Corpus de sang". La Guerra dels Segadors.
CRÉDIT PHOTO : TABLEAU D’ANTON ESTRUCH I BROS
Historique, le contentieux entre Barcelone et Madrid ne
date pas d’aujourd’hui. Au XVIIe et au XVIIIe siècle, la France y a joué son
rôle et, en 1934, une très éphémère République catalane a même été proclamée
Un peu plus d’un mois après la déclaration
unilatérale d’indépendance de la Catalogne qui avait entraîné la mise
sous tutelle de la région, celle-ci est en campagne en vue des élections du 21
décembre prochain. Après la tenue, le 1er octobre 2017, d’un référendum
d’autodétermination interdit par Madrid, ce scrutin anticipé vise
à remplacer le gouvernement catalan dissous le 27 octobre par le chef du
gouvernement espagnol, Mariano Rajoy. Réfugié en Belgique,
l’ex-président catalan destitué, Carles Puigdemont, est
candidat à sa propre succession et se trouve sous le coup d’un mandat
d’arrêt européen lancé contre lui par l’Espagne.
Le rêve d’indépendance de la Catalogne vient de
loin. Tout au long de l’histoire de l’Espagne, les Catalans se sont toujours
distingués par une langue et une culture politique propres.
Juridiques, économiques et fiscaux, les multiples contentieux entre Barcelone
et Madrid, nés au XVIIe siècle, se sont cristallisés durant la période noire de
la dictature franquiste.
Ecrasés par les impôts imposés par Madrid pour financer la guerre
franco-espagnole déclenchée en 1635, des centaines de paysans catalans se
révoltent. Rassemblés à Barcelone, ils tuent le vice-roi qui représente le
pouvoir central espagnol. La légendaire "guerre
des Faucheurs" ("guerra dels Segadors") qui a
nourri le nationalisme catalan, constitue encore le thème de l'actuel hymne catalan.
La réconciliation entre Paris et Madrid lors du fameux traité des Pyrénées (1659), prévoit une partition
de la Catalogne et la rétrocession de la moitié nord de la région,
rebaptisée Roussillon, à la France. Le mariage royal du jeune Louis XIV et
de l’Infante Marie-Thérèse, fille du roi d’Espagne, vient sceller la paix entre
les deux pays.
A la mort de Charles II qui, sans descendance, a désigné
comme héritier le Français Philippe d’Anjou, la guerre de Succession d’Espagne
(1701–1714) éclate. En première ligne, les Catalans choisissent le camp
des Habsbourg de Vienne, contre celui des Bourbons. Hélas pour eux, les seconds
l’emportent et prennent Barcelone, le 11 septembre 1714. Depuis, cette date
marque la fête nationale catalane, la
"Diada", qui commémore la reddition de Barcelone et symbolise
pour les Catalans le début de leur "martyre". Conforté sur son trône,
le nouveau roi Philippe V de Bourbon, petit-fils de Louis XIV, décide
d’appliquer à son royaume le centralisme à la française et d’y supprimer
tous les particularismes régionaux.
Franco fait tomber
Barcelone, en 1939
Au début du XXe siècle, la Catalogne, devenue la grande
région industrielle d’Espagne, est le berceau de ses luttes ouvrières.
Elle subit la répression policière de la monarchie. En 1932, sous la Seconde République, le Parlement espagnol vote
un statut d’autonomie pour la Catalogne. Le castillan et le catalan sont
placés à égalité comme langues officielles. En 1934, une très éphémère
République catalane est même proclamée. Mais la guerre civile qui éclate
en 1937, après la victoire du Front populaire en 1936, se solde par la défaite
républicaine et la victoire du général nationaliste Franco, en
janvier 1939, avec la chute
très symbolique… de Barcelone. À partir de février 1939, commence l’exode
des réfugiés espagnols de la guerre civile, laRetirada ("retraite"
des troupes, en espagnol et catalan). Plus de 450 000 républicains franchiront
la frontière franco-espagnole.
photo
Des réfugiés républicains espagnols en route vers la
France.
CRÉDIT PHOTO : ARCHIVES SUD OUEST GEORGES BERNI
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