lundi 26 mars 2018

1714 : La "Diada" (Le Jour d'indépendance)




Corpus de sang". La Guerra dels Segadors. 
CRÉDIT PHOTO : TABLEAU D’ANTON ESTRUCH I BROS

Historique, le contentieux entre Barcelone et Madrid ne date pas d’aujourd’hui. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la France y a joué son rôle et, en 1934, une très éphémère République catalane a même été proclamée
Un peu plus d’un mois après la déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne qui avait entraîné la mise sous tutelle de la région, celle-ci est en campagne en vue des élections du 21 décembre prochain. Après la tenue, le 1er octobre 2017, d’un référendum d’autodétermination interdit par Madrid, ce scrutin anticipé vise à remplacer le gouvernement catalan dissous le 27 octobre par le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy.  Réfugié en Belgique, l’ex-président catalan destitué, Carles Puigdemont,  est candidat à sa propre succession et se trouve sous le coup d’un mandat d’arrêt européen lancé contre lui par l’Espagne.

Le rêve d’indépendance de la Catalogne vient de loin. Tout au long de l’histoire de l’Espagne, les Catalans se sont toujours distingués par une langue et une culture politique propres. Juridiques, économiques et fiscaux, les multiples contentieux entre Barcelone et Madrid, nés au XVIIe siècle, se sont cristallisés durant la période noire de la dictature franquiste.

Ecrasés par les impôts imposés par Madrid pour financer la guerre franco-espagnole déclenchée en 1635, des centaines de paysans catalans se révoltent. Rassemblés à Barcelone, ils tuent le vice-roi qui représente le pouvoir central espagnol. La légendaire "guerre des Faucheurs" ("guerra dels Segadors") qui a nourri le nationalisme catalan, constitue encore le thème de l'actuel hymne catalan.

La réconciliation entre Paris et Madrid lors du fameux traité des Pyrénées (1659), prévoit une partition de la Catalogne et la rétrocession de la moitié nord de la région, rebaptisée Roussillon, à la France. Le mariage royal du jeune Louis XIV et de l’Infante Marie-Thérèse, fille du roi d’Espagne, vient sceller la paix entre les deux pays.

A la mort de Charles II qui, sans descendance, a désigné comme héritier le Français Philippe d’Anjou, la guerre de Succession d’Espagne (1701–1714) éclate. En première ligne, les Catalans choisissent le camp des Habsbourg de Vienne, contre celui des Bourbons. Hélas pour eux, les seconds l’emportent et prennent Barcelone, le 11 septembre 1714. Depuis, cette date marque la fête nationale catalane, la "Diada", qui commémore la reddition de Barcelone et symbolise pour les Catalans le début de leur "martyre". Conforté sur son trône, le nouveau roi Philippe V de Bourbon, petit-fils de Louis XIV, décide d’appliquer à son royaume le centralisme à la française et d’y supprimer tous les particularismes régionaux.

Franco fait tomber Barcelone, en 1939
Au début du XXe siècle, la Catalogne, devenue la grande région industrielle d’Espagne, est le berceau de ses luttes ouvrières. Elle subit la répression policière de la monarchie. En 1932, sous la Seconde République, le Parlement espagnol vote un statut d’autonomie pour la Catalogne. Le castillan et le catalan sont placés à égalité comme langues officielles. En 1934, une très éphémère République catalane est même proclamée. Mais la guerre civile qui éclate en 1937, après la victoire du Front populaire en 1936, se solde par la défaite républicaine et la victoire du général nationaliste Franco, en janvier 1939, avec la chute très symbolique… de Barcelone. À partir de février 1939, commence l’exode des réfugiés espagnols de la guerre civile, laRetirada ("retraite" des troupes, en espagnol et catalan). Plus de 450 000 républicains franchiront la frontière franco-espagnole.

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Des réfugiés républicains espagnols en route vers la France. 
CRÉDIT PHOTO : ARCHIVES SUD OUEST GEORGES BERNI

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