La détention
préventive ou «l'état de sécurité» en tant que modèle
Cet article d'importance capitale permet, a ceux qui hésitaient, d'ouvrir leurs
écoutilles et élargit notre vision. En un mot: Il nous rend plus intelligents. Et met en évidence les
accointances de l'Europe avec des idéologies politiques et économiques qui
n'augurent rien de bon.
La démocratie
telle que nous l'avons connue et imaginée, c'est fini. Nous devons accepter le
fait que les intérêts des puissants de ce monde, comme le dit
Jean Siegler (rapporteur pour l'ONU) dans son livre: "Les nouveaux Maîtres
du Monde" sont incompatibles avec ceux les populations mondiales. Et si pensons vivre en démocratie, son nom réel est: Démocratie Cynique.
22-02-2018
"Il est surprenant de voir l'impudeur avec laquelle
l'Etat joue ses cartes. Non seulement la judiciarisassions de la politique
est un scandale. La violation par l'Audiencia et la Cour suprême des aspects
fondamentaux de la procédure et de la (ré) interprétation du Code pénal est un
signal d'alarme pour tout démocrate. Comme nous l'avons déjà noté, le
problème a surmonté, et largement, le débat sur le droit à
l'autodétermination. Aujourd'hui, nous avons un débat sur la primauté du
droit et sur l'exercice des droits fondamentaux tels que la manifestation et
l'expression. De l'état social, démocratique et légal, nous passons à un Etat
de Sécurité qui modifie ce que nous avons cru inamovible dans les libertés et
les droits. Malheureusement, ce n'est pas seulement une prévision pour
l'Espagne. Le monde libéral-démocratique transite aujourd'hui globalement
vers un scénario rien de positif. C'est pourquoi votre solidarité est plus
précieuse pour moi".
Le pronostic qui avec ces mots nous transmettrait dans une
récente lettre au chef de l'ANC, Jordi Sánchez, qui depuis Madrid a envoyé une
carte postale de solidarité à son lieu de résidence forcée, la prison de Soto
Real, est un malheur très précis. De même, il a exprimé dans un article
récent, Jordi Cuixart, président Omnium Culturel et aussi à Soto Real, quand on
lui demande: "Dans l'Europe du XXI siècle, les idées d'une minorité ou de la
dissidence politique peuvent être emprisonnés? " Il nous a également remerciés
pour la solidarité qu'il a trouvé à Madrid le 17 septembre et nous a rappelé
son message: "Ne nous laissez pas seuls. Nous avons besoin de vous et notre
lutte est votre lutte ".
En effet, ce qui est en jeu aujourd'hui en ce qui concerne
la criminalisation du mouvement de désobéissance civile non-violente qui s'est
développé en Catalogne depuis cette première consultation à Arenys de Munt le
13 septembre 2009 ne tourne pas uniquement autour de la légitimité ou pas d'un
référendum sur l'indépendance, mais affecte directement l'avenir de nos
libertés et droits. La complicité des élites européennes avec la monarchie
espagnole, comme avec Erdogan pour fermer la porte à ceux qui fuient les
guerres dont ils sont coresponsables, confirme largement que l'Union européenne
est entrée dans un processus de la dès-démocratisation accélérée depuis
longtemps, au moins depuis le tournant "austèritaire"
(austérité imposé) "ordolibéral"
(libéralisme ordonné) dont on se souvient aujourd'hui du dixième anniversaire.
Cependant, certaines réactions à cette sombre perspective
commencent à se faire entendre. Dans notre cas, face à la spirale du silence imposée par
presque tous les grands médias espagnols au nom de la défense fondamentaliste
de l'unité de l'Espagne, sont déjà
significatives les voix de l'extérieur de la Catalogne et provenant de
différentes organisations de défense des droits de l'homme dénonçant le recours
brutal au droit pénal de l'ennemi, à caractère préventif.
Dans cette course à la vidange de l'Etat de droit, remplit
les caractéristiques du recours aux catégories de rébellion et sédition et permettrait aux leaders
socialistes et indépendantistes catalans de les appliquer.
Les accusations qui, ont été aussi dénoncées par une longue liste
d'experts pénalistes et d'Amnesty International, n'ont aucun fondement
juridique devant des personnes qui agissaient simplement en tant que
représentants de certaines organisations et d'un gouvernement qui, avec plus de
deux millions de personnes, pratiquaient la désobéissance civile non violente
pour exercer leur droit de vote le 1er octobre dernier.
Une convocation qui, à moins d'opter pour la reddition
inconditionnelle, paraissait comme la seule alternative possible, une fois constaté
l'impossibilité d'un accord avec l'État espagnol pour organiser un référendum
avec toutes les garanties par une interprétation ouverte de la Constitution
actuelle.
Comme si cela ne suffisait pas, les derniers autographes
du juge Llarena ont ratifié le nouveau saut en avant de la Cour Suprême dans la
criminalisation de l'indépendantisme comme tel, réaffirmant par la détention
préventive fondée sur le simple soupçon de
réitération criminelle.
Il est clair, en cas de doutes, que ce régime n'est pas disposé
de permettre que les partisans pro-indépendantistes, même dans l'hypothèse
d'une majorité sociale et électorale, de réaliser leur projets.
Y a-t-il un doute,
sur le fait, que les Jordi Junqueras et Forn sont des prisonniers politiques?
Certaines forces politiques et sociales se qualifiant de
gauche maintiennent que l'application de l'article 155 et la belligérance du
pouvoir judiciaire dans le cas catalan sont une exception nécessaire à «la non
responsabilité des indépendantistes» et que la «démocratie» espagnole continue
de jouir d'une bonne santé.
Cet aveuglement nous rappelle la vieille culture des démocrates cyniques qui fut installé
dans l'histoire mythique de la Transition.
Maintenant, en outre, avec des effets tragiques non
seulement pour la question catalane, mais parce que cela les amène
(socialistes) à se rapprocher du gouvernement d'un parti corrompu que les
raisons de proscrire ne manquent pas, comme l'ont fait valoir les experts
constitutionnalistes. Prétendent également ignorer que la tendance
criminalisante du gouvernement et du pouvoir judiciaire s'est étendue à
d'autres collectifs sociaux et au libre exercice d'autres droits, parmi
lesquels la liberté d'expression depuis l'entrée en vigueur de la soi-disant
Ley Mordaza et avec l'aide de d'un Code Pénal des plus sévères en Europe, avec
des doubles standards, des catégories de "haine" ou de
"blasphème" et stimulant le populisme punitif ad-vitam-aeternam. Mais
c'est qu'en plus oublient que
l'interventionnisme économique de Montoro et la menace du 155 sont déjà la
norme d'un état d'exception financière et d'une recentralisation en marche qui
n'affecte pas seulement la Catalogne.
Donc il ne faut pas s'y tromper. Si en Europe, ainsi
diagnostiqué par Etienne Balibar, la gouvernance néolibérale et xénophobe
conduit à une décomposition de la citoyenneté et de l'exclusion sociale, politique
et culturelle de millions de personnes, dans notre cas ce processus est
renforcé par un régime monarchique qui depuis ses propres origines a renoncé à asseoir
les bases d'une démocratie libérée de l'héritage franquiste et respectueuse de
la réalité plurinationale qui se manifeste de plus en plus au sein de cet Etat.
Il ne sera pas facile de forcer un changement de cap
contre cette dérive oligarchique et autoritaire, mais il ne le sera non plus pour
ce régime de compter avec le consentement de la majorité sociale face à un
avenir d'inégalités croissantes et restrictions des libertés et des droits. Par
conséquent, en ces temps d'interrègne mondial et de monstrueux qui ne cessent
surgir depuis le haut, il est bon de se rappeler d'Herbert Marcuse dans ce
cinquantième anniversaire de l'événement mondial 68 quand dans son document
intitulé Tolérance répressive
écrivait il y a quelques années qu'il-y-a un "droit naturel" de
résistance pour les minorités opprimées et subjuguées d'employer des moyens
extralégaux s'il a été prouvé que les légaux sont inadéquats".
Etienne Balibar: Eole Normale
Supérieure, Agrégée de philosophie.
Herbert
Marcuse: Philosophe, Sociologue, américain d'origine allemande, membre de l'école de Francfort.
Jaime
Pastor, rédacteur de vent
du sud et membre de Madrileñ@s
pour le droit de décider
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