Communiqué
de presse
26 décembre 2013 par ATTAC/CADTM Maroc
Pour la première fois dans l’histoire de la Justice
marocaine, la Banque
mondiale est appelée à se présenter devant le
Tribunal de première instance de la ville de Rabat, dans le cadre d’une affaire
tout à fait emblématique, et alors que jusqu’à présent l’idée reçue est que
cette institution internationale bénéficierait de l’immunité diplomatique
conformément à la Convention des Nations-Unis de 1947.
L’affaire portée devant la Justice comporte des dimensions
scientifiques, sociopolitiques et stratégiques. En résumé, elle concerne un
programme de recherche intitulé RuralStruc, confié à un groupe de chercheurs
marocains de l’Institut Agronomique et Vétérinaire Hassan II de Rabat et
constitué de MM. Najib Akesbi, Driss Benatya et Mohamed Mahdi. Après avoir
falsifié des données et des résultats de l’étude en question, et ce contre la
volonté des chercheurs concernés qui ont de ce fait refusé de la valider
scientifiquement, la Banque mondiale a quand même publié et fait circuler le
rapport portant de fausses données sur le Maroc.
On sait qu’un certain nombre de pays, notamment africains,
avaient déjà saisi la justice à la suite de « programmes » que la
Banque mondiale leur avait imposés et dont les conséquences économiques et
sociales s’étaient révélées catastrophiques pour leurs peuples. On compte en
particulier de nombreux différents liés à la question de la « dette odieuse »
accumulée par ces pays et gaspillée dans des projets qui y ont plutôt aggravé
le sous-développement et la pauvreté. Seulement, la Banque mondiale s’est
toujours protégée derrière sa prétendue « immunité diplomatique ».
C’est ce « tabou » qui vient de tomber avec la comparution du
représentant de la Banque mondiale devant le Tribunal de première instance de
Rabat.
L’évolution de ce procès sera une occasion pour faire
valoir le droit et la justice, occasion à travers laquelle la justice
s’affirmera consciente de ses responsabilités et de sa nécessaire neutralité,
conformément à la protection que la Constitution garantit au corps des
magistrats contre toute tentative d’influence. Ce procès sera aussi une
occasion pour que les responsables marocains agissent de manière à ce que les
Institutions financières internationales se comportent avec plus d’égards et de
respect pour l’opinion publique et les citoyens, et que l’intérêt du peuple
marocain soit au dessus de toute considération.
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