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Chère
lectrice, cher lecteur,
Les guerres
modernes sont des guerres de l’information : chaque camp raconte sa
version et la diffuse par tous moyens pour récolter des soutiens.
Dans ces
circonstances, il est capital d’être conscient que l’enjeu n’est pas la vérité.
L’enjeu,
c’est de vous convaincre.
Vous
convaincre de prendre parti pour l’un, ou pour l’autre.
En effet, la
guerre sera gagnée par le camp qui rassemblera le plus de gens convaincus,
prêts aux plus grands sacrifices, aux plus grandes folies pour gagner.
L’homo sapiens n’est pas une espèce
pacifique
Nous, les
êtres humains modernes, nous nous imaginons souvent être devenus une espèce
pacifique, préoccupée avant tout de son confort, de son bien-être, de son
niveau de vie, et des droits de l’Homme.
Quelle
erreur.
Nous restons
conditionnés par nos gènes, notre biologie, nos instincts, qui sont ceux d’une
espèce animale belliqueuse, stimulée par les cris de guerre, l’odeur du sang,
le bruits des coups, l’euphorie de la cavalcade.
Facilement,
nous nous transformons en fauves sanguinaires, jouissant d’écrabouiller nos
ennemis à qui nous infligeons, sans le moindre complexe, les pires souffrances.
Il n’y a
qu’à regarder, à la fin de tout film d’action qui se respecte, comment le héros
fait mourir le “méchant” : dévoré par les requins, écrasé par un
rouleau-compresseur, brûlé, noyé, déchiqueté… ou tout ensemble. Il n’y a aucune
limite au sadisme, et à la joie du public. Cela ne choque personne puisqu’il
s’agit du méchant, justement.
Les méchants, c’est nous
Moyennant
quoi, il faut rester conscient que la vie n’est pas un film.
Quand éclate
une guerre, nous partons du principe que nous sommes les gentils. Mais nos
ennemis en face ont l’opinion contraire.
A la joie
que nous éprouvons, en pensée, de les imaginer se faire “écraser” par nos
forces armées, répond leur impatience de nous infliger la même chose.
Pour eux,
les méchants, c’est nous.
Et ils sont
au moins aussi décidés que nous à nous faire rendre gorge.
Quand la volonté de vengeance monte
Chaque fois
que nos télévisions nous montrent l’image d’une petite grand-mère ou d’une
petite fille tellement mignonne, comme par hasard, lâchement assassinées par
des soldats ennemis brutaux et sans scrupules, comme par hasard aussi, je
ressens en tremblant la volonté de vengeance qui monte en moi-même.
Je constate
avec effroi la facilité avec laquelle ces images font grandir la haine dans mon
cœur. Tout cela alors que je ne sais rien, au fond, de ces soldats, ni de ce
qui s’est passé exactement. Ce n’est pas mon pays, pas ma famille, pas ma
culture, pas mon histoire.
Pas mes
histoires.
Et pourtant,
tel est “le poids des mots, et le choc de photos”. Si je ne faisais pas de gros
efforts, je serais tenté de partir pour infliger à ces “salauds”, la correction
qu’ils méritent, et qui consisterait bien entendu à leur faire subir des
tourments bien pires encore pour leur faire “payer” leur forfait.
La logique de l’escalade
C’est ainsi
que se met en route la logique de l’escalade.
Elle est
pourtant si connue, et si dangereuse, en particulier quand le conflit implique
des pays disposant d’armes de destruction massive, comme c’est le cas
malheureusement en Ukraine :
→ Les Russes
ont mis en œuvre le “pire cauchemar” des Ukrainiens, l’invasion de tout le
territoire, et pas uniquement des républiques séparatistes de l’est ;
→ Puis les
Occidentaux ont réagi bien plus fortement qu’on ne s’y attendait, avec des
sanctions économiques absolument massives, qui réduisent à la famine une grande
partie du peuple russe ; notre ministre de l’Economie, Bruno Lemaire, a déclaré
benoîtement ce matin que notre but était de provoquer “l’effondrement de
l’économie russe”. En toute décontraction, et comme s’il n’y avait aucun
moyen de rétorsion en face…
→
l’Allemagne elle-même, cauchemar insensé, annonce reconstituer son armée, pour
la première fois depuis 1945, et même la Suisse abandonne sa sacro-sainte
neutralité !
→ cerise sur
le gâteau, Vladimir Poutine menace déjà de dégainer les missiles nucléaires,
sachant que la Russie a le plus gros arsenal du monde, avec largement de quoi
faire sauter la planète plusieurs fois.
Tout ceci en
cinq jours.
Qui
sommes-nous ?? Où sommes-nous ??
N’avons-nous
rien appris de l’Histoire ????
Où sommes-nous ?
Si cela
continue, tous les conseils de santé que je m’échine à diffuser depuis plus de
dix ans maintenant ne vous seront d'aucune utilité.
C’est
pourquoi je me permets de donner mon analyse de la situation, en espérant,
peut-être, contribuer ainsi à éviter une catastrophe.
Car la
solution à la guerre est simple, au fond.
Elle est
exactement la même que lorsque nous nous disputons avec nos voisins, nos amis,
notre famille, nos collègues.
La solution
est toujours de s’efforcer de voir le problème à travers les yeux de
l’adversaire.
Voir le problème à travers les yeux de
notre ennemi
La seule
solution est d’essayer, de toutes nos forces, de voir le problème à travers les
yeux de notre ennemi, pour :
- comprendre ses motifs,
- rétablir une communication et
une compréhension authentique avec lui,
- et peut-être trouver une
solution en parlant, en réfléchissant ensemble, et en faisant
des concessions volontaires, plutôt que de s’empoigner et de se taper
dessus.
Cela passe
par un effort intense, pour répondre à des questions du type :
Se
pourrait-il que mon ennemi ait des raisons d’être inquiet de mon comportement ?
Se pourrait-il que, à sa place, je réagirais comme lui ?
Se
pourrait-il que, même s’il a commis toutes sortes de fautes et qu’il est,
disons, responsable à 95 % du problème, je sois tout de même, moi-même
responsable de 5 % ?
Et, si oui,
est-il possible que je commence par résoudre les 5 % qui sont en mon pouvoir,
avant de l’attaquer, et ainsi peut-être donner une chance au conflit de
désescalader ?
Cela demande
un effort sur soi énorme. Il est si doux de se laisser aller à notre instinct
d’agression. Et il est si facile et si confortable de partir du principe que le
salaud, c’est l’autre.
Qui a raison, entre Vladimir Poutine et
Vladimir Zelensky (le Président de l’Ukraine) ?
Je vais
faire un exercice très délicat. M’efforcer d’oublier les images spectaculaires
et les appels à la guerre “juste” qui grondent de toute part. Essayer de me
placer du point de vue des “méchants”, c’est-à-dire des Russes. Et surtout
m’efforcer d’être de bonne foi.
Les
Occidentaux sont, nous disent les médias, tous unis contre Poutine, et pour
défendre Zelensky, le Président de l’Ukraine.
Mais très
franchement, que savons-nous, au juste, de leur histoire ?
- Qui, parmi nous, fait vraiment
la différence entre un Russe et un Ukrainien, sachant que, de 988 à 1992,
soit plus de mille ans, il s’agissait du même peuple, avec la même langue
originaire (le vieux slavon), la même ethnie (les slaves), le même
territoire, la même religion (l’orthodoxie), les mêmes dirigeants (les Grands
Ducs de Kiev, puis les Tsars, puis les Bolcheviks) ?
- Qui, parmi nous, sait faire la
différence entre la langue russe et l’Ukrainien ? (les Ukrainiens
eux-mêmes ne font pas la différence) [1];
- Qui, parmi nous, peut jurer que
l’un des deux Vladimir (Poutine et Zelensky) est meilleur, moins corrompu,
mieux intentionné que l’autre ?
- Qui sait, de source sûre, qui
persécute qui, en Ukraine ?
- Pourquoi les Russes, qui ont la
plus grosse artillerie du monde, les pires missiles hyperbariques,
hypersoniques, et des milliers de chars et d’avion, ne rasent-ils pas
l’Ukraine, alors qu’ils pourraient le faire en quelques minutes ?
- Se pourrait-il, par hasard,
qu’ils n’aient aucune raison de détruire ce qu’ils considèrent être leur
propre territoire et leur propre population ?
- Pourquoi parle-t-on de pire
guerre depuis la Seconde Guerre mondiale, alors que ni les Russes, ni les
Ukrainiens, ne donnent de chiffres sur le nombre de morts, et que les
observateurs sur place citent des violences isolées ?
- Pourquoi les journalistes nous
ont-ils parlé des Russes qui déployaient des “fours crématoires mobiles”
pour faire disparaître leurs morts, alors qu’il s’agissait d’images
d’incinérateurs à ordure datant de 2013 ?
- Pourquoi nous ont-ils parlé des
valeureux combattants ukrainiens tués en criant “Russian navy go fuck
yourself” sous les bombardements, alors qu’ils ont été arrêtés sans
violence et sont toujours vivants ? [2]
- Que vont devenir les
kalachnikovs distribuées au premier venu par le gouvernement ukrainien,
sous prétexte d’organiser la résistance ? Qui peut nous garantir que ceux
qui les prennent vont s’en servir à bon escient, et non les revendre
instantanément à des réseaux qui se chargeront de les écouler… chez nous ?
- Que font les services de lutte
contre les “fake news” dans nos médias ?
Promouvoir la démocratie dans une
dictature, c’est promettre la mort au dictateur
Les
Occidentaux estiment qu’ils ne menacent personne, puisqu’ils cherchent
simplement à soutenir la “démocratie” en Ukraine.
Mais, si
vous vous placez du point de vue de Poutine, qui est un dictateur, la
démocratie en Ukraine entrainera forcément une contagion démocratique en
Russie.
Cela veut dire,
pour lui, la destitution, la prison, et peut-être même être massacré comme
Saddam Hussein et Kadhafi.
Qui peut
s’étonner qu’il s’inquiète de cela ?
Est-il
raisonnable de le pousser dans ses derniers retranchements, sachant que,
contrairement à Saddam et à Kadhafi, il peut choisir, juste avant de se faire
attrapper, d’anéantir l’humanité en appuyant sur un bouton ??
Le jour où Paris et la Beauce décideront
de se séparer de la France…
J’ai fait
quelques recherches sur l’Ukraine.
Je me suis
rendu compte que c’était une histoire sacrément compliquée.
Tout a
commencé avec le baptême de Saint-Vladimir en 988, avec ses troupes, dans les
eaux du Dniepr, à Kiev.
Kiev est le
berceau de la “Sainte Russie”. Les Grands Ducs de Kiev sont devenus, ensuite,
les Tsars de Russie. Ils ont régulièrement changé de ville de prédilection,
avant de s'installer à Moscou. N'oublions pas que ces populations étaient
nomades, ce que l’on peut comprendre quand on connaît leur climat ! En 1900,
les Tsars avaient encore deux capitales, Moscou et Saint-Petersbourg, selon les
périodes de l’année.
Mais cela ne
changeait rien à leur attachement à leur pays, leur terre, leur histoire, et leur
berceau d’origine…
J’ai fini
par réaliser que, dire à un Russe qu’il est étranger à Kiev, c’est comme dire à
un provincial que Paris n’est plus sa capitale, et qu’il n’est plus le bienvenu
à Versailles, au Louvre et sur les Champs-Elysées.
En étudiant
la carte et en découvrant l’étendue des terres arables de l’Ukraine, le “grenier
à blé de l’Europe”, j’ai réalisé que la Russie sans Kiev et l’Ukraine,
c’est comme la France sans Paris et la Beauce.
Imaginons,
pour nous amuser un peu, que Paris et la Beauce décident de se séparer de la
France…
- Bien sûr, le jour où cela se
produit, je ne doute pas que ceux qui auront décidé de le faire sauront
invoquer toutes sortes de bonnes raisons.
- Ils chercheront à démontrer
que, non finalement ils ne parlent pas français comme les autres, mais
plutôt une langue bien spécifique qui s’appelle le Parisien beauceron.
- Ils chercheront à montrer que
leur religion n’était pas strictement la même, que d’ailleurs on célébrait
la messe différemment à Notre-Dame (c’est ce qui s’est passé en 2018 où
l’Eglise orthhodoxe d’Ukraine, qui était la même que l’Eglise orthodoxe de
Russie depuis 1000 ans, a fait un schisme et s’est séparée de l’Eglise
russe, provoquant un outrage dans toute la Russie, et d’ailleurs en
Ukraine où 2200 église et deux-cents monastères ont décidé de rester
rattachés au patriarcat de Moscou).
- Ils chercheront à prouver que
les Parisiens sont en général injustement traités par les provinciaux à
Paris, ce qui ne sera pas difficile à prouver car il demeure à Paris une
authentique frontière entre “Parisiens” et “provinciaux”, invisible à
l’œil nu pour les touristes étrangers mais bien concrète dans les esprits…
- Ils diront que la baguette
parisienne ne saurait se comparer à la bouillabaisse, ni à la choucroute
alsacienne…
- Etc.
Imaginez, en
plus, que les “Parisiens beaucerons” se séparent en deux camps, ceux qui
auraient voulu rester Français, et ceux qui sont contents de la
séparation.
Que les
seconds, qui ont le pouvoir, se mettent à embêter les premiers.
Imaginez
que, à ce moment, les Russes décident d’intervenir en France.
Imaginez
qu’ils annoncent qu’ils forment une alliance internationale et annoncent qu’ils
sont prêts à tous les sacrifices pour défendre les uns, qui sont les gentils,
et détruire les autres, qui sont les méchants.
Quelle
chance auront-ils d’améliorer la situation ?
Et quelle
chance de, plutôt, l’envenimer ??
De
transformer une affaire purement locale en conflit international ??
Y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Y a-t-il un
dirigeant occidental qui pourrait essayer de prendre cela en considération ?
Qu’il
réalise que nous ne comprenons rien à ces histoires, et que le plus prudent
serait peut-être de les laisser se débrouiller ensemble ???
Pour ma
part, c’est ce qui me paraîtrait le plus raisonnable. Mais je suis forcé de
constater que mon avis est loin d’être partagé, et en tout cas aucun dirigeant
occidental ne s’en rapproche.
Ils sont
extrêmement sûrs d’eux. Bien décidés à rétablir la justice, la paix et la démocratie,
et si possible faire tomber Poutine sans que cela ne provoque trop de dommages
chez nous.
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