vendredi 12 novembre 2010

Rachel Corrie Foundation


Le témoignage du conducteur du bulldozer souligne le manque de transparence du procès Corrie
Rachel Corrie Foundation     [ 25/10/2010 - 12:39 ]




Haïfa, Israël – Le conducteur du bulldozer qui a renversé et tué Rachel Corrie en mars 2003, à Rafah, Gaza, a témoigné pour la première fois ce jeudi 21 au procès de la famille Corrie contre l’Etat d’Israël, mais l’a fait sous des mesures extraordinairement protectrices qui continuent de souligner le manque de transparence de l’enquête comme du procès lui-même. 

Ci-contre : Y.P., l'assassin de Rachel, a témoigné derrière un paravent 
Le conducteur, Y.P., dont le nom n’a pas été révélé, est un immigrant russe de 38 ans qui est arrivé en Israël en 1995. Il fut le seul témoin à comparaître de la journée et a témoigné pendant quatre heures derrière un paravent, une mesure dont l’Etat a affirmé qu’elle était nécessaire pour protéger sa sécurité. Les avocats des Corrie ont demandé que la famille soit autorisée à le voir même si le public ne le pouvait pas, mais leur demande a été rejetée. 


« Nous avons été déçus de ne pas le voir, » a dit Cindy Corrie, la mère de Rachel. «C’est un affront personnel que les avocats de l’Etat et le gouvernement israélien, pour des questions de sécurité, aient choisi d’empêcher notre famille de voir le témoin. »


De nombreux journalistes, observateurs des droits de l’homme et membres du public ont été écartés de l’audience de jeudi. La salle du tribunal n’avait que deux longues rangées de sièges, dont presque la moitié était occupée pour la première fois par des observateurs, apparemment du bureau du procureur et du Ministère de la Défense.

En plus de quatre heures d’un témoignage souvent confus, Y.P. a semblé avoir du mal à lire et à comprendre sa propre déclaration sous serment signée en avril. Il n’a pu se souvenir des faits de base, comme la date du meurtre de Rachel ou à quel moment de la journée il s’est produit. Il a à maintes reprises contredit ses propres déclarations et le témoignage qu’il avait donné aux enquêteurs militaires en 2003.

Ce qu’il ressort de son témoignage :


• Y.P a déclaré qu’après avoir roulé sur Rachel et reculé, elle se trouvait entre son bulldozer et le tas de terre qu’il avait poussé, corroborant les preuves photographiques et le témoignage des témoins oculaires internationaux fait devant le tribunal en mars. Son témoignage remet en question celui du commandant qui était à l’intérieur du bulldozer, dont la déclaration sous serment affirme que le corps de Rachel était situé à un endroit différent, sur le côté du monceau de terre créé par le bulldozer. Au tribunal, il a été demandé à Y.P. si, étant donné cette contradiction, il voulait modifier son témoignage. Il a affirmé que non.


• Lors de son témoignage aux enquêteurs de la police militaire seulement trois jours après l’incident, Y.P. avait dit que la zone aveugle devant le bulldozer était de 3 mètres. Contredisant le témoignage, il a affirmé que la zone aveugle était de 30 mètres – dix fois la distance de la première déclaration. 
• Y.P. connaissait les règlements selon lesquels le bulldozer ne devait pas travailler à moins de 10 mètres d’individus. Il savait que des civils étaient présents mais a dit qu’on lui a donné l’ordre de continuer à travailler. Il a dit, Je suis juste un soldat. Ce n’était pas ma décision.

• Il a affirmé qu’il n’avait pas vu Rachel avant l’événement. Pas plus qu’il ne se souvenait de l’avoir vu de toute la journée, en dépit du fait qu’elle avait protesté contre l’activité du bulldozer pendant plusieurs heures et qu’elle était la seule activiste femme portant un gilet orange fluorescent.

Après le témoignage du conducteur, Cindy Corrie a déclaré, « Il était très difficile d’entendre ou de détecter quoique ce soit, dans les paroles ou la voix de ce témoin, qui suggère le remord. C’est triste, mais tout ce que j’ai entendu venant de l’autre côté de l’écran, c’est de l’indifférence. »

L’audience de jeudi a été suivie par des représentants de l’Ambassade des Etats-Unis, d’Avocats sans frontières, du Centre pour les droits constitutionnels, de la Fédération internationale pour les droits de l’homme, de la Guilde nationale des avocats, d’Adalah et de l’Association arabe pour les droits de l’homme, dont beaucoup ont suivi les audiences tout au long du procès.

Les prochaines audiences auront lieu les 4 et 15 novembre, entre 9h et 16h, devant le juge Oded Gershon, au Tribunal de District d’Haïfa, 12 Palyam St., Haïfa, Israël. D’autres dates devraient être annoncées rapidement.

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Source : Rachel Corrie Foundation 
Traduction : MR pour ISM   



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