lundi 20 novembre 2017

Le président d'Israël refuse de gracier un soldat ayant achevé un Palestinien.




Le président israélien Reuven Rivlin a rejeté ce dimanche la demande de grâce d'un soldat franco-israélien condamné pour avoir achevé un assaillant palestinien blessé.

Le président israélien Reuven Rivlin a rejeté ce dimanche la demande de grâce d'un soldat franco-israélien reconnu coupable et condamné pour avoir achevé un assaillant palestinien blessé. Membre d'une unité paramédicale, Elor Azaria a été filmé le 24 mars 2016 alors qu'il tirait une balle dans la tête du Palestinien Abdel Fattah al-Sharif, qui venait d'attaquer des soldats au couteau à Hébron en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 50 ans par Israël.

Atteint par balles, il gisait au sol, apparemment hors d'état de nuire quand Elor Azaria l'a achevé. La vidéo s'était propagée sur les réseaux sociaux. Lors de son procès, qui a profondément divisé ses compatriotes, le soldat israélien a affirmé avoir craint que le Palestinien ne dissimule une ceinture d'explosifs sous ses vêtements. Les juges ont toutefois rejeté cette théorie, le condamnant à 18 mois de prison pour "homicide volontaire".

Un allègement de peine "inacceptable"

Fin septembre, le chef d'état-major Gadi Eisenkot a réduit de quatre mois la peine d'Elor Azaria qu'il a commencé à purger le 9 août 2017. "Aujourd'hui, le président Reuven Rivlin a pris la décision de rejeter la demande de grâce présentée par [le soldat] Elor Azaria", selon un communiqué de la présidence.

Reuven Rivlin, dans sa réponse au soldat qui a terminé son service militaire en juillet, a mentionné la clémence du général et la peine "indulgente" de la cour, a précisé le texte. Amnesty international avait dénoncé une peine "qui ne reflète pas la gravité" des faits commis par cet ancien soldat tandis qu'un comité de l'ONU la qualifiait "d'inacceptable" pour "ce qui "paraît être une exécution extra-judiciaire". "Un allégement supplémentaire de votre peine nuirait aux forces armées et à l'Etat d'Israël", a souligné le président israélien.

Une grâce appuyée par Netanyahu et Lieberman

Le chef d'Etat a précisé que l'ex-soldat pourra se présenter devant la commission des libérations conditionnelles "dans environ trois mois", selon les dispositions du code pénal. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Avigdor Lieberman avaient appuyé la demande de grâce.

Avigdor Lieberman, dirigeant du parti nationaliste "Israël notre maison", a d'ailleurs affirmé dans un communiqué qu'il "regrettait le rejet de la demande de grâce". "Le président Rivlin avait l'occasion de clore ce dossier qui a ébranlé la société israélienne", a ajouté le ministre connu dans le passé pour ses diatribes anti-arabes. Elor Azaria, lui, n'a jamais exprimé de remords pour son acte.

Une affaire qui divise Israël

L'affaire Azaria a suscité les passions dans son pays pendant un an et demi. Dans un contexte d'occupation continue des Territoires palestiniens et de violences persistantes, elle a dressé les Israéliens défendant le respect de valeurs morales par leur armée contre les tenants d'un soutien sans faille aux soldats confrontés aux attaques palestiniennes.
Elle a aussi mis à l'épreuve l'armée comme facteur d'unité nationale, suscitant une exceptionnelle confrontation publique entre généraux et politiciens. Le procès permettait à l'état-major une démonstration de moralité face aux accusations régulières d'exécutions sommaires

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