samedi 4 décembre 2010

Punition collective imposée par Israël

Le lent génocide de Gaza


[ 13/11/2010 - 19:29 ]
Témoignage  - 9 novembre 2010 -

Dans le témoignage que nous vous livrons ici, un Palestinien de 49 ans (*) résidant au nord-est de Gaza porte un regard lucide et amer sur les privations de toutes sortes endurées par son peuple, ainsi que sur la nature des aides parvenues à Gaza.
Sa critique de la prolifération de programmes d’aide financés par des fonds étatiques, et par des ONG qui n’ont de « non gouvernemental » que le nom, nous indique que ce qui soulage notre mauvaise conscience peut aussi se révéler inadéquat, voire blessant.


Propos recueillis par Silvia Cattori
Punition collective imposée par Israël

Question : Pressé par les États-Unis, après le massacre en mer qui a coûté la vie à 9 citoyens turcs en mai 2010, Israël a annoncé qu’il allait laisser entrer nombre de produits à Gaza. Comment cela s’est-il traduit dans les faits ?
Réponse : Le passage commercial de Kerem Shalom, par où les Israéliens autorisent les camions à entrer à Gaza, n’est ouvert que de manière épisodique. Ils l’ouvrent un jour ; ils le referment d’autres jours. Et quand ils l’ouvrent, ils ne laissent passer qu’un nombre limité de camions par jour. Du fait de ces restrictions continues, les quantités que les camions peuvent transporter sont insuffisantes (1). Sur certains produits de base il y a pénurie, ce qui fait flamber les prix. Les gens sans revenu n’ont pas de quoi les payer. Les matériaux pour la reconstruction, comme le ciment, sont toujours interdits.

Question : Comment réagissez-vous à ces restrictions ?
Réponse : Nous attendons tout le temps qu’ils ouvrent les frontières, mais cela n’arrive jamais. Sans aucune liberté de mouvement, nous ne pouvons rien faire. Notre enfermement n’a pas commencé en 2007, comme il est dit couramment. Nous n’avons jamais connu la liberté. Nous [les Palestiniens ordinaires qui n’ont pas accès aux permis VIP - ndr] vivons emprisonnés, à des degrés divers, non seulement à Gaza mais aussi en Cisjordanie. L’enfermement s’est accentué considérablement depuis 2000. Il s’est aggravé en 2005 quand les colons sont partis de Gaza. Il est devenu total en 2007, après la tentative de coup d’État par les forces du Fatah fidèles à Mahmoud Abbas [ce coup d’État raté devait renverser les autorités du Hamas - ndr).

Notre liberté de parole a toujours été très limitée. À Gaza - mais aussi en Cisjordanie - critiquer les autorités, peut conduire en prison. Aujourd’hui, où les autorités du Hamas sont assiégées et sous la menace des drones de l’armée israélienne, cela n’arrange pas les choses ; celui qui critique leur politique peut se voir interpellé par les agents de sécurité, soupçonné de travailler pour les gens qui collaborent avec l’ennemi.

Question : À Gaza, comme en Cisjordanie sous l’Autorité Palestinienne de Ramallah, les gens ne parlent pas librement ?
Réponse : C’était déjà ainsi du temps de Yasser Arafat. La situation serait sans doute moins étouffante aujourd’hui pour les Palestiniens s’ils ne vivaient pas sous une double menace. La menace d’Israël et la menace des éléments qui s’associent à l’ennemi pour revenir au pouvoir. Mais si nous comprenons que les autorités du Hamas doivent assurer la sécurité, je crois que cela ne doit pas se faire en bâillonnant toute critique.

La propagande des Autorités de Ramallah est très active. Récemment, elles ont accusé le Hamas de pourchasser des membres du Fatah à Gaza ; elles ont présenté l’arrestation d’un homme, au nom totalement inconnu à Gaza, comme étant celle d’un chef du Fatah. Ce n’est pas la première fois que l’arrestation d’un trafiquant d’armes ou de drogue est présentée comme une affaire politique.

Question : Toutes ces restrictions doivent être terriblement frustrantes ?
Réponse : Il y a ici mille occasions d’être frustrés. Elles viennent parfois de ceux qui veulent nous aider. D’ONG qui prolifèrent et lancent des programmes contre-productifs et qui heurtent nos traditions, qui abusent de notre faiblesse, qui nous maintiennent dans une situation d’infériorité. Je m’interroge sur la valeur de nombre de projets dont l’objectif à long terme semble être de nous façonner à une certaine idéologie. Il y a de quoi se poser des questions sur des organismes humanitaires dont l’activité se concentre sur des projets qui permettent de pénétrer les foyers, partant, de mener un travail de fond sur chaque individu. Je pense que cela échappe au contrôle du Hamas.

Question : Une ONG peut s’installer sans autres ? Quelle ONG chercherait en particulier, à vous « façonner » ?
Réponse : Après l’agression israélienne de 2008-2009, c’était un tel désastre ! De nombreuses ONG se sont ruées sur Gaza.
Au départ les agences arrivent en apportant des médicaments, de la nourriture ; puis leur aide se transforme en programmes pour encadrer et orienter psychologiquement et culturellement les jeunes et les femmes. Il ya des groupes dont les membres, sous couvert d’aide humanitaire, semblent faire du renseignement (2).

L’activité d’une ONG comme Mercy Corps (3) par exemple, s’est beaucoup développée depuis la Nakba de 2009. Cette ONG avait commencé à s’implanter en 2005, l’année ou Israël a retiré ses colons de Gaza. Mais depuis 2009, elle s’est installée de manière plus massive, d’abord en apportant de la nourriture et des médicaments.
Des grosses ONG d’aide médicale financent, dans des hôtels, des séminaires qui sont perçus comme de la simple distraction.

Il y a une tendance à nous considérer comme des « sous développés ». On ne prend pas en compte le fait que les gens ici sont bien formés, bien éduqués. Nous n’avons pas besoin d’experts, d’expatriés ; nous sommes capables de gérer des projets utiles pour notre peuple si on nous donne les moyens matériels de les réaliser. On a vu passer assez d’experts envoyés par les États, l’ONU, etc, et sans résultat.

C’est quand il y a des massacres, des centaines de corps déchiquetés, que les humanitaires de ces ONG seraient attendus et utiles (4). Nous pouvons fort heureusement compter sur le dévouement et le courage de notre personnel médical.

Question : Qu’en est-il de la qualité de l’eau maintenant ?
Réponse : L’eau contaminée demeure notre grande préoccupation. Elle est toujours imbuvable, et nous devons malgré tout la boire. Les gens qui n’ont pas les moyens d’acheter une eau potable, sont de plus en plus effrayés de devoir boire et cuisiner avec cette eau. Une eau saumâtre, très salée.
Question : Les convois et flottilles qui, depuis 2008, cherchent à aider la population de Gaza vous aident-elles dans ce contexte cauchemardesque à garder le moral et un peu d’espoir ?
Réponse : Le soutien extérieur est très important. L’action de ces gens qui se mobilisent pour Gaza signale à Israël que nous ne sommes pas seuls et qu’il devra tôt ou tard rendre des comptes. Israël fait tout pour torpiller l’aide matérielle. L’argent engagé est à chaque fois perdu. J’aimerais dire aux gens qui veulent venir ici, de venir sans rien apporter. Il y a eu des stocks de médicaments et de nourriture bloqués sur la route, qui ont du être jetés car ils étaient avariés. Au lieu de nous apporter des choses inutiles, les gens peuvent apporter de l’argent, le donner à des municipalités. Cela peut servir à financer des projets utiles à toute la collectivité. Notamment pour rendre l’eau potable.

(*) Nous préservons l’anonymat de notre interlocuteur.


[1] Voir : Israël maintient volontairement les Gazaouis à un niveau proche de la famine , par l’International Middle East Media Center (IMEMC) , 7 novembre 2010.

[2] Le 5 octobre 2008, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner a déclaré devant la presse israélienne : « Officiellement, nous n’avons aucun contact avec le Hamas mais officieusement, il y a des organisations internationales qui entrent dans la bande de Gaza, en particulier des ONG françaises qui nous donnent des informations. »

[3] Mercy Corps dépend des financements fournis par des gouvernements, comme l’USAID et d’autres fondations liées à la CIA ainsi qu’a des donateurs liés au lobby pro-israélien. Rares sont les ONG qui sont encore réellement « non gouvernementales ». Le financement de la plupart d’entre elles est devenu étatique, ce qui permet aux gouvernements d’agir et orienter l’action des ONG.

[4] Cela corrobore ce qui s’est passé en 2009. Durant les trois semaines de bombardements qui ont fait de nombreuses victimes, les organisations d’aide et les journalistes sont restés sur la frontière. Seul deux médecins européens se sont rendus tout de suite à Gaza : le Dr norvégien Mads Gilbert et le chirurgien Gilbert Erik Fosse. Voir la vidéo où le Dr Mads Gilbert scandalisé s’écriait : « Je demande où est cette grande organisation d’aide qui doit intervenir en cas de désastre ? Nous sommes deux docteurs et nous devons opérer... c’est le pire désastre fait par des hommes... les gens meurent faute de matériel médical, c’est un désastre complet ».
« Nous pataugeons dans le sang. L’Enfer ! Nous pataugeons dans la mort, le sang, les amputés. Beaucoup d’enfants. Une femme enceinte. Je n’ai jamais rien vécu d’aussi horrible. On entend les tanks maintenant. Dites-le, transmettez-le, criez-le. FAITES QUELQUE CHOSE ! FAITES DAVANTAGE ! Nous vivons dans le livre de l’histoire maintenant, nous tous ! » s’écriait le Docteur Mads Gilbert avec désespoir et incrédulité ;
voir : http://www.timesonline.co.uk/tol/ne...

Ce témoignage me laisse un goût amer, tout comme pour les crimes commis par le nazisme nous (occident) étions emplis de remords, nous voyions bien que des crimes se perpétraient sous nos yeux, mais nous nous disons que pouvons-nous y faire ? Et nous nous lamentions et faisions en sorte d'aider notre prochain pour nous affranchir de la  déchéance que représentait notre attitude, rares ont été ceux qui avec courage se sont opposés à la barbarie nazi.
Aujourd'hui nous transgressons à nouveau la loi et au lieu de porter assistance à personne en danger nous lui apportons un peu d'aide matérielle, non pour lui faire retrouver sa dignité d'homme, mais pour qu'il se taise, face à notre remords une nouvelle fois de sous homme...
Où la seule valeur de trouve, dans le mensonge et la cupidité.


La vie sociétale à Gaza bien que plus acérée, bien plus inhumaine, ressemble à celle de l'occident où des forces occultes tissent leur toile, cherchant à contrôler un à un tous éléments considérés subversifs a un idéal manifestement contraire à la bonne séances qu'il devrait y avoir entre les hommes, mais surtout à l'idéal qu'une minorité, qui se dit privilégié, voudrait avoir. C'est une toile d'araignée tissé au seul bénéfice de cette minorité que j'appelle : "Caste supranationale" qui a l'obligation, si elle veut atteindre  son but, de contrôler les éléments qui pourraient un jour, se révolter contre cet idéal...
A Gaza comme chez nous il est nécessaire d'étouffer dans l'œuf toute résistance, toute contestation, qui pourrait un jour...
Les méthodes employées sont différentes, bien entendu, le but est identique, rendre à la condition d'esclave ou d'assisté (ce qui revient au même) tout élément indigne de figurer dans la nomenclature de la "Caste supranationale". 
Voila une des explications, à l'impunité que bénéficie Israël, le sionisme. 

vendredi 3 décembre 2010

Pourquoi les Musulmans doivent repenser la Palestine

Pourquoi les Musulmans doivent repenser la Palestine


[ 10/10/2010 - 21:59 ]
Ramzy Baroud

En raison de l’aspect central de la cause palestinienne par rapport à l’Islam, de nombreux dirigeants arabes se sont approprié la cause palestinienne, se limitant à des discours enflammés et à des sermons émouvants le vendredi, écrit Ramzy Baroud.

La Palestine, pour beaucoup de Musulmans, existe dans le cadre d’un imaginaire collectif, renforcé par des symboles unificateurs
Des milliers de fidèles écoutaient avec attention alors que je soulignais les défis auxquels font face la Palestine et son peuple. Les cris de « Allahou Akbar » [Dieu est le plus grand] retentissaient de temps en temps depuis un côté de l’immense mosquée sud-africaine. Beaucoup réagissaient avec émotion tandis je décrivais la tragédie qui s’était abattue sur la bande de Gaza en raison du blocus israélien. Ils applaudissaient, souriaient et hochaient la tête alors que je soulignais à quel point la volonté du peuple palestinien ne pouvait être vaincue. Quelques personnes âgées en face de moi ont tout simplement pleuré tout au long de mon intervention, laquelle précédait un sermon du vendredi à Durban il y a quelques mois.
Si l’amour et la bonne volonté étaient suffisants en eux-mêmes, alors la compassion qui débordait de ces fidèles musulmans aurait certainement pu améliorer le monde d’une multitude de façons. L’attachement sincère et le souci affichés par des hommes et des femmes de différentes origines, groupes d’âge, appartenance de classe et de langues, sont de grande valeur et une véritable source d’inspiration.
La Palestine et de sa lutte pour la liberté et la justice sont certainement plus proches du cœur et l’esprit des Musulmans partout dans le monde que de tout autre groupe avec lequel j’ai pu être en contact. Pour gagner l’appui des Musulmans, il n’est jamais nécessaire de discourir, d’avoir à se justifier ou à répondre à des accusations venues de gauche et de droite. Inutile de dire que l’affinité des Musulmans avec la Palestine est historique, fondée sur les principes islamiques énoncés dans le Saint Coran et la Sunna (l’héritage du prophète Mohammed).
Mais au fil du temps, quelque chose s’est perdu. Bien que le sentiment soit resté fort, il y avait peu d’unité dans la manière dont cette énergie a été exploitée ou ce consensus développé. Dans leurs tentatives de se gagner les Musulmans, beaucoup ont manipulé leurs sentiments réels pour des raisons personnelles, politiques, idéologiques et même financières. Plusieurs dirigeants musulmans, des organisations comme des particuliers ont montré une compréhension limitée de la situation en Palestine, et ont proposé une vision tout à fait exclusive sur la façon dont cet angoissant conflit pouvait être résolu.
Le résultat a été très décevant. Il n’y a pas eu de stratégie claire, aucune initiative véritablement notable, et aucun effet tangible n’a pu être constaté malgré le soutien de centaines de millions de Musulmans à travers le monde.
D’une certaine manière, un tel échec est symptomatique d’un malaise beaucoup plus grand qui a longtemps touché les Musulmans. Après la disparition de l’Empire ottoman, le concept de Oumma islamique (nation) - délimitée par de véritables lignes géographiques et politiques - a été remplacé par une référence à une nation qui existe au sein d’indéfinissables frontières intellectuelles. Ce concept a été astucieusement exploité par divers dirigeants arabes et musulmans à travers l’histoire, qui ont insisté pour qu’ils - et eux seuls - représentent le centre de gravité politique de cette communauté musulmane diffuse. Par conséquent, en raison de l’aspect central de la cause palestinienne par rapport à l’Islam, ces dirigeants se sont approprié la cause palestinienne, même si cette appropriation s’est seulement traduite par des discours enflammés et à des sermons émouvants le vendredi.
En d’autres termes, la Palestine pour beaucoup de Musulmans, existe dans le cadre d’un imaginaire collectif, renforcé par des symboles unificateurs tels que al-Aqsa [« l’éloignée », par opposition à la Mecque, - N.d.T], et des références à des versets précis dans le Saint Coran. De telles tactiques ont fait des prouesses, les Musulmans restant impuissants tout en faisant des dons généreux, en ou célébrant le nom de celui que s’était posé en sauveur de la « terre islamique de la Palestine et de sa sainte mosquée ».
Pour terminer, ce rapport [à la Palestine] a produit trois groupes distincts. Le premier groupe est en grande partie défini par sa simple désignation de la Palestine comme d’une « cause musulmane », qu’ils peuvent servir de temps en temps par des dons et de régulières supplications pour la victoire de l’Islam en Palestine. Un autre groupe comprend ceux qui sont devenus critiques de l’interprétation dominante musulmane sur la Palestine et qui se sont de plus en plus radicalisés et aussi isolés. Le troisième groupe est complètement désenchanté, et donc sans pertinence.
Comme on pouvait s’y attendre, aucun de ces groupes ne s’est réellement et sincèrement impliqué dans la mise en place d’une stratégie à long terme pour mettre fin à l’occupation israélienne, ou pour renforcer le peuple palestinien dans sa détermination à atteindre un tel objectif.
Pendant ce temps, la deuxième Intifada palestinienne [soulèvement] de 2000 a provoqué et avec succès encouragé un mouvement international en faveur de la Palestine. Dans ce mouvement, les Musulmans en tant que groupe, n’étaient plus un des principaux acteurs. Certains gains en ont résulté, comme le fait de priver Israël et ses alliés de la possibilité de réduire le conflit à une guerre religieuse, Israël jouant bien naturellement le rôle du rempart des valeurs judéo-chrétiennes.
Mais il y avait aussi beaucoup à perdre, alors que des millions de supporters passionnés de la cause palestinienne retournaient à leur rôle de mouvement de protestation de masse, brûlant des drapeaux et lançant des slogans montrant leur colère. Cette image également a été habilement manipulée, en particulier après le 11 Septembre, dans le but de lier la Palestine à l’extrémisme d’inspiration musulmane. Beaucoup ont été amenés à croire que tous les Musulmans barbus étaient en quelque sorte liés à Al-Qaïda.
La montée en puissance du mouvement Hamas comme pouvoir politique lors des élections palestiniennes de 2006, a une fois de plus réaffirmé la pertinence de l’Islam en Palestine. La tentative faite par le Hamas d’explorer sa « profondeur stratégique » en tendant la main aux pays musulmans ne s’est pas traduite dans les gains politiques escomptés, mais elle a réanimé le lien plus ou moins en sommeil des Musulmans avec la Palestine et avec le conflit dans son ensemble. Plus encore, grâce à la capacité du mouvement Hamas d’apparaître comme un acteur sur le long terme dans le conflit, certains Musulmans extérieurs à la Palestine ont commencé à exprimer leurs émotions avec un réel langage politique.
Dans la même période, de nombreuses communautés musulmanes ont voulu se doter de programmes pratiques pour exprimer leur solidarité et pour aider le peuple palestinien, la bande de Gaza représentant le premier cri de ralliement.
Malheureusement certains d’entre eux ont recours au vocabulaire exclusif du passé, lui-même riche en positivisme religieux. Ceci n’est pas toujours intentionnel, bien que de nature à affaiblir la solidarité internationale, ou au mieux, à reléguer les Musulmans à un groupe d’individus dont le rapport à la Palestine est d’ordre purement religieux.
À ce stade avancé de la solidarité, où une fois de plus la Palestine domine les questions internationales - y compris dans les sociétés civiles à travers le monde - les Musulmans doivent redéfinir leur lien à la Palestine, lequel est basé sur les valeurs et les principes énoncés dans l’Islam.
Mais ils doivent également présenter ce lien dans le cadre d’un idéal universellement partagé, avec un vocabulaire commun à tous et qui peut rassembler. Même si les Musulmans doivent avec fierté assumer leurs symboles, ils doivent également comprendre que cette lutte est une lutte pour la Liberté et le Droit, et qu’elle n’appartient pas à une corporation en particulier.
Les Musulmans doivent se tenir, main dans la main, avec les personnes de tous horizons, non pas comme des propriétaires exclusifs de la lutte des Palestiniens mais en étant fiers de contribuer à un mouvement mondial qui veut que la justice soit rendue, les droits appliqués et la paix réalisée pour tous.
Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international syndiqué et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.

Révélations sur l’assassinat de Rafiq Hariri

Révélations sur l’assassinat de Rafiq Hariri
Une preuve de plus, si nécessaire, de la nocivité de l'État d'Israël  et de tous ceux qui œuvrent pour son impunité.


[ 29/11/2010 - 12:02 ]
Thierry Meyssan

Alors que la presse occidentale annonce l’imminente inculpation de dirigeants du Hezbollah par le Tribunal spécial pour le Liban, la revue russe Odnako remet en cause l’ensemble de l’enquête réalisée par les Nations Unies. Selon Thierry Meyssan, l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri aurait été assassiné avec une arme fournie par l’Allemagne. L’ancien procureur allemand et premier responsable de l’enquête onusienne, Detlev Mehlis, aurait falsifié un indice pour masquer la responsabilité de son pays. Ces révélations embarrassent le Tribunal et renversent la donne au Liban.

Les multiples conflits du Proche-Orient se cristallisent désormais autour du Tribunal spécial pour le Liban (TSL). La paix et la guerre dépendent de lui. Pour les uns, il doit permettre de démanteler le Hezbollah, de soumettre la Résistance et d’instaurer la Pax Americana. Pour les autres, il bafoue le droit et la vérité pour assurer le triomphe d’un nouvel ordre colonial dans la région.

Ce tribunal a été créé, le 30 mai 2007, par la Résolution 1757 du Conseil de sécurité pour juger les commanditaires supposés de l’assassinat de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri. Dans le contexte de l’époque, cela signifiait ni plus, ni moins, juger les présidents syrien et libanais en exercice Bachar el-Assad et Emile Lahoud, les bêtes noires des néoconservateurs. Cependant il s’avéra que cette piste ne reposait sur aucun élément concret et qu’elle avait été alimentée par de faux témoins. N’ayant plus personne à juger, le Tribunal aurait pu disparaître dans les limbes de la bureaucratie lorsqu’un coup de théâtre le plaça à nouveau au cœur des conflits politiques régionaux. Le 23 mai 2009, le journaliste atlantiste Erich Follath révéla dans le Spiegel Online que le procureur s’apprêtait à inculper de nouveaux suspects : des dirigeants militaires du Hezbollah. Depuis 18 mois, son secrétaire général, Hassan Nasrallah clame l’innocence de son parti. Il affirme que cette procédure vise en réalité à décapiter la Résistance pour offrir la région à l’armée israélienne. De son côté, l’administration états-unienne se pose soudain en défenseur du droit et assure que nul ne saurait se soustraire à la Justice internationale.
Quoi qu’il en soit, la mise en accusation —que tous s’accordent à dire imminente— de leaders chiites pour l’assassinat d’un leader sunnite est de nature à enflammer la fitna, c’est-à-dire la guerre civile musulmane, plongeant la région dans de nouveaux soubresauts sanglants.

En visite officielle à Moscou, les 15 et 16 novembre, Saad Hariri —actuel Premier ministre et fils du défunt— a répété que la politisation du tribunal risquait d’enflammer une nouvelle fois son pays. Le président Medvedev lui a répondu que la Russie voulait que la Justice passe et réprouvait tout effort pour discréditer, affaiblir ou retarder le travail du tribunal. Cette position de principe repose sur la confiance accordée a priori par le Kremlin au TSL. Or celle-ci sera sûrement ébranlée par les révélations d’Odnako.
En effet, nous avons souhaité faire le point sur l’assassinat de Rafiq Hariri. Les éléments que nous avons découvert font apparaître une nouvelle piste dont on se demande pourquoi elle n’a jamais été explorée jusqu’ici. Au cours de notre longue enquête, nous avons rencontré de nombreux protagonistes, trop sans doute, de sorte que nos investigations se sont ébruitées et ont affolé ceux pour qui la piste de la Résistance armée libanaise est une bonne aubaine. Tentant de nous intimider, le Jerusalem Post a lancé une attaque préventive, le 18 octobre, sous la forme d’un long article consacré à notre travail. De manière purement diffamatoire, il y accuse l’auteur de cet article d’être payé un million de dollars par l’Iran pour disculper le Hezbollah.

Venons-en aux faits, le convoi de Rafiq Hariri a été attaqué à Beyrouth le 14 février 2005. L’attentat à fait vingt-trois morts et une centaine de blessés. Un rapport préliminaire diligenté par le Conseil de sécurité souligne les réactions peu professionnelles des policiers et magistrats libanais. Pour y pallier le Conseil missionne ses propres enquêteurs et leur fournit des moyens très importants dont le Liban ne dispose pas. Dès le départ de ces investigations, il a été admis que l’attentat avait été perpétré par un kamikaze qui conduisait un camionnette bourrée d’explosifs.

La commission des Nations unies ayant été créée pour apporter le professionnalisme qui manquait aux Libanais, on s’attend à ce qu’elle ait suivi scrupuleusement les procédures criminelles classiques. Or, il n’en est rien. L’analyse de la scène du crime, en se basant sur sa topographie qui est intacte et sur les photos et vidéos du jour, n’a pas été réalisée en détail. Les victimes n’ont pas été exhumées et autopsiées. Pendant longtemps, rien n’a été entrepris pour vérifier le modus operandi. Après avoir écarté l’hypothèse d’une bombe enfouie dans le sol, les enquêteurs ont considéré comme certaine la version de la camionnette sans la vérifier.

Pourtant, cette version est impossible : chacun peut observer sur la scène du crime un profond et vaste cratère qu’une explosion en surface ne peut creuser. Devant l’insistance des experts suisses qui refusent d’avaliser la version officielle, le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a procédé à une reconstitution à huis clos, le 19 octobre dernier. Elle ne s’est pas tenue au Liban, ni même aux Pays-Bas où siège le TSL, mais en France, un des principaux Etats à financer le Tribunal. Les bâtiments de la scène du crime y ont été reconstruits et de la terre de Beyrouth y a été transportée. Le convoi a été reconstitué y compris avec une voiture blindée. Il s’agissait de démontrer que la hauteur des immeubles en béton avait confiné l’explosion, de sorte que le souffle avait pu creuser le cratère. Les résultats de cette coûteuse expérience n’ont pas été divulgués.

Ce qui frappe en regardant les photos et les vidéos prises juste après l’attentat, c’est d’abord l’incendie. Partout des carcasses de voiture et des objets de toutes sortes brûlent. Puis, ce sont les corps des victimes : ils sont carbonisés d’un côté et intacts de l’autre. C’est très étonnant et cela n’a rien à voir avec ce que provoquent des explosifs classiques.
La théorie d’un mélange de RDX, PETN et TNT dans la camionnette du kamikaze n’explique pas ces dégâts.
Si l’on observe de près les photos du cadavre de Rafiq Hariri, on remarque d’étranges détails : sa riche montre en or massif a fondu sur son poignet, au contraire, le col en tissu raffiné de sa chemise de luxe est intact autour de son cou.
Que s’est-il donc passé ?
L’explosion a dégagé un souffle d’une chaleur exceptionnellement intense et d’une durée exceptionnellement brève. Ainsi, les chairs exposées au souffle ont été instantanément carbonisées, tandis que l’envers des corps n’a pas été brûlé.
Les objets à forte densité (comme la montre en or) ont absorbé cette chaleur et ont été détruits. Au contraire, les objets à faible densité (comme le linge fin du col de chemise) n’ont pas eu le temps d’absorber la chaleur et n’ont donc pas été touchés.

La dépouille de Rafiq Hariri.
Sur les vidéos, on voit également que des membres de certains cadavres ont été sectionnés par l’explosion. Curieusement, les coupes sont nettes, comme s’il s’agissait de statues de calcaire. On ne voit pas d’os brisés et proéminents, ni de chairs arrachées. C’est que l’explosion a absorbé l’oxygène et déshydraté les corps qui sont devenus friables. Plusieurs témoins, présents à proximité de l’attentat, ont d’ailleurs fait état de troubles respiratoires dans les heures qui suivirent. A tort, les autorités ont interprété cela comme la somatisation d’un traumatisme psychologique.
Ces constatations sont le b. a.-ba de toute enquête criminelle. Il fallait commencer par cela, mais elles ne figurent pas dans les rapports des « professionnels » au Conseil de sécurité.
Lorsque nous avons demandé à des spécialistes militaires quels explosifs pouvaient provoquer ces dégâts, ils ont évoqué un nouveau type d’arme qui fait l’objet de recherches depuis des décennies et de compte rendus dans des revues scientifiques. En combinant des connaissances nucléaires et nanotechnologiques, on parvient à créer une explosion dont on contrôle précisément la puissance. On programme l’arme pour qu’elle détruise tout dans un périmètre donné, calculé au centimètre près.
Toujours selon nos spécialistes militaires, cette arme provoque aussi d’autres dégâts : elle exerce une forte pression sur la zone de l’explosion. Lorsque celle-ci s’interrompt, les objets les plus lourds sont projetés vers le haut. Ainsi, des voitures se sont élevées dans les airs.

Un détail ne trompe pas : cette arme utilise une nano quantité d’uranium enrichi dont les radiations sont mesurables. Or, un passager de la voiture blindée de Rafiq Hariri a survécu. L’ancien ministre Bassel Fleyhan a été transporté dans un prestigieux hôpital militaire français pour y être soigné. Les médecins ont constaté avec étonnement qu’il avait été en contact avec de l’uranium enrichi. Personne n’a fait le lien avec l’attentat.
Techniquement, cette arme prend la forme d’un petit missile de quelques dizaines de centimètres de long. Il doit être tiré depuis un drone. En effet, plusieurs témoins ont assuré avoir entendu un aéronef survolant la scène du crime. C’est pourquoi les enquêteurs ont demandé aux Etats-Unis et à Israël qui disposent de satellites d’observation positionnés en permanence de leur transmettre les clichés dont ils disposent. Les Etats-Unis avaient également déployé des avions AWACS sur le Liban ce jour-là. Ces enregistrements permettraient de vérifier la présence d’un drone et peut-être même de suivre son trajet. Mais Washington et Tel-Aviv —qui ne cessent d’exiger la coopération judiciaire de tous avec le TSL— ont refusé ce service.

Le Hezbollah a intercepté et publié des vidéos des drones israéliens effectuant des repérages des habitudes de Rafiq Hariri et de la scène du crime.
Lors d’une conférence de presse, le 10 août dernier, Hassan Nasrallah a projeté des vidéos tournées selon lui par des drones israéliens et interceptées par son organisation. Ils auraient observé durant des mois les déplacements de Rafiq Hariri, avant de concentrer leur surveillance sur le virage où l’attentat a eu lieu. Tel-Aviv aurait donc réalisé les repérages préalables à l’assassinat. Ce qui, ainsi que le souligne M. Nasrallah, ne veut pas dire qu’il l’ait perpétré.

Qui donc a tiré le missile ?
C’est là que les choses se compliquent. Selon les experts militaires, en 2005, seule l’Allemagne était parvenue à maîtriser cette nouvelle technologie. C’est donc Berlin qui aurait fourni et programmé l’arme du crime.
Dès lors, on comprend mieux pourquoi l’ancien procureur berlinois Detlev Mehlis —un magistrat très controversé au sein de sa profession— a tenu à présider la Commission d’enquête onusienne. Il est en effet notoirement lié aux services secrets allemands et états-uniens. Chargé en 1986 d’élucider l’attentat contre la discothèque berlinoise La Belle, il n’avait pas hésité à masquer les implications israélienne et états-unienne pour accuser mensongèrement la Libye et justifier le bombardement du palais de Mouammar Khadafi par l’US Air Force. Au début des années 2000, M. Mehlis a été grassement rémunéré comme chercheur par le Washington Institute for Near East Policy (le think-tank du lobby pro-israélien AIPAC) et par la Rand Corporation (le think-tank du complexe militaro-industriel états-unien). Autant d’éléments qui jettent un doute sur son impartialité dans l’affaire Hariri et auraient dû le faire récuser.

Mehlis était assisté du commissaire Gehrard Lehmann. Cet officier est lui aussi un agent notoire des services secrets allemands et états-unien. Il a été reconnu formellement par un témoin comme participant au programme d’enlèvement, de séquestration et de tortures, mis en place en Europe par l’administration Bush. Son nom est cité dans le rapport ad hoc du Conseil de l’Europe. Cependant, il a échappé à toute poursuite judiciaire grâce à un alibi aussi solide que peu crédible, fourni part ses collègues de la police allemande.
Mehlis et Lehmann ont promu la thèse du kamikaze et de sa camionnette bourrée d’explosifs afin d’écarter toute investigation sur l’arme allemande qui a servi à commettre le crime.

Des échantillons de terre, ont été prélevés sur la scène du crime. Après avoir été mélangés, ils ont été divisés en trois bocaux qui ont été envoyés à trois laboratoires différents. Les deux premières analyses n’ont trouvé aucune trace d’explosif. Le troisième bocal a été pris par Mehlis et Lehmann, et envoyé par leur soin au troisième laboratoire. Celui-ci y a trouvé les traces d’explosifs recherchés. En principe, si l’on décide de recourir à trois experts judiciaires, c’est qu’en cas de désaccord entre eux, on se reportera à l’avis majoritaire. Que nenni ! Mehlis et Lehmann ont violé les protocoles. Ils ont considéré que seul leur bocal était fiable et ont emmené le Conseil de sécurité sur une fausse piste.
Le caractère profondément malhonnête des investigations du duo Mehlis-Lehman n’a plus besoin d’être démontré. Leurs successeurs l’ont reconnu à demi-mots et ont annulé des pans entiers de procédure.
Parmi leurs manipulations, la plus célèbre est celle des faux témoins. Cinq individus ont prétendu avoir été témoins de la préparation de l’attentat et ont mis en cause les présidents Bachar el-Assad et Emile Lahoud. Alors que ces imputations faisaient chauffer le chaudron de la guerre, leurs avocats démontrèrent qu’ils mentaient et l’accusation se dégonfla.

Le président de la Commission d’enquête de l’ONU, Detlev Mehlis, a violé les règles de procédure pénale, fabriqué de fausses preuves et utilisé de faux témoignages, pour disculper l’Allemagne et accuser la Syrie.
Sur la base de ces faux témoignages, Detlev Mehlis arrêta, au nom de la Communauté internationale, quatre généraux libanais et les fit incarcérer durant quatre ans. Pénétrant avec ses cow-boys au domicile de chacun, sans mandat de la justice libanaise, il interpella également les membres de leur entourage. Avec ses assistants —qui s’expriment entre eux en hébreu— il tenta de manipuler les familles. Ainsi, au nom de la Communauté internationale, il présenta des photos truquées à l’épouse d’un des généraux pour le convaincre que son mari non seulement lui cachait son implication dans le meurtre, mais la trompait. Simultanément, il tenta une manoeuvre similaire auprès du fils du « suspect », mais cette fois pour essayer de le convaincre que sa mère était une femme légère et que son père, désespéré, venait de sombrer dans une sorte de folie meurtrière. L’objectif était de provoquer un crime d’honneur au sein de la famille et de ternir ainsi l’image de gens respectables et respectés.
Plus incroyable encore, Lehmann proposa à un des quatre généraux incarcérés de le libérer s’il acceptait de porter un faux témoignage contre un dirigeant syrien.
Par ailleurs, le journaliste allemand Jürgen Cain Külbel mit en évidence un détail troublant : il était impossible de provoquer l’explosion avec une télécommande ou d’utiliser une balise sur la cible sauf à désactiver le puissant système de brouillage dont le convoi de Rafiq Hariri était équipé. Un système parmi les plus sophistiqués au monde, fabriqué… en Israël.

Külbel fut sollicité par un militant pro-palestinien connu, le professeur Said Dudin, pour promouvoir son livre. Mais Dudin, en multipliant les déclarations outrancières, s’appliqua surtout à le saboter. Külbel, ancien officier de police criminelle d’Allemagne de l’Est, ne tarda pas à découvrir que Dudin était connu de longue date pour être un agent de la CIA infiltré dans la gauche allemande. Il publia d’anciens rapports est-allemands attestant du fait et fut alors condamné pour divulgation illégale de documents et brièvement incarcéré ; tandis que Dudin s’installait à l’ambassade d’Allemagne à Beyrouth et tentait d’infiltrer les familles des quatre généraux.
Passé inaperçu au Proche-Orient le rôle de l’Allemagne dans cette région doit être souligné. La chancelière Angela Merkel a envoyé un contingent très important pour participer à la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) après la guerre entreprise par Israël contre le pays du Cèdre à l’été 2006. Les 2 400 soldats allemands contrôlent de dispositif maritime pour empêcher l’approvisionnement en armes de la Résistance via la Méditerranée. A cette occasion, Mme Merkel a déclaré que la mission de l’armée allemande était de défendre Israël. Ce discours a provoqué un vent de fronde parmi les officiers. Par centaines, ils lui ont écrit pour lui rappeler s’être engagés pour défendre leur patrie et non un Etat étranger, fusse t-il allié.
Fait sans précédent, le 17 mars 2008 à Jérusalem et le 18 janvier 2010 à Berlin, les gouvernements allemand et israélien ont tenu un conseil des ministres commun. Ils y ont adopté des programmes divers, notamment en matière de défense. A ce stade, il n’y a plus beaucoup de secrets entre Tsahal et la Bundeswehr.
L’enquête de Detlev Mehlis a sombré non seulement dans le ridicule des faux témoins, mais dans l’illégalité de l’arrestation des quatre généraux. Au point du le Groupe de travail sur les détentions arbitraire du Conseil des droits de l’homme de l’ONU est intervenu pour condamner fermement cet excès de pouvoir.

Toutefois, l’opprobre qui frappe le travail de M. Mehlis ne doit pas éclabousser le Tribunal spécial pour le Liban qui n’est aucunement responsable de ses manipulations. Mais, là encore, les choses se compliquent. La crédibilité du TSL dépend de sa capacité à réprimer en premier lieu tous ceux qui ont tenté de masquer la vérité et d’accuser mensongèrement les présidents Bachar el-Assad et Emile Lahoud pour provoquer une guerre. Or, le Tribunal refuse de juger les faux témoins, donnant l’impression qu’il couvre les manipulations de la période Mehlis et poursuit des objectifs politiques similaires (cette fois contre le Hezbollah, peut-être demain contre d’autres). Pis, le Tribunal refuse de remettre, à Jamil Sayyed (un des quatre généraux illégalement emprisonné), les procès-verbaux d’audition des personnes qui l’ont accusé, lui interdisant ainsi de demander réparation et donnant l’impression qu’il couvre quatre années de détention arbitraire.
De manière plus prosaïque, le Tribunal fuit ses responsabilités. D’un côté, il doit juger les faux témoins pour dissuader de nouvelles manipulations et pour manifester son impartialité ; d’un autre il ne veut pas se lancer dans une opération « mains propres » au cours de laquelle il lui faudrait peut-être arrêter le procureur Mehlis. Cependant, les révélations d’Odnako sur la piste allemande rendent cette stratégie intenable. D’autant qu’il est déjà bien tard : le général Jamil Sayyed a déposé une plainte en Syrie et un juge d’instruction syrien a déjà inculpé le procureur Detlev Mehlis, le commissaire Gerhard Lehman et les cinq faux témoins. On imagine la confusion qui s’abattra sur le TSL si la Syrie saisit Interpol pour les faire arrêter.

De même que la commission Mehlis devait apporter le professionnalisme qui manquait aux forces de l’ordre libanaises, de même le TSL devait apporter l’impartialité qui risquait de faire défaut aux juridictions libanaises. On est loin du compte et ceci soulève la question de la légitimité de cette institution.
Kofi Annan souhaitait que le Tribunal pour le Liban ne soit pas une juridiction internationale, mais un tribunal national libanais à caractère international. Il aurait été régi par le droit libanais tout en étant composé pour moitié de juges internationaux. Cela n’a pas été possible car la négociation a tourné court. Ou plutôt, un accord a été trouvé avec le gouvernement libanais de l’époque, présidé par Fouad Siniora, l’ancien fondé de pouvoir des entreprises Hariri, mais n’a pas été ratifié ni par le Parlement, ni par le président de la République. Du coup, cet accord a été avalisé unilatéralement par le Conseil de sécurité (Résolution 1757 du 30 mai 2007). Par conséquent, le TSL est hybride et fragile.

Ainsi que l’a précisé Kofi Annan, ce tribunal n’est comparable à aucun des tribunaux mis en place jusqu’ici par les Nations Unies. « Il n’est pas un organe subsidiaire de l’ONU, ni un élément de l’appareil judiciaire libanais », c’est tout juste « un organe conventionnel » entre l’exécutif des Nations Unies et l’exécutif libanais. Si l’on se réfère à l’exigence internationale de séparation des pouvoirs et d’indépendance de la Justice face à l’Exécutif, on ne peut pas considérer le TSL comme un véritable tribunal, juste comme une commission disciplinaire conjointe des exécutifs libano-onusiens. Quelque soient ses décisions, elles seront donc frappées de suspicion.
Pis, à tout moment, n’importe quel gouvernement libanais peut y mettre fin, puisque l’accord n’ayant pas été ratifié n’engageait que l’ancien gouvernement. Du coup, l’actuel gouvernement de coalition libanais s’est transformé en champ de bataille entre partisans et adversaires du tribunal. Tentant de préserver la stabilité gouvernementale, le président de la République, Michel Sleimane, dissuade semaine après semaine le Conseil des ministres de passer au vote sur toute question relative au TSL. Ce barrage ne tiendra pas éternellement.

Une mauvaise nouvelle n’arrivant jamais seule, la suspicion atteint maintenant le président du TSL, Antonio Cassese. Ce spécialiste réputé du droit international fut président du Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie. Or M. Cassese est un fervent partisan de la colonisation juive de la Palestine. Ami personnel d’Elie Wiesel, il a reçu et accepté un prix honorifique de sa main. Il aurait donc dû se récuser et démissionner lorsque Hassan Nasrallah a révélé que des drones israéliens avaient repéré durant des mois les habitudes de la victime et la scène du crime.

Selon le président du Tribunal spécial pour le Liban, Antonio Cassese, la Résistance armée en Palestine, Liban, Irak et Afghanistan doit être jugée pour « terrorisme ».
Plus grave, le juge Cassese incarne une conception du droit international qui fait clivage au Proche-Orient. Bien qu’il ait retiré ce point de son curriculum vitae officiel, il participa en 2005 aux négociations entre les Etats membres de l’Union européenne et ceux de la Méditerranée (« Processus de Barcelone »). Sa définition du terrorisme bloqua les discussions. Selon lui, le terrorisme est exclusivement le fait d’individus ou de groupes privés, jamais d’Etats. Il s’ensuit que la lutte contre une armée d’occupation ne saurait être considérée comme de la « résistance », mais comme du « terrorisme ». Dans le contexte local, cette position juridique relève de l’ordre colonial et disqualifie le TSL.
Les méthodes du Tribunal spécial ne diffèrent guère de celles de la Commission Mehlis. Ses enquêteurs ont collecté des fichiers de masse : sur les étudiants libanais, les bénéficiaires de la Sécurité sociale, les abonnés d’Electricité du Liban et de l’Office des eaux. Le 27 octobre, ils ont même tenté, hors de la présence de magistrats libanais, de s’emparer par la force des dossiers médicaux d’une clinique gynécologique fréquentée par les épouses de membres du Hezbollah. Toutes ces investigations sont évidemment sans lien avec l’assassinat de Rafiq Hariri. Tout porte les Libanais à croire que ces informations sont destinées à Israël dont le TSL n’est à leurs yeux qu’une simple émanation.

Tous ces problèmes avaient été parfaitement anticipés par le président Poutine qui avait vainement proposé, en 2007, une autre rédaction de la résolution instituant le Tribunal spécial. L’ambassadeur Vitaly Churkin avait dénoncé les « lacunes juridiques » du système. Il s’était indigné que le Conseil de sécurité menace de recourir à la force (Chapitre VII) pour créer unilatéralement cet « organe conventionnel ». Il avait souligné que le Tribunal devait œuvrer à la réconciliation des Libanais, mais était conçu de sorte qu’il les opposerait un peu plus. En définitive, la Russie — comme la Chine— avait refusé d’approuver la Résolution 1757.
Reste que la vérité émerge peu à peu. Les interceptions de vidéos de drones israéliens, rendues publiques par le Hezbollah, montrent une préparation israélienne du crime. Les faits révélés par Odnako montrent l’usage d’une arme allemande sophistiquée. Le puzzle est presque complet.

Israël peut truquer les données de connexion des portables

Israël peut truquer les données de connexion des portables



[ 29/11/2010 - 12:08 ]
www.voltairenet.org


Les ministères libanais de la Défense et des Télécommunications ont mis à jour le système d’espionnage israélien des téléphones mobiles.
Grâce à des espions recrutés au sein des sociétés de communication, Tel-Aviv est en mesure de jumeler une ligne téléphonique à celle de n’importe quel appareil mobile libanais. Il est possible de la sorte, non seulement d’écouter les conversations, mais de manipuler les données de connexion apparaissant sur les relevés (numéro appelé ou appelant, date et heure de connexion, durée de la communication, localisation de l’appelé et de l’appelant).
En outre, il s’est avéré que les prétendus logiciels de protection facilitaient le travail des espions israéliens qui disposent alors d’accès direct par des back doors.
Dans ces conditions, l’étude des données de connexion qui a servi de base au Travail du tribunal spécial pour le Liban n’est plus considérée comme fiable. Ces données falsifiées avaient conduit à accuser abusivement quatre suspects d’être impliqués dans l’assassinat de Rafiq Hariri et à les incarcérer durant quatre ans.
Le Premier ministre Saad Hariri se rendra à ce propos samedi à Téhéran.

Israël viole le droit international

Israël viole le droit international


[ 30/11/2010 - 11:46 ]
www.cyberpresse

En réponse à la lettre de David Ouellette du Comité Québec-Israël publiée sous le titre «C'est une campagne de boycott d'Israël».
David Ouellette réagissait à une entrevue que nous avons accordée à la journaliste Brigitte Trahan suite à notre participation, à titre d'enseignants, au Forum mondial sur l'éducation tenu en Palestine.

Monsieur Ouellette nous présente comme des «activistes» propageant «des mensonges éhontés» sur l'État d'Israël et la situation en Palestine. Une mise au point s'impose.

À notre retour de Palestine, nous n'avons fait que raconter et décrire ce que nous avons vu, soit la situation d'une population qui vit sous occupation militaire illégale et qui subit chaque jour l'humiliation et la violation de ses droits humains.

Le Comité Québec-Israël parle d'un essor économique en Palestine pour les six premiers mois de 2010, mais il oublie de dire que les 700 km de murs érigés en Palestine privent les Palestiniens de leur liberté de déplacement pour le travail et le commerce, ce qui explique qu'ils disposent d'un revenu annuel moyen de 3400 $ comparativement à 28 000 $ de l'autre côté du mur érigé par Israël.
Un mur par ailleurs condamné unanimement par la communauté internationale, notamment par la Cour internationale de justice de La Haye dans un jugement de 2004.
Pour être clair, en érigeant ce mur qui met «à part» les Palestiniens, non seulement Israël agit illégalement, mais installe une forme d'apartheid en Palestine.

Les membres du comité Québec-Israël, une organisation dont la mission est de défendre et légitimer les positions de l'État israélien, font la promotion de l'idée qu'Israël est victime de propagande déloyale et que les Palestiniens ne sont que des agresseurs, des terroristes.   Ils oublient cependant sciemment de mentionner que depuis 1967, Israël occupe militairement les territoires palestiniens contre la volonté du Conseil de sécurité de l'ONU.

 Israël agit donc encore tout à fait illégalement, car la Résolution 242, votée par l'ONU en 1967, ordonne à Israël de se retirer des territoires palestiniens et d'œuvrer à une solution honorable pour les centaines de milliers de réfugiés palestiniens chassés de leurs terres à cause de la guerre.

En 2010, non seulement Israël occupe-t-il toujours illégalement la Palestine, mais il y a aussi installé 500 000 colons. Ceci, dans l'espoir de mettre la communauté internationale devant le fait accompli, et afin que ces territoires deviennent israéliens par la force des choses.

Quant aux réfugiés palestiniens (4,7 millions selon l'ONU), plusieurs centaines de milliers continuent de vivre misérablement dans des camps au Liban, en Syrie, en Jordanie notamment.

On peut consulter en ce moment sur le site internet de Radio-Canada une série très bien documentée sur le triste sort qu'Israël a réservé à ces millions de gens déracinés et souvent sans existence légale dans les pays qui les accueillent.

Encore une fois, Israël agit illégalement en faisant fi de la Résolution 194 adoptée en 1948 par l'ONU, exigeant le retour des réfugiés dans leurs maisons ou leur compensation.

En fait, les violations au droit international et aux droits humains perpétrées par l'État israélien sont si nombreuses et évidentes, que si cela se passait ailleurs dans le monde, la communauté internationale s'empresserait d'y mettre fin et imposerait par la force ou par d'autres moyens un règlement «honorable» aux deux parties.
Mais comme Israël est défendu vigoureusement par de puissants alliés stratégiques dont les États-Unis et le Canada, l'ONU dispose en fait de peu de moyens concrets pour faire valoir le droit international.

C'est pourquoi nous, enseignants témoins de ces violations, et le Comité de Solidarité de Trois-Rivières, avons décidé d'appuyer la campagne pacifique de boycott des produits israéliens, campagne appelée BDS Israël.

Alain Dumas enseignant Cégep de Trois-Rivières
Daniel Landry enseignant au Collège Laflèche 










jeudi 2 décembre 2010

Répression et arrestations en Palestine 48


Répression et arrestations en Palestine 48 : que craint « Israël » ?

[ 13/09/2010 - 18:32 ]
Fadwa Nassar II

Au cours des semaines passées, la député Hanine Zo’by, du Rassemblement national démocratique, a été menacée de se voir retirer sa « carte de citoyenneté » pour avoir participé, en tant que député, à la Flotille de la liberté, au mois de mai dernier, contre le blocus meurtrier de Gaza. Peu de temps après, sheikh Raed Salah a été emprisonné, pour avoir défendu la porte al-Maghariba de la mosquée al-Aqsa contre sa destruction par les forces sionistes. Au mois de mai, Ameer Makhoul, directeur général d’Ittijah (union des associations civiles à Haïfa) et au mois d’avril, dr. Omar Sa’ïd, dirigeant dans le Rassemblement national démocratique, sont arrêtés, accusés de fournir des renseignements à l’ennemi (comprendre ici le Hezbollah).

Le point commun entre toutes ces récentes arrestations est le fait que toutes ces personnalités font partie de la direction politique et associative des Palestiniens de 48.

Pour les dirigeants sionistes, le maintien de Palestiniens à l’intérieur de la colonie qu’ils ont fondée en 1948 sur le pays de la Palestine et nommée « Israël », reste un cauchemar dont ils ont du mal à se débarrasser. Depuis cette date, ils essaient de les disloquer, chasser, ou maintenir en situation d’infériorité, par tous les moyens tout en leur trouvant des voies « légales », mais en vain. Depuis 1948, le nombre des Palestiniens de 48 a accru, pour devenir près d’un million et demi (soit 20% de la population de l’Etat sioniste), ils ont développé leur situation économique, leur état culturel et éducatif et ils ont surtout acquis et développé une conscience et une pratique politiques qui les placent, depuis 2000, dans une situation critique: l’Etat sioniste les considère désormais comme une « menace stratégique » !

Si l’institution sioniste continue à arrêter et emprisonner les militants palestiniens qui protestent contre les guerres qu’elle mène en Palestine ou au Liban, contre les expropriations de leurs terres, l’installation des colons dans leurs villes et les provocations des colons comme lors de la révolte de Akka (octobre 2008), ou des manifestations à Umm al-Fahem (février 2009 et après), contre les destructions des villages comme la toute récente destruction d’al-Araqib dans al-Naqab, où des dizaines de Palestiniens ont été arrêtés, les arrestations et détentions témoignent de plus en plus d’une vision qui s’enracine dans l’institution sioniste, celle de Palestiniens devenus « incontrôlables » qui refusent l’allégeance à l’Etat juif qui leur aurait «offert l’hospitalité ».

Démanteler la direction palestinienne

La répression des Palestiniens de 48 a pris en effet une nouvelle tournure depuis 2000, non pas que leur résistance a commencé dès ce moment, loin de là (la journée du 30 mars 1976 ou « journée de la terre » témoigne de leur combativité historique) mais parce que depuis le soulèvement d’octobre 2000, qui a accompagné l’intifada, les Palestiniens ont montré leur maturité et autonomie politiques par rapport à tout ce qui touche de près ou de loin aux institutions sionistes, de gauche ou de droite. Ils ont développé leurs propres structures de lutte et de revendications, installé leur nouvelle direction politique, aussi éloignée que possible des anciens cercles liés aux institutions sionistes ou même au courant défaitiste dans l’OLP, pris en charge leurs propres revendications internes mais aussi celles du peuple palestinien dans son ensemble : fin de l’occupation, retour des réfugiés, une seule représentativité palestinienne. Sans vouloir cependant présenter une image idyllique de cette direction, il faut cependant remarquer qu’elle a de plus en plus tendance à affronter dans l’unité les mesures sionistes, dirigées contre les Palestiniens de 48 ou les Palestiniens dans leur ensemble.

Un des objectifs de la répression sioniste contre le mouvement national palestinien de l’intérieur vise à démanteler sa direction. Même si les accusations s’avèrent fausses, même s’il faut inventer des documents, l’institution sioniste espère que
l’accentuation de la répression intimidera le mouvement national et l’empêchera de se construire d’une manière solide. Avant même l’exil forcé en 2008 de dr. Azmi Bshara, un des fondateurs du Rassemblement National Démocratique et penseur arabe de renommée, nombreux sont les dirigeants des partis et mouvements de 48 qui avaient été réprimés ou détenus, dont sheikh Raed Salah qui avait été détenu en 2003 et Muhammad Kanaané (secrétaire général du mouvement Abnaa al-Balad) en 2004. D’autres responsables palestiniens avaient été attaqués et menacés, comme l’ancien député du parti communiste Issam Makhoul, dont la voiture avait été piégée ou Mounir Mansour, directeur de l’association interdite « Ansar el-sageen », victime de plusieurs tentatives d’écrasement. Dans les universités, les dirigeants étudiants arabes sont poursuivis et détenus : après les manifestations ayant rassemblé plus d’un million et demi de personnes contre la guerre menée à Gaza, des dizaines d’étudiants avaient été arrêtés et jugés.

Criminaliser la liaison avec le monde arabo-musulman

Mais c’est surtout la volonté d’empêcher la liaison entre les Palestiniens de 48 et le reste du monde, notamment arabo-musulman, qui fait agir les sionistes. En effet, depuis le début de l’intifada al-Aqsa, les dirigeants sionistes craignent l’élan des Palestiniens de 48 vers le monde extérieur, d’autant plus que cet élan non seulement échappe à leur contrôle mais menace leurs intérêts. La sonnette d’alarme avait été tirée lors de la conférence de Durban, en Afrique du Sud (2001), lorsque la délégation des Palestiniens de 48 y avait dénoncé l’apartheid colonial de l’Etat sioniste. Pour la première fois et dans une tribune internationale aussi importante, ils faisaient entendre leur voix dénonciatrice du fondement même de l’Etat sioniste. Depuis cette date, ils se sont adressés à toutes les tribunes : aux peuples arabes en 2002, à la conférence des associations civiles du Caire, leur demandant de boycotter et de refuser la normalisation avec l’Etat sioniste, tout en s’ouvrant au peuple palestinien. Ils activent les rencontres avec les diverses catégories du peuple palestinien : les réfugiés dans les camps, réfugiés en exil mais aussi les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, pour former des structures de luttes communes. Ils activent également leurs relations dans les structures arabes et internationales, réclamant leur place, non en tant « qu’Israéliens » mais en tant que Palestiniens. Ils revendiquent le droit d’avoir des liens avec les pays arabes et les Palestiniens, sans passer par les canaux de l’Etat sioniste, pour échapper à la normalisation et éviter de servir les sionistes qui ne seraient pas contre ces liaisons si celles-ci favorisaient la normalisation entre les peuples ou régimes arabes et l’Etat sioniste !

Ces liaisons multiples et offensives de la part des Palestiniens de 48 ont suscité la crainte de l’Etat sioniste et de ses dirigeants qui n’ont pas hésité à les accuser de représenter un « danger stratégique » pour Israël et d’être une « cinquième colonne ! ».
L’association Adalah (association juridique de défense des Palestiniens de 48) n’hésite pas à parler de « politique de criminalisation de la liaison avec « l’ennemi » faisant remarquer que les ennemis de l’Etat sioniste ne sont sûrement pas ceux du peuple palestinien. Adalah explique d’autre part que dans le cadre d’un Etat où existe une forte minorité nationale, comme c’est le cas pour les Palestiniens de 48, même sans tenir compte de la nature coloniale de cet Etat, toute minorité a des droits garantis par le droit international pour établir des liens avec son peuple et son environnement national que sont les peuples arabes.

Dans son article paru en 2009, Hanine Naamné (Adalah) écrit : « la minorité arabe en Israël est une minorité nationale à l’intérieur d’Israël, mais elle fait partie d’une large communauté nationale arabe et constitue une part intrinsèque de cette communauté.. » Donc, juridiquement, toute répression de cette liaison bafoue le droit international, là encore. Et H. Naamné ajoute : « Israël utilise la doctrine des « Etats ennemis » comme outil supplémentaire pour réprimer la minorité arabe en Israël et accentuer la discrimination envers elle ».

A cause du renforcement de ces liens naturels, un document interne du service de renseignements, la Shabak, explique en 2007 que les Palestiniens de 48 représentent « à long terme, une menace stratégique pour Israël, pour le caractère juif de l’Etat et la présence d’Israël en tant qu’Etat juif ». Lors d’une réunion à huis-clos entre Ehud Olmert, Yoval Deskin, directeur de la Shabak en présence des responsables des appareils sécuritaires sionistes, « la minorité arabe en Israël, le déclin de son soutien à l’Etat, la montée des forces radicales et les dangers qui en sont issus » sont à l’ordre du jour, d’autant plus qu’ils « soutiennent l’Iran et le Hezbollah et toutes les parties qui ne reconnaissent pas la légitimité de l’Etat d’Israël en tant qu’Etat juif. »

Déjà, lors de son arrestation, sheikh Raed Salah avait été accusé en 2003 d’avoir accepté le financement de la république islamique d’Iran. Mais malgré un lourd dossier d’accusation de milliers de pages, le dirigeant du mouvement islamique a été relaxé, faute de preuves suffisantes pour son maintien en prison. Cependant, les récentes arrestations de militants ou dirigeants palestiniens portent cette marque « accusatrice », qui est celle d’agir en connivence ou au bénéfice de forces « ennemies ». Dr. Azmi Bishara avait été accusé d’avoir fourni des renseignements « sensibles » au Hezbollah, pendant la guerre de juillet-août 2006. Rawi Sultani, étudiant militant au Rassemblement National démocratique, arrêté en 2009, aurait rencontré au Maroc des membres du Hezbollah qui lui auraient confié la mission de surveiller le général Ashkenazi.

En 2008, Anis Saffouri (Abnaa al Balad,20 ans) et Hussam Khalil (RND, 19 ans) sont accusés d’avoir des liens avec le Jihad islamique. Plus tôt, En février 2004, Hussam et Muhammad Kanaane sont accusés d’être en liaison avec des organisations palestiniennes de la résistance. Et en 2010, dr. Omar Sa’îd et Ameer Makhoul sont accusés d’être en contact ou de fournir des « renseignements sensibles » au Hezbollah, pendant que Mrad Nimr (25 ans) est arrêté 2010 à Beer Saba’, pour appartenance au mouvement Hamas. En 2008 , trois militants du mouvement islamique de Lid sont arrêtés, soupçonnés d’être relation avec la résistance palestinienne, mais ils sont aussitôt relâchés, ce qui a fait dire à la Commission des libertés issue du Haut comité de liaison des masses arabes, que la « montagne de la Shabak a accouché d’une souris » !

En fait, ce que craingnent surtout l’institution sioniste et ses appareils sécuritaires, ce ne sont pas les « informations sensibles » fournis qui, comme le disent des journalistes israéliens, existent sur tous les sites internet bien informés, à la disposition de nombreux experts, mais plutôt « la connivence politique entre les mouvements de la résistance et les Palestiniens de 48. C’est ce qu’elle considère comme étant de l’espionnage. Et ceci représente une grave menace contre eux. » (Haaretz, Amos Harel et Avi Issacharoff).

La répression de cette liaison prend d’autres aspects : l’interdiction de se déplacer, vers les territoires occupés en 1967, al-Qods notamment, émise par l’armée sioniste en accord avec la Shabak ou le Shin Beth. La récente interdiction de sheikh Abu Sharkha, conseiller juridique du mouvement islamique, en est le dernier exemple. Mais il y a, depuis l’intifada al-Aqsa, une interdiction collective de se rendre à Gaza. Il y a également les ordres émanant du ministère de l’intérieur en collaboration avec les appareils de surveillance, d’interdiction de voyager. De nombreux dirigeants politiques, associatifs ou tout simplement militants ont été interdits de se rendre à l’étranger. Le dernier exemple est la prolongation de six mois le 9 septembre 2010 de l’interdiction faite au cadre politique Ghassan Athamla, ancien prisonnier, de voyager. Ces interdictions s’appuient sur la loi d’urgence de 1948 et prétendent assurer la sécurité de l’Etat sioniste !

En réalité, c’est pour empêcher l’expression publique des dirigeants palestiniens dans les tribunes internationales que l’Etat sioniste sévit contre eux. Pour les sionistes qui considèrent que le monde occidental (Europe et Etats-Unis notamment) est leur base politique et idéologique, il n’est pas permis aux Palestiniens, et surtout de 48, de la déstabiliser. Pour l’écrivain britannique Jonathan Cook, qui vit à Nasra, « (Ameer) Makhoul est représentatif d’un mouvement palestinien qui émerge à la recherche de nouvelles stratégies ; il n’a pas caché ses relations avec les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, ni avec les réfugiés, ni avec les institutions arabes, ni sa solidarité avec Gaza (il avait été arrêté après les manifestations par le Shin Beth) ni sa direction du mouvement de Boycott et de Désinvestissement lancé en Europe, grâce aux nombreux contacts avec les délégations européennes. ». Quelques semaines avant son arrestation, il recevait d’ailleurs une délégation basque.

Donc, c’est bien pour des motifs politiques et non sécuritaires comme elle le prétend, que l’institution sioniste considère que le moyen le plus efficace pour briser cet élan palestinien vers son environnement arabe et vers l’étranger serait de le réprimer, de criminaliser ses liaisons, de l’enfermer dans l’israélisation pour ensuite l’exploiter en direction de l’environnement arabo-musulman et étranger, uniquement pour servir ses intérêts, bref, en faire des Palestiniens soumis qui seraient les intermédiaires entre les sionistes et les Arabes.

Une nouvelle tendance de cette répression est récemment apparue, qui ne se contente plus de réprimer, exiler ou arrêter les dirigeants politiques, mais bien les acteurs de la vie associative et civile. Muhammad Zaydan, dirigeant de l’association arabe pour les droits de l’homme (Arab HRA) à Nasra déclare, suite à l’arrestation de Ameer Makhoul : « nous sommes habitués à la poursuite et la répression politiques de nos dirigeants politiques, mais ce qui est nouveau, c’est la poursuite et la répression des responsables de la société civile et associative » qui a réussi à élargir le champ de la liaison inter-arabe. D’ailleurs, si les années post-Oslo (années 90) avaient assisté à une certaine libéralisation de la vie politique et associative des Palestiniens de 48, les appareils de renseignements sionistes sont assez rapidement revenus à la surveillance de toute leur activité comme dans les années 50, lorsqu’ils étaient à la merci du pouvoir militaire. Le masque libéral est tombé et c’est bien d’une répression coloniale qu’il s’agit au fur et à mesure que l’institution sioniste plonge dans sa crise structurelle.

Si l’Etat et ses appareils sécuritaires exercent la répression et la poursuite politiques, les colons provoquent et tuent (Shefa Amr en 2005), les médias assurent, quant à eux, non seulement la couverture médiatique des arrestations, mais amplifient le climat de la haine et de la suspicion du public « israélien » envers les Palestiniens de 48. Lors de l’arrestation de sheikh Raed Salah en 2004, les médias sionistes avaient longuement insisté pour présenter le leader du mouvement islamique comme un « criminel de droit commun » et présenté l’islam en tant que tel comme « dangereux », ne prenant aucun recul par rapport au pouvoir sécuritaire ou judiciaire. Il en est de même pour toutes les arrestations et notamment celle de dr. ‘Omar Saïd et Ameer Makhoul, en jetant pêle-mêle à leur public de quoi alimenter sa phobie et son racisme, à se demander souvent si les journalistes israéliens étaient des sécuritaires déguisés ou des nullités se prenant pour des « James Bond ». Quoiqu’il en soit, hormis certains journalistes travaillant dans les éditions anglaises (l’image libérale devant toujours être mise en avant pour l’étranger), les médias israéliens participent entièrement à cette campagne de terreur envers les Palestiniens de 48 dans le but de les maintenir dans un état d’infériorité et de soumission et de déstabiliser leur vie quotidienne.


mercredi 1 décembre 2010

Munir Shafiq - Quand nous nous portons volontaires

Quand nous nous portons volontaires pour trouver une solution
[ 28/11/2010 - 16:49 ]
Munir Shafiq - Mawazeen

A l’origine, le projet d’un seul Etat fut un prélude pour faire accepter aux Palestiniens, Arabes et musulmans les émigrations juives qui menaçaient de spolier la Palestine avant de leur faire avaler la résolution de partage, écrit Munir Shafiq.

Suite à l’impasse devant laquelle se trouve la « solution des deux Etats » proposée par le président américain George W Bush et adoptée par Barak Obama par la suite, impasse, échec, situation désespérante ou absurdité de continuer à l’adopter, certains proposent, à partir de différents courants politiques, de renouer avec le projet ou d’adopter le projet de « la solution d’un seul Etat ».

Parmi eux se trouvent des personnes ayant participé aux négociations pour parvenir à la solution des deux Etats ou ayant soutenu le processus politique après Oslo ou à partir d’Oslo. Pour ces participants, le fait d’agiter la solution d’un seul Etat a pour but d’ « alarmer » le négociateur israélien et le convaincre de faciliter le processus amenant à la « solution des deux Etats » pour qu’il n’ait pas à affronter « la solution d’un seul Etat ».

Quant aux autres qui soutiennent le processus politique basé sur l’accord d’Oslo ou la conférence de Madrid, ou la résolution 242 plus l’Etat palestinien (projet avant la conférence de Madrid, au temps de la « guerre froide » - la ligne soviétique), la plupart de ceux-là se rassemblent d’une manière ou d’une autre, aujourd’hui pour adopter le projet d’un « seul Etat » après avoir réalisé l’irréalisme d’une solution basée sur les bases suivantes : la chute du processus politique commencé à partir de la résolution 242, opérée par Bill Clinton, puis Bush - Obama par le biais de Rice - Mitchell, jusqu’au niveau actuel. C’est le chemin adopté par le processus politique, il n’y en avait pas d’autres, mis à part des suppositions qui n’ont su être concrétisées et qui se prétendaient réalistes ou étaient basées sur cette prétention. Tout autre choix a été refusé, notamment celui sur lequel a été fondé l’OLP, au cours de ses étapes en 1964 et 1968, ou sur lequel ont été fondées toutes ses organisations.

En un mot, ceux-là se sont éloignés de la stratégie du processus politique ayant visé la « solution de deux Etats », non pour revenir aux constantes de la cause palestinienne, à la stratégie du boycott, de la résistance et de la lutte, mais pour adopter le projet d’un « seul Etat », sans cependant nous dire comment le réaliser, ce qui veut dire que nous sommes devant un nouvel objectif dépourvu de stratégie et de tactique précis pour le réaliser, et sans définir l’identité de l’Etat visé ou même son nom entier.

La proposition d’un « seul Etat » n’est pas nouvelle. Elle fut discutée, au moins, au début des années trente du siècle dernier jusqu’à la parution de la résolution 181 en 1947 du partage de la Palestine. Même cette résolution avait maintenu en son sein l’idée de la fondation d’un seul Etat, mais suite à l’établissement des deux Etats qui seraient reliés par une unité économique et des relations qui y mèneraient.

Depuis, le projet d’un seul Etat a été posé sur les étagères et a pratiquement disparu, il ne fut plus mentionné entre 1948 et 1969, mais il fut de nouveau proposé dans un autre langage et avec d’autres contenus, et différent du précédent, grâce au mouvement Fateh avec le slogan de la fondation d’un seul Etat démocratique palestinien basé sur la laïcité, où les chrétiens, les musulmans et les juifs seraient égaux. Cependant le Fateh avait rattaché son projet à la libération de la Palestine et de la suppression de l’entité sioniste, avec toutes ses institutions : l’Etat, l’armée et l’idéologie, et évidemment, au retour de tous les réfugiés à leurs maisons, leurs villages et villes (droit au retour).

Il faut remarquer la différence fondamentale entre le projet de l’Etat démocratique palestinien et le projet actuel d’un seul Etat. Le premier a été défini à partir de l’objectif de la libération basée sur la lutte armée et la suppression de l’entité sioniste. Alors que le second n’a pas d’identité définie, est-elle palestinienne ou israélienne ? Quoi d’autre ? Il ne définit pas comment y parvenir, est-ce par le biais des négociations, un accord tacite, une résolution internationale qui le revendiquerait et l’imposerait ou serait-il une solution couronnant une série de solutions ? Est-ce qu’il viendrait suite à des formes particulières de lutte ou suite à toutes ces formes ? Est-ce qu’il serait une solution après la libération et le retour des réfugiés et déplacés vers toute la Palestine ou bien serait-il limité essentiellement aux habitants de la Cisjordanie, de la bande de Gaza et d’autres ?
Le problème des adeptes du « seul état » est qu’ils sont retournés vers cet ancien slogan par suite de l’échec de la solution des deux Etats, ou parce qu’ils veulent s’adresser à l’opinion publique en affichant une attitude humaniste éloignée de l’accusation d’antisémitisme, de vouloir chasser les juifs de la Palestine ou de vouloir la suppression de l’Etat « d’Israël ». Ainsi, le projet d’un « seul Etat » est né aujourd’hui pour ne pas affronter l’impasse d’une non-solution. Mais il y a encore ceux qui l’ont proposé pour convaincre le Hamas de la nécessité de s’adresser au monde en proposant une solution humaniste, puisque les adeptes de « la solution des deux Etats » ont perdu le terrain sur lequel il se tiennent, et que l’alternative est réclamée à plus d’un niveau, palestinien, arabe, islamique et mondial.

Dès la première étape, au début des années 30 jusqu’en 1947, lorsque le mouvement national palestinien avait accepté l’instauration d’un Etat palestinien qui intègre des centaines de milliers d’émigrés juifs, tout en maintenant une majorité arabe (musulmans et chrétiens), le slogan d’un seul Etat a joué le rôle de tampon pour absorber la perte des droits fondamentaux du peuple palestinien qui pourrait en découler, ou en d’autres termes, accepter d’intégrer l’émigration illégale vers la Palestine. Ce fut l’objectif par exemple du « livre blanc » présenté par la Grande-Bretagne en guise de solution.
Puis la résolution d’un seul Etat fut utilisée pour faire accepter la résolution de partage en 1947 en présentant le partage de la Palestine comme solution provisoire, ou bien que la fondation de l’Etat « d’Israël » serait provisoire avant que ne soit instauré l’Etat palestinien, unifié et seul.

En d’autres termes, le projet d’un seul Etat fut un prélude pour faire accepter aux Palestiniens, Arabes et musulmans les émigrations juives qui menaçaient de spolier la Palestine avant de leur faire avaler la résolution de partage.

Quant à la seconde étape, qui s’étale de 1948 à 1967 (guerre de juin), elle consista à faire admettre la fondation de l’Etat de l’entité sioniste, l’expulsion des 2/3 du peuple palestinien de ses maisons, ses terres, ses villages et ses villes, et l’installation de colons juifs à sa place, et cela, grâce à des projets illusoires consistant à trouver des solutions à la question des réfugiés palestiniens, allant de la revendication d’appliquer les résolutions du conseil des Nations-Unies (la résolution 181 du partage et la résolution 194 du retour) jusqu’à des solutions proposant le retour partiel, l’installation partielle dans les pays d’accueil et une compensation générale.

La reprise du slogan d’un seul Etat, avec le projet d’Etat démocratique proposé par le Fateh avait pour but de s’adresser à l’opinion publique et de rejeter l’accusation de vouloir chasser les juifs de la Palestine, en voulant proposer une solution humaniste au service de la lutte armée et du but de la libération totale.
Mais l’accueil de ce pas du Fateh par divers milieux sionistes, de gauche, et des gouvernements occidentaux, malgré les buts différents recherchés par chaque partie qui approuvait, a été favorable parce qu’il comportait une reconnaissance des droits égaux pour les juifs avec les musulmans et les chrétiens arabes en Palestine, alors que le détenteur unique, légal et exclusif du droit à l’autodétermination de la Palestine, selon le droit international, est le peuple palestinien.
Le Fateh a ici fait une concession gratuite aux juifs, sans contrepartie de leur côté, au sens où ils n’ont pas accepté, de leur côté, l’égalité des droits avec les musulmans et les chrétiens arabes de Palestine. Il a considéré, ce faisant, qu’il allait influer sur l’opinion publique juive à l’intérieur de la Palestine et sur l’opinion publique internationale (1).
A peine deux ans après cet important pas « positif » de la part du Fateh, l’OLP en est également touchée ainsi que l’opinion publique arabe, mais pas du tout l’opinion internationale ou israélienne, à l’exception d’un très faible nombre de la gauche et des élites, mais commence l’attaque des « nouveaux amis » : l’Union soviétique et son camp d’abord, puis les représentants de l’opinion publique occidentale, ensuite, considérant que le slogan de l’Etat démocratique n’est ni pratique ni réaliste, car il vise la suppression de « l’Etat d’Israël », ce qui ne peut être accepté sur le plan international. Il ne peut, par conséquent, être une solution à la question palestinienne. Il est donc réclamé de présenter un nouveau projet (de nouvelles concessions).

Le Fateh devait alors faire une nouvelle concession gratuite pour satisfaire Sadate, gagner l’Union soviétique et préparer le terrain pour une solution réaliste dont le plafond serait la résolution 242. Cela s’est traduit par le « projet en dix points », soit la présentation d’un programme minimum qui réclame la création d’une autorité nationale sur toute parcelle libérée de terre de la Palestine, sans indiquer cependant l’instauration d’un Etat palestinien pour éviter l’accusation de vouloir reconnaître l’Etat de l’entité sioniste, ou la solution des deux Etats, et sans mentionner l’approbation de la résolution 242. Au contraire, pour se faire admettre, le programme en dix points a inclus le refus de la résolution 242 ainsi que le refus de la réconciliation, de la reconnaissance, des négociations ou l’abandon de la lutte armée en vue de la libération.

Ainsi, l’objectif d’un seul Etat s’est estompé, en commençant par un programme minimum, où l’objectif de la libération totale et d’un seul Etat démocratique demeure comme « programme maximum » (cela a été naturellement oublié par la suite).
Le programme en dix points fut le début et il a préparé le terrain pour passer au projet de l’Etat indépendant de 1988, sous le plafond de la résolution 242 ou dans les « frontières » du 4 juin 1967, suivi par la conférence de Madrid, l’accord d’Oslo, puis les ententes de la conférence d’Annapolis : la solution des deux Etats par le biais des négociations qui décideront de tout ce qui se rattache à ses conditions. Mais depuis l’accord d’Oslo basé sur des négociations bilatérales palestino-israéliennes secrètes, la colonisation et la judaïsation d’al-Qods ainsi que la confiscation des terres de la vallée du Jourdain se sont amplifiées, dans le cadre des négociations, contrairement à ce qui a été prétendu ou qui était supposé, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien sur lequel fonder un Etat palestinien. L’accentuation de la colonisation se poursuit dans le cadre de la médiation de l’administration d’Obama, entraînant, pour beaucoup, l’impasse de la « solution des deux Etats ». C’est alors que le projet d’un seul Etat est repris alors qu’il était mis de côté, aux côtés des résolutions de mauvaise augure du conseil des Nations-Unies, ainsi qu’aux côtés de l’accord d’Oslo et de la Feuille de route, même mauvais et au plafond très bas.
Si le projet d’un seul Etat revêtu à l’ancienne est une tragédie, son nouveau revêtement en fait une farce ou un divertissement. C’est pourquoi les adeptes du nouveau projet le proposent comme moyen de fuite ou à l’improviste, sans définir le degré de son réalisme, ni son identité, ni sa stratégie ou tactique, à l’exception de quelques fonctions qu’il pourrait remplir, selon leurs conceptions. Loin d’être une solution, il peut juste être considéré comme un slogan. Mais même ces fonctions secondaires sont hors d’atteinte, s’il s’agit de viser l’opinion publique internationale ou de mener la lutte sous sa bannière.
La question demeure : si la solution des deux Etats a prouvé être irréaliste et se trouve devant une impasse, hormis le fait de proclamer un Etat palestinien ou d’accepter l’instauration d’un Etat selon les dernières conditions ou propositions israéliennes non encore proclamées, ce qui serait également hors d’atteinte et même éloigné du plafond de Bush-Obama, comment Mahmoud Abbas et ceux qui sont à son niveau, parmi les Etats arabes (l’Egypte notamment) vont-ils agir ? Si la solution d’un seul Etat est uniquement un slogan, sans identité ni terre ni plafond ni murs, quelle est la solution ?
La réponse doit s’appuyer avant tout sur le droit, les constantes, les principes et la justice et considérer que l’émigration juive en vue de fonder une patrie nationale pour les Juifs en Palestine, autorisée par le mandat britannique, les résolutions internationales du conseil des Nations à partir de la résolution de partage 181 en 1947, l’Etat d’Israël ayant été proclamé en s’y appuyant, puis les résolutions qui ont suivi, y compris la résolution 242, représentent une injustice évidente envers le peuple palestinien et un détournement du droit international, du traité du conseil des Nations-Unies et une violation des Nations-Unies, et une violation de son droit constant à l’autodétermination dès la fin du mandat britannique tel que le mentionne le droit international.

Concernant la référence au droit, aux constantes, aux principes et à la justice, toutes les mesures prises pour fonder et entériner l’Etat de l’entité sioniste, entraînant l’expulsion de la majorité du peuple palestinien de ses maisons, ses villages et ses villes, ainsi que les résolutions internationales qui ont émané et les solutions qui ont été proposées à la question représentent soit une violation, soit une opposition au droit, aux constantes, aux principes et à la justice.

Ensuite, la seconde réponse, qui est non moins importante et moins rigoureuse que la première, s’appuie sur l’expérience concrète de toutes les résolutions internationales et des projets « pratiques » pour trouver une solution à la question palestinienne et au problème du peuple palestinien, à partir du Livre blanc, les propositions avancées pour fonder un seul Etat avant 1947, puis la résolution 181 du partage, la résolution 194 et les résolutions 242 et 338, pour finir avec la conférence de Madrid et l’accord d’Oslo, les négociations de Camp David II, puis les négociations ayant suivi la conférence d’Annapolis, qui s’appuyaient sur la Feuille de route et les négociations bilatérales directes pour trouver une solution sur la base des deux Etats, toutes sont irréalistes et non pratiques, puisqu’elles ont entraîné un effritement supplémentaire des terres de la Cisjordanie, la judaïsation encore plus poussée d’al-Qods, une saignée d’exil encore plus vaste et continue des Palestiniens et un durcissement américano-sioniste considérant que « l’Etat d’Israël » est un Etat pour les Juifs seulement. Toutes ont soufflé les principes de la cause palestinienne d’un côté et constituent une menace d’exil pour les Palestiniens qui sont restés dans l’Etat de l’entité sioniste après sa fondation d’autre part. Cela a eu pour résultats de commencer à effacer les traits des villes et des villages arabes et à les judaïser, comme Yafa, Haïfa, Akka, Lid et Ramleh, et ne plus se contenter de l’habiter et de l’exploiter en tant que « propriété des absents », comme ce fut le cas depuis 1948 jusqu’à la période récente. Aujourd’hui, dans le cadre du processus de règlement actuel, la situation est passée à la judaïsation et à la modification de la réalité en promulguant des lois permettant aux juifs de se les approprier.

En résumé, le parcours de la recherche de soi-disant solutions intermédiaires dans le cadre de la fondation de l’Etat de l’entité sioniste a prouvé qu’il est irréaliste, impraticable et impossible, plus que ne le sont ceux qui sont accusés de s’accrocher aux principes de la question palestinienne, aux constantes du droit du peuple palestinien à sa patrie et au refus de tous les projets de règlement considérés d’une part, comme le fait d’entériner l’injustice, la spoliation de la terre, l’expulsion de sa population autochtone, et d’autre part, un encouragement à poursuivre la colonisation, la judaïsation, le vol incessant des terres en Cisjordanie pour qu’il n’y ait plus de Palestiniens ni aucune trace du peuple palestinien en Cisjordanie. Sans l’évolution de la situation dans la bande de Gaza qui a imposé le désengagement, le démantèlement des colonies et la difficulté de l’occuper à nouveau, elle aurait eu le même sort que la Cisjordanie du point de vue de la colonisation, de la confiscation des terres et de l’expulsion des Palestiniens.

C’est la conclusion réaliste de ce qui est connu comme étant le processus de règlement, qui s’est construit sur le parcours des concessions palestiniennes, arabes et internationales, qui se poursuit depuis l’acceptation des émigrations juives coloniales pendant le mandat britannique et sous la protection de ses soldats, et par l’acceptation des résolutions du conseil des Nations-Unies, jusqu’à arriver à la résolution 242, puis le processus de règlement direct sous égide américano-européen, soit le quartet.
Ce parcours fut accompagné d’incessantes concessions internationales quant aux résolutions, recommandations et positions antérieures, formulées par les grandes puissances elles-mêmes en tant que politique officielle, dès la concession vis-à-vis des résolutions 181 et 194 au profit des résolutions 242 et 338, puis l’abandon de ces deux dernières au profit de la Feuille de route et des négociations directes en fonction de ce que s’accordent les deux parties, et ainsi les résolutions internationales sont devenues une référence formelle tant que la solution a été remise aux négociations et à ce qui satisfait les deux parties « négociatrices ».

C’est pourquoi il faut rejeter le respect de toute résolution internationale ou politique annoncée adoptée par les grandes puissances au conseil de sécurité, non pas seulement du point de vue de l’injustice faite au droit palestinien mais aussi pour le degré de constance et de respect des grandes puissances elles-mêmes de leurs propres résolutions. L’expérience concrète a prouvé qu’elles ne respectent aucune résolution qu’elles ont elles-mêmes formulées et ne maintiennent aucune position qu’elles ont proclamées. Leur parcours consiste à passer d’un pas à l’autre pour adopter ou couvrir le projet sioniste dans son ensemble : faire dépendre la solution des négociations ou de ce qui satisfait les deux parties constitue en fait une complicité qui vise à entériner les mesures de colonisation faites sur le terrain, l’expulsion des Arabes et la judaïsation d’al-Qods. Récemment, ils ont encore inventé une formule « la création d’un Etat palestinien dans les frontières de juin 1967 avec un échange de territoires ». L’échange de territoires conteste nécessairement la « référence » aux frontières de juin 1967, car il entérine la colonisation et la judaïsation et couvre et couvrira la colonisation et la judaïsation dans le cadre des négociations.

Ainsi, nous pouvons dire, sans grande exagération, que le processus de règlement n’a pas prouvé qu’il est le chemin du réalisme et des solutions pratiques possibles, et qu’il peut sauver ce qu’il est possible de sauver. Ce qui s’est passé à sa suite ou dans son cadre est plus grave que ce qui s’est passé avant lui, lors du boycott et du refus des négociations, de la réconciliation et de la reconnaissance, entre 1948 et 1979, soit jusqu’aux négociations directes et la proclamation de la disposition à reconnaître et se réconcilier suite à la visite du président Anouar Sadate à l’entité sioniste et la signature du traité égypto-israélien.

Vient ensuite la comparaison la plus mauvaise avec les étapes précédentes, après la conférence de Madrid, l’accord d’Oslo et les négociations palestino-israéliennes et les pas en direction de la normalisation, et finalement la proclamation de l’initiative arabe en vue de la paix, et les ententes de la conférence d’Annapolis, la résolution du comité de suivi de l’initiative arabe à la Ligue arabe qui s’est mise à couvrir les ententes d’Obama-Netanyahu et les concessions de Mahmoud Abbas.
Ces résultats catastrophiques sont principalement dus au parcours du règlement et des concessions, c’est-à-dire le parcours de la recherche de solutions là où elles n’existent pas. Ce parcours a encouragé le projet sioniste à modifier de manière extrêmement rapide la situation présente sur le terrain, non seulement en Cisjordanie, mais aussi dans les territoires dont il s’est emparé au cours de la guerre de 1948 et qui représentent 78% de la Palestine.

En résumé, le parcours du règlement est dénoncé non seulement du point de vue des principes et des constantes, mais par le rejet de ses prétentions à être réaliste et pratique, voulant sauver ce qui peut être sauvé, ou gagner l’opinion publique internationale, voulant spécifier en premier lieu les Etats occidentaux. C’est pourquoi il a échoué et a perdu toute légitimité ou justification. De même, les projets de solutions sont arrivés à l’impasse pour imposer en fin de compte la thèse selon laquelle aucune solution n’est possible avec le projet sioniste et son ambition illimitée à s’étendre sur les terres palestiniennes et à les judaïser en totalité. Il faut rappeler que l’échec jusqu’à présent des processus de règlement est, concrètement, une chance pour ceux qui l’ont soutenu, Palestiniens et arabes, car leur succès les aurait placés dans une posture de trahison et de liquidation de la cause palestinienne.

D’un point de vue pratique, rien ne peut expliquer l’échec du processus de règlement sinon la non disposition de toutes les directions sionistes israéliennes à accepter une quelconque solution tant qu’elles convoitent de prendre ce qui reste entre les mains des Palestiniens d’une part, comme l’a prouvé l’expérience, les Etats occidentaux, et en premier lieu les Etats-Unis, ne veulent pas imposer une solution même sur les frontières minimum que sont prêts à accepter les Palestiniens qui ont fait le plus de concessions sur la terre, les droits et les constantes. Il a été prouvé que les gouvernements occidentaux n’ont pas été sincères ou sérieux avec leurs résolutions, et leurs dirigeants, depuis l’administration Clinton, sont encore plus faibles devant la domination juive sioniste dans leur pays, et plus en symbiose avec le projet sioniste, de sorte qu’ils ont posé une condition à toute solution, satisfaire les deux parties, soit la partie israélienne dans les négociations.

Ces deux vérités doivent être évidentes depuis l’émergence de la question palestinienne, que ce soit pour comprendre le projet sioniste et la mentalité de ses dirigeants dans le cadre d’une protection et d’un soutien international illimité et dans le cadre d’une stratégie internationale occidentale. Il est d’ailleurs lui-même l’auteur du projet, comme il faut le comprendre dans le cadre d’un effritement arabe, de divisions islamiques et une domination occidentale sur le rapport de forces international.
Comprendre ces deux vérités peut empêcher de succomber à l’illusion du règlement, et d’abandonner les politiques de boycott et de l’objection, mais peut aussi encourager les stratégies de la résistance et introduire fondamentalement des changements dans la situation arabe.

Les politiques arabes officielles entre 1948 et 1979 ont été marquées par le boycott, le refus des négociations, de la normalisation et de la réconciliation. Malgré leur modestie et l’absence de l’aspect positif consistant à posséder la force, sur le plan arabe en général (à l’exception des rares cas des mouvements de libération arabe qui furent encerclés, soumis à l’agression et l’occupation, et en premier lieu l’Egypte de Nasser), elles ont réussi à stopper l’activité de la judaïsation même dans les territoires occupés en 1948, et à limiter la colonisation en Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce qui a imposé aux gouvernements de l’Etat de l’entité sioniste la préservation des quartiers arabes dans les villes et les villages, bien que les colons s’y soient installés. Leurs colonies n’ont pas été installées sur les ruines des villages détruits dont la population a été entièrement expulsée, jusqu’aux négociations d’Annapolis, où a commencé le processus d’appropriation des terres et des maisons et la modification des traits des villes historiques, par exemple à Akka et Yafa, et notamment dans la ville d’al-Qods, sans parler de l’isolement international dont a souffert l’entité.

Les processus de négociations et de reconnaissance menés par Sadate ont permis la construction des autoroutes à l’intérieur des régions occupées en 1948, qui s’ajoute à la carte de la résolution du partage. Les autoroutes et les routes de contournement n’ont été tracées en Cisjordanie qu’après les accords d’Oslo. L’appropriation des « propriétés des absents » n’a eu lieu qu’après les négociations à Annapolis, prouvant qu’avant le processus des règlements, l’entité craignait que des conditions interviennent et l’obligent à revenir et à reculer jusqu’aux lignes de partage, sinon jusqu’aux lignes de la trêve après 1967. Ce sont les concessions palestiniennes et arabes qui ont conduit la situation en Palestine à la judaïsation actuelle et au « principe » de l’échange des territoires en Cisjordanie, et à réduire ce qui reste de terres à un mini-Etat dont la superficie ne dépasse pas les 10% de la Palestine historique. Et même ces 10% seront disloqués et encerclés militairement de tous côtés, dépourvues d’eaux souterraines et sans souveraineté de leur espace aérien ni sur ses voies d’accès.

Parmi les points les plus négatifs issus de l’accord d’Oslo du point de vue du rapport de forces politique, ce fut l’élargissement de la reconnaissance diplomatique internationale de l’entité sioniste et l’encouragement à la normalisation arabe et palestinienne.
C’est cette grave réalisation sur le terrain et dans le processus du règlement qui a reposé la question de la solution d’un seul Etat, comme elle a encouragé par ailleurs la revendication de « la judéïté de l’Etat de l’entité sioniste ». Quelles que soient les causes et les motivations de chaque partie, elles se sont mises à répondre à l’appel à la « solution d’un seul Etat », cet appel ne faisant que maintenir l’espoir (l’illusion) de trouver une solution à la question palestinienne à laquelle les efforts devraient porter. Cette solution doit être commune et acceptée par les deux parties, les Palestiniens et les Israéliens, et c’est ce que signifie nécessairement et de quelque manière qu’on le définit, « un seul Etat ».

Ce qui signifie que nous sommes toujours dans le cadre des solutions à la question palestinienne, et toute solution est nécessairement une solution politique, d’autant plus que la condition de la libération et de la concrétisation du retour ne sont pas des préalables, d’une part, et d’autre part, elle offre généreusement et gratuitement, et sans contrepartie, une reconnaissance préalable du droit des émigrés colons en Palestine, et une égalité nécessaire avec les ayant-droit exclusifs, le peuple palestinien authentique et historique qui fut occupé par le mandat britannique après la première guerre mondiale. Ce droit incontestablement défini par le droit international a été pratiqué par tous les peuples anciennement colonisés, à l’exclusion du peuple palestinien qui en a été privé de force et par l’expulsion, et du fait de la résolution illégitime 181 du partage.

La question est : si l’expérience palestinienne dès les années 20 du XXème siècle jusqu’à présent a prouvé qu’il n’y a aucune solution à la question palestinienne dans le cadre spécifique du projet sioniste, de la stratégie occidentale et l’état de morcellement et de dépendance arabe, mais aussi musulman, pourquoi rechercher une solution hypothétique nouvelle-ancienne ? Pourquoi ne pas nous comporter avec la question palestinienne sur la base qu’aucune solution n’est possible et si cela a lieu, cela signifie la liquidation de la question. Il n’y a aucune autre issue que la lutte, rien que la lutte.

Bien évidemment, nous devons admettre cette vérité criante qu’il n’y a aucune autre solution que de mener la lutte. Il faut que cela soit affirmé à l’entité sioniste, en lui disant qu’il n’a aucune solution que de nous combattre, et que pour nous, il en est de même, toutes autres paroles ne sont que des mensonges et de la duperie, comme l’expérience l’a prouvé où la prédominance s’est intensifiée à l’ombre de la reconnaissance, de la normalisation, des négociations et de la proposition des solutions politiques, et ses convoitises ont augmenté avec tout recul palestinien, arabe et international.

Il faut que cette vérité soit affirmée face aux administrations américaines, aux gouvernements occidentaux, et par la même logique, leur disant qu’il n’y a pas d’autre solution que de mener la lutte. Toutes les résolutions internationales et les projets de solution furent des mensonges, une tromperie et une anesthésie des Palestiniens, des Arabes, des musulmans et du monde. En donnant l’illusion que vous avez une solution intermédiaire qui veut éviter l’affrontement (2), vous avez toujours soutenu le projet sioniste qui s’est érigé et s’est emparé de la Palestine, sous votre protection, et il a poursuivi l’expansion et la judaïsation grâce à votre soutien et votre couverture. Vous n’envisagez en fait que la prédominance qui s’est intensifiée en soutenant le projet sioniste dans le cadre du processus de règlement, de négociations, de normalisation et de réconciliation.

Tant qu’il en est ainsi, vous ne pouvez pas indéfiniment prétendre, après cette longue expérience, que vous êtes pour une solution politique par le biais des négociations, de vos résolutions ou de vos projets. La pratique et le parcours de vos positions changeantes ne mentent pas et disent que vous n’envisagez que la prédominance... Mis à part cela, tout a été au service de cette prédominance, remettre la Palestine en entier au projet sioniste, mais en portions, par étapes, avec une couverture de processus politiques qui donnent l’illusion d’une solution proche.

C’est pourquoi il faut que le peuple palestinien et tous les arabes et musulmans, ainsi que les êtres libres de ce monde soient mis devant cette vérité, afin que leur seul discours avec les sionistes soit l’affrontement et ses différentes stratégies politiques, militaires et économiques : résistance, boycott, refus de reconnaître et mobilisation des divers moyens de lutte.

Quant aux autres Etats, la Russie, la Chine, l’Inde et les pays du tiers-monde, il faut qu’ils soient mis en face de la véritable situation, à partir de la longue expérience avec l’entité sioniste et les politiques occidentales, et qu’ils définissent les attitudes qu’ils veulent adopter, mais il ne pourront rejeter ce que la longue expérience avec l’entité sioniste et les stratégies occidentales ont prouvé. Ils doivent choisir entre les deux camps ou demeurer dans la neutralité.

Ce qui est cependant important et décisif, c’est la confrontation du peuple palestinien, des Arabes et des musulmans ainsi que des êtres libres du monde avec cette vérité, celle qui dit que la prédominance par la force et la ruse politique (l’anesthésie grâce aux solutions politiques) est le trait dominant de l’occident et des gouvernements sionistes, tout au long de la dure expérience de la question palestinienne. Il faut dès lors mettre de côté toute illusion sur la possibilité de trouver une solution politique ou de tourner en rond dans le cadre d’un processus de règlement. C’est pourquoi nous devons insister, plus particulièrement, auprès du peuple palestinien et de la nation arabe car certains de leurs dirigeants furent à la base du désastre, en déviant de la ligne de la lutte qui a commencé par la résistance, le boycott, le refus de négocier, de normaliser, de se réconcilier et de reconnaître, avec des affrontements militaires limités en 1948, 1956, 1967, 1973, où certaines armées arabes se sont levées avant que n’intervienne le soutien à la résistance palestinienne de 1967 à 1974. Puis le recul a commencé avec la résolution « l’OLP le seul représentant légitime » pour finir, après la catastrophe du traité égypto-israélien, puis l’accord d’Oslo, par le slogan « nous acceptons ce que les Palestiniens acceptent », avec une approbation arabe du processus de règlement, à partir de la conférence de Madrid pour arriver à l’initiative de la paix arabe, en 2002, et ensuite, mais pas finalement, le comité de suivi de l’initiative arabe de la Ligue arabe assure une couverture aux politiques de Mahmoud Abbas et du gouvernement égyptien.

Concrètement, les choses ont été remises au processus de règlement et des conséquences qu’il a imposées, donnant naissance à un environnement où les collaborateurs agissent librement, ainsi que ceux qui ont abandonné et les corrompus qui veulent se débarrasser d’un mouvement de libération arabe ou des exigences de l’indépendance et de la question palestinienne, pour être en harmonie avec le projet américano-sioniste mondial, tout comme il a instauré un climat de quiétude générale des autres parties qui ont considéré que la paix règnera sur la région, et que nul effort de refus ou de boycott n’est nécessaire. Ils ont alors balancé la question palestinienne loin derrière le dos ou sur les épaules de l’OLP, sous le prétexte de se consacrer au développement de leurs pays, et certains sous le prétexte du besoin de réforme et de démocratie, terminant avec le slogan « aucune voix ne s’élève au-dessus de celle du combat », ou considérant que le problème essentiel réside dans la tyrannie et non dans les stratégies internationales, la partition et les rapports de force.

Par ailleurs, il reste encore des forces qui refusent de caresser ces illusions, avec ses conséquences et ces orientations. Elles se sont accrochées aux constantes, aux principes, à la résistance et ont pris en charge de creuser la pierre face à la domination des climats trompeurs de « paix ». Cela, quand ils n’affrontent pas la complicité et les insultes de l’attaque politique et idéologique qui les considèrent comme ayant une « langue de bois » et vivant dans le passé.

Quant à la population palestinienne et arabe, en général, elle se répartit entre l’attente de ce que peut apporter le processus de règlement, et la sympathie avec la résistance, doutant cependant des politiques qui se fient aux Etats-Unis et affirmant sans hésitation que l’ennemi est l’entité sioniste car ce dernier ne peut se transformer en une colombe de paix. Mais même ceux qui attendent, leur attente n’est que préparation pour retourner au soutien du refus et de la résistance lors de toute agression américano-sioniste, et de tout acquis de la résistance, qu’elle soit en Palestine ou au Liban, puis en Irak. L’opinion publique palestinienne et arabe a été la plus rapide à juger en échec le processus de règlement, à s’aligner aux côtés de la résistance et du refus et à isoler les dirigeants qui se sont fiés aux Etats-Unis et ont suivi le chemin des concessions à l’entité sioniste, par la normalisation, la reconnaissance ou en étant disposé à le faire (initiative de paix arabe).

Ainsi le climat est prêt pour affronter les réalités issues de l’expérience, que ce soit en ce qui concerne la faillite de la recherche des solutions à la question palestinienne, où il n’y a pas de terrain pour une solution, comme l’a confirmé l’expérience - et où aucun signe ne vient le contredire - ou ce qui se rattache aux réalisations de la résistance, notamment la libération du sud Liban en 2000, et la victoire contre l’agression au cours de la guerre de juillet - août 2006 au Liban, ou pour imposer le désengagement, le démantèlement des colonies dans la bande de Gaza, en 2005 puis la victoire sur l’agression au cours de la guerre contre la bande de Gaza, en 2008-2009, puis l’échec de l’occupation militaire américaine grâce à la résistance en Irak, et de même en Afghanistan.

Il faut ajouter à ces climats favorables le recul mondial de la domination américaine, et régional chez nous et dans d’autres régions, parallèlement à une grave crise financière internationale qui a ébranlé les bases sur lesquelles a été fondée la mondialisation dans les années 90 du siècle dernier, donnant naissance à un ensemble de vides dans l’ordre mondial (le désordre) mais aussi régional dans notre région, en Amérique Latine, en Asie et en Afrique. Il suffit de remarquer l’émergence du groupe des 20 Etats et le rôle du Brésil, de la Turquie et de l’Iran, du Venezuela, de la Syrie, de l’Afrique du Sud, de la Malaisie et de l’Indonésie, ainsi que l’entrée à nouveau de la Russie, de la Chine et de l’Inde au club des grandes puissances.

Les conditions sont présentes pour faire une percée au sujet de la question palestinienne, surtout en rejetant les illusions du règlement et des solutions, et en redonnant vie aux stratégies de l’intifada, du boycott, du refus et de la résistance, en considérant l’entité sioniste comme l’ennemi numéro un pour les Palestiniens, les Arabes et les musulmans, peuples et régimes.

Il faut que les Palestiniens, les Arabes et les musulmans reviennent aux constantes de la question palestinienne et à ses premiers récits, à partir du refus de reconnaître la légitimité de ce qui a été installé sur sa terre, des émigrations sionistes et de l’instauration de l’Etat de l’entité sioniste et des processus de colonisation et de judaïsation. Puis qu’ils reviennent pour considérer à nouveau la question de la Palestine en tant que question de la lutte arabe en premier lieu, une question islamique, humaine et internationale. Il faudra faire participer les Arabes comme les Palestiniens eux-mêmes, à sa libération, à son autodétermination et en finir avec le slogan de la représentativité légitime et unique. La question palestinienne doit de nouveau être la question centrale dans les coulisses de la Ligue arabe et pour chacun des régimes, tout comme elle doit l’être pour tout mouvement politique dans tout pays arabe. La relation avec l’entité sioniste doit revenir à la non reconnaissance de sa légitimité, et en faire une relation de guerre ou d’état de guerre et non une relation de paix ou de marche vers la paix.
Pour les partis et les mouvements dans les pays arabes, la question palestinienne doit se retrouver à la pointe de leur programme interne et devenir leur première cause. Il ne s’agit pas d’une relation de soutien, mais une relation spécifique et directe, comme pour les Palestiniens eux-mêmes.

Poser les choses de cette manière et à ce niveau est la seule manière susceptible d’introduire un profond changement dans le rapport de force, comme c’est la seule manière de fonder un ordre arabe ayant sa dignité et son indépendance, qui le ramène à la solidarité, l’entraide, la complémentarité dans le cadre d’un projet unitaire général. C’est la seule manière susceptible de doter les mouvements arabes du changement d’un caractère unitaire, révolutionnaire, basé sur les principes et qui se traduit par l’unité de la nation dans un projet concret.

C’est pour cela que proposer la solution d’un seul Etat devance la situation générale qui fait partie des mêmes climats générés par le processus de règlement et la recherche de solutions, alors qu’il faut percer ce cocon qui se nomme « solution politique de la question ».

Certains peuvent penser que le retour à la suprématie de l’équation de l’affrontement-lutte sous ses différentes formes, contre le projet impérialo-sioniste en Palestine, n’est qu’une forme d’extrémisme et d’irréalisme alors qu’en réalité, il n’est qu’une réponse à l’affrontement voulu par le même projet. Mener la guerre pour s’emparer de la Palestine a été le fait de la Grande-Bretagne et du projet sioniste, et cela se poursuit jusqu’à présent, et a été intensifié dans le cadre du processus de règlement, comme nous l’avons vu plus haut. Sinon, comment la colonisation et la judaïsation dans al-Qods, la Cisjordanie et les régions de 48 sont-elles arrivées à ce stade ? Comment expliquer leur poursuite et leur accentuation au point que ceux qui accourent vers le règlement et les négociateurs en Palestine ont déclaré que les choses sont arrivées à une impasse et que la « solution des deux Etats » n’est plus possible ?

Ce que propose ce document est une stratégie de lutte : la résistance, le boycott, la mobilisation des forces, au niveau palestinien, arabe, islamique, mondial pour affronter une guerre dont les buts sont la judaïsation de toute la Palestine, c’est une guerre dévoilée parfois et cachée d’autres fois par le processus du règlement, dont les piliers sont les gouvernements occidentaux et notamment les administrations américaines, l’armée sioniste et les appareils sécuritaires qui en dépendent. Si nous allons vers la confrontation, nous sommes en état de défense et nous ne tombons pas d’un parachute sur une réalité par simple désir volontariste. Les raisons objectives et subjectives israélo-américano-occidentales qui ont entraîné la chute de « la solution des deux Etats » et, précédemment, la solution d’un seul Etat sont les mêmes qui font de la solution actuelle « d’un seul Etat » une autre grande illusion.

Certains parmi ceux qui défendent la solution d’un seul Etat prétendent que nous devons présenter une solution raisonnable et acceptée par l’opinion publique internationale, tout comme l’ont proclamé ceux qui défendent l’idée de deux Etats. Mais qui nous dit que nous devons présenter une solution, alors que nous vivons dans l’exil, sous occupation ou victime du racisme de l’Etat de l’entité sioniste, alors qu’il nous est demandé de reconnaître que l’Etat d’Israël est juif dans le sens qu’il est uniquement pour les Juifs, ou alors qu’il nous faudrait proclamer être exemptés du racisme ou de l’antisémitisme ? Ceci est non seulement ridicule et attristant mais représente une situation à l’envers.
La question qui se pose est de savoir pourquoi devons-nous prouver notre innocence vis-à-vis du racisme ou de l’antisémitisme, et comment acceptons-nous d’être accusés, alors que notre histoire en Palestine, dans les pays arabes et musulmans en témoigne. Plus, comment acceptons-nous d’être accusés alors que nous avons été chassés de notre pays, qu’il nous a été pris, qu’il est en train d’être judaïsé et que cela est en train d’être entériné et même légitimé ? Alors que nous vivons une oppression raciste et un génocide et que des crimes de guerre sont commis à notre encontre ?

Cette demande est un complot contre nous comme il fut un complot contre le Fateh et l’OLP. L’expérience a été dite à haute voix et il a été prouvé qu’y répondre conduit aux résultats contraires, tout comme l’a prouvé l’expérience par l’adoption du slogan Etat démocratique puis les dix points, puis la proclamation de l’indépendance puis l’accord d’Oslo, pour arriver à la proclamation de l’initiative arabe de paix qui a consisté à proclamer une innocence arabe globale.

Tout ceci a consisté à faire des concessions les unes après les autres, non seulement vaines, mais ayant des conséquences contraires sur l’avenir de la question palestinienne.
En résumé, nous ne sommes pas obligés de proclamer notre innocence envers quiconque, ni de présenter des excuses à quiconque, et nous ne voulons pas une sympathie envers notre cause en contrepartie d’un prix à payer du crédit de cette justice. Nous sommes à présent incapables de présenter une solution car il n’y en a pas, celle-ci se trouve chez ceux qui dominent la terre, qui imposent une situation juive et sioniste et elle se trouve chez ceux qui peuvent faire pression sur eux et qui ne le font pas, en couvrant leurs actes et en les soutenant. Elle se trouve chez ceux qui possèdent des bombes atomiques, des armées puissantes et des avions plus nombreux que les nuages des cieux, ainsi que des fortunes et des capacités économiques innombrables.

Tout ce que nous pouvons faire, c’est nous protéger et protéger nos pays, nos droits et nos constantes, en demeurant fermes face à notre expulsion du pays, en empêchant la liquidation de la cause par l’installation définitive dans les pays hôtes. Nous n’avons que la confrontation, génération après génération, jusqu’à être capables de proposer des solutions. Chaque chose en son temps, la question sera placée entre les mains de ceux qui viennent après nous, et qui porteront le mieux de ce qui se trouve dans notre histoire et notre civilisation.

Mais aujourd’hui, il ne sert à rien de leur permettre de nous arracher des concessions, celles-ci ne peuvent que se retourner contre nous, comme le montre l’expérience palestinienne, mais aussi occidentale.
Au final, quelques remarques et conclusions : Premièrement : le projet de « deux Etats » sur lequel s’appuie le règlement actuel, est un projet de liquidation de la question palestinienne car il reconnaît l’Etat juif sur les terres spoliées et d’où furent expulsés les réfugiés en 1948. Cela a d’ailleurs constitué la base de la question palestinienne : la spoliation de la terre en 1948 et l’expulsion des deux tiers du peuple palestinien. La solution des deux Etats entérine la spoliation et abandonne nécessairement le droit au retour, sinon il n’y aurait pas eu de processus de règlement et il n’y aurait pas eu de solution « de deux Etats ». Il s’agit d’un plan liquidateur par excellence de la cause palestinienne.

De plus, cette solution a été dépassée par l’annexion aux terres occupées en 48, qui représentent 78% de la terre de la Palestine, ce qui se discute à propos de l’échange de territoires d’al-Qods et de la Cisjordanie. C’est pourquoi la délimitation des territoires sur lesquels sera fondé l’Etat palestinien dans les frontières d’avant juin 1967 est associée avec « l’échange de territoires ». Cette dernière mention est pleinement adoptée par le négociateur palestinien, avec toute la fierté et la détermination exigées. Cela est devenue une des conditions des négociations supervisées par l’administration de Barak Obama.
L’échange de territoires va inclure les territoires annexés par le mur et ceux spoliés par les colonies, ainsi que la ville d’al-Qods intra et extra-muros jusqu’aux limites de Ramallah, Bethlehem, Ariha et la vallée du Jourdain. Il ne reste ainsi de la Cisjordanie que des ilots pour installer l’Etat promis, et ce dernier n’aura ni souveraineté sur ses frontières, ni sur son espace aérien, ni sur son territoire ni sur son Etat, il devra passer par l’entité sioniste qui l’encerclera de tous côtés et dominera son espace aérien et tout ce qui s’y déroule. C’est ce que signifie garantir « la sécurité d’Israël ».
Cette figure n’a pas encore été délimitée puisque l’expansion et la judaïsation d’al-Qods se poursuivent, ce qui a mis la solution des deux Etats dans une impasse, ce que tous reconnaissent.

Deuxièmement : qui peut garantir que les Etats-Unis et l’Occident, après avoir exercé les pressions nécessaires sur ceux qui, parmi les Palestiniens et les Arabes, accepteraient les miettes qui deviendront « l’Etat palestinien », n’agiraient pas pour considérer qu’il s’agit de l’Etat et le reconnaîtraient ? Nous obtenons ainsi la « solution des deux Etats ». C’est ce qui nous explique pourquoi le principe de l’échange des territoires accompagne le slogan de « l’Etat palestinien dans les frontières de 1967 », et c’est ce qui nous explique pourquoi le slogan de la solution des deux Etats est maintenu et que les efforts se poursuivent sur le chemin du règlement pour y parvenir, sans tenir compte ni de la superficie ni de la nature qu’il aura. La solution des deux Etats ne sera pas écartée des discussions, du point de vue des Etats-Unis et ceux qui s’alignent sur leurs positions, tout comme elle ne sera pas écartée tant qu’il y a des gens comme Salam Fayyad qui a proposé le projet de proclamer l’Etat sur toute terre qu’il possède, dans le cadre du maintien de l’occupation et la poursuite de la colonisation. Son projet de construire les institutions de l’Etat en deux ans ne dépend pas de la fin de l’occupation ou des conditions relatives au territoire et la nature de l’Etat, mais il l’a rattaché seulement à la construction des institutions, afin de pouvoir proclamer l’Etat d’ici deux ans, dépassant même son partenaire dans l’Autorité, Mahmoud Abbas, qui l’a nommé et entériné comme premier ministre.

Troisièmement : Il est possible de dire que la solution des deux Etats, sur la base de la résolution 242 a été totalement écartée, mais le projet de cette solution, avec les conditions qu’accepteraient les dirigeants de l’entité sioniste, du gouvernement de Netanyahu, sera maintenu prêt à être exécuté, alors que ce n’est pas le cas pour la solution d’un seul Etat, sauf pour être utilisé en tant que slogan à l’adresse de l’opinion publique ou pour se disculper de l’accusation « d’extrémisme » ou d’antisémitisme, ou selon les termes du regretté Edward Saïd, à cause de la nécessité pour le peuple palestinien de présenter un projet humaniste qui serait l’alternative au projet sioniste raciste (une fois encore, il nous est demandé de prouver que nous sommes « humanistes » et non « racistes », nous qui avons été chassés par la force de nos terres, de nos maisons, de nos villages et nos villes, et qui sommes les victimes de toutes formes de racisme et d’extermination collective, de crimes de guerre et de nettoyage ethnique).
Le problème ici n’est pas d’avoir une « solution humaniste », cela a été prouvé dans notre histoire avant que les contemporains ne parlent de « solution humaniste ». Le problème réside dans ce qu’inclut la proclamation de cette proposition, une concession gratuite faite par un peuple dont la patrie a été spoliée, et sans qu’en contrepartie il y ait reconnaissance semblable. Au contraire, la reconnaissance palestinienne sera considérée comme une confirmation du droit et une légitimité d’expulser illégalement un peuple et de s’installer à sa place, grâce à la guerre menée par l’impérialisme britannique. Par la suite, ce serait cet Etat qui voudrait bien faire des concessions pour reconnaître le droit du peuple palestinien à instaurer son propre Etat, il lui définirait ses conditions, puis il ferait la concession d’accepter que le peuple palestinien vive avec lui dans un seul Etat.
Le problème ne réside pas dans le fait de proposer une « solution humaniste » mais plutôt dans les conditions de la situation palestinienne et des conséquences négatives d’une telle proposition, comme cela a eu lieu depuis que le mouvement Fateh, puis l’OLP, ont été entraînés à présenter un projet pour une « solution humaniste », avant d’arriver à la situation présente. Après que tout le droit palestinien ait été entre nos mains, nous l’avons progressivement perdu jusqu’à accepter la solution des deux Etats, dont 22% pour les Palestiniens. Certains ont alors recouru à la solution d’un seul Etat, après que l’Etat hébreu ait obtenu la plus large reconnaissance internationale et que la libération de toute la Palestine et le droit de retour aient été complètement abandonnés.

Quatrièmement : l’expérience concrète a prouvé, tout au long du conflit avec le projet sioniste, qu’aucune solution n’a été possible, malgré toutes les formes iniques portées par les projets de solutions et les résolutions internationales à l’encontre du droit du peuple palestinien et des constantes de la question palestinienne.
L’expérience a prouvé que les projets de solution, notamment les négociations basées sur l’accord d’Oslo et plus graves encore, les ententes de la conférence d’Annapolis et les négociations directes et leur poursuite avec Obama - Mitchell, n’ont été qu’une couverture pour intensifier la colonisation et la judaïsation, le grignotage des terres et l’expulsion d’un nombre supplémentaire de Palestiniens.
La loi qui gouverne la question palestinienne et qui est imposée par les stratégies impérialistes occidentales et le projet sioniste s’appuie sur la confrontation basée sur la force militaire, la guerre et l’expansion, tout comme elle s’appuie sur la soumission autant que possible des gouvernements de la dislocation arabe et la mainmise sur leur politique, et les solutions et les processus de règlement proposés ne sont là que pour servir cette confrontation.
C’est pourquoi il n’y a aucune voie sinon d’affronter cette confrontation, l’empêcher de continuer à réaliser le projet sioniste, c’est-à-dire par des stratégies de confrontation palestinienne, arabe, islamique et internationale (les libres dans le monde), qui adoptent la résistance et la mobilisation des sociétés et Etats pour affronter la guerre et suivre des politiques de boycott et d’objection, en s’écartant de l’illusion des solutions politiques, ce qui a été suffisamment expérimenté.
Pour qu’il y ait une stratégie de confrontation sur un terrain solide, il est nécessaire de revenir aux constantes de la question palestinienne, en considérant que tous les changements introduits par le mandat britannique et par la suite, la résolution du partage et la création de l’Etat de l’entité sioniste, ont été instaurées sur une violation flagrante du droit international ; elles sont illégales et ne doivent pas être reconnues, ni se porter volontaire pour faire des concessions (y compris de participer à ce qui s’appelle solution pacifique ou solution humaniste), qui entraîne la perte des droits et affaiblit les constantes, anesthésie les positions sur les plans palestinien, arabe, islamique ou mondial, d’une part, et encourage les stratégies internationales à faire passer le projet sioniste dans son ensemble en Palestine.

Cinquièmement : montrer à soi-même (Palestiniens et arabes), et aux Etats et peuples du monde la véritable expérience historique palestinienne, y compris ce qui s’appelle le processus politique ou les solutions pacifiques ou même la possibilité qu’il y ait une solution, permet à chaque partie d’ordonner ses cartes à partir de ces bases véritables.
Cette confrontation n’apporte rien de nouveau aux gouvernements occidentaux, et notamment à l’administration américaine et le gouvernement sioniste, car la solution sioniste imposée concrètement par la confrontation (essentiellement militaire) est déjà la stratégie adoptée par ces gouvernements, mais ce qui est nouveau, c’est de ne plus autoriser son camouflage par des solutions pacifiques, et ce qui peut en découler au niveau des positions officielles et populaires.
Le face-à-face de cette réalité au niveau palestinien, arabe, islamique et mondial peut mettre fin aux stratégies qui s’appuient sur les Etats-Unis et aux solutions pacifiques, et empêcher d’entériner les concessions déjà faites. Il sera alors nécessaire de clarifier les choses en mettant les points sur les i, et de retourner au boycott et à l’objection, et refuser de poignarder la résistance dans le dos.

* Ecrivain et penseur - Jordanie.
(1) L’auteur de cet article a participé à l’adoption de ce projet et l’a défendu, puis fut convaincu après l’adoption du projet en dix points que le fait de proposer des solutions de la part du peuple palestinien consiste à faire des concessions gratuites et inutiles.
(2) le terme « mughalaba » signifie ici assurer la suprématie militaire complète de l’entité sioniste, et couvrir ses guerres et son expansion comme la couverture de sa colonisation, de la violation de la terre, et de la judaïsation de la Palestine, en expulsant les Palestiniens et en les installant définitivement ailleurs.