venu jouer ici. La majorité du public israélien est divorcé de la réalité, la réalité dans les territoires et à l'étranger. Et il ya ceux qui s'occupent à la poursuite de cette dangereuse déconnexion. Conjointement à la déshumanisation et la diabolisation des Palestiniens et des Arabes, les populations de ce pays (Israël*) a le cerveau trop lavé par le nationalisme à avoir raison.
(Israël*) Hajo Mayer, juif Allemand réfugie en Hollande et interné à Auschwitz par les nazis à l'âge de vingt ans nous à déclare, lors d'une conférence à Strasbourg que: "Les enfants israéliens subissent un endoctrinement bien plus aigu que celui que lui même à subi de la part des nazis..."
Le changement viendra seulement de l'extérieur. Personne, y compris l'auteur, bien sûr, ne veut un autre cycle d'effusions de sang. Un soulèvement populaire palestinien non-violente est une option, mais il est peu probable de se produire dans un proche avenir. Et puis, il ya la pression diplomatique américaine et le boycott économique européen. Mais les Etats-Unis n'appliqueront aucune pression. Si l'administration Obama ne l'a pas fait, aucun gouvernement américain ne le fera. Et puis il ya l'Europe. La Ministre de la Justice Tzipi Livni a déclaré que dans l'Europe le discours est devenu idéologique. Sachez de quoi vous parlez. Elle a dit qu'un boycott européen ne se limitera aux produits fabriqués dans les colonies de Cisjordanie.
Il n'y a aucune raison de limiter. La distinction entre les produits de l'occupation et des produits israéliens est une création artificielle. Les principaux coupables sont pas des colons, mais ceux qui fomentent leur existence. Tout Israël est engagé dans les affaires des colonies, ainsi tout Israël doit être responsable et payer le prix correspondant. Il n'y a personne en Israël dont l'activité n'ait pas d'incidence sur l'occupation, y compris ceux qui essayent de regarder de l'autre coté et prenant de la distance avec elle. Nous sommes tous des colons.
Le boycott économique s'est avéré efficace en Afrique du Sud. Lorsque la communauté des affaires du régime de l'apartheid a approché les dirigeants du pays et leur a dit que les circonstances existantes ne pouvaient pas continuer, le thème à été abordé. Le soulèvement, la stature des dirigeants comme Nelson Mandela et Frederik de Klerk, le boycott sportif sud-africain et l'isolement diplomatique du pays bien sûr ont également contribué à la chute du régime abject. Mais le ton a été donné par la communauté des affaires.
Et la même chose peut arriver ici. L'économie israélienne ne résistera pas à un boycott. Il est vrai que dans un premier temps va renforcer la victimisation, l'isolement et le nationalisme, mais pas à long terme. Cela pourrait conduire à un changement significatif dans l'attitude. Quand e la communauté des affaires aborde le gouvernement, le gouvernement sera à l'écoute et peut-être agira-t-il. Lorsque les dommages affectent le porte-monnaie de chaque citoyen, plus d'Israéliens se demanderont, peut-être pour la première fois, quel est le problème et pourquoi cela se produit.
Il est difficile et douloureux, presque au-delà du supportable, pour un Israélien qui a vécu toute sa vie dans ce pays, que jamais l'à boycotté, qui n'a jamais eu le projet d'immigrer et qui se sent relié à cette terre de tout son être, appeler a un tel boycott. Je ne l'ai jamais fait. J'ai compris ce qui a motivé le boycott et j'ai été en mesure de fournir la justification pour des raisons similaires. Mais je n'ai jamais prêché à d'autres de faire le premier pas. Toutefois, lorsqu'Israël se lance dans un nouveau cycle de profonde stagnation, diplomatique et idéologique, l'appel au boycott est nécessaire comme le dernier refuge d'un patriote.


Gideon Levy, né en 1953 à Tel-Aviv, est un journaliste et écrivain israélien, membre de la direction du quotidien Haaretz, est connu en grande partie pour s'être élevé dans des médias israéliens1 pour dénoncer la politique israélienne à propos des territoires disputés en Cisjordanie.

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