mardi 26 novembre 2013

Ken Loach parle de la Palestine



Le célèbre cinéaste Ken Loach parle de la Palestine, de la politique et pourquoi il veut continuer à le faire savoir.

Pourquoi je soutiens le boycott culturel d'Israël.

Voila un homme qui sans animosité ni malveillance prend clairement position contre ce qui lui parait être une injustice. C'est un intellectuel, un cinéaste, un artiste qui déjoue tous les stratagèmes mis en place par des racistes et leurs suppôts ségrégationnistes, qui sous des arguments prenant appui sur des crimes inacceptables voudraient nous faire accepter les leurs.    
Il explique très bien pourquoi, y compris par la culture, il faut boycotter un État qui ne respecte pas les résolutions de l'Organisme qui lui a accordé pourtant l'existence -peu importe là, la légalité en matière de droit de la résolution 181 du 26 novembre 1947- ce qu'il faut retenir c'est que l'organisation sioniste mondiale, qui par le chantage, fit voter par l'ONU la résolution du partage de la Palestine et aujourd'hui cette même organisation, donc Israël, refuse d'appliquer ses résolutions. Il n'est nul besoin d'être un homme extraordinairement doué d'intelligence pour comprendre que l'organisation sioniste mondiale est malintentionnée, a investi nos organes démocratiques et en a fait un outil d'asservissement des populations mondiales. Sous différentes formes, bien entendu. Il faut comprendre que, au sein du "gouvernement mondial", il n'y a pas que des sionistes mais ils sont la pierre angulaire de la clé de voute capitaliste. Puisqu'ils ont la capacité de dicter à l'Amérique sa politique étrangère et d'influencer nos dirigeants.
Comment nos dirigeants un pu aliéner nos États à la finance privé, s'il n'y avait là dessous des intérêts qui nous dépassent. 
C'est grâce à des hommes francs et loyaux comme Ken Loach que nous parviendrons, peut-être, à nous libérer de ces êtres qui pensent que leurs origines leur octroient des privilégies.         

Interview réalisé par Frank Barat
New Internationalist  -16-11-2013

- Pourriez-vous nous expliquer comment vous avez appris la lutte pour les droits des Palestiniens et pourquoi vous engagez-vous avec elle ?
- Tout a commencé il ya quelques années, quand j'ai participait comme directeur du montage d'une pièce de théâtre intitulée «Perdition». Qui traitait du sionisme pendant ​​la Seconde Guerre mondiale et des accords que des sionistes ont passé avec les nazis. Un éclairage nouveau sur la création de l'Etat d'Israël et la politique sioniste*. A ce moment, j'ai réalisé que la fondation d'Israël se basait sur un crime contre les Palestiniens, et les années ont renforcé cette conviction. Depuis, de nouveaux crimes ont été perpétrés. L'oppression des Palestiniens, qui ont perdu leurs terres et dont la vie quotidienne a été interrompue par l'occupation, qui vivent dans un état de dépression​​permanent, est quelque chose à laquelle nous devons faire face.

- Pourquoi la Palestine ? Pourquoi la Palestine est un symbole ?
- L'oppression existe dans de nombreuses parties du monde, mais il y a un certain nombre de facteurs qui rendent le conflit israélo-palestinien est un conflit particulier. D'abord, Israël se présente au monde comme une démocratie. Un pays comme n'importe quel autre pays occidental. Et il le fait tout en commettant des crimes contre l'humanité. Il a créé un état ​​divisé selon des critères raciaux, comme l'apartheid en Afrique du Sud. Il est soutenu militairement et financièrement par l'Union européenne et les États-Unis. C'est une hypocrisie impressionnante: nous soutenons un pays qui prétend être une démocratie, nous le soutenons de toutes les manières possibles et commet cependant des crimes contre l'humanité.

-Il existe différents outils pour essayer de changer cet ordre des choses, et l'un d'eux est le Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Vous avez été l'une des personnalités importantes à se joindre à l'appel au boycott culturel d'Israël ouvrant es portes que beaucoup d'autres ont suivi. Mais certains disent qu'il ne faudrait pas boycotter la culture. Que répondriez-vous à cela?
- Tout d'abord, nous sommes des êtres humains. Quand tu te vois confronté à de tels crimes tu dois répondre en tant qu'être humain, avec indépendance si tu es un artiste, un VIP ou autre. Vous devez d'abord réagir et faire tout en ton pouvoir pour rendre les autres conscients de cette situation. Le boycott est une tactique. Il est efficace contre Israël parce qu'Israël est considéré comme un phare culturel, de sorte qu'il est très sensible à un boycott culturel. Nous ne devrions pas nous mélanger avec des projets soutenus par l'État d'Israël. Les individus ne nous intéressent pas, nous devons nous concentrer sur les actions de l'Etat israélien. Cela devrait être notre objectif. Et nous ciblons cet objectif parce que vous ne pouvez pas rester immobile et accepter que des êtres humains vivent dans des camps de réfugiés pour toujours.

- Israël utilise l'art et le cinéma dans une campagne intitulée «Marque Israël". Par conséquent, l'art est politique. Selon vous, tous les films sont politiques. L'art peut être un instrument de lutte contre l'oppression?
- Bien entendu. La chose principale est la suivante: Quel que soit l'histoire que vous voulez raconter ou les images que vous choisissez, ce que vous sélectionnez indique quels sont vos intérêts. Si vous produisez un produit pour l'évasion, dans un monde plein de produit de l'oppression, vous dites quelles sont vos priorités. Par conséquent, un film commercial, fait pour gagner beaucoup d'argent, vous montrez quelque chose. A des conséquences politiques et implique une prise de position politique. La plupart de l'art a un contexte politique et des implications politiques.

- Avez-vous entendu parler du film World War Z (Guerre mondiale Z), un film avec Brad Pitt dans lequel un virus tue des gens partout sur la planète et le seul endroit épargné est Israël, grâce au mur qu'ils ont construit ?
- On dirait un script d'extrême-droite. Il faudrait voir le film avant de porter un jugement, mais, cette description semble un fantasme d'extrême droite. Fait intéressant, Israël est montré à travers ses amis. En Irlande du Nord, qui a une longue histoire de divisions entre unionistes et républicains, les unionistes peignent sur les murs le drapeau israélien et d'Afrique du Sud blanche, les républicains peignent sur les leurs les drapeaux de la Palestine et de l'African National Congress. C'est drôle comment ces alliances révèlent ce que les gens pensent vraiment.

- Etes-vous inquiet de la montée de l'extrême droite et les idées d'extrême droite partout en Europe ? Cela me rappelle le début des années trente.
- La montée de l'extrême droite accompagne toujours la récession économique, la dépression et le chômage de masse. Ceux qui sont au pouvoir et qui veulent le conserver ont toujours intérêt a trouver des boucs émissaires, parce qu'ils ne veulent pas que les gens se battent contre le véritable ennemi, qui est la classe capitaliste, les propriétaires de grandes industries qui contrôlent la politique. Et donc chercher des boucs émissaires. Les plus pauvres, les immigrés, les demandeurs d'asile, les gitans, ils sont à blâmer. L'extrême droite choisit les plus vulnérables, les plus faibles, pour les désigner comme coupables de la crise de leur système économique. Quand il ya un chômage de masse, les gens sont mécontents et doivent trouver quelque chose à combattre. Les Juifs ont été blâmés dans les années trente et ont été victimes de choses terribles. Maintenant se sont les immigrés, les chômeurs... Nous avons une presse misérable en Grande-Bretagne qui désigne les chômeurs eux-mêmes comme responsables du chômage, quand, bien sûr, ce qui se passe est qu'il n'y a pas d'emplois.

- Comment pouvons-nous répandre quand les mêmes personnes contrôlent tout: les médias, le capital, la politique ? Comment pouvons-nous, la société civile, affronter et vaincre cette idéologie, si nous n'avons pas accès à la presse grand public?
- Vaste question. En fin de compte, il n'y a pas d'autre endroit que la politique. Il faut faire une analyse de la situation et organiser la résistance. La façon de s'organiser est toujours la grande question. Il faut vaincre chaque attaque sur le terrain et être solidaire avec ceux qui subissent les attaques les plus fortes. Parallèlement organiser des partis politiques. Le problème est que nos partis "classiques" font une analyse erronée de la société. Nous avons les partis staliniens de gauche qui ont amenée les gens dans une impasse. Nous avons les sociaux-démocrates, qui veulent nous faire croire que nous devons travailler dans le système, que nous pouvons le réformer, que nous pouvons faire en sorte qu'il fonctionne. Ce qui est clairement une fantaisie, parce jamais ne fonctionnera. La grande question est: quel type de politique ? Les gens y sont confrontés tous les jours.

- Votre dernier film traite de ​​ces points. Personnes marginalisées par leurs opinions politiques. Aujourd'hui, j'ai lu que Jimmy Hall pourrait être votre dernier film et que vous souhaitez vous concentrer sur les documentaires, ce qui peut-être est une bonne nouvelle pour la Palestine.
- Je ne suis pas fixé à ce sujet. Le tournage de Hall de Jimmy était très long et difficile travail. Je ne suis pas sûr de pouvoir faire un autre film comme ça. Mais il faut encore aimer faire du vacarme dans de nombreux endroits et je trouver la meilleure façon de continuer à le faire. C'est évident, que je devrais faire des films sur la Palestine. Et ce qui manque c'est que se soit les Palestiniens qui les fassent. En fin de compte, la lutte palestinienne sera un triomphe. Les choses ne restent immobiles pour toujours. A la fin gagneront. La question est de savoir quelle Palestine émergera alors ? Il n'est pas question seulement de terminer avec l'oppression israélienne, l'éternelle question est: comment sera l'Etat qui va surgir alors ? Représentera-t-il tout le Peuple palestinien ? Ou sera encore dominée par une classe opulente qui opprimera le reste des citoyens indépendamment de leur origine ? La grande question est de savoir quel l'Etat doit émerger.

Entrevue réalisée par Frank Barat pour "Les Mur ont des Oreilles".

Notes
* Finalement a été interdite par la direction du théâtre quelques jours avant la première pour être supposément antisémite et prétendre délégitimer Israël. Ce qui est un aveu en soi. (N. du T.)



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