Le président israélien Reuven Rivlin a rejeté ce dimanche
la demande de grâce d'un soldat franco-israélien condamné pour avoir achevé un
assaillant palestinien blessé.
Le président israélien Reuven Rivlin a rejeté ce dimanche la
demande de grâce d'un soldat franco-israélien reconnu coupable et condamné pour
avoir achevé un assaillant palestinien blessé. Membre d'une unité paramédicale,
Elor Azaria a été filmé le 24 mars 2016 alors qu'il tirait une balle dans la tête
du Palestinien Abdel Fattah al-Sharif, qui venait d'attaquer des soldats au
couteau à Hébron en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans
par Israël.
Atteint par balles, il gisait au sol, apparemment hors
d'état de nuire quand Elor Azaria l'a achevé. La vidéo s'était propagée sur les
réseaux sociaux. Lors de son procès, qui a profondément divisé ses
compatriotes, le soldat israélien a affirmé avoir craint que le Palestinien ne
dissimule une ceinture d'explosifs sous ses vêtements. Les juges ont toutefois
rejeté cette théorie, le condamnant à 18 mois de prison pour "homicide
volontaire".
Un allègement de
peine "inacceptable"
Fin septembre, le chef d'état-major Gadi Eisenkot a réduit
de quatre mois la peine d'Elor Azaria qu'il a commencé à purger le 9 août 2017.
"Aujourd'hui, le président Reuven Rivlin a pris la décision de rejeter la
demande de grâce présentée par [le soldat] Elor Azaria", selon un
communiqué de la présidence.
Reuven Rivlin, dans sa réponse au soldat qui a terminé son
service militaire en juillet, a mentionné la clémence du général et la peine
"indulgente" de la cour, a précisé le texte. Amnesty international
avait dénoncé une peine "qui ne reflète pas la gravité" des faits
commis par cet ancien soldat tandis qu'un comité de l'ONU la qualifiait
"d'inacceptable" pour "ce qui "paraît être une exécution
extra-judiciaire". "Un allégement supplémentaire de votre peine nuirait
aux forces armées et à l'Etat d'Israël", a souligné le président
israélien.
Une grâce appuyée
par Netanyahu et Lieberman
Le chef d'Etat a précisé que l'ex-soldat pourra se
présenter devant la commission des libérations conditionnelles "dans
environ trois mois", selon les dispositions du code pénal. Le Premier
ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Avigdor Lieberman
avaient appuyé la demande de grâce.
Avigdor Lieberman, dirigeant du parti nationaliste
"Israël notre maison", a d'ailleurs affirmé dans un communiqué qu'il
"regrettait le rejet de la demande de grâce". "Le président
Rivlin avait l'occasion de clore ce dossier qui a ébranlé la société
israélienne", a ajouté le ministre connu dans le passé pour ses diatribes
anti-arabes. Elor Azaria, lui, n'a jamais exprimé de remords pour son acte.
Une affaire qui
divise Israël
L'affaire Azaria a suscité les passions dans son pays
pendant un an et demi. Dans un contexte d'occupation continue des Territoires palestiniens et de violences
persistantes, elle a dressé les Israéliens défendant le respect de valeurs
morales par leur armée contre les tenants d'un soutien sans faille aux soldats
confrontés aux attaques palestiniennes.
Elle a aussi mis à l'épreuve l'armée comme facteur d'unité
nationale, suscitant une exceptionnelle confrontation publique entre généraux
et politiciens. Le procès permettait à l'état-major une démonstration de
moralité face aux accusations régulières d'exécutions sommaires
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