L'Europe est, avec les USA, le
facteur principal de la renaissance d'un crime équivalent à l'Holocauste, avec
la circonstance aggravante de complicité. En effet, les terres sont volées aux palestiniens, ainsi qu'une partie du pétrole qui arrive en Europe leur volé au large de Gaza...
Amira Hass, née en
1956 à Jérusalem, est une journaliste et auteur israélienne, surtout connue
pour ses colonnes dans le quotidien israélien Ha'aretz.
Publié le 7 septembre 2017 dans BDS, Belgique, France, Pays-Bas, Union
Européenne
Européens, vos dénonciations sont perçues par Israël comme
dénuées de caractère urgent. Ce que vous devez faire, c’est appliquer des
sanctions douloureuses.
Aux Pays-Bas, à la Belgique et à la France : Il ne
suffit pas de condamner uniquement par des mots la politique de destruction
menée par Israël, qui détruit des infrastructures et des habitations financées
avec l’argent de vos contribuables. C’est une bonne chose que vous soyez en
colère, mais le tempo de l’accumulation de votre colère est de loin inférieur
au rythme effréné et dangereux des bulldozers de l’Administration civile et des
Forces de défense des colonies en Cisjordanie.
Vos condamnations sont perçues comme dénuées de caractère
urgent. Vous devez entreprendre des actions réelles. Oui, des sanctions
ouvertes et déclarées, qui emprunteront la voie d’une sévérité accrue. Des
sanctions douloureuses. Ce peut être la dernière chance de faire bouger l’Israélien
moyen, y compris les hommes d’affaires, les touristes, les juges, les
universitaires, les fermiers et les consommateurs de football étranger de leur
indifférence et de leur complaisance criminelle.
Cessez de vous effrayer du chantage affectif israélien. Israël
met en jeu le souvenir de nos familles assassinées en Europe afin d’accélérer
l’expulsion des Palestiniens de l’ensemble du territoire cisjordanien et de les
déporter dans les enclaves de l’Autorité palestinienne. Telle est l’intention
qui sous-tend toutes les démolitions et confiscations ainsi que les
interdictions de bâtir, d’élever du bétail et d’irriguer les champs. Tous ceux
qui planifient et appliquent cette lente politique d’expulsion pensent déjà à
la grande expulsion, cette fois vers la Jordanie. Et que ferez-vous
alors ? Vous publierez des condamnations tout en envoyant des réservoirs
d’eau et des tentes aux personnes qui auront été expulsées ?
Le 24 août, le ministre belge des Affaires étrangères,
Didier Reynders, et le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au
développement, Alexander De Croo, publiaient une condamnation officielle de la
confiscation des caravanes devant servir de classes pour les quatre premières
années primaires dans le village palestinien de Jubbet Adh-Dhib, ainsi que la
confiscation des panneaux solaires destinés à l’école du camp de Bédouins d’Abu
Nuwwar.
Les Belges faisaient remarquer qu’ils étaient de ceux qui
avaient financé ces équipements. « [La Belgique] continuera à travailler
avec ses partenaires, comme par le passé, afin de demander aux autorités
israéliennes de mettre un terme à ces démolitions », peut-on lire dans la
déclaration du ministre des Affaires étrangères.
L’un de ces partenaires n’est autre que les Pays-Bas, dont
le Parlement a consacré pas mal de temps à discuter des démolitions commises
par les Israéliens, plus de temps, quoi qu’il en soit, que n’en a consacré la
Knesset. Voici ce que les ministres du cabinet hollandais ont rapporté le mois
dernier aux parlementaires hollandais à propos de la confiscation des panneaux
solaires de Jubbet Adh-Dhib en juin : « Le Premier ministre Benjamin
Netanyahou a promis par courrier de restituer les panneaux solaires aux
Pays-Bas. » Le cabinet du Premier ministre n’a ni confirmé ni dénié ce
rapport.
Après la confiscation, le village a été condamné à ne
recevoir que deux heures d’électricité par jour, produite par un générateur.
Ces vingt dernières années, le village a soumis au moins quatre requêtes à
l’Administration civile pour être raccordé au réseau d’électricité et toutes
ces requêtes ont été rejetées. L’expérience enseigne qu’Israël ne donne pas de
permis – ou si peu – de construction dans la Zone C (qui couvre environ 60 pour
100 de la Cisjordanie). La tentative des Hollandais pour recevoir un permis de
l’Administration civile pour un seul projet – un cas test, donc – n’a pas
abouti à des résultats positifs. En tant que force occupante, Israël n’a pas le
droit de détruire ou de confisquer des propriétés, excepté par nécessité de
temps de guerre.
La France elle aussi a annoncé fièrement qu’elle était une
partenaire dans la construction humanitaire en Zone C et à Abu Nuwwar. La
France a elle aussi condamné les récentes démolitions et a demandé qu’on lui
renvoie les équipements confisqués. En six mois, Israël a détruit 259
structures palestiniennes en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, explique la
condamnation émise par la France. Au cours de la même période, le gouvernement
israélien a approuvé la construction de plus de 10 000 unités de logement
dans les colonies – trois fois plus que pour toute l’année précédente.
Ainsi donc, la destruction des communautés palestiniennes,
l’évacuation de la famille Shamasneh de sa maison à Jérusalem et les plans du
ministre de la Défense Avigdor Lieberman visant à démolir Sussia et Khan
al-Akhmar représentent l’autre face de la médaille de la construction de
colonies.
Voilà comment Israël applique une expulsion graduelle.
Sans sanctions, il peut prendre une profonde aspiration et sa foi dans sa
capacité à appliquer le plan est solide. Qui donc sait mieux que vous, et que
votre voisin allemand en particulier, à quoi mènent les plans d’expulsion
limitée, et quelle disposition d’esprit criminelle ils mettent en place dans
une société qui planifie ce genre de chose ?
Publié le 6/9/2017 sur
Haaretz
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