Joan Martínez Alier *
Le dimanche 9 novembre, je suis allé tôt pour voter au
référendum à l'école de La Salle, à côté du Palau de la Música (Palais de la
musique) de Barcelone. Cette fois, nous ne votons pas dans les endroits
habituels, mais dans les écoles et les bureaux municipaux. La directrice
d'une école près de chez moi m'a expliqué qu'elle avait reçu une circulaire
menaçante de la délégation du gouvernement espagnol en Catalogne, interdisant
l'ouverture des écoles le dimanche pour la consultation populaire (ou
simple processus de participation, comme le nomé le gouvernement de la
Generalitat, car la Cour constitutionnelle Espagnole interdit la tenue d'une
consultation officielle, même si elle n'était pas contraignante).
Les écoles ont été ouvertes par des bénévoles, pas
par leurs directeurs, ils m'ont dit en souriant. Le parquet d'Espagne
annonce des enquêtes pour savoir combien de milliers de crimes ont été commis
en Catalogne. La journée était calme. La seule police dans la rue,
très discrète, était celle du gouvernement autonome de Catalogne.
Il n'a pas été possible de voter par courrier. Le
nombre total de voix était de 2 millions 305 mille, des électeurs a partir de
16 ans et aussi les résidents étrangers qui voudraient voter. De tous
les inscrits près de 81% ont voté oui-oui, ce qui
signifie oui que la Catalogne est un état, et oui à
être indépendant.
Un 10 % a voté oui-non, presque 5 % ont voté non,
et le reste blanc ou d'autres choses. Il est intéressant de souligner que
le suffrage oui-non à atteint 15% dans la zone industrielle de la
périphérie de Barcelone (où il y avait une forte population immigrée dans les
années 1960) et tombe à 6% dans les zones rurales. La différence est
cohérente, mais est noyée dans l'avalanche de oui-oui.
Le droite españolista postfranquiste PP (avec quelques
partisans en Catalogne) et le PSOE (dans sa version catalane, qui est en ruine)
a déclaré boycotter le référendum et qu'il était illégal, qu'ils n'iraient pas
voter, tout comme le petit parti Ciudadanos.
Le nouveau parti espagnol Podemos soutient en principe le
droit à l'autodétermination de la Catalogne, de la Galice et du Pays
Basque. Il n'est pas encore très actif en Catalogne, mais Pablo Iglesias,
son leader, a reconnu publiquement que reconnaître le droit du peuple
catalan à décider de lui-même signifie la radicalisation de la démocratie.
Le candidat de la coalition Guanyem pour la mairie de
Barcelone en mai 2015, Ada Colau (à côté de Podemos), a
voté oui-oui très publiquement.
Les partis en faveur de la consultation étaient CiU
(droite nationaliste), Esquerra Republicana de Catalunya, la CUP (candidatures
à l'unité populaire) et Iniciativa per Catalunya (post-communistes).
La controverse porte sur ce qui représente 81%
de oui-oui, c'est-à-dire plus d'un million 860 000 suffrages, si l'on
considère le total des électeurs qui auraient pu éventuellement voter dans un
véritable référendum d'indépendance.
Tous ceux qui ont voté (2 millions 305 mille) atteignent
seulement 40% des inscrits, ce qui pourrait être environ 5 millions 700
mille. Lors d'un référendum officiel pour l'indépendance, nous pourrions
nous attendre à une participation de 70%, ce qui nous donnerait 4 millions
d'électeurs. C'est-à-dire, 1. 700 000 électeurs de plus que ce
dimanche. Si les questions étaient les mêmes (bien réfléchies et
répétées), nous devons supposer que beaucoup plus de votes iraient
à oui-non et non. Ces deux groupes ont été clairement
sous-représentés ce dimanche.
Mais il suffirait que le oui-oui gagne (gagne) 10% de
ces votes supplémentaires pour obtenir une majorité absolue. Les résultats
pourraient être quelque chose comme 51% pour le oui-oui, 32% pour
le oui-non (ce qu'on appelle la troisième voie) et 17% pour
les votes non et blanc.
Mais peut-être que dans un référendum officiel, la
question posée sera comme celle de l'Écosse: voulez-vous l'indépendance, oui ou
non? Cela diviserait le champ actuel de oui-non.
Tout cela est comme un rêve réalisable. Peut-il y
avoir une séparation amicale entre l'Espagne et la Catalogne dans une Union
européenne où nous partageons l'euro, sans frontières intérieures et sans
tarifs sur le trafic de marchandises?
- Pourquoi
pas?
- L'indépendance
catalane serait aussi un soutien pour tant de peuples dont les langues
sont menacées d'extinction.
- Dans
les traditions de l'histoire de l'Espagne, la menace de l'indépendance
catalane, les scandales de corruption des politiciens en Espagne et en
Catalogne et la grande crise économique conduiraient à un autre type de
choix:
- nous
pourrions choisir entre un colonel et un
général. Maintenant, cela ne semble pas être le cas, qu'ils soient
démocrates ou qu'ils craignent le tribunal pénal de La Haye.
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