Crimes de guerre,
déplacements forcés et pressions internationales
Entretien avec Hagai El-Ad,
directeur exécutif de B'Tselem
+ 972mag
02-10-2018
Le directeur exécutif de B'Tselem [Centre israélien d'information pour les droits de l'homme dans les
territoires occupés] est interviewé
par magazine +972 sur sa décision de demander de qualifier les
démolitions et déplacements des villages palestiniens par son authentique
nomination c'est-a-dire « crimes de
guerre » et du rôle que la pression internationale devrait avoir pour
changer la politique israélienne en Cisjordanie et à gaza.
La communauté internationale des droits de l'homme et de
la diplomatie présente souvent ses critiques des politiques israéliennes à l'encontre
les Palestiniens en termes adoucis qui ne correspondent pas é la réalité.
Pendant des années, le Département d'État américain a
décrit les colonies israéliennes comme "inutiles". Les
diplomates de l'UE ont décrit le
déplacement forcé planifié de communautés palestiniennes entières comme
«contraire aux engagements d'Israël» en vertu du droit international.
Cependant, il existe d'autres mots pour décrire ces
actions. Selon le Statut de Rome, le traité établissant la Cour pénale
internationale (CPI), à la fois l'entreprise de colonisation d'Israël comme le
transfert forcé des communautés palestiniennes pourrait facilement entrer dans
la définition des crimes de guerre.
Qui peut croire, les dirigeants israéliens quand ils ont a leur
actif, soixante-dix ans de non respect de leurs engagements et du droit
international?
Cela signifie simplement qu'a la tête du Département d'Etat
Américain et de l'Union Européenne il y a des collabos prêts à accorder
l'impunité et leur aval à ses criminels.
Par conséquent, il est particulièrement intéressant
qu'en d'année 2017 l'organisation des droits de l' homme B'Tselem écrit une lettre au
Premier ministre israélien, auxs ministres de la Défense et de
la Justice ainsi qu'aux officiers militaires de haut rang sur
les déplacements forcés programmés deux communautés palestiniennes, Susyaet Khan
al-Amer , où avertissant que "ces
actions constitueraient un crime de guerre commis sous leurs instructions et leurs
responsabilité et pour lequel vous y auriez une responsabilité personnelle".
La décision de B'Tselem de commencer à nommer les
déplacements forcés comme un crime de
guerre est particulièrement important, vu que le procureur de
la CPI (Cour Pénale Internationale) mène un examen préliminaire des
actions israéliennes dans les territoires occupés, en particulier les colonies
et transferts de populations forcé, entre autres crimes présumés.
En retournant rapidement en 2018 et les deux villages
cités dans la lettre de B'Tselem, Susya et Khan al-Amer, mènent une nouvelle
fois des campagnes publiques pour empêcher leur démolition et le déplacement
des populations. Dans le passé, la pression des diplomates européens et
américains ont réussi à retarder la démolition de ces deux villages. Mais
avec l'administration Trump jusqu'à présent ne fait preuve d'aucune volonté à
critiquer Israël, tout cela pourrait changer.
Le magasine +972 a interviewé cette semaine le
directeur exécutif de B'Tselem, Hagai El-Ad, de la volonté de l'Association de désigner
les actions d'Israël contre les communautés palestiniennes en Cisjordanie comme des crimes de guerre, et cela
devait aussi être le cas pour les colonies ainsi que la déportation massive planifiée.
Condamner Israël pour crimes de guerre est
le moyen le plus efficace pour sauver des communautés comme Susya et Khan al
Amer.
Qu'est-ce qu'a provoqué
le changement de langage?
- Lorsque
nous avons émis cette déclaration [sur le passage à la terminologie de crimes de guerre] était en réponse
à une déclaration sans précédent du ministre de la Défense il-ya quelques
mois, déclarant:
- "Qu'ils
avaient un plan concret pour démolir complètement deux communautés palestiniennes,
Khan al - Ahmer et Susya", ce qui est sans précédent depuis 1967.
- C'était
une déclaration très inhabituelle de la part du ministre de la
Défense. En même temps il est utile de dire, et nous le disons aussi:
"que la politique générale menée
par Israël et en particulier de tenter de déplacer par la force les palestiniens
des principales parties de la Cisjordanie en créant des conditions de vie
insupportables, n'est pas nouveau".
Quels sont les
objectifs du changement de terminologie en «crimes de guerre»?
- Dans
le sens le plus direct, nous voulons empêcher les crimes de guerre.
- Nous
voulons arrêter ces politiques. Nous voulons éviter le déplacement
forcé. Nous croyons que les communautés palestiniennes ont le droit
naturel de continuer à vivre leur vie et de développer leurs communautés
là où elles se trouvent.
- Et
l'utilisation par Israël des justifications de "l'état de droit" pour mettre en œuvre cette politique
n'est en aucune manière légale, licite ou acceptable.
- L'État
accorde une grande attention au processus judiciaire afin qu'il puisse
trouver les justifications juridiques aux actions injustifiables et
malheureusement, les tribunaux collaborent, à cet état de fait, depuis de
nombreuses années.
Hagai El-Ad, directeur exécutif de
B'Tselem lors de la marche de la Journée des droits de l'homme à Tel-Aviv, le
11 décembre 2009 (Keren Manor / Activestills.org)
La deuxième question est le choix tactique pour la mise en
œuvre de cette politique graduellement, au fil du temps, et non directement, en
plaçant physiquement les familles palestiniennes dans des camions et en les
envoyant d'une partie de la Cisjordanie à une autre. [Au lieu de cela] cette
politique se réalise en créant des conditions de vie insupportables pour que les
gens "s'auto-déportent". Et c'est la stratégie, que favorise le
silence de la communauté internationale.
Le point que nous soulevons est le fait que cela soit
réalisé en créant des conditions de vie insupportables (démolir les systèmes
d'eau, les salles de classe ou les maisons et réquisitionner les panneaux
solaires (payés par l'Europe), tous ces différents aspects de la création de
conditions de vie insupportable, ne les rend acceptable ou légal d'aucune façon.
Y a-t-il un espoir
que la désignation de ces politiques comme crimes de guerre ait des
implications dans la sphère juridique internationale et pas seulement en
Israël?
Ce que nous avons vu ces dernières années, c'est que l'unique
chose d'influence effective qui a empêché que l'Etat d'Israël poursuivre avec ces
actions est la pression internationale, par des déclarations, des visites de
diplomates et des pourparlers entre les responsables israéliens et les
représentants d'autres pays qui se sont succédés, a empêché l'État de
poursuivre son action. Susya est bien connue, mais il y a beaucoup
d'efforts dans d'autres parties de la Cisjordanie.
Dans l'article du journal Haaretz où Liberman a affirmé
au sujet Susya et Khan al-Ahmar, "si vous lisez l'article, -je
ne suis pas sûr que se soit une citation directe ou si le journaliste l'a
prononcé dans le contexte- il est une phrase qui dit: "que l'administration précédente des
États-Unis avait l'habitude de prêter beaucoup d'attention à ces communautés,
mais apparemment ce n'est plus le cas". Ce qui ne démontre encore
une fois que seul la pression internationale et la condamnation ont fonctionné.
Cependant cela n'a pas fonctionné pour fournir une
protection adéquate à toutes ces communautés en Cisjordanie, loin de là.
Mais cela a permis de gagner du temps et a limiter dans une
certaine mesure les actions d'Israël.
Susya, Cisjordanie, peuple palestinien menacé de
destruction (Activestills)
Le changement de
langage est-il un moyen de rendre plus efficace l'opposition aux
démolitions? Quelle est la durabilité de la stratégie actuelle d'organiser
une campagne internationale pour des villages spécifiques alors qu'il y a tant
de villages en danger?
Le temps dira si cela est efficace ou non. Mais avant
la question de l'efficacité, nous avons la responsabilité, en tant
qu'organisation des droits de l'homme, d'appeler les choses telles qu'elles
sont. Ensuite, au niveau le plus direct, nous appelons une pelle à bêches
parce que c'est une bêche. C'est notre analyse juridique et c'est ainsi
que nous voyons les choses.
En même temps, l'humanité n'a pas inventé ces termes
simplement pour des raisons académiques. L'humanité a inventé ces termes
pour les empêcher de se produire, pour fournir des lignes rouges qui ne se
croisent pas.
Utiliserez-vous un
langage de crimes de guerre pour
décrire d'autres politiques israéliennes, telles que l'expansion et la légalisation
des colonies ou la déportation des demandeurs d'asile?
Je ne sais pas. Bien sûr, on s'inquiète beaucoup de
l'utilisation excessive de ce langage, qui finira par perdre de son efficacité,
même dans la mesure où c'est le cas. Nous essayons d'utiliser un langage
approprié et de parler avec la conviction morale correcte, car elle est
pertinente à la réalité actuelle, sans exagérer ni abandonner de le faire.
Je dois dire, avec beaucoup d'amertume et de douleur, que
cette réalité, cette stratégie qui bouge lentement en Cisjordanie pour déplacer
les Palestiniens avec l'utilisation de ces tactiques de création de conditions
de vie insupportables, n'est pas quelque chose de nouveau.
Et en attendant, cela signifie que même si la stratégie
dans certains endroits n'est pas couronnée de succès, parce que les
Palestiniens parviennent à conserver leur terre et leurs communautés courageusement,
l'engagement et la fermeté, même si c'est le cas, cela signifie entre-temps, et
cela peut durer longtemps, des milliers de personnes doivent vivre dans des
conditions absolument inacceptables et injustifiables.
Pour la cruauté de cette réalité en cours - inclus les
jours où il n'y a pas de démolition - il n'y a pas de développements
juridiques, des jours absolument normaux où rien ne se passe sont plus de jours
où les gens doivent survivre sans électricité, sans connexion au réseau d'eau
et en connaissance de la démolition prochaine, avec cette peur tout le
temps.
Pour nous, c'est la
chose la plus importante que nous devrions essayer de renverser.
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