lundi 14 novembre 2016

Il y a 99 ans la Déclaration Balfour



C'est aussi Illan Pappe qui a dit:
"Pour comprendre le conflit du Proche-Orient, il faut cesser de le considérer, comme : "un conflit entre eux mouvements nationaux, avec le même droit et le même enracinement à la terre, se disputant un territoire" et l'analyser avec honnêteté, pour ce qu'il est; (c'est à dire) un projet européen colonial qui a cherché à remplacer la population indigène arabe par des immigrants d'origine juive.




Il y a 99 ans la Déclaration Balfour a marqué le début d'un projet colonial de proportions tragiques
Novembre noir

Ilan Pappe [Historien israélien, né à Haifa en 1954, aujourd'hui exilé en Angleterre où il professe à l'université d'Exeter et est directeur du Centre européen d'études sur la Palestine].

10-11-2016

L'homme politique britannique Lord Arthur Balfour signale
une caractéristique de l'Eglise du Saint-Sépulcre
au gouverneur Sir Ronald Storrs
 au cours d'une visite à Jérusalem,
Avril 1925 [Getty]

Novembre est un mois douloureux dans le calendrier civil palestinien. Il est marqué de journées commémoratives qui ont un thème commun: le partage de la Palestine.

Aujourd'hui (2 Novembre 2016 N. T) est le 99e anniversaire de la déclaration Balfour. Bien qu'il ne parle pas de partition, les graines ont été semées et qui a finalement ont  permis au mouvement sioniste de confisquer la Palestine.

Le 15 Novembre est commémoré la Déclaration d'indépendance de la Palestine (promulguée par le Conseil national palestinien, CNP), qui, ne voulait pas d'un partage de la Palestine, en dépit de l'injustice et de la criminalité impliquées dans la commémoration un acte de ce genre.


En mettant dans l'ordre chronologique correct, nous pouvons voir une ligne directe entre la Déclaration Balfour de 1917, la résolution de la partition de l'ONU en 1947 et le document de CNP 1988. Il est intéressant d'investir notre temps de relire les sages paroles d'Edward Saïd sur la Déclaration Balfour:

"Le plus important de la Déclaration, en premier lieu, est qu'il a longtemps formé la base juridique des revendications sionistes en Palestine, et d'autre part, et davantage crucial pour étayer nos propos ici, est qu'elle était une déclaration dont la force de position ne peut être apprécié quand le  groupe démographique, ou les présences physiques des Palestiniens, sont clairement comprises. Alors que la Déclaration a été faite:
  • (a) par une puissance européenne
  • (b) sur un territoire non-européen
  • (c)avec un mépris total à la fois de la présence comme la volonté de la majorité des habitants autochtones de ce territoire, et
  • (d) qui a formé une promesse de ce même territoire à un autre groupe étranger, sur ce que ce groupe étranger pourrait, littéralement, le dit territoire pourrait constituer le foyer national pour le peuple juif ».

De fait c'était plus que cela: il a permis un mouvement colonial, qui est apparu plus tard dans l'histoire, pour concevoir un projet réalisable inclus avant même de mettre le pied sur cette terre ou avoir eu une présence géographique et démographique significative en Palestine. Quelle logique?   "La logique de l'élimination des natifs de cette terre"

La population indigène de Palestine était beaucoup mieux équipée que les Indiens américains ou les Aborigènes pour faire face au danger du sionisme lorsqu'il ce dernier est né.
Ils avaient également une meilleure compréhension de l'autodétermination et de la nationalité que n'importe lequel de tous les autres peuples autochtones de cette époque.




La Déclaration Balfour est une lettre écrite par le ministre de Affaires  Extérieures, de l'époque, Arthur James Balfour confirmand le compromis du Royaume-Uni pour établir  un État juif en Palestine.

En 1917, les Palestiniens habitaient presque exclusivement leur terre natale et possédaient la plupart des terres. Seul avec l'aide des baïonnettes britanniques, le projet colonial sioniste, pouvait survivre, a ses débuts,  des révoltes palestiniennes en 1920, 1921, 1929 et 1936, en particulier.
L'armée Britannique utilisa son immense force, qui incluait la Force Royale Aérienne (RAF, pour son signe en  anglais) pour étouffer le soulèvement palestinien de 1936, qui dura trois ans et eut comme résultat d'exclure les anglais de la direction nationale palestinienne, tant pour les assassinats que pour l'exil forcé de palestiniens.      

Ce fut le principal héritage du projet Balfour: non pas tant pour la consécration de son texte, mais par la politique qui en suivit et qui conduisit finalement au Nettoyage ethnique de 1948. (*) Il y avait des fonctionnaires britanniques en Angleterre et en Palestine, qui avaient des doutes et des réserves au sujet de l'alliance avec le sionisme. Ils ont eu quelque chose à dire lorsque le gouvernement britannique a envoyé une commission royale d'enquête pour étudier les origines de la révolte de 1936.
On peut, légitimement penser que lord Balfour s'est fait acheter, comme par ailleurs la majorité des dirigeants occidentaux encore aujourd'hui, qu'ils soient juifs ou non, mais à coup sur cupides.   
(*) L'expatriation de plus de 700.000 palestiniens par la violence, la destruction de 351 villages palestiniens, des massacres de villageois sans défense…] En un "MOT" la mise en pratique du "Plan D".

La commission espérait pouvoir rectifier quelques des injustices suggérant la partition  entre les colons et la population native.
La direction sioniste a exhorté les Britanniques à transférer les Palestiniens,  des territoires accordés aux colons sionistes, quelque fusse la zone, mais cela a été quelque chose que Londres a refusé de faire. Mais les sionistes ont passé outre commettant les exactions, ci-dessus, décrites.
Cependant, en légitimant la partition de la Palestine en tant que "solution" avec l'aval international, la Grande-Bretagne a clairement associée cette résolution géographique avec le projet de base de tout mouvement colonial, qui a si brillamment défini feu Patrick Wolfe comme "la logique de l'élimination du natif ".

Le monde arabe a soutenu le refus de la partition palestinien et espérait, dans un premier temps, le changer par des moyens diplomatiques. Quand il est devenu évident au cours des premiers mois de 1948 que le nettoyage ethnique de la Palestine avait commencé sérieusement, l'opinion publique arabe à demandé plus de leurs gouvernements.
Avec une telle bénédiction il n'a pas été surprenant que, à partir de ce moment-là, la partition et le nettoyage ethnique étaient d'emblée dans la pensée et la pratique sioniste et n'attendaient que les armées arabes se manifestent. Et qui avec l'aide logistique, des satellites US, et matérielle occidentale, ne devraient pas poser de problème majeur.
Le sionisme fit appel aux Juifs du monde afin de recueillir des fonds à fin de sauvegarder  leur existence. Or l'existence des juifs de Palestine n'à jamais été en danger. On peut donc affirmer en toute intelligence que le sionisme a escroqué la Communauté juive…    

Lorsque le cabinet britannique a annoncé sa décision de quitter la Palestine au début de Février 1947 et fait référence à l'avenir du pays à l'ONU, surgit l'opportunité historique de fusionner à nouveau la partition avec le transfert de la population.

Cette fois-ci, la direction sioniste ne cherchait pas la légitimité internationale pour le transfert; il devenait implicite avec la partition. S'additionnait correctement a la partition, en particulier deux ans après l'Holocauste, il serait internationalement accepté comme une solution juste, morale et raisonnable.


Un crime européen:  
Le rejet naturel palestinien de l'idée de partager sa patrie avec les colons, dont la plupart étaient arrivés d'Europe tout juste quelques années plutôt, tombait dans les oreilles occidentales qui ne voulaient pas entendre.
Installer les Juifs en Palestine, sans la nécessité de parvenir à un accord pour ce que l'Europe leur a fait pendant la Seconde Guerre mondiale, s'est converti en la sortie la plus facile du moment historique le plus ignoble d'Europe.

Tel qu'il est évident aujourd'hui par les documents, la direction sioniste considérait la résolution de la partition comme la légitimation internationale d'un Etat juif en Palestine et le rejet de la Palestine comme prétexte pour le nettoyage ethnique de la population indigène.
Tout le monde se souvient du : Jugement de Salomon [la maman légitime préférait abandonner son enfant plutôt que de le voir partagé (coupé) en deux] Mais nous savons tous que les Juifs (sans doute pas tous) ont un rapport irrationnel lorsque leurs intérêts sont en jeu. C'est-à-dire que ce qui est bon pour eux ne l'est pas forcement pour les autres. Ou ce qu'ils font ils ne voudraient, en aucun cas, que l'on leur fît. Comme pour leur rapport au mensonge. Un homme honnête en s'engageant gage sa moralité, pour un sioniste s'est un moyen de parvenir à ses fins. Et là est le drame de la Palestine.  

Le monde arabe a soutenu le refus palestinien et espérait tout d'abord par des moyens diplomatiques pour changer la résolution. Quand il est devenu évident au cours des premiers mois de 1948 que le nettoyage ethnique de la Palestine a commencé sérieusement (en mai la plupart des villes palestiniennes début ont été dépeuplées et certains lavé complètement par les forces sionistes), l'opinion publique arabe a exigé plus de leurs gouvernements.

Un des points culminants de cette manière de penser, fut le massacre de Deir Yassin d'Avril 1948. Ou parmi tant d'autres le Nettoyage ethnique et judaïsation d'Ain Karem.  Au début, la Ligue arabe a commencé à coordonner une opération militaire à grande échelle pour arrêter la destruction de la Palestine.
Tous les dirigeants arabes n'ont pas été vraiment intéressés dans cet objectif et aucun d'eux  n'était disposé à apporter une force militaire significative à la campagne.
Le résultat fut une défaite totale par les forces israéliennes, qui par le renseignement satellitaire US n'eut aucun mal de détruire au sol les avions arabes, et ont pu continuer, sans aucun reproche ou intervention internationale, la Nettoyage Ethnique de la Palestine.

Occupation:  
Deux régions étaient en dehors du champ d'Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie. Non pas parce que Israël manquait du pouvoir de les occuper, mais parce que leurs dirigeants ont décidé que la Cisjordanie était un passif démographique et la bande de Gaza pourrait servir en tant que réservoir pour centaines de milliers de réfugiés qu'Israël a poussé au sud de Jaffa et Jérusalem. *
(*) Je ne suis pas tout à fait d'accord avec cette analyse. En effet, la Cisjordanie avait fait l'objet d'un pacte secret, entre le Roi Hussein de Jordanie et Golda Meir, alors premier ministre israélien. La Jordanie n'a pas fait partie de la coalition arabe contre Israël suite a cet accord, qui stipulait que le territoire resterait à la Jordanie. C'est plus tard et devant la détresse palestinienne que Hussein de Jordanie décida de leur redonner ce territoire. Quand à la Bande de Gaza, elle était administré par l'Egypte. C'est après que l’Égypte fut vaincue, qu'Israël continua sa marche en avant. 
Cependant, depuis 1948, un de ces groupes qui ont opéré en franc-tireur auteurs de massacres, opérant en Israël sous le couvert de la Haganah (embryon de la future armée israélienne) exigeant l'occupation des derniers vestiges de la Palestine. L'occasion est venue en 1967, avec la participation, entre autres, de la France et de l'Angleterre…

Peu après, s'est fait évident que, au moins pour certains Israéliens, cela n'a pas été un développement positif. L'occupation des terres de millions de Palestiniens résulta  être un inattendu casse-tête politique et, pendant un certain temps, un fardeau financier.
Puis vint le camp de la paix israélien qui est né avec la volonté de contrôler ces deux zones de l'extérieur et de leur accorder l'autonomie. Et plus tard, certains membres du mouvement ont été disposés à appeler ces zones un état.
Au même moment les colons, avec et sans la bénédiction du gouvernement, ont commencé à occuper la Cisjordanie et la Bande de Gaza.
Comme en 1936, puis en 1987, un peuple opprimé a essayé de s'opposer au projet colonial. Cette fois, il y-a-eu quelque réaction internationale positive qui a accordée à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) l'espoir d'impulser la cause. Il semblait même que les Etats-Unis, à l'époque de l'après-guerre froide, pourrait changer d'attitude.

La substitution la présence par l'absence
La bénédiction américaine avait un prix: que l'OLP reconnaisse la partition de la Palestine (résolution 181 du 29 novembre 1947 par l'ONU) et d'accepter la perte de près de 80% de la patrie, au profit du sionisme.
La Déclaration israélienne d'Indépendance a navigué entre le pragmatisme nécessaire et la loyauté aux principes moraux et basics du mouvement de libération. La partition a été reconnue comme un crime en plus d'un fait accompli.
La majeure partie des Kibboutz, implantations sommaires gardés par une palissade, un mirador et des hommes en armes, et cela dès le départ, l'ont été par le fait accompli. A cette époque les villages avaient comme toute défense, l'équivalent de nos gardes forestiers, deux gardes armées de fusils de la première guerre…
Malgré l'injustice historique faite au Peuple palestinien avec le Nettoyage Ethnique et la privation du Droit, du Droit au Retour et a l'autodétermination après l'adoption de la Résolution 181 de l'Assemblée Générale (II) de 1947, qui divisa la Palestine en un Etat arabe et un Etat juif. Cependant, cette résolution continue de mettre en évidence la légitimité internationale qui garantissait au peuple palestinien le droit à la souveraineté et a d'indépendance nationale.
Cela aurait pu fonctionner si la partition avait eu une véritable stratégie ou une vision de l'État colonisateur d'Israël. Cependant, la concession totale de l'exclusivité de la propriété démographique et géographique est un scénario impensable pour tout projet colonial. Le but est de déplacer les indigènes et les remplacer. Ou comme l'à dit Edward Said, le remplacement de la présence par l'absence.
Il me semble personnellement qu'il eut fallu abandonner le projet colonial et si les juifs voulaient trouver paix et sérénité, surtout après l'Holocauste, le faire avec les palestiniens comme partenaires et non à leur place comme l'on voulu les criminels sionistes et nos dirigeants actuels. [Cupides, jouisseurs, manipulateurs, malhonnêtes, menteurs, va-t-en-guerre, a la stupide infinie …]
Depuis le point de vue israélien/sioniste, la partition ne peut être qu'un moyen pour compléter le projet du colonialiste, jamais ne pourra être utilisé pour limiter ou abandonner le projet.
Ainsi, la Déclaration d'indépendance n'a pas affecté la réalité sur le terrain, pas plus que l'on fait les tentatives internationales, régionales ou locales pour imposer l'idée de la partition comme une "solution à deux Etats."
Le discours sur la partition a continué, alors que la réalité du colonialisme couvrait presque la totalité de la Palestine historique.

Novembre est un bon mois pour réfléchir sur le pourquoi de la partition, c'est que décrit dans le jargon étatsunien comme la meilleure façon de garder les voisins heureux, est égal à l'occupation, la colonisation et le nettoyage ethnique.

Les graines ont été plantées en 1917, récoltées en 1947 et empoisonnent le pays depuis. Il est temps d'adopter une vision morale et politique dans cette histoire pour un avenir meilleur.


Ilan Pappe es el director del Centro Europeo de Estudios Palestinos de la Universidad de Exeter. Ha publicado 15 libros sobre Oriente Medio y sobre la cuestión de Palestina.

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