Lisez attentivement, pesez les mots.
Gideon
Levy :
né en 1953 à Tel-Aviv, est un journaliste et écrivain israélien, membre de la direction du quotidien israélien Haaretz.
né en 1953 à Tel-Aviv, est un journaliste et écrivain israélien, membre de la direction du quotidien israélien Haaretz.
20-01-2016
En 2016, il n'est pas
nécessaire d'être Adolf Eichmann pour être exécuté en Israël: il suffit
d'être une adolescente palestinienne avec
des ciseaux.
Il faut dire les choses
comme elles sont: Israël exécute extrajudiciairement presque tous les jours.
Toute autre qualification est un mensonge. S'il y eut quelque fois ici un débat sur la
peine de mort pour les terroristes, maintenant ils sont exécutés sans procès
(sans discussion). S'il y eut quelque
fois une discussion sur les règles
d'engagement, aujourd'hui c'est
clair: nous tirons pour tuer des
palestiniens ou palestiniens suspects.
Le ministre de la Sécurité publique Gilad Erdan a
clairement résumé la situation quand
il dit: "Tout terroriste sur le point
de commettre un attentat doit
savoir qu'il ne survivra pas."
Et pratiquement tous les politiques l'ont soutenu avec une nauséabonde unanimité,
de Yaïr Lapid et en avant.
Jamais n'ont été accordées autant licences
pour tuer, n'y il y avait autant
de doigts impatients sur la gâchette.
En 2016, il n'est pas
nécessaire d'être Adolf Eichmann pour
être exécuté en Israël: il suffit d'être une adolescente palestinienne
avec des ciseaux. Les pelotons
d'exécution sont actifs tous les
jours. Soldats, policiers et civils tirent a vue sur ceux poignardent des israéliens, ou tentaient de les poignarder,
ou penser qu'ils allaient
le faire, et ceux qui renversent des israéliens avec leurs voitures,
ou soupçonnés, de l'avoir fait.
Dans de nombreux cas, il n'y avait pas
besoin de tirer et certainement pas besoin de tuer. Dans de nombreux cas, la
vie des tireurs n'était pas en danger. Ils ont tiré pour tuer des gens portant un couteau ou des ciseaux, ou des gens qui
tout simplement mettaient leurs mains
dans les poches, ou perdu le contrôle de sa voiture. (sous
les balles)
Les soldats tiraient pour tuer, indistinctement, hommes, femmes, filles et garçons adolescents. Leur ont tiré quand ils étaient debout et inclus lorsqu'ils ne représentaient pas une
menace. Ils ont tiré pour les
tuer, pour les punir, pour donner
libre cours à leur rage et leur vengeance. Le dédain
pour ces incidents est tel, que rares sont ceux qui ont une
couverture médiatique.
Samedi dernier, dans le poste de contrôle (checkpoint) de Bekaot
(Hamra pour les Palestiniens),
dans la vallée du Jourdain, les
soldats ont assassiné de 11 balles, l'homme
d'affaires Abu al-Wafa
(35), père de quatre enfants. Dans le même temps, ils ont également tué
de trois coups de feu à Abu Maryam Ali,
étudiant et travailleur agricole de 21 ans. L'armée n'a
donné aucune explication sur l'assassinat des deux hommes; leur
seule explication: "il y avait des soupçons
que quelqu'un aurait pu avoir un couteau". Il y a des caméras de sécurité sur place, mais
l'armée ne rend publique aucune
image ou trace de l'incident.
Le mois dernier, d'autres soldats ont tué Nashat Asfour,
un père de trois enfants qui travaillait dans une grange avicole
israélienne. Il a été abattu dans son village, Sinjil, à une distance de 150 mètres,
alors qu'il revenait d'un mariage.
Plus tôt, le même mois, Mahdia Hammad (40),
mère de quatre filles, rentrait chez-elle dans son village, Silwad, lorsque la police israélienne des frontières a pulvérisé sa voiture avec des dizaines de balles parce qu'ils pensaient qu'elle avait l'intention de les écraser.
Les soldats, n'ont
même pas suspecté quelque chose de l'étudiante en cosmétologie Samah Abdallah
(18): simplement ils ont tiré sur la
voiture «par erreur» et a été tué. Ils ont soupçonné qu'un piéton de 16 ans, Alaa al-Hashash, allait les poignarder.
Ils l'ont exécuté aussi, bien entendu.
Ils ont aussi tué Ashraqat Qattan Ani (16
ans), tenant un couteau et courrait après une femme israélienne. En
premier un colon l'a
écrasé avec sa voiture, et
alors qu'il gisait blessé sur le sol, colons et des soldats ont tiré au moins quatre fois. Quoi d'autre est-ce, qu'une exécution?
Et quand les soldats ont tiré dans le dos de Lafi Awad (20 ans) quand il a fuyait après avoir jeté des pierres. N'a pas été une exécution ?
Ce ne sont que quelques cas documentés au cours des dernières semaines dans Haaretz.
Le site du groupe B'Tselem a une liste de 12 cas supplémentaires de ces exécutions.
La ministre suédoise des
Affaires étrangères, Margot Wallström, l'un des rares
ministres avec une conscience qui
restent dans le monde, a demandé
une enquête sur ces décès. Il ne
peut pas y avoir une exigence plus
morale et juste. Cette exigence aurait
dû sortir de notre propre ministre de la Justice.
Israël a répondu avec leurs habituelles vociférations. Le premier ministre a déclaré que la demande était "scandaleuse, immoral et
injuste". Et Benjamin Netanyahu comprend
bien le sens de ces termes:
qu'ils sont exacts pour décrire la
campagne d'exécutions criminelles
qu'Israël réalise sous ses ordres.
Photo de l'année
Afin de bien délimiter la
porté du mot terroriste, il faut comprendre que ce que les autorités
israéliennes appellent terroriste, ce sont des palestiniens qui vivant sous la
terreur la plus absolue résistent et se défendent, risquent leur vie pour crier
au monde: "on en a assez..." [les nazis, aussi,
nommaient ainsi les résistants]. Il tuent des innocents, sans doute, mais
Israël assassine un peuple sous nos yeux, un peuple qui ne lui avait rien fait.
Le plus grave à mes yeux ne
sont pas ces exécution sommaires, mais le soutient que ce gouvernement reçoit
de la part de nos élus, qui s'autoproclament démocrates alors qu'ils ne sont que de vulgaires truands
sans état de conscience.
Comment le Président
français, le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et (...)
peuvent encore soutenir cette politique sans avoir honte d'être né ?
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