Par Ziad
Medoukh, directeur du département de français à l’Université Al Aqsa de Gaza,
le 15 mai 2017
« 69 ans de la Nakba, la
lutte continue »
C’est dans une conjoncture très particulière, mais avec
beaucoup d’espérance et de détermination que le soixante-neuvième
anniversaire de la Nakba-la catastrophe- est commémoré par tous les
Palestiniens, où qu’ils résident.
15 mai 1948 -15 mai 2017, soixante-neuf ans déjà,
soixante-neuf ans depuis le début du drame des Palestiniens,
soixante-neuf ans de souffrance, de malheurs et de massacres pour un peuple
digne, soixante-neuf ans depuis le début de cette injustice imposée à
un peuple sur sa terre, soixante-neuf ans de déportation d’un peuple pour
le remplacer par un autre peuple.
Mais, soixante-neuf ans de résistance, de patience, de
détermination, de courage, et de persévérance pour un peuple toujours debout,
un peuple toujours attaché à sa terre, à ses racines et à sa Palestine en dépit
de toutes les mesures de cette occupation illégale, une occupation aveugle, une
occupation qui dure, qui dure !
Les Palestiniens commémorent les soixante-neuf ans de la
catastrophe dans un contexte national et régional particulier marqué
notamment par la poursuite de l’occupation et de la colonisation dans les
territoires palestiniens, par un soulèvement populaire spontané en Cisjordanie,
par la grève de la faim collective et illimitée de plus de 1700 prisonniers
palestiniens depuis plus d’un mois dans les prisons israéliennes, par les
agressions israéliennes permanentes dans la bande de Gaza qui subit un blocus
inhumain, et l’absence de perspectives pour l’avenir.
Soixante-neuf ans et les forces de l’occupation violent
les droits les plus fondamentaux d’un peuple, soixante-neuf ans de
politique d’apartheid, de discrimination et du terrorisme d’un état hors la
loi.
En 69 ans, Israël a appliqué toutes les mesures inhumaines
illégales à l’encontre des Palestiniens, il en a emprisonné plus d’un million,
il en a massacré et assassiné des milliers, il a occupé tous leurs territoires.
L’état d’occupation a créé le problème des réfugiés
palestiniens qui vivent dans des conditions humanitaires épouvantables dans les
pays voisins et à l’étranger, et qui souffrent en permanence.
Cet état d’apartheid est le seul Etat qui, encouragé par
les grandes puissances internationales, n’a jamais appliqué aucune résolution
des Nations-Unies, pas plus que les accords de paix signés.
En 69 ans, Israël a toujours été un état illégal, un état
hors la loi, un état d’apartheid, un état colonial, un état qui considère les
citoyens arabes des territoires de 1948 comme des citoyens de seconde
zone, un état qui a construit le mur de la honte en Cisjordanie, un état
qui impose un blocus inhumain à la population civile de Gaza, un état qui érige
tous les jours de nouvelles colonies dans les Territoires, un état qui
vole tous les jours les ressources naturelles appartenant aux Palestiniens.
Un état qui n’a toujours pas de frontières, un état qui
refuse toutes les initiatives de paix régionales et internationales.
On peut citer maints exemples de l’histoire noire de cette
occupation contre les Palestiniens : agressions quotidiennes, mesures
atroces, massacres, déportations, crimes contre l’humanité, crimes de
guerre, la liste est longue, très longue, trop longue.
69 ans de résistance remarquable de toute une population
qui poursuit son combat pour retrouver la liberté et vivre dignement sur sa
terre.
Soixante-neuf ans après, les Palestiniens
s’interrogent : 69 ans de violation de nos droits ne suffisent-ils pas ?
Le temps n’est-il pas venu de réagir et d’imposer à cet état
d’apartheid l’application du droit international ? Le temps n’est-il
pas venu d’instaurer la justice en Palestine ? Les Palestiniens n’ont-ils
pas le droit de vivre, après tant d’années de souffrance, dans un état libre et
indépendant ?
69 ans après cette catastrophe, nous, Palestiniens, et
quelles que soient les mesures d’apartheid et de terrorisme d’état pratiquées,
poursuivons le combat et les sacrifices pour notre liberté. Nous
sommes plus que jamais déterminés et avons un message à délivrer au monde
entier, un message clair et précis. Nous sommes toujours attachés aux principes
suivants :
–
Non,
nous n’oublierons jamais l’histoire noire de cette occupation illégale et ses
différents crimes contre notre population civile.
–
Non,
nous ne partirons pas d’ici, nous resterons attachés à notre terre. Nous
ne partirons pas. Ici, notre terre, ici notre vie et ici notre Palestine !
–
Oui,
le droit au retour est sacré et tous les réfugiés palestiniens doivent
pouvoir retrouver leurs villes et leurs villages d’origine.
–
Oui,
nous poursuivrons notre résistance sous toutes ses formes afin de vivre en
liberté sur notre terre, cette terre appelée Palestine, et qui
s’appellera toujours Palestine.
–
Oui,
nous avons le droit de créer notre Etat libre et indépendant, avec Jérusalem
comme capitale.
–
Oui,
nous sommes prêts à vivre en paix, une paix durable, mais une paix qui
passera avant tout par la justice, par l’application du droit international,
par la fin de l’occupation illégale, et par la réalisation de toutes les
revendications légitimes du peuple palestinien.
La lutte continue ! Pour une Palestine libre et pour
une Palestine indépendante ! Nous sommes tous convaincus que notre liberté
approche, et que la justice triomphera.
Exode palestinien de 1948