lundi 2 août 2010

Robert Fisk (Pétrus Lombart)

Cet article m'a paru si important, si essentiel, que je vous le livre tel quel, sans fioritures, sans photos, l'article et seulement l'article de  Robert Fisk paru dans The Independent et traduit par copyleft de Pétrus Lombard, ce lundi 2 Août 2010
La perception qu'ont nos élites de la réalité me semble si altérée, que je leur offre cette pensée d'Oscar Wilde : 



Oscar Wilde, je pense à la platitude intellectuelle et au convivialisme vulgaire qui règnent dons notre médiocratie, le mépris et l’indifférence semblent être de plus en plus la seule attitude de base possible.


Oscar Wilde emploi le mot « médiocratie » pour désigner une caricature de la démocratie où le médiocre est la valeur de référence.


Ces réflexions il ne les adresse à des partisans mais a des individus qui, partagés entre dégoût et désir, recherchent une aire d’existence plus dense et plus ouverte. 


The Independent, Robert Fisk, 31 juillet 2010

      La mort de cinq militaires israéliens dans un accident d'hélicoptère en Roumanie cette semaine n’a guère fait la une.
  C’était au cours d’un exercice avec l’OTAN et Israël. Eh bien, c'est donc OK. Maintenant, imaginez cinq combattants du Hamas décédés dans un accident d'hélicoptère en Roumanie cette semaine. Nous serions toujours en train d’enquêter sur ce phénomène extraordinaire. Maintenant, voyez–vous, je ne compare pas Israël au Hamas. Israël est un pays qui a légitimement abattu plus de 1.300 Palestiniens dans la bande de Gaza il y a 19 mois – dont plus de 300 enfants – alors que les vicieux terroristes suceurs de sang du Hamas ont tué 13 Israéliens (trois d'entre eux se sont en réalité abattu mutuellement par erreur).
      Mais il y a un parallèle. Le juge Richard Goldstone, l'éminent juge juif sud–africain, a décidé dans les 575 pages de son enquête onusienne sur le bain de sang à Gaza, que les deux camps ont commis des crimes de guerre – il a bien sûr été qualifié à bon droit de « malfaisant » par toutes sortes de supporters d'Israël scandalisés à juste titre en Zunie, et son excellent rapport a été rejeté par sept gouvernements de l'UE –, et ainsi une question se présente. Que trafiquait l'OTAN en jouant à la manœuvre militaire avec une armée accusée de crimes de guerre ?
      Ou, plus précisément, que trafique l'UE en se mettant dans les petits papiers des Israéliens ? Dans un livre remarquable, détaillée – si ce n’est plus qu’un tantinet furieux –, qui sortira en novembre, l'infatigable David Cronin présente une analyse au microscope de « nos » relations avec Israël. Je viens de terminer la lecture du manuscrit. Ça me laisse sans voix. Comme il dit dans sa préface, « Israël a développé au cours des dix dernières années des liens politiques et économiques si solides avec l'UE, qu'il est devenu en tout, sauf de nom, un État membre de l'Union. » À vrai dire, c’est Javier Solana, le haut sale clebs de la politique étrangère de l'UE (jadis secrétaire général de l'OTAN), qui a en réalité déclaré l'an dernier, « Israël, permettez–moi de le dire, est un membre de l'Union européenne sans être membre de l’organisation. »
      Pardon ? En sommes-nous au courant ? L’avons-nous voté ? Qui a permis que ça arrive ? Est–ce David Cameron – qui, avec tant de force maintenant, fait du marketing pour l’entrée de la Turquie dans l'UE – qui l’a approuvé ? Probablement que oui, car il continue de se présenter comme un « ami d'Israël » après que ce pays a produit un excellent jeu de faux passeports britanniques pour ses assassins à Dubaï. Comme dit Cronin, « la lâcheté de l'UE envers Israël est en contraste absolu avec sa solide posture prise lors d’atrocités majeures survenues dans d'autres conflits. » Après la guerre russo–géorgienne de 2008, par exemple, l'Union européenne a monté une mission indépendante pour savoir si le droit international avait été bafoué, et elle a exigé une enquête internationale sur les violations des droits de l'homme après la guerre au Sri Lanka contre les Tigres tamouls. Cronin n’esquive pas la responsabilité de l’Europe dans l'Holocauste juive et convient que nos gouvernements auront toujours le « devoir moral » d'assurer qu'il ne se reproduise jamais – bien que j'ai remarqué que Cameron a oublié de mentionner l'holocauste arménien de 1915 en léchant les bottes des Turcs cette semaine.

      Mais ce n'est pas vraiment le sujet. En 1999, les ventes d'armes britanniques à Israël – un pays qui occupe la Cisjordanie (et aussi Gaza) et construit des colonies illégales pour les Juifs et seulement les Juifs sur les terres arabes – atteignaient la valeur de 11,5 millions de livres ; en deux ans, avec 22,5 millions de livres, elles avaient presque doublé. Elles incluaient des armes légères, du matériel pour fabriquer des grenades et des équipements pour avions de combat et des chars. Il y a eu quelque refus après qu’Israël a utilisé des tanks Centurion modifiés contre les Palestiniens en 2002, mais en 2006, l'année où Israël a encore massacré 1.300 Libanais, pratiquement tous civils, lors d’une autre croisade contre le « monde terroriste » du Hezbollah, la Grande–Bretagne lui a délivré plus de 200 licences d'armes.
      Naturellement, certains équipements britanniques passent en Israël via la Zunie. En 2002, la Grande–Bretagne a fourni un dispositif d’« affichage tête haute » fabriqué par BAE Systems pour Lockheed Martin, qui l’a rapidement installé sur les chasseurs–bombardiers F–16 à destination d'Israël. L'UE ne s'y est pas opposée. Il faut ajouter que la même année, les Britanniques ont admis qu’ils formaient 13 membres de l'armée israélienne. Les avions zuniens qui amenaient des armes en Israël à l'époque de la guerre du Liban de 2006 étaient ravitaillés en carburant dans des aéroports britanniques (et, hélas, il apparaît, dans des aéroports irlandais aussi). Dans les trois premiers mois de 2008, nous avons fourni à Israël pour encore 20 millions de livres de licences d'armes – juste à temps pour l'assaut d'Israël sur Gaza. Les hélicoptères Apache utilisée contre les Palestiniens, dit Cronin, contiennent des pièces fabriquées par SPS Aerostructures dans le Nottinghamshire, Smiths Industries à Cheltenham, Page Aerospace dans le Middlesex et Meggit Avionics dans le Hampshire.
      Ai-je besoin de continuer ? Au fait, Israël a été félicité pour sa « logistique » d'assistance à l'OTAN en Afghanistan – où nous tuons annuellement encore plus d’Afghans que les Israéliens tuent d’habitude de Palestiniens – ce qui n'est guère surprenant puisque le patron militaire d’Israël Gabi Ashkenazi, a visité le siège de l'OTAN à Bruxelles pour plaider en faveur d'un resserrement des liens avec l'OTAN. Et Cronin révèle de façon convaincante – d’une joliesse quasi scandaleuse – un arrangement financier extraordinaire en « Palestine. » Pour des millions de livres l'UE finance des projets à Gaza. Ils sont régulièrement détruits par les armes made in Zunie d'Israël. En fait, ça marche comme ça : Le contribuable européen casque pour les projets. Le contribuable zunien raque pour les armes qui servent à Israël à les détruire. Puis, le contribuable de l'UE allonge la monnaie pour tout ce qui doit être reconstruit. Et ensuite, le contribuable zunien... Eh bien, vous êtes au courant. Au fait, j’y pense, Israël a déjà son « programme de coopération personnel » avec l'OTAN, le verrouillage (locking) d'Israël des réseaux informatiques de l'OTAN [sans doute la sécurité informatique des réseaux ? ndt].
      Il est bon dans l'ensemble d'avoir un allié solide comme Israël à nos côtés, même si son armée est une fripouille et si certains de ses hommes sont des criminels de guerre. Maintenant que j’y pense, pourquoi ne pas demander au Hezbollah de se joindre aussi à l'OTAN – imaginez à quel point ses tactiques de guérilla serait avantageuses pour nos mecs enHelmand. Et puisque les hélicoptères Apache d'Israël tuent souvent des civils libanais – en 1996, par exemple, une ambulance de femmes et d’enfants a été entièrement déchiquetée par un missile air–sol Boeing Hellfire AGM 114C –, espérons que les Libanais voudront toujours envoyer leur salutation amicale aux gens de Nottingham, Middlesex, New Hampshire et, évidemment, de Cheltenham.

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