Sur
une population largement sans défense :
C'est
quasi unanimement que les Juifs cherchent à expliquer le début des affrontements
entre Palestiniens et Juifs de Haïfa comme étant de la volonté des populations arabes.
Or le récit de Illan Pappé (historien israélien) sur la ville de St. Jean d'Acre fait très
nettement ressortir qu'une grande partie des refugiés y arrivant provenaient de
Haïfa. Si les Arabes d'Haïfa avaient préparé les affrontements décrits par la littérature
juive, je ne crois pas qu'ils se seraient retrouvés sur le chemin de l'exode. Cela
apporterait la preuve que ; ni la préparation, ni les forces en présence, ni l'armement
n'étaient équivalents.
On
peut regretter que le sionisme ait encore aujourd'hui la capacité d'influencer
la réalité historique. C'est dommage pour le monde, c'est dommage pour la santé
psychologique des Juifs mais surtout pour les dirigeants sionistes, dont une
des résultantes est la paranoïa des responsables politiques israéliens. Et s'ils
prennent appui sur la Shoah pour justifier leurs crimes, c'est surtout la
conséquence de leurs propres actes qui engendre la peur des représailles, et comme
un dictateur doit maitriser, châtier tout
élément qui risque de lui porter atteinte...
Acre et Baysan : (I)
Le
nettoyage ethnique c’est poursuivi au mois de mai avec l’occupation d’Acre, sur
le littoral, et de Baysan, dans l’Est, le 6 mai 1948. Acre était au bord de
l’asphyxie dû à l’énorme afflux de réfugiés en provenance de sa voisine Haïfa
et des villages du nord de la Palestine. En dépit du surpeuplement la ville
résistait au pilonnage incessant et quotidien des forces sionistes ne
réussissaient à prendre la ville. Son talon d’ « Achille », son
point vulnérable était l’alimentation en eau les sources qui l’approvisionnait
c’étaient celles de Kabri à dix kilomètres
au nord par un aqueduc.
Pendant
le siège, des germes de la typhoïde ont manifestement été injectés dans l’eau.
Des
observateurs internationaux dont des émissaires de la Croix-Rouge envoyèrent
des rapports à leurs autorités
respectives ne laissant guerre quant à l’identité du suspect : la Haganah
avait y une place de choix et soulignaient qu’une intervention
extérieure était la seule admissible. A
l’hôpital de la Croix-Rouge d’Acre au sud Liban, le Général de brigade
Beveridge, le colonel Bonnet, le docteur Maclean, des services médicaux
britaniques et M Meudon, délégué de la Crois-Rouge en Palestine. Après des
discutions des services médicaux et responsables municipaux la conclusion parut comme une évidence :
« l’empoisonnement par la typhoïde venait de l’eau ». Que cet empoisonnement n’était pas du au
surpeuplement, et aux conditions exiguës ou d’hygiène comme l’affirmait la
Haganah. Fait significatif :
l’épidémie avait touché une cinquantaine
de soldats britanniques, transférés depuis peu à l’hôpital de Port-Saïd en
Egypte. « Rien de tel ne s’est jamais
produit en Palestine », déclara le général de brigade Beveridge à
Meuron.
Une
fois identifiée l’aqueduc comme source de l’infection, Acre tentait de
s’alimenter en eau par des puits artésiens, comme le faisaient avant l’aqueduc.
Les habitants comme les réfugiés se soumirent
à des examens pour empêcher l’épidémie de se répandre.
La
propagande de la Haganah, comme s’était devenu l’usage, faisait hurler les
haut-parleurs : « Rendez-vous
ou suicidez-vous. Nous allons vous détruire jusqu’au dernier. »
Affaiblis
par l’épidémie de typhoïde et le pilonnage intensif a fini par céder à l’appel.
L’observateur
de l’ONU, signalait dans son rapport
qu’après la chute de la ville la Haganah s’était livrée à un pillage en
règle, y compris des meubles, des vêtements.
Le 27 mai, une tentative
semblable pour empoisonner l’alimentation en eau de Gaza a été déjouée. Les Égyptiens
ont pris des juifs, David Horin et David Mizrahi, alors qu’ils essayaient
d’injecter les virus de la dysenterie et de la typhoïde dans les puits de Gaza.
Le
général Yadin a rapporté l’incident à Ben Gourion, alors Premier ministre
d’Israël, qui l’a noté dans son journal, sans commentaire. Les deux hommes ont
été plus tard exécutés par les Égyptiens. Il n’y a eu aucune protestation
officielle israélienne.
Acre et Baysan : (II) « l’HEMED »
Ernest
David Bergman ainsi que les frères Katzir travaillaient à doter Israël de
capacités de guerre biologique. Créée
par Ben Gourion dans les années 1940 et appelée par euphémisme le
« Corps scientifique » de la Haganah. Ephraim Katzir en a été
nommé directeur en mai 1948, date à laquelle cet organisme à été rebaptisé
« HEMED » (acronyme de Hayl Mada, corps scientifique),
mot qui signifie « Douceur ». Il n’a joué aucun rôle important dans
les campagnes de 1948, mais ses premières contributions donnaient un avant-goût
des futures aspirations non conventionnelles de l’État d’Israël.
La
brigade Golani, au moment où tombait Acre, prenait la ville de Baysan au cours
de l’opération Gédéon. Comme à Safed, les forces juives brutalisaient les villages des alentours avant de se
concentrer sur la ville. Désormais expérimentées en matière d’expulsions
collectives, imposait un départ rapide aux habitants de Baysan. Certains membres
du comité national local on rejeté les propositions de la Haganah et se préparés
pour soutenir un long siège ; ils
ont disposé quelques armes, essentiellement deux canons amenés par les
volontaires e l’ALA, pour repousser l’assaut imminent. Nahum Spigel, voulait
faire des prisonniers de guerre afin de les échanger contre les prisonniers
juifs que la légion jordanienne avait fait à Jérusalem et Gush Etzion. En fait,
la Légion arabe avait plutôt sauvé les colons de Gush Etzion des mains des
paramilitaires palestiniens furieux qui avaient attaqué cette colonie juive
isolée et le convoi qui s’était porté à son secours. (Aujourd’hui Gush Etzion
est une grande colonie juive de Cisjordanie.) Avec les habitants du quartier
juif de Jérusalem, ces colons ont partie des rares prisonniers de guerre juifs
de ce conflit. Ils ont été correctement traités et libérés peu après, à la
différence de milliers de Palestiniens qui, en droit international, étaient
alors citoyens de l’Etat d’Israël mais qui prisonniers, étaient parqué dans des enclos.
Après
de lourds bombardements quotidiens, y compris aériens, le comité local de
Baysan a décidé de se rendre. Lorsqu’il prit cette décision, il comptait quatre
membres : le cadi, le prêtre local, le secrétaire de mairie et le marchand
le plus riche de la ville. Ils ont rencontré Palti Sela et ses collègues pour
discuter des conditions de la capitulation. (Avant cette réunion ils avaient
demandé L’autorisation de se rendre à Naplouse pour discuter de leur reddition,
mais elle leur avait été refusée.) Le 11 mai la ville est passée aux mains des
juifs. Palti Sela a été particulièrement frappé par les deux veilles pièces
d’artillerie pathétiques qui étaient censées protéger Baysan, deux canons
antiaériens français de la Première Mondiale, des armes archaïques bien
représentatives du niveau général de l’armement dont disposaient les
Palestiniens et les volontaires à la veille de l’entrée des armées régulières
arabes en Palestine. Aussitôt après, Palti Sela et ses collègues ont pu
superviser l’ « expulsion ordonnée » des habitants de la ville.
Certains ont été transférés à Nazareth ̶ qui était encore, en mai, une ville
palestinienne libre, mais pas pour longtemps
̶ d’autres à Djénine, mais la plupart ont été
conduits sur l’autre rive du Jourdain, tout proche.
Les
témoins oculaires se souviennent de ces hordes sorties de Baysan, particulièrement
paniquées, terrorisées, avançant en toute hâte vers le Jourdain, puis
s’enfonçant à l’intérieur des terres jusqu'à des campements de fortune.
Néanmoins, tandis que les soldats juifs menaient d’autres opérations aux
alentours, bon nombre d’habitants ont réussi à revenir. Baysan est vraiment situé tout près de la
Cisjordanie et du Jourdain : il est donc assez simple de s’infiltrer pour
retourner discrètement, Ceux qui y sont parvenus sont restés jusqu’à la
mi-juin, après quoi l’armée israélienne est venue, l’arme au poing, les
embarquer sur des camions et les reconduire de l’autre coté du fleuve.
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